La domination masculine est-elle en train de vaciller sur ses bases ? Le mâle contemporain est-il dans un sale état ? C’est ce que certains redoutent plus que jamais depuis qu’a déferlé sur la planète l’« affaire Weinstein », et la vague de hashtags qui l’a accompagnée, dénonçant pêle-mêle faits de harcèlement, viols, et propos sexistes.
Notre invitée du jour, Mélanie Gourarier, anthropologue et féministe revendiquée, a publié au début de l’année 2017 une enquête remarquée, Alpha Mâle (Le Seuil), fruit de plusieurs années d’immersion dans un cercle de drague appelé « la communauté de la séduction », où l’on apprend à chasser les femmes en groupe pour se rassurer sur sa virilité. Un phénomène marginal chez nous, mais très installé aux États-Unis.
Avec elle, nous avons eu envie de nous demander si nous vivions réellement un moment de l’histoire des conquêtes féministes, ou bien si tout cela n’était qu’une émotion collective passagère encouragée par le fonctionnement voyeuriste et narcissique des réseaux sociaux. Nous avons eu envie aussi de nous demander s’il y avait lieu de craindre pour l’avenir de la « virilité », quand tant de gens, pas seulement les penseurs vedettes du Figaro Magazine ou les pétroleuses de Causeur, semblent craindre pour la France une dégradation du rapport entre les sexes à l’américaine. Pas sûr que ce numéro de « La Guerre des idées » rassure tous les machos.