Les gueules cassées de Macron. Un reportage de Taha Bouhafs (2019)

Manu, « gilet jaune » éborgné : « Je serai toujours là ! ». Un reportage de Taha Bouhafs.

Le

Cet article est en accès libre grâce aux abonnés modestes et géniaux, mais…

…sans publicité ni actionnaires, Là-bas si j’y suis est uniquement financé par les abonnements. Sans les abonnés, il ne nous serait pas possible de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre indépendance  : rejoignez-nous  !

Je m'abonne J'offre un abonnement

Samedi 16 novembre 2019, manifestation à Paris pour le 1er anniversaire du mouvement des « gilets jaunes ». Tous les cortèges sont empêchés de manifester dès le départ, gaz, camions à eau, la place d’Italie est nassée, transformée en souricière. Manuel, 41 ans, ouvrier de l’automobile, « gilet jaune » de la première heure, est descendu de Valenciennes avec sa compagne Séverine. Il se trouve là, place d’Italie, à échanger avec d’autres manifestants, à rigoler, à ironiser sur la situation et sur les « casseurs » que la police a gentiment laissé passer. Soudain, alors que tout est calme autour de lui, une grenade lacrymogène lui arrive directement dans l’œil gauche. La scène ultra-violente est saisie par une caméra en direct. « Manu » est emmené par les secours, son œil est perdu.

Une dizaine de jours plus tard, Taha Bouhafs est allé rencontrer Manu et Séverine à Valenciennes pour recueillir leur témoignage. Les mots de Manu sont saisissants de force et de courage : « même avec un œil en moins, je serai toujours là ».

Manu est le 25e éborgné depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ». Vingt-cinq en douze mois, ça fait deux par mois. Il a refusé d’être entendu par l’IGPN, a déposé une plainte contre le préfet Lallement, mais ne se fait pas d’illusions sur la suite de la procédure : sur les 212 enquêtes de l’IGPN, 146 ont été clôturées et seulement 18 ont donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire, pour zéro condamnation pour le moment [1].


Merci à Manu et Séverine pour leur témoignage.

journaliste : Taha Bouhafs
montage : Pascal Montagna

L'équipe de Là-bas attend vos messages dans les commentaires et sur le répondeur au 01 85 08 37 37 !

Notes

[1Trois mois de prison avec sursis ont été requis jeudi 21 novembre par le tribunal correctionnel de Paris pour le cas d’un policier filmé en train de jeter un pavé sur des manifestants le 1er mai 2019.

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

SPECIAL GRAND REPORTAGE RADIO (56’54) LA LONGUE MARCHE DES "DJIHADISTES VERTS" AbonnésÉcouter

Le , par L’équipe de Là-bas

Ils sont partis à pied de la ZAD d’Agen pour venir dénoncer l’hypocrisie de la COP 21 à Paris. Qui sont ces "zadistes" qualifiés de "djihadistes verts" lors de la mort de Rémi Fraisse ?

Écolos radicaux et donc anticapitalistes, ils veulent un monde différent (...)

Reportage : Anaëlle Verzaux
Réalisation : Jérôme Chelius

Une nouvelle série de reportages en 18 épisodes À qui voulez-vous casser la gueule ? [L’INTÉGRALE] AbonnésÉcouter

Le

Bien sûr, on est contre la violence, bien sûr, la violence, c’est pas bien. Pourtant, les « gilets jaunes » ont montré qu’en politique, il ne restait guère que la violence pour se faire entendre et malgré ça, les Français continuent de les soutenir. Et vous, à qui voudriez-vous casser la gueule ? Macron, bien sûr ! Mais sinon ? Votre chef, votre mari, votre prof ou qui encore ?

Chacun a en soi un bourgeois qui sommeille François Bégaudeau : « Je rêverais qu’une assemblée populaire administre France Inter » AbonnésVoir

Le

Je suis un bourgeois et j’en suis fier. Personne ne dit une chose pareille. Le bourgeois, c’est l’autre, le bobo, le faux-cul, le gras du bide. Et encore, ça se dit plus, bourgeois, c’est désuet. Depuis longtemps, le bourgeois a appris à se déguiser. Une casquette de pêcheur, une veste de paysan, un blue jean comme les ouvriers. Il a entonné des discours indignés et révoltés contre le mal, contre le fascisme et contre les cons. C’est un libertaire, le bourgeois. Contre l’impôt, contre le voile, contre les flux migratoires incontrôlés. Il proclame la révolution. C’est le titre du livre d’Emmanuel Macron, RÉVOLUTION. Il est progressiste aussi. Le mouvement qui soutient Macron se proclame « progressiste ».