RADIO (27’06) LE SYSTÈME SORAL

LE SOMMEIL DE LA RAISON ENGENDRE DES MONSTRES Abonnés

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Cette eau-forte date de 1797. Goya cherchait à se dégager de l’Académie et des commandes officielles. Il se lance dans cette série de gravures, « les Caprices ». Nous sommes encore au 18ème siècle et ici, la RAISON c’est les LUMIÈRES et les monstres c’est l’obscurantisme, l’arbitraire, la tyrannie et la croyance. Si la Raison s’endort, alors la Lumière s’éteint et dans les ténèbres, les monstres se glissent en un cortège volant et rampant. C’est ce qui arrive aujourd’hui, entre chien et loup tout est flou, c’est la débandade, tout change de pôle et d’épaule comme dit Aragon. Comme la Raison de Goya nous nous sommes endormis, épuisés ou gavés ou indifférents, et ceux de notre camp qu’on entend encore ne parlent pas, ils ronflent.

Pour les fachos, ce fut donc facile d’entrer et de nous voler toutes nos affaires, nos meubles, nos rideaux, nos lignes de front, nos digues, nos drapeaux rouges, nos bijoux de famille et toute notre histoire et toutes nos victoires et même la gravure de Goya. Les fachos sont ainsi. Car c’est d’eux dont je parle, cette extrême droite qui se déguise en gauche, qui se déguise en peuple, qui mélange le rouge et le brun et ajoute même une étoile jaune. Primo Levi dit que le camp, le « lager », est « le plus menaçant des monstres engendrés par le sommeil de la raison ». Primo Levi interprétait ainsi le dessin de Goya. Alain Soral est un pitre rouge-brun, mais surtout un obsessionnel antisémite qui s’adresse à des millions de gens collés à leur écran.

N’oublions jamais que dans NAZI, il y a National et il y a Socialisme. Constat de gauche, solution de droite, dit Soral. Constat socialiste, solution nationaliste. Le rapprochement est abusif ? Non. C’est la recette de l’extrême droite depuis longtemps, on l’avait oublié, mais aujourd’hui, ça marche. Ça marche auprès d’un peuple méprisé, terrorisé par le chômage de masse, apeuré par la crise et l’austérité, paumé et humilié. N’oublions jamais la puissance du ressentiment dans l’Histoire. En 2008, alors qu’il était au FN, Soral déclare à l’hebdomadaire d’extrême droite Minute : « La vocation du FN est de faire l’union sacrée de la gauche du travail, trahie par la gauche bobo, et de la droite des valeurs, déçue par la droite bling-bling. Jean-Marie Le Pen le sait très bien ». La vieille recette a bien marché. Aucun prince charmant ne viendra réveiller d’un baiser la Raison endormie. C’est à nous de chasser rudement ces profiteurs d’abîmes et ces oiseaux gluants.

Daniel MERMET

Un entretien d’Anaëlle VERZAUX à la Fête de l’Huma, avec Robin D’ANGELO et Mathieu MOLARD autour de leur livre SORAL, enquête sur un facho business.

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Alain Soral, le 5 septembre 2013 au théâtre de La Main d’or à Paris (Audrey Cerdan/Rue89)


Merci à Robin D’ANGELO et Mathieu MOLARD.
Merci aussi à la Fête de l’Humanité, Fabien GAY et Esmahen HARTELLI.

Entretien : Anaëlle VERZAUX
Réalisation : Franck HADERER et Jérôme CHELIUS
Préparation : Jonathan DUONG
Montage : Grégory SALOMONOVITCH

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.