C’est peu de dire que la « une » du Monde diplomatique n’a pas plu à tout le monde. « Une bêtise incroyable », un terme « con » : voilà ce qu’en disait Daniel Cohn-Bendit le 04 novembre sur France Inter. Le correspondant à Bruxelles de Libération, Jean Quatremer, lui, n’a pas lu l’article, mais « juste le titre, une ignominie car il est de la rédaction ». Quant à Jean-Michel Apathie, éditorialiste pour LCI, il préfère rappeler l’essentiel : « les Allemands de l’Est découvraient la liberté. Leur régime était haïssable. Quelle inquiétante lecture de l’histoire ». L’objet de cette indignation médiatique ? Le titre de l’article que Le Monde diplomatique consacre aux trente ans de la chute du mur : « Allemagne de l’Est, histoire d’une annexion ».
Alors, que s’est-il vraiment passé entre le 9 novembre 1989, date de l’ouverture du mur de Berlin, et le 3 octobre 1990, jour d’entrée en vigueur de l’unité allemande ? Le journaliste Pierre Rimbert, co-auteur avec Rachel Knaebel de l’article que tout le monde critique sans l’avoir lu, revient sur cette polémique et enfonce le clou : non, ce n’était pas la « réunification » de deux pays égaux, mais bien l’annexion de la RDA par la RFA. D’ailleurs, Wolfgang Schaüble, ministre de l’Intérieur de la RFA et futur ministre des Finances d’Angela Merkel, ne disait pas autre chose en 1990 : « il s’agit d’une entrée de la RDA dans la République fédérale, et pas du contraire. (…) Ce qui se déroule ici n’est pas l’unification de deux États égaux [1]. »
Un entretien de Jonathan Duong avec Pierre Rimbert, journaliste, auteur avec Rachel Knaebel de l’article « Allemagne de l’Est, histoire d’une annexion » dans Le Monde diplomatique de novembre.
Programmation musicale :
– Nina Hagen : My Way