Un entretien de Jonathan Duong

Dans le Diplo de février [INTÉGRALE]

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  • 01. Philippe Descamps : ces peuples qui ne veulent plus des JO

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  • 02. Akram Belkaïd : la jeunesse palestinienne réinvente la lutte

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  • 03. Bernard Hourcade : l’Iran, une menace ?

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[RADIO] Dans le Diplo de février [INTÉGRALE]
Là-bas si j’y suis

Notre émission mensuelle avec l’équipe du Monde diplomatique, avec, autour de Jonathan Duong :

 Philippe Descamps : avec une cinquième médaille d’or au biathlon, Martin Fourcade est devenu en Corée du Sud le sportif tricolore le plus titré aux Jeux Olympiques d’hiver ! Le jeune Français n’aura étonnamment jamais participé à des JO dans les Alpes : Vancouver en 2010, Sotchi en 2014, Pyeongchang cette année, Pékin en 2022, les Alpes n’ont plus accueilli de Jeux Olympiques depuis 2006 à Turin.

La passion pour les sports d’hiver se serait-elle déplacée hors des frontières de l’Europe ? Pas vraiment, à observer les tribunes quasiment vides de certaines épreuves en ce moment à Pyeongchang, en Corée du Sud. Mais c’est surtout que, quand on leur demande leur avis, les peuples refusent les JO. Gabegie financière, dégâts écologiques, infrastructures inutiles, corruption des Comités olympiques : les Jeux Olympiques ne font plus rêver. Et si Paris a gagné le droit d’organiser les JO en 2024, c’est d’une part parce qu’on n’avait pas demandé leur avis aux Parisiens, et d’autre part… parce qu’il n’y avait pas d’autre candidat.

L’ancien village olympique de Thrakomakedones, au nord d’Athènes

 Akram Belkaïd : depuis la décision unilatérale de Donald J. Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, le gouvernement ultra-droitier de Benyamin Netanyahou se sent pousser des ailes : un nouveau programme de colonies en Cisjordanie a été approuvée en janvier dernier, de quoi susciter la colère des Palestiniens, déjà ravivée en décembre 2017 par l’annonce du président des États-Unis de transférer l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem.

Mais la colère des jeunes Palestiniens s’exprime aussi contre leurs propres organisations politiques, critiquées pour leur impuissance à améliorer leurs conditions de vie : transports, études, boulot, avec un taux de chômage des jeunes de 42 % à Gaza par exemple. À ces problèmes du quotidien, amplifiés par l’occupation israélienne, s’ajoute la collaboration sécuritaire entre l’Autorité palestinienne et Israël, qui renforce la défiance des Palestiniens envers leurs représentants.

Face à ces deux fronts, la jeunesse palestinienne invente de nouvelles formes de lutte.

Ahed Tamimi, 17 ans, est détenue par Israël depuis le 19 décembre pour avoir giflé deux soldats israéliens (photo : Haim Schwarczenberg, https://schwarczenberg.com)

 Bernard Hourcade : « Vous le reconnaissez ? Vous devriez ! C’est à vous ! » C’est avec ses mots que Benyamin Netanyahou a brandi un morceau de drone supposément iranien à Munich, lors d’une conférence sur la sécurité, le 18 février. S’adressant au ministre des affaires étrangères iranien, le Premier ministre israélien a ajouté : « vous pouvez ramener avec vous un message aux tyrans de Téhéran : ne testez pas la détermination d’Israël ! »

Ce coup d’éclat faisait suite aux récents heurts entre les forces iraniennes et israéliennes : interception d’un drone attribué à l’Iran dans l’espace aérien israélien, suivie de frappes israéliennes sur les positions iraniennes en Syrie, puis d’une réplique des forces de Bachar el-Assad qui ont abattu un avion de chasse israélien.

Si le conflit ancien entre l’Iran et Israël s’exporte ainsi en Syrie, c’est que l’Iran combat Daech depuis 2014 en Syrie, mais aussi en Irak. Puissance importante de la région, l’Iran est également un soutien actif du Hezbollah libanais, et apporte son aide aux rebelles houthistes en lutte contre le pouvoir central au Yémen.

Ces diverses relations et influences font craindre à certains une « tentation hégémonique » [1] de la part de l’Iran. L’Iran, une menace pour la région ? Ou un rival de l’Arabie Saoudite, autre puissance régionale, soutenu par les États-Unis ? Éléments de réponse avec Bernard Hourcade, géographe, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique.

Un entretien de Jonathan Duong avec l’équipe du Monde diplomatique de février.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à Munich, le 18 février 2018

Programmation musicale :
 Christine Barre : Sous un seul flambeau
 47 Soul : Intro to Shamstep
 ZIA : Helelyos

Écoutez la compilation de morceaux découverts par Marion Armengod et Franck Haderer, « Téhéran : à la chasse aux chants cachés du Shah » (Libération, 1er janvier 2018) :


Merci à Philippe Descamps, Akram Belkaïd et Bernard Hourcade.

Merci aussi à Sophie Durand-Ngô du Monde diplomatique.

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La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.