Entretien avec Alain Policar, auteur de « L’inquiétante familiarité de la race »

Lutte de race, lutte de classe : les sujets qui fâchent Abonnés

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Pour transformer en quelques secondes un joyeux repas de famille en guerre de tranchée, il suffit de prononcer le mot « voile ». La bûche de Noël se tranche alors littéralement à couteaux tirés entre Kevin, le prof antiraciste avec son « vivre ensemble », et Gérard, l’assureur qui en pince pour Zemmour et sa peur des envahisseurs.

Les portes claquent, les insultes volent, on se traite de polygame et de couille molle, on hurle des « Allahu Akbar » et des « je suis Charlie », on se traite d’esclavagiste et de laxiste-collabo ou, pire encore, de socialiste. On repart un peu barbouillé et on remet ça à la prochaine gentille fête de famille.

Mais cette vieille coutume française a pris des dimensions considérables ces derniers temps. Surtout chez les personnes cultivées. La « question raciale » fait l’objet de polémiques acharnées, de tribunes assassines, d’accusations péremptoires, d’exclusions définitives, entre des camps, des clans, des courants et d’importantes personnes.
Pas toujours facile de s’y retrouver car chacun avance déguisé avec le masque de celui d’en face. Attention, ces ferventes lesbiennes féministes sont des islamophobes invétérées, méfiez-vous, ces ardents républicains prêts à mourir pour la laïcité sont des racistes qualifiés. La politique est d’abord une affaire de camouflage.

Mais alors que notre monde est de plus en plus métissé, pourquoi « la question de la race » devient-elle si explosive ?

Chacun est le raciste de quelqu’un, la victime indépassable ou le bourreau congénital. On a vu comment la « question identitaire », en quelques années, a permis de faire passer les luttes sociales à l’arrière-plan au profit de la diversité. Si la visibilité obtenue par des personnes « racisées » ou « genrées » est un progrès certain, cela n’a rien changé aux inégalités sociales et économiques. Ces réformes d’images sociétales sont compatibles, et mêmes désirées, par les puissants de ce bas monde.

La « question raciale » en serait la suite ?

Tempête dans un verre d’eau universitaire ? Faux débat mis en scène par des médias en mal d’audience ? Inguérissables douleurs que de bonnes âmes savent flairer et transformer en voix électorales selon les méthodes éprouvées du marketing commercial ? Ou simple sujet de conversation ?

Le 15 mai dernier, le meurtre de George Floyd, et le 16 octobre, l’assassinat du prof d’histoire Samuel Paty par un jeune « terroriste islamiste » : autant de chocs qui ont rouvert les cicatrices de la peur et du ressentiment qui fermentent, inlassablement, dans les mémoires françaises. On se jette ces drames à travers la figure. Le meurtre de George Floyd, c’est la preuve que le racisme blanc n’a pas changé depuis la traite négrière, l’assassinat de Samuel Paty c’est la preuve que les hordes islamistes sont prêtes à nous coloniser.

Pour vous faire bien comprendre, une docte personne vous rappelle les grands clivages propres à notre temps : la classe, la race, le genre.
Lutte de classe, lutte de race, lutte de genre.
Oui, mais par quel bout commencer ? Que choisir ? Quelle priorité ? Orphelin des fortes convictions de nos ancêtres dans la lutte pour toutes les émancipations et contre toutes les oppressions en même temps, il nous faudrait faire des choix, des hiérarchies ?

Antiracisme politique, antiracisme moral, racisme structurel, racisme d’État, post-colonialisme, décolonialisme, intersectionnalité… Avec rage, derrière leurs écrans, les personnes éduquées se livrent une guerre sans merci à coup de signatures de Manifestes et d’Appels à signatures. Cinquante intellectuels d’un côté, quatre-vingt personnalités de l’autre. La terre tremble sous les sabots de la charge. Les uns veulent une « République française antiraciste et décolonialisée », les autres appellent à « la Racialisation de la question sociale ». Les uns reprochent aux autres d’éliminer la lutte des classes, les autres accusent les uns de nier la ségrégation raciale.

Les prochains dîners de famille promettent d’être joyeux.

Pour tenter tout de même de comprendre, voici quelques éclairages avec le chercheur Alain Policar. Dans son livre « L’inquiétante familiarité de la race » (Le bord de l’eau, 2020), il dénonce l’antiracisme décolonial qu’il oppose à un certain universalisme. Pour lui, cet antiracisme remet « la race » au premier plan, ce qui conduit à expliquer les inégalités économiques et sociales par la dimension identitaire, en excluant leur aspect social.
La voie qu’il propose c’est un certain cosmopolitisme. Pour l’attachement de chacun, non pas à l’identité, mais à l’humanité toute entière.

Daniel Mermet

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  • Submersion migratoire Abonnés

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    Rhinocéros, orangs-outans, léopards et pangolins sont en voie de disparition, de même que les abeilles, les insectes et des milliers de plantes. Constat alarmant mais on oublie une espèce menacée : le Français !

    Oui, tout comme l’outarde barbue, le pluvier guignard et le traquet rieur, la Française et le Français sont en voie de disparition. Nous sommes menacés de « submersion migratoire ». Le premier ministre François Bayrou a tiré le signal d’alarme, la France est menacée de submersion migratoire. Il a bien insisté : « quiconque s’est confronté à la situation à Mayotte – et ça n’est pas le seul endroit de France – mesure que le mot de "submersion" est celui qui est le plus adapté » (Assemblée nationale, 28 janvier 2025). Oui, il insiste bien : « ça n’est pas le seul endroit de France ». Le premier ministre « centriste » d’un gouvernement français reprend et renforce le thème fondamental de l’extrême droite.

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot raconte les chansons de notre histoire Eugène Pottier : « Jean Misère » Abonnés

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    Quel est le point commun entre l’auteur de L’Internationale, l’artiste Marcel Mouloudji et la chanteuse Agnès Bihl ? Réponse : un homme nommé Jean Misère. Jean était un ancien communard, qui échappa à la répression menée par les Versaillais et finit sa vie dans la solitude et le dénuement le plus total, d’où son surnom, Jean « Misère ». Un surnom trouvé par le poète Eugène Pottier, car en fait Jean Misère n’a pas réellement existé.

  • Gérard Mordillat : « il n’y a pas d’alternative, il faut censurer le gouvernement » Abonnés

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    Alors, censureront ou censureront pas ? Le sort du gouvernement Bayrou est suspendu aux tergiversations des socialistes et du Rassemblement national qui laissent planer le doute sur leurs intentions. En attendant de voir si François Bayrou passera la fin de l’hiver à l’hôtel Matignon ou à la mairie de Pau, Gérard Mordillat n’a aucun doute, lui : « il n’y a pas d’alternative, il faut censurer le gouvernement ».

  • Olive vous souhaite une bonne année en chanson Ballade pour l’an nouvel Abonnés

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    Ça y est, c’est la nouvelle année
    Je veux que ma chronique chante
    L’alexandrin ? J’ai déjà fait
    L’octosyllabe ?… Allez, je tente !

    Pour écrire en octosyllabe
    On se plie, on prend pas la fuite,
    Y’a une règle indépassable :
    Le nombre de pieds sera huit.

    Or, deux fois quatre (ni plus ni moins),
    C’est très court si on veut tout dire
    Pour que la rime ne choit point,
    Il faut que le propos déchire.

  • Laurence De Cock reçoit la députée communiste des Hauts-de-Seine Elsa Faucillon : « pendant l’examen du budget, le RN est venu plusieurs fois au secours des macronistes » Accès libre

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    Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes. Elsa Faucillon, si. Marie-Pierre et Jean-Marie sont communistes et même syndicalistes à la CGT. C’est sur leurs genoux qu’Elsa Faucillon a chanté sa première Internationale. C’est sur leurs épaules qu’elle a fait sa première manif. C’est dans leurs bras qu’elle a visité son premier piquet de grève. Elle doit son prénom non pas à La Reine des neiges mais aux poèmes d’Aragon pour Elsa Triolet. Elle a toujours vécu, depuis qu’elle est née, dans des municipalités communistes. Il est donc guère surprenant qu’Elsa Faucillon soit devenue depuis 2017 députée communiste de Colombes, Gennevilliers et Villeneuve-la-Garenne. Georges Ibrahim Abdallah, le système carcéral, les migrants, le renouvellement du PCF : Elsa Faucillon raconte tous ses combats à Laurence De Cock dans ce nouvel épisode du podcast « Si j’aurais su ».

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot raconte les chansons de notre histoire Ana Tijoux : « Antipatriarca » Abonnés

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    Il y a dix ans, en 2014, la chanteuse franco-chilienne Ana Tijoux sortait son album Vengo. Parmi les dix-sept titres présents sur le disque, il y en a un qui a connu un grand succès en Amérique latine, c’est « Antipatriarca ». Une chanson qui résonne comme un manifeste de ce qu’on peut appeler la « troisième vague » féministe, après une première vague qui a lutté pour obtenir le droit de vote au début du XXe siècle et une deuxième vague qui s’est levée dans les années 1960 contre le système patriarcal. Olivier Besancenot revient aujourd’hui sur les combats et la musique d’Ana Tijoux.

  • UN SEUL DANS LA FOULE Des nazis ? Où ça, des nazis ? Abonnés

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    On ne peut plus rien dire, on vous traite de nazi ! Regardez cette photo : des gens qui saluent, qui remercient et qui vous envoient leur cœur. Aussitôt les wokistes crient au nazisme ! Voyez sur cette image : ils ont même entouré le seul qui ne salue pas, comme par hasard, un seul dans la foule ! Mais qui est ce type qui ne salue pas ?

    On va le découvrir. Mais d’abord il faut revenir au 9 janvier dernier, marqué par cette rencontre historique entre Elon MUSK et Alice WEIDEL, leader de l’AFD (Alternative für Deutschland), parti d’extrême droite proche des mouvements néo-nazis allemands. L’AFD est crédité de 20 % d’intentions de vote pour les législatives du 23 février et Elon MUSK, qui possède une importante usine TESLA à Berlin, est venu lui apporter son soutien avec ce message diffusé sur toute la planète : « only the AfD can save Germany » (« seul l’AfD peut sauver l’Allemagne »).

  • « Déportation de masse maintenant » Une dame avec une pancarte Abonnés

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    Dans un flot d’images, un torrent, un gavage d’images, voilà une seule photo dans un meeting de Trump, une dame avec cette pancarte : « MASS DEPORTATION NOW ».

    Elle est tout heureuse, toute ravie, le genre de mamie qui sait choisir les airelles pour la dinde de Thanksgiving, qui s’occupe de l’entraide dans son église, quelque part en Alabama et qui adore gâter ses petits-enfants.

    Comment en est-elle arrivée à arborer cette pancarte ? Comment en est-elle arrivée à exiger une déportation de masse, là, maintenant avec ce grand sourire ? Dix à treize millions d’hommes, femmes, enfants doivent être « déportés », elle l’exige.

    Elle applaudit quand Trump, pour la millième fois, dit qu’il vient sauver ce pays envahi par « des criminels dangereux, dont beaucoup proviennent de prisons et d’institutions psychiatriques et qui sont entrés illégalement dans notre pays depuis le monde entier ».

  • Contre angoisse et résignation, un entretien avec Alain DENEAULT qui publie FAIRE QUE ! (Lux) PODCAST FAIRE QUE ! Une réponse à la question « que faire ? » : FAIRE QUE ! Accès libre

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    QUE FAIRE ? C’est la question mille fois posée face à toutes les turbulences comme devant les grands horizons. Comment s’orienter dans des bouleversements écologiques sans précédent, auxquels, manifestement, ni les États ni le capital ne remédieront ? Comment s’engager quand l’extrême droite sème la confusion et détourne la colère des objets réels ? Comment s’y prendre quand le libéralisme dissout tous nos repères dans la gouvernance technocratique ? Comment agir quand on est passé de Lénine à Calimero, du souffle révolutionnaire à la complainte victimaire ?

Une sélection :

La lettre hebdo de Daniel Mermet La résistance d’un prof israélien accusé de trahison Accès libreLire

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On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.

Hommage à Catherine Ribeiro (1941-2024) Catherine Ribeiro en concert aux Bouffes du Nord Accès libreVoir

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En 1995, la chanteuse Catherine Ribeiro créait au théâtre des Bouffes du Nord le spectacle « Vivre libre ». Elle y chantait ses propres chansons mais aussi celles d’Aragon, de Barbara, Brel, Ferrat, Ferré, Lluís Llach, Colette Magny, Gérard Manset, Danielle Messia, Anne Sylvestre et même, si vous allez jusqu’à la fin, une surprise à réécouter alors que nous célébrons le 80e anniversaire de la libération de Paris. En hommage, nous vous proposons de découvrir ce concert :

L’historien Gérard Noiriel publie PRÉFÉRENCE NATIONALE (Gallimard,3.90Euros) (Vidéo et podcast | durée : 51’23) Préférence nationale : cette vieille recette facho, un sujet urgent AbonnésVoir

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« Il y a toujours un groupe qui symbolise le rejet en fonction de la conjoncture du moment », dit l’historien Gérard Noiriel. Il est urgent de démonter le système de cet apartheid dont les électeurs du RN sont souvent eux-mêmes les premières victimes.