Mai 68 et après ? Une fois de plus, Mai 68 aura été mis à toutes les sauces jusqu’à l’indigestion générale. Pas sûrs d’être encore là dans dix ans, les renégats officiels sont partout revenus propager la résignation. Nous n’avons pas changé le monde et vous ne le changerez pas non plus. Mai 68 fut une étape vers le libéralisme et l’individualisme triomphant.
Mais d’autres voix se faufilent et dénoncent la limitation de la « pensée 68 » au périmètre du Quartier latin. En 2005, l’historienne américaine KRISTIN ROSS montrait l’ampleur et la profondeur de Mai, « avant tout un événement politique [1] ». Aucun secteur professionnel, aucune catégorie de travailleurs ne fut épargnée. Ce n’est pas à la « liberté libérale » qu’aspirait Mai, mais à « l’aspiration profonde des années 1960, à savoir l’égalité. » On retrouve donc cet entretien de 2005 avec KRISTIN ROSS :
Un entretien de Daniel Mermet avec Kristin Ross, auteure de Mai 68 et ses vies ultérieures, Agone, 2010 (réédition en poche d’un livre publié en 2005 par les Éditions Complexe et Le Monde Diplomatique), diffusé la première fois le 16 juin 2005 sur France Inter.