Notre émission mensuelle avec l’équipe du Monde diplomatique, avec, autour de Jonathan Duong :
– Philippe Descamps : avec une cinquième médaille d’or au biathlon, Martin Fourcade est devenu en Corée du Sud le sportif tricolore le plus titré aux Jeux Olympiques d’hiver ! Le jeune Français n’aura étonnamment jamais participé à des JO dans les Alpes : Vancouver en 2010, Sotchi en 2014, Pyeongchang cette année, Pékin en 2022, les Alpes n’ont plus accueilli de Jeux Olympiques depuis 2006 à Turin.
La passion pour les sports d’hiver se serait-elle déplacée hors des frontières de l’Europe ? Pas vraiment, à observer les tribunes quasiment vides de certaines épreuves en ce moment à Pyeongchang, en Corée du Sud. Mais c’est surtout que, quand on leur demande leur avis, les peuples refusent les JO. Gabegie financière, dégâts écologiques, infrastructures inutiles, corruption des Comités olympiques : les Jeux Olympiques ne font plus rêver. Et si Paris a gagné le droit d’organiser les JO en 2024, c’est d’une part parce qu’on n’avait pas demandé leur avis aux Parisiens, et d’autre part… parce qu’il n’y avait pas d’autre candidat.
– Akram Belkaïd : depuis la décision unilatérale de Donald J. Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, le gouvernement ultra-droitier de Benyamin Netanyahou se sent pousser des ailes : un nouveau programme de colonies en Cisjordanie a été approuvée en janvier dernier, de quoi susciter la colère des Palestiniens, déjà ravivée en décembre 2017 par l’annonce du président des États-Unis de transférer l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem.
Mais la colère des jeunes Palestiniens s’exprime aussi contre leurs propres organisations politiques, critiquées pour leur impuissance à améliorer leurs conditions de vie : transports, études, boulot, avec un taux de chômage des jeunes de 42 % à Gaza par exemple. À ces problèmes du quotidien, amplifiés par l’occupation israélienne, s’ajoute la collaboration sécuritaire entre l’Autorité palestinienne et Israël, qui renforce la défiance des Palestiniens envers leurs représentants.
Face à ces deux fronts, la jeunesse palestinienne invente de nouvelles formes de lutte.
– Bernard Hourcade : « Vous le reconnaissez ? Vous devriez ! C’est à vous ! » C’est avec ses mots que Benyamin Netanyahou a brandi un morceau de drone supposément iranien à Munich, lors d’une conférence sur la sécurité, le 18 février. S’adressant au ministre des affaires étrangères iranien, le Premier ministre israélien a ajouté : « vous pouvez ramener avec vous un message aux tyrans de Téhéran : ne testez pas la détermination d’Israël ! »
Ce coup d’éclat faisait suite aux récents heurts entre les forces iraniennes et israéliennes : interception d’un drone attribué à l’Iran dans l’espace aérien israélien, suivie de frappes israéliennes sur les positions iraniennes en Syrie, puis d’une réplique des forces de Bachar el-Assad qui ont abattu un avion de chasse israélien.
Si le conflit ancien entre l’Iran et Israël s’exporte ainsi en Syrie, c’est que l’Iran combat Daech depuis 2014 en Syrie, mais aussi en Irak. Puissance importante de la région, l’Iran est également un soutien actif du Hezbollah libanais, et apporte son aide aux rebelles houthistes en lutte contre le pouvoir central au Yémen.
Ces diverses relations et influences font craindre à certains une « tentation hégémonique » [1] de la part de l’Iran. L’Iran, une menace pour la région ? Ou un rival de l’Arabie Saoudite, autre puissance régionale, soutenu par les États-Unis ? Éléments de réponse avec Bernard Hourcade, géographe, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique.
Un entretien de Jonathan Duong avec l’équipe du Monde diplomatique de février.
Programmation musicale :
– Christine Barre : Sous un seul flambeau
– 47 Soul : Intro to Shamstep
– ZIA : Helelyos
Écoutez la compilation de morceaux découverts par Marion Armengod et Franck Haderer, « Téhéran : à la chasse aux chants cachés du Shah » (Libération, 1er janvier 2018) :
Merci à Philippe Descamps, Akram Belkaïd et Bernard Hourcade.
Merci aussi à Sophie Durand-Ngô du Monde diplomatique.