Donner des clefs de compréhension de ce texte vieux de 14 siècles, c’est ce qu’ont voulu faire les historiens Mohammad Ali Amir-Moezzi et Guillaume Dye dans une étude monumentale, Le Coran des historiens, 3 048 pages, 3,465 kg, issue de contributions d’une trentaine de chercheurs du monde entier.
Que nous apprennent-ils sur Mahomet ? Très peu de choses, puisqu’il n’existe quasiment pas de traces du Mahomet historique. Mais sur les sources du Coran, ses influences, ses liens avec la Bible, sa rédaction, sa mise en forme, son utilisation par le pouvoir politique, le travail de l’historien permet de comprendre un texte qui a marqué l’histoire de l’humanité. Une démarche scientifique, utile tant aux croyants qu’aux profanes, loin des polémiques sans cesse agitées dans le but de faire peur.
Une telle histoire critique existait déjà pour l’Ancien et le Nouveau Testament. En voilà désormais une pour le Coran avant l’islam. Le Coran avant l’islam ? Oui, une lecture du Coran en tant que texte littéraire, poétique, historique, avant qu’une religion nouvellement créée ne s’en empare, au VIIe siècle après Jésus-Christ, et avant que la tradition musulmane n’en livre ses interprétations.
Un entretien de Jonathan Duong et Gérard Mordillat avec Mohammad Ali Amir-Moezzi, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, et Guillaume Dye, professeur d’islamologie à l’Université libre de Bruxelles, co-auteurs du Coran des historiens (éditions du Cerf, 2019).