Aude Lancelin reçoit Jean Stern

Israël, terre promise pour les gays ? Abonnés

1

Le

Le « pinkwashing » est l’un des moyens utilisés par Israël pour redorer son blason en cultivant une aura gay friendly. Aude Lancelin reçoit le journaliste Jean Stern, qui lui consacre une enquête.

On ne le sait pas forcément, mais Tel Aviv, après San Francisco ou Ibiza, est devenue une destination phare des milieux gay. Il y a une dizaine d’années, l’image d’Israël dans le monde était à peine meilleure que celle de la Corée du Nord aujourd’hui. Israël était vu comme un pays guerrier et religieux, où personne n’aurait eu l’idée d’aller passer des vacances en boîte de nuit, ni de déguster des sushis vegan en bord de plage en écoutant de l’électro. Des communicants pointus, assistés par les plus grandes agences de publicité internationales ont depuis changé cette donne, projetant l’image d’un Tel Aviv moderne, ouvert et progressiste, gommant surtout les réalités douloureuses du pays : occupation militaire, répression et capitalisme sauvage. Cette opération a un nom : le « pinkwashing », la lessiveuse rose. Ou comment nettoyer la réputation d’un pays en s’appuyant sur l’aura branchée des gays, en les attirant toujours plus nombreux, et en les transformant surtout en VRP de luxe d’Israël à travers le monde. Une stratégie minutieusement décrite dans une enquête aussi passionnante que sulfureuse publiée par les éditions Libertalia, Mirage gay à Tel Aviv, dont l’auteur Jean Stern est l’invité d’Aude Lancelin dans La Guerre des idées.

Rédacteur en chef du magazine d’Amnesty International France, Jean Stern nous plonge dans les réalités sociales et sexuelles d’un pays moins ouvert aux homos qu’il n’y paraît, où le discours gay friendly officiel des politiciens parfois les plus droitiers vise avant tout à faire disparaître du paysage Gaza et la Cisjordanie, en utilisant une minorité contre une autre. Au passage, Jean Stern revisite aussi l’image d’une communauté homosexuelle à tort vue comme volontiers ouverte et « de gauche », aussi bien là-bas qu’en France d’ailleurs, où le Front National sait très bien jouer d’ailleurs de ces ambiguïtés. Ainsi défend-il l’idée que les gays occidentaux sont globalement devenus « économiquement ultralibéraux, politiquement réactionnaires et idéologiquement islamophobes. » De quoi se faire de nombreux amis sur toutes les rives de la Méditerranée.

Un entretien d’Aude Lancelin avec Jean Stern, auteur de Mirage gay à Tel Aviv, aux éditions Libertalia.

Abonnez-vous pour accéder à tous nos contenus, c’est très simple !

Depuis 1989 à la radio, Là-bas si j’y suis se développe avec succès aujourd’hui sur le net. En vous abonnant vous soutenez une manière de voir, critique et indépendante. L’information a un prix, celui de se donner les moyens de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre travail. C’est aussi le prix de notre indépendance, pour ne pas être soumis financièrement aux annonceurs, aux subventions publiques ou aux pouvoirs financiers.

Je m'abonne J'offre un abonnement

Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous

journaliste : Aude Lancelin
réalisation : Kévin Accart et Jonathan Duong
image : Jeanne Lorrain
son : Alexandre Lambert

Sur notre site

Dans les livres

  • Mariage gay à Tel Aviv

    Israël, ses gays et ceux d’ailleurs, l’homosexualité comme une stratégie marketing et politique de l’état hébreu, le pinkwashing pour camoufler la guerre, l’occupation, le conservatisme religieux et transformer Tel Aviv en une plaisante cité balnéaire. La formidable enquête menée par Jean Stern, journaliste à Libé et à la Tribune après avoir été un des fondateurs du GaiPied, nous montre l’envers du décor de ce soi-disant « mirage rose » orchestré par l’État Israélien. Édifiant et sinistre.

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Le 13 mars 2010 Jean Ferrat prenait le dernier train. On n’oublie pas... FERRAT, C’EST NOUS TOUS ! Des chansons, des archives, des inédits… Accès libreVoir

Le

Il y a 13 ans, le 13 mars, Jean Ferrat prenait le dernier train. On n’oublie pas, car Ferrat, c’est nous tous. La montagne, c’est chez nous, les marins de Potemkine, c’est nos frères, ma môme, c’est la mienne, la nuit et le brouillard, c’est en nous, c’est nous qui ne guérissons pas de notre enfance, c’est nous qui aimons à perdre la raison.

Une série d’histoires dans les luttes pour l’émancipation, racontées par Olivier Besancenot Qui a inventé le 8 mars ? AbonnésVoir

Le

C’est maintenant à peu près acquis pour tout le monde, le 8 mars n’est pas la journée « de la femme », mais la « journée internationale des droits des femmes ». Un jour de manifestations et de grèves qui semble connaître un nouveau souffle avec le mouvement féministe récent, qui lutte autant contre les violences sexistes et sexuelles que pour réduire les inégalités salariales et améliorer les conditions de travail des métiers majoritairement exercés par des femmes. Mais saviez-vous qu’aux origines de cette journée du 8 mars se trouvait l’Internationale socialiste des femmes ?