On voit que vous vivez pas près de chez eux

Eric Fassin : ROMS, UNE POLITIQUE DE LA RACE

Le

Cet article est en accès libre grâce aux abonnés modestes et géniaux, mais…

…sans publicité ni actionnaires, Là-bas si j’y suis est uniquement financé par les abonnements. Sans les abonnés, il ne nous serait pas possible de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre indépendance  : rejoignez-nous  !

Je m'abonne J'offre un abonnement

Eric Fassin : Roms, une politique de la race
par Là-bas si j'y suis

« Ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres, et qui sont évidemment en confrontation, (...) et donc cela veut bien dire que les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie. » Faut-il vraiment remplacer le mot Rom par le mot Juif pour bien comprendre les propos du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, le 24 septembre 2013 sur France Inter ?
Trois ans auparavant, un certain Valls Manuel s’insurgeait contre l’amalgame indigne entre "sécurité" et "étranger". Mais ce Valls là était dans l’opposition.

(Dessin : Aurel)

Aujourd’hui, de la gauche à la droite extrême, le rejet du Rom est unanime. Prendre la défense des Roms, fait de vous un personnage douteux, un masochiste, un communiste ou un receleur de poules volées. Chez nous, droit du Rom et droit de l’Homme ne riment à rien. Le 15 mai dernier, le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (Cerd) a souligné dans un rapport la « stigmatisation croissante » des Roms en France.

Refus de ramasser les ordures, refus de scolariser les enfants, absence de relogement en cas d’expulsion d’un bidonville, les atteintes aux simples droits des populations "Roms" sont multiples. Alors même que celles-ci, de nationalités bulgare ou roumaine, ont le droit de vivre et de travailler en France.

Éric Fassin et son équipe ont enquêté sur la montée du racisme contre les Roms, qui prospère sur une dépolitisation de la « question Rom » en stigmatisant tout un groupe "culturellement" incompatible.

C’est pourtant bien l’inaction politique à l’égard des Roms qui maintient l’insalubrité des bidonvilles, source de mécontentement de la part de certains riverains.

« On voit que vous ne vivez pas près de chez eux » Oui, c’est au nom du riverain, ce modeste et honnête riverain excédé par tant de saleté et de turpitudes que la démagogie officielle fait son miel. Mais il se trouve aussi des riverains solidaires, des associations, des collectifs, des élus, des enseignants et tout d’abord des Roms eux-mêmes pour tenir tête.


Extrait de notre émission « Les droits des Roms sont les droits de l’Homme », LÀ-BAS Hebdo n°21 du 11 juin 2015.

N’oubliez pas que le répondeur attend vos messages au 01 85 08 37 37.

Réalisation : Aurélie MARTIN et Xavier CANTAT
Préparation : Jonathan DUONG

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

Le

La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

Le

« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

Le

Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.