Mathieu Dejean publie « Sciences Po, l’école de la domination » (La Fabrique)

Faut-il fermer Sciences Po, « l’asile préféré des fils de notables » ? Abonnés

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« L’asile préféré des fils de notables », c’est par cette expression que l’historien Marc Bloch désignait « l’École libre des sciences politiques », qui a été nationalisée en 1945 sous le nom d’« Institut d’études politiques de Paris », et qui est beaucoup plus connue par son surnom : « Sciences Po ».

Si avant 1945 l’école se prétendait « libre », c’est parce qu’elle était libre de toute tutelle étatique : elle était à l’origine complètement privée. Premier paradoxe d’une grande école qui prétend, grâce à des capitaux privés issus du monde de l’industrie et de la finance, former les futurs garants de l’intérêt général. Un mélange des genres qui a jeté – dès la création de l’école par Émile Boutmy en 1872 – le soupçon sur la formation idéologique des étudiants. Pourtant, depuis 1945, c’est plutôt l’École nationale d’administration, la fameuse ÉNA, qui concentre les critiques sur la reproduction sociale des élites. Mais saviez-vous que la création de l’ÉNA avait justement été pensée comme une réplique publique à Sciences Po, pour ne pas laisser à une institution privée le monopole de la formation des futures élites ?

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entretien : Jonathan Duong
image : Amélie Brunet et Marguerite Chadi
montage : Élodie Fiabane
son : Sylvain Richard

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  • Chaque mardi, Olivier Besancenot vous dit UN GROS MOT (vidéo et podcast) Les Gros mots #30 : NOVLANGUE Abonnés

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    Dans le roman Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, George Orwell imagine un État, l’Océanie, dont la langue officielle est désormais la « novlangue » (« newspeak » en version originale). Objectif de cette « novlangue » ? « Restreindre le champ de la pensée » : « son vocabulaire était construit de façon à fournir une expression exacte et souvent très subtile à toute pensée acceptable de la part d’un membre du parti, tout en excluant les autres sens, y compris la possibilité d’y parvenir par des méthodes indirectes. On s’y employait en partie en inventant de nouveaux mots, mais surtout en éliminant ceux qui étaient indésirables, les autres se voyant expurgés de leur signification déviante et, autant que possible, de tout sens secondaire. » Tiens, ça vous rappelle quelque chose ?

  • L’édito du mercredi, c’est le Mercredito ! Par Daniel Mermet (VIDÉO et PODCAST) Le Mercredito #33 | Vermeer cache la forêt Abonnés

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    Vermeer, c’est un monde protégé du monde, c’est sans doute ce qui enchante la petite ou grande bourgeoisie culturelle d’aujourd’hui qui vient en pèlerinage contempler ces paisibles icônes. Sauf si par la fenêtre de gauche d’où vient cette lumière qui nimbe la toile de ce fameux mystère, on tend l’oreille pour entendre la rumeur et la furie du monde et toute la toile de fond des toiles de Vermeer, et toutes les ombres à ses tableaux. Toute une forêt.

  • Chaque vendredi, la revue de presse indispensable ! Les quatre idées fausses des Républicains sur l’immigration Abonnés

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    Sonnez l’hallali ! Les migrants n’ont qu’à bien se tenir. Après des mois et des mois de contestation sociale, comment le gouvernement pouvait-il espérer faire oublier toute la colère qu’a suscitée sa réforme des retraites ? Une seule solution : la diversion ! Deux pistes semblent explorées par le gouvernement : l’exploitation des faits divers et la lutte contre l’immigration. Sauf que sur ce dernier point, la majorité a entrouvert une porte dans laquelle la droite et l’extrême droite se sont engouffrées. Problème : la surenchère à laquelle se livre la droite depuis dimanche se fonde sur des idées reçues qui sont loin d’être évidentes, quand elles ne sont pas carrément mensongères. Passage en revue de quatre idées fausses véhiculées par Les Républicains.

  • Manif contre TotalEnergies LES ÉCOTERRORISTES ATTAQUENT LES ACTIONNAIRES DE TOTALENERGIES ! Accès libre

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    Manif devant la salle Pleyel à Paris où se tient l’AG des actionnaires de TotalÉnergies ce 26 mai. Et manif aussi devant la tour Total à La Défense. Une fête un peu perturbée pour les 1,5millions actionnaires individuels de TotalEnergies et ses nouveaux bénéfices records de 19,12 milliards d’euros pour 2022. Et aussi une petite contrariété pour Patrick Pouyané le PDG de TotalEnergies dont le salaire devrait être augmenté de 10% pour cette année.

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot vous dit UN GROS MOT (vidéo et podcast) Les Gros mots #29 : UTOPIE Abonnés

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    « L’allocation universelle, une dangereuse utopie sociale » : voilà le cri d’alarme poussé par un membre de l’Académie royale de Belgique dans le quotidien L’Écho. En France, c’est la candidature de Jean-Luc Mélenchon qui est qualifiée de « vote utopique des bobos » par le magazine Challenges. Quant à RMC, la radio fait mine de s’interroger, « passer à la semaine de quatre jours de travail : utopie ou avancée sociale ? ». Décidément, l’utopie a bien mauvaise presse, tant le mot sert à dénigrer une idée jugée impossible, infaisable, irréalisable. Pourtant, le mot « utopie » n’avait pas cette connotation péjorative quand il a été inventé par Thomas More pour désigner « Utopia », l’île idéale où se trouve « la meilleure forme de communauté politique ».

  • Chaque vendredi, la revue de presse indispensable ! Emmanuel Macron : « À Dunkerque, il y a un port qui fonctionne bien. Qui ne fait pas grève… » Abonnés

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    Mais à qui Macron a-t-il bien pu dire ça ? Eh bien à 200 patrons de grosses multinationales du monde entier pour les convaincre d’investir 13 milliards d’euros en France. Oui, « choose France », leur a-t-il dit lundi au château de Versailles, choisissez la France car en France, on peut faire des réformes malgré les contestations, le capital n’est pas ou peu imposé, les salaires ne coûtent pas très cher à l’employeur, on ne va pas vous embêter si vous polluez et quasiment personne ne fait grève. D’ailleurs, cette phrase rappelle un peu celle de son cher ami Nicolas Sarkozy, lequel doit pourtant espérer une grève du personnel pénitentiaire pour échapper aux douze mois ferme qu’il vient de se manger en appel : « désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit », disait-il en 2008. Si vous vous demandiez à quoi sert cette réforme des retraites que le président de la République s’est acharné à faire passer, maintenant c’est clair : à transformer la France en un pays en voie de développement où les multinationales vont pouvoir délocaliser leurs usines…

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot vous dit UN GROS MOT (vidéo et podcast) Les Gros mots #28 : FÉMINISME Abonnés

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    D’après Le Figaro, elles associent terreur et vertu, « les féministes radicales à l’assaut des chefs de la Nupes ». Élisabeth Badinter, elle, se méfiait déjà dans Le Journal du dimanche du « néoféminisme guerrier ». Quant au « site de l’information économique, des entreprises et des dirigeants  », entreprendre.fr, il n’a pas peur de poser la question : « le néo-féminisme est-il un mouvement totalitaire ? ». Alors, les féministes d’aujourd’hui seraient radicales, violentes et totalitaires, quand nos mères et nos grand-mères avaient bien sagement conquis le droit de vote et le droit de disposer de leur corps ? Un petit tour dans l’histoire du ou « des » féminismes montre que ce n’est pas si simple…

  • Mathieu Dejean publie « Sciences Po, l’école de la domination » (La Fabrique) Faut-il fermer Sciences Po, « l’asile préféré des fils de notables » ? Abonnés

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    « L’asile préféré des fils de notables », c’est par cette expression que l’historien Marc Bloch désignait « l’École libre des sciences politiques », qui a été nationalisée en 1945 sous le nom d’« Institut d’études politiques de Paris », et qui est beaucoup plus connue par son surnom : « Sciences Po ».

    Si avant 1945 l’école se prétendait « libre », c’est parce qu’elle était libre de toute tutelle étatique : elle était à l’origine complètement privée. Premier paradoxe d’une grande école qui prétend, grâce à des capitaux privés issus du monde de l’industrie et de la finance, former les futurs garants de l’intérêt général. Un mélange des genres qui a jeté – dès la création de l’école par Émile Boutmy en 1872 – le soupçon sur la formation idéologique des étudiants. Pourtant, depuis 1945, c’est plutôt l’École nationale d’administration, la fameuse ÉNA, qui concentre les critiques sur la reproduction sociale des élites. Mais saviez-vous que la création de l’ÉNA avait justement été pensée comme une réplique publique à Sciences Po, pour ne pas laisser à une institution privée le monopole de la formation des futures élites ?

  • « Charles a une vie en harmonie avec ses convictions : quand il reste de la nourriture, il la fait emballer et la fait resservir le lendemain » Abonnés

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    « The queen is dead, long live the king ! » Mais qui a bien pu passer son samedi pluvieux à regarder la cérémonie du couronnement de Charles III, 6h30 de procession en carrosse dorée, de chant choral, de messe anglicane et de défilé le petit doigt sur la couture du pantalon ? Personne, pensez-vous ? Eh bien si ! On a trouvé la seule personne qui a eu le courage de tout regarder, et surtout d’écouter le concours de flagornerie des commentateurs du service public, toujours déférents à l’égard des puissants, qu’ils soient des monarques élus ou des monarques héréditaires. Cette personne, c’est Jonathan Duong, qui vous parle en prime d’un autre couronnement, celui du grand-père de Charles, Georges VI.

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot vous dit UN GROS MOT (vidéo et podcast) Les Gros mots #27 : PARTI Abonnés

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    Finis, les partis politiques ? En quinze ans, le nombre d’adhérents au Parti socialiste est passé de 230 000 (en 2008) à un peu plus de 40 000 (aujourd’hui). Dans la même période, les adhérents au Parti communiste français passaient de 79 000 à 43 000. À droite, la dynamique n’est pas meilleure, puisque l’UMP comptait 300 000 adhérents en 2008, contre 85 000 pour son successeur Les Républicains quinze ans plus tard. Niveau chiffres, celui qui plie le match, c’est donc Laurent Berger : « la CFDT, c’est plus que 600 000 adhérents, plus que tous les partis politiques de ce pays. ». Alors est-ce désormais dans le syndicalisme ou dans le monde associatif qu’il faut s’engager si on veut changer le monde ? Ou bien la forme partidaire présente-t-elle encore un intérêt stratégique dans nos luttes pour l’émancipation ? Réponses avec Olivier Besancenot… et Karl Marx.

Une sélection :

Une nouvelle traduction de « 1984 », de George Orwell, aux éditions Agone. Entretien avec Thierry Discepolo (RE) LIRE ORWELL AbonnésVoir

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George Orwell et les travers de porc ont ceci en commun qu’on peut les accommoder à toutes les sauces. Le Figaro, Marianne, L’Expansion, Causeur, Valeurs actuelles, chacun sa petite recette. Entre un numéro sur « le spectre Islamiste » et un autre nous apprenant « comment la CGT ruine la France », le magazine Le Point nous aguiche avec, en couverture : « Orwell, le penseur qui va vous libérer ». Jusque dans l’indispensable Journal de Béziers, le maire de la ville, le souriant Robert Ménard, qui se réclame de l’auteur de 1984. Sans parler d’un très souverainiste « comité Orwell », requalifié « orwellien » suite à la protestation des ayants droits.

Si chacun tire la couverture à soi et dénonce les impostures des autres, toutes ces nuances de droite partagent une même certitude : Orwell se disait de gauche, en fait il était de droite mais il était obligé de le cacher. Orwell à toutes les sauces, mais surtout contre la gauche.

Pourtant, dès juin 1949, lorsque paraît Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, Orwell s’était donné avant de mourir la peine de préciser : « mon roman n’a pas été conçu comme une attaque contre le socialisme ou contre le parti travailliste britannique (dont je suis un sympathisant) mais comme une dénonciation des perversions auxquelles une économie centralisée peut être sujette (…) ». « Cette tendance s’enracine dans les fondations politiques sociales et économiques de la situation mondiale contemporaine » et réside dans « l’acceptation d’une manière de voir totalitaire par les intellectuels de toutes les couleurs (…). L’action du livre se déroule en Grande-Bretagne pour souligner que les peuples de langue anglaise ne sont pas par nature meilleurs que les autres, et que le totalitarisme, S’IL N’EST PAS COMBATTU, pourrait triompher partout. »

L’édito du mercredi, c’est le Mercredito ! par Daniel Mermet (VIDEO et PODCAST) Le Mercredito #09 : Pouvoir d’achat : les riches jettent des goodies aux pauvres, mais comment euthanasier les rentiers ? AbonnésVoir

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Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, s’est juste augmenté de 52% cette année, ça lui fait un petit 6 millions annuel, soit 500 000 euros chaque mois. Mais il pense à ses actionnaires qui ont reçu 8 milliards cette année, comme ça, sans rien faire, en dormant. Pensez-y en faisant le plein à la pompe en partant au boulot.

Un conte de Daniel Mermet Histoire du petit singe lécheur AbonnésLire

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C’était un petit singe qui chaque matin et chaque soir léchait les pieds de l’Empereur. Il le faisait si bien, avec tant de zèle, en poussant même des petits soupirs de plaisirs, que certains esprits s’en étonnaient.

Un jeune bonze un jour lui demanda :

« Est-ce que tu subis des pressions ? »

Le petit singe lécheur éclata de rire :

« Des pressions ? pas le moins du monde, je suis libre, je lèche comme je veux, jamais l’Empereur ne me demande quoi que ce soit, libre je suis ! »

Le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme ! Ben oui, mais comment ? Frédéric Lordon/Christophe Clerc : la controverse [INTÉGRALE] AbonnésÉcouter

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Quand le grantintélo de gauche publie un livre pour intellos de gauche, il y a quelques critiques, quelques entretiens, quelques rages et quelques pâmoisons. Mais rarement de débat critique et articulé, très rarement de controverse attentive et construite. C’est ce que nous a proposé Christophe Clerc, avec le livre de Frédéric Lordon, Figures du communisme. Un livre que nous avions trouvé important et stimulant, et dont Lordon était venu nous parler.

Christophe Clerc, lui-même chercheur (et avocat), est depuis longtemps un lecteur attentif et critique de Lordon. Il a voulu aller plus loin avec les propositions de ce livre, en proposant un débat point par point, en longueur, ce que Lordon a accepté.

Pour préparer cette controverse, Christophe Clerc a enregistré cinq objections, cinq brèves « chroniques lordoniennes » qu’il a soumises par avance à Lordon afin de rendre ensuite le débat plus éclairant :

- chaque jour de cette semaine, nous diffusons donc les cinq brèves CHRONIQUES LORDONIENNES de Christophe Clerc (podcast et texte) que vous pourrez commenter sur le forum de Là-bas

- et la semaine prochaine, le 12 septembre, nous diffusons « LORDON/CLERC, LA CONTROVERSE », en cinq épisodes vidéo et podcast (avec la participation exceptionnelle de Gérard Mordillat !).