« L’intérêt général à la casse », un entretien de Jonathan Duong avec Pierre Rimbert

Passer à l’offensive

Le

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  • 01. Quels services publics défendre ?

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  • 02. Pour une propriété collective des services publics

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[RADIO] Pierre Rimbert : passer à l’offensive

SNCF, écoles, universités, hôpitaux, EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), tribunaux : au-delà du « statut » des cheminots – qui n’est pas seulement un droit qui devrait être généralisé à tous, mais aussi la condition même d’existence et d’efficacité du service public – c’est l’ensemble des services publics qui est attaqué par la vague néo-libérale depuis 30 ans. Déjà en 1995, à côté des cheminots en grève, Pierre Bourdieu dénonçait « la destruction d’une civilisation associée à l’existence du service public. » Cette destruction, Emmanuel Macron et son monde la mènent tambour battant. Un ancien ministre néo-zélandais avait un jour de novembre 1989 indiqué la méthode :

« N’essayez pas d’avancer pas à pas. Définissez clairement vos objectifs et approchez-vous en par bonds en avant qualitatifs afin que les intérêts catégoriels n’aient pas le temps de se mobiliser et de vous embourber. La vitesse est essentielle, vous n’irez jamais trop vite. Une fois que l’application du programme de réformes commence, ne vous arrêtez plus avant qu’il soit terminé : le feu de vos adversaires perd en précision quand il doit viser une cible qui bouge sans arrêt. » [1]

C’est cet « effet de sidération » [2] qu’Emmanuel Macron tente de créer. Face aux coups de boutoir du néo-libéralisme, il est urgent pour Pierre Rimbert de passer à l’offensive. Ne plus être contraints de défendre des services publics déjà mis à mal, auxquels chaque gouvernement libéral tente de donner le coup de grâce, mais reprendre la main pour ériger « l’intérêt général » [3] en modèle de civilisation : en donnant aux agents publics les moyens de faire leur travail, en pensant la répartition géographique des services publics en fonction des usagers qui en ont le plus besoin, et en réinventant une propriété collective et sociale des services publics, hors de la propriété de l’État et donc des desiderata des gouvernants.

Un entretien de Jonathan Duong avec Pierre Rimbert, journaliste au Monde diplomatique.


Programmation musicale :
 Service Public : Privatisation

Merci à Sophie Durand-Ngô du Monde Diplomatique.

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.