Un entretien avec Éric TOUSSAINT, du CADTM

LES SOUS ET LES MORTS

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« Héros en blouse blanche ! » Emmanuel Macron se pâme devant les soignants. Pourtant, parmi ceux qui ont précarisé et détérioré la santé publique, il n’a pas démérité.

Face à la contestation qui gronde devant les milliers de fermetures de lit et les suppressions de postes, il n’a qu’un petit mot à prononcer : « dette ». La France a des dettes, cent pour cent de dettes, la France vit à crédit, c’est nos enfants qui paieront. De quoi clouer le bec aux contestataires. « La dette » : il lui suffit de dégainer ce mot comme un rayon paralysant. Comme ce 5 avril 2018, au CHU de Rouen :


Il n’est pas seul à user de cette ficelle. Francois Fillon, en mars 2017, au moment de la révélation de ses magouilles financières, est encore en campagne et rencontre des personnels soignants. Un grand moment, lorsqu’une infirmière précise : « on est deux. Deux pour 84 la nuit. » Réponse de Fillon : « vous voulez que je fasse de la dette supplémentaire ? »

Francois Fillon dans « L'Émission politique », 23 mars 2017
par Là-bas si j'y suis

La grosse ficelle, c’est que la dette d’un État n’a rien à voir avec la dette d’un ménage. Voilà juste 30 ans que le CADTM, le comité pour l’abolition des dettes illégitimes, se bat contre les remboursements et les intérêts qui maintiennent les pays pauvres dans la misère. Rappelons que 3 millions d’enfants meurent de faim chaque année dans le monde selon les Nations unies (programme alimentaire mondial).

L’argument de la dette, c’est aussi un moyen d’imposer l’austérité budgétaire, c’est-à-dire la réduction des budgets pour les services publics et la protection sociale. Et ouvrir grand la porte aux assurances privées et à la spéculation, alors qu’en vérité, face à sa dette, un pays comme la France détient un puissant patrimoine public (immobilier, infrastructures, entreprises publiques), amplement supérieur à sa dette.

La crise du COVID-19, qui met en évidence les effets de ces politiques assassines, sera-t-elle l’occasion d’un changement radical ?

Un entretien avec Éric Toussaint [RADIO : 21’50] :

[RADIO] Les sous et les morts [INTÉGRALE]
« Héros en blouse blanche ! » Emmanuel Macron se pâme devant les soignants. Pourtant, parmi ceux qui ont précarisé et détérioré la santé publique, il n’a pas démérité.

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.