Le pouvoir qui part en guerre contre les fake news, c’est comme le marchand de vin qui lutterait contre les poivrots du coin. En déclarant la chasse aux petits menteurs, le gros menteur se fait passer pour Zorro.
Un exemple ? La guerre de Sarkozy et BHL en Libye. Il y a eu l’Irak, la Somalie, le Kosovo, mais c’est avec la guerre en Libye que le pouvoir, les médias et les « experts » ont le mieux réussi à faire avaler les plus gros mensonges. C’est ce que vient nous rappeler Rony BRAUMAN dans ce livre .
C’est toujours au nom du Bien que se déclenchent les guerres. Il y a toujours un prétexte, réel ou fabriqué. Ainsi, le bombardement de la population par les avions de Kadhafi à Tripoli le 17 février 2011. Un mensonge, aucune image, aucune preuve. Dès le 8 mars, à l’Assemblée nationale, l’ambassadeur de France en Libye, François Gouyette, dément ce bombardement. C’est pourtant sur ce gros bobard que BHL commence son livre, par une description délirante et racoleuse d’images qui n’ont jamais existé [1]. Mais cette fois, le pompeux cornichon ne fait plus rire. Il est le complice zélé d’un Sarkozy, lourdement accusé aujourd’hui dans l’affaire criminelle du « financement libyen » de sa campagne de 2007 [2].
Ah, mais, comme tout serait simple si l’on pouvait dire non à toutes les guerres ! Sauf qu’il y a en effet des guerres – non pas justes, dit Brauman, mais justifiables. Guerres de résistance, guerres de libération coloniale… qu’il faut distinguer des récentes guerres « humanitaires », rien d’autre que des croisades morales qui, au nom du droit d’ingérence, de l’ONU et de la Cour pénale internationale, ne font que défendre les intérêts des puissants.
Un entretien de Daniel Mermet avec Rony Brauman, médecin, membre du Centre de Réflexion sur l’Action et les Savoirs Humanitaire (CRASH) abrité par la Fondation Médecins Sans Frontières, auteur du livre Guerres humanitaires ? Mensonges et intox (2018, éditions Textuel).
Enregistré en public et en direct le 21 janvier 2018 au Lieu-Dit.
Merci à Rony Brauman.
Merci aussi à Hossein et à toute l’équipe du Lieu-Dit.