Le Saint-Suaire ? Un linge de 4,42 mètres de long sur 1,13 mètre de large, qui aurait enveloppé le corps de Jésus à sa descente de la croix. Le corps du crucifié y aurait laissé sa marque, imprimant la silhouette du Christ jusqu’à aujourd’hui… Un fantastique récit, et surtout une belle opération commerciale à chaque fois que le Suaire est exposé, comme la dernière fois à Turin en 2015. L’Église s’est pourtant toujours montrée prudente devant ce qu’elle considérait comme une vera icona, une véritable image : « ce n’est pas une image juste, c’est juste une image », pour reprendre la phrase de Godard dans le film Le Vent d’est. On ne trouve en effet aucune trace du suaire entre la mort de Jésus et l’année 1357, date à laquelle il fait son apparition dans une chapelle de Lirey, près de Troyes. Pour nos deux spécialistes de Jésus, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, le Suaire n’est pourtant même pas un faux, c’est simplement une image, une peinture créée au Moyen-Âge en Champagne, exhibée lors d’événements publics payants… comme un ancêtre du cinéma ?
Après Corpus christi, L’Origine du christianisme, L’Apocalypse, Jésus et l’Islam, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur publient Le Suaire, premier tome d’une trilogie dessinée par Éric Liberge. Ils nous aident à détricoter l’histoire de ce linge cousue de fil blanc.
Un entretien de Jonathan Duong avec Gérard Mordillat et Jérôme Prieur.