Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.
Mais un beau jour, il faut bien commencer à se demander : « qu’est-ce qu’on veut ? ».
Dans l’émission précédente au sujet de son livre, Frédéric Lordon propose un truc nouveau et qui n’a jamais existé, selon lui : le communisme. Oui, le communisme. Étonnant, non ? Le plus important pour Lordon, c’est d’abord de rendre ce communisme désirable. Pour ça, il propose des « figures », il dessine ce que serait ce communisme-là, le travail, le revenu, la santé, la propriété, à quoi ça ressemblerait. Ce n’est pas une gentille utopie. Il pense aux embûches, aux contrecoups, aux lois, à l’ordre. Ça fait envie bien sûr. Ça fait longtemps qu’on n’a plus de futur, mais comment on fait pour y arriver ? Les armes, les urnes, les petits pas ? En votant pour la vraie gauche à la présidentielle de 2022 ? En installant des ZAD un peu partout dans l’horizontalité et la frugalité ? En militant dans des chouettes mouvements écolos responsables et citoyens ? En sortant les fourches et en fonçant sur l’Élysée ?
Une chose certaine, il faut être prêt à sauter dans tes bottes quand le cheval de la révolution passera au galop par ici.
Seconde partie de l’entretien de Daniel Mermet avec Frédéric Lordon, qui publie Figures du communisme (La Fabrique, 2021).