SNCF, écoles, universités, hôpitaux, EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), tribunaux : au-delà du « statut » des cheminots – qui n’est pas seulement un droit qui devrait être généralisé à tous, mais aussi la condition même d’existence et d’efficacité du service public – c’est l’ensemble des services publics qui est attaqué par la vague néo-libérale depuis 30 ans. Déjà en 1995, à côté des cheminots en grève, Pierre Bourdieu dénonçait « la destruction d’une civilisation associée à l’existence du service public. » Cette destruction, Emmanuel Macron et son monde la mènent tambour battant. Un ancien ministre néo-zélandais avait un jour de novembre 1989 indiqué la méthode :
« N’essayez pas d’avancer pas à pas. Définissez clairement vos objectifs et approchez-vous en par bonds en avant qualitatifs afin que les intérêts catégoriels n’aient pas le temps de se mobiliser et de vous embourber. La vitesse est essentielle, vous n’irez jamais trop vite. Une fois que l’application du programme de réformes commence, ne vous arrêtez plus avant qu’il soit terminé : le feu de vos adversaires perd en précision quand il doit viser une cible qui bouge sans arrêt. » [1]
C’est cet « effet de sidération » [2] qu’Emmanuel Macron tente de créer. Face aux coups de boutoir du néo-libéralisme, il est urgent pour Pierre Rimbert de passer à l’offensive. Ne plus être contraints de défendre des services publics déjà mis à mal, auxquels chaque gouvernement libéral tente de donner le coup de grâce, mais reprendre la main pour ériger « l’intérêt général » [3] en modèle de civilisation : en donnant aux agents publics les moyens de faire leur travail, en pensant la répartition géographique des services publics en fonction des usagers qui en ont le plus besoin, et en réinventant une propriété collective et sociale des services publics, hors de la propriété de l’État et donc des desiderata des gouvernants.
Un entretien de Jonathan Duong avec Pierre Rimbert, journaliste au Monde diplomatique.
Programmation musicale :
– Service Public : Privatisation
Merci à Sophie Durand-Ngô du Monde Diplomatique.