LÀ-BAS Hebdo n°7

Comment s’enrichir sur la crise ? Abonnés

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Le , par L’équipe de Là-bas

Audrey Vernon

Elle rêve de vous rencontrer, il suffit juste que vous soyez milliardaire.
Comment faire pour ça ? Faire faillite, ou racheter des faillites. C’est ainsi que Bernard Arnault (LVMH) a commencé, aujourd’hui 13ème fortune mondiale avec 37,2 milliards d’euros. De même que François Pinault (15 milliards d’euros). 180 entreprises font faillite chaque jour en France, 60 000 par an, 300 000 depuis 2008. Des millions de morts sociales mais pour quelques petits malins ça peut rapporter gros, très gros. En France la faillite est devenue une industrie avec ses petits profiteurs et ses gros profiteurs. Et alors, que voulez-vous, c’est ainsi, c’est la crise, c’est le système, on le sait, il y a toujours eu des magouilles et des fripouilles et à la fin c’est nous qu’on paie. Mais quelques-uns résistent, enquêtent, contestent et ne baissent pas les bras et même ils lèvent le poing :

- Xavier MATHIEU, ex CONTI, syndicaliste débordant. Il est devenu comédien mais il n’a pas lâché l’affaire
- Fiodor RILOV, l’« avocat rouge » engagé dans les bagarres contre les « plans sociaux » souvent suspects (Samsonite, LFoundry, Kem One, Florange, PSA, Goodyear…)
- Cyprien BOGANDA, journaliste, auteur du livre Le business des faillites : enquête sur ceux qui prospèrent sur les ruines de l’économie française (2015, La Découverte)
- Audrey VERNON, comédienne, auteure du spectacle « COMMENT épouser un MILLIARDAIRE »

LÀ-BAS HEBDO n°7 (extrait)

Retrouvez les différentes séquences de l’émission :

Xavier Mathieu et Fiodor Rilov (photo : Dominique Touchart pour MaxPPP)

Partie 1ère : Qui sont les profiteurs de faillites ?

Qui sont-ils, ces profiteurs de faillites ? Des dirigeants d’entreprise, des fonds d’investissements, des groupes multinationaux qui font leur fortune sur la ruine des autres. Moulinex, Florange, PSA, Samsonite, Kem One, autant d’entreprises qui ont mis sur le carreau des milliers de salariés pour mieux dégager des dividendes et faire la fortune des actionnaires. Alors qu’Audrey VERNON cherche un milliardaire à épouser parmi le classement du magazine Forbes des premières fortunes mondiales, Cyprien BOGANDA nous rappelle que deux des plus grosses fortunes française, Bernard Arnault et François Pinault, ont justement bâti leur fortune en rachetant des entreprises en difficulté pour les revendre au prix fort, au mépris des emplois et des salariés. Xavier Mathieu et Fiodor Rilov ont combattu ces licenciements abusifs, notamment à l’usine Continental de Clairoix où ils ont fini par emporter une "amère victoire"aux Prud’hommes, qui n’a pas effacé le désastre social provoqué par la fermeture de l’usine.

Audrey Vernon cherche toujours son milliardaire, Gérard Mulliez a toutes ses chances
par Là-bas si j'y suis

(photo : Le Maine libre)

"Merci patron !", un reportage de Gaylord VAN WYMEERSCH

Grande zone commerciale, zone industrielle, nous sommes à Brûlon, dans la Sarthe, près du Mans. FPEE, c’est une PME qui a démarré en 1981 avec quatre salariés, et qui emploie aujourd’hui 650 salariés sur cinq sites en France. Drôle d’histoire pour cette menuiserie industrielle, car début février les deux dirigeants de FPEE ont été débarqués par trois fonds d’investissement actionnaires de l’entreprise. Les salariés de l’entreprise se sont alors mobilisés pour récupérer leur patron et mettre dehors ces fonds d’investissement.


(dessin : Daniel Mermet)

Partie 2 : Épouser un milliardaire

« Je comprends parfaitement l’émotion suscitée » : c’est la phrase type fabriquée par les communicants, qu’on a souvent entendue dans la bouche d’un dirigeant d’entreprise. Cyprien BOGANDA nous dévoile à quel point les agences de communication encadrent les plans de licenciements et coachent les dirigeants pour répondre aux média et résister aux séquestrations.
Audrey VERNON, elle, a bien épluché le dernier classement des plus grosses fortunes mondiales établi par le magazine Forbes pour y trouver l’époux idéal : un homme d’affaires, Bernard, mais plutôt Arnault que Tapie, pas assez riche pour elle ! Elle interprète aussi son chant d’amour : I’ll marry a Billionaire, accompagnée par Steve Wellington à la guitare.

Devant tous les tribunaux ils ont gagné. Continental a menti, il n’y avait aucune raison économique à leurs licenciements. Selon la loi rien ne justifiait la fermeture du site de Clairoix, il s’agissait d’une stratégie dictée par la spéculation financière. Résultat, 1 120 salariés à la rue, 1 120 morts sociales, maladies, divorces, suicides et toute une région économiquement sinistrée. Un scandale ? Non, une histoire banale que la plupart des médias décrivent comme une regrettable fatalité. Au bout de sept ans de lutte, 680 ont été indemnisés. Mais Continental s’acharne et se pourvoit en cassation. Si les ex-salariés perdent, ils devront rembourser.

Les Conti ont gagné mais ils ont tout perdu
par Là-bas si j'y suis

Didier PORTE nous fâche avec tout le monde

François Hollande a « un discours très intelligent et très réfléchi » sur le changement climatique. C’est pas nous qui le disons, c’est Marion Cotillard, partie en voyage officiel avec Mélanie Laurent à Manille avec François Hollande dans leurs bagages. Et Didier PORTE nous explique qu’en matière de « discours intelligent et réfléchi », elles en connaissent un rayon...

Didier PORTE (05-03-2015)
Didier Porte nous fâche avec tout le monde, cette semaine avec Marion Cotillard et Mélanie Laurent
par Là-bas si j'y suis

Rémi Fraisse, tué le 26 octobre 2014 à Sivens

Hervé KEMPF : où en-est le barrage de Sivens ?

Le barrage de Sivens ? Un barrage inutile et contesté, une ZAD depuis plus d’un an, un manifestant, Rémi Fraisse, tué par la grenade d’un gendarme le 26 octobre 2014, un rapport d’expert qui finit par conclure que le projet est inutile, coûteux, qu’il a des impacts sur l’environnement, une procédure européenne portant sur l’infraction à une directive sur l’eau... La ministre Ségolène Royal décide le 16 janvier dernier l’abandon du projet initial, sous la pression des « djihadistes verts », selon la fameuse expression de Xavier Beulin. Mais vendredi 6 mars, le Conseil Général doit décider de la nouvelle orientation du projet de barrage.


Gérard contre Gérard, ou le retour de la lutte des classes

Quoi de commun entre Gérard Mulliez, patron d’Auchan, première fortune professionnelle de France (37,88 milliards d’euros) et Gérard Mordillat, écrivain, réalisateur et propriétaire de son vélo ?

Gérard MORDILLAT (05-03-2015)
Gérard contre Gérard, ou le retour de la lutte des classes
par Là-bas si j'y suis

Programmation musicale :
- L’Actionnaire, par Yvon Étienne
- Merci Patron, par Les Charlots
- enregistré au Lieu-Dit : I’ll Marry a Billionaire, texte et chant d’Audrey Vernon, musique de Steve Wellington
- Les riches, par Bolchoï Karma Expérience
- Le Grand matin, par Loïc Lantoine


À lire :
- Le business des faillites : enquête sur ceux qui prospèrent sur les ruines de l’économie française, un livre de Cyprien Boganda (2015, éditons La Découverte)

À voir :
- Fukushima Work in Progress, un spectacle d’Audrey Vernon, avec Xavier Mathieu, les 19, 20 et 21 mai au théâtre l’Avant-Seine de Colombes. Toutes les infos sur www.lavant-seine.com


- Comment épouser un milliardaire, un spectacle de et avec Audrey Vernon, le 11 mars à Bordeaux, les 13, 14 et 15 mars à L’Azile à La Rochelle. Plus d’infos sur audreyvernon.com

- Marx et Jenny, un spectacle de et avec Audrey Vernon, le 19, 20 et 21 mars à Chartres

- Chagrin d’amour, un spectacle de et avec Audrey Vernon, tous les mardis à Paris, à la Nouvelle Seine

À écouter :
- Amère victoire pour les Conti, un reportage d’Antoine Chao dans Là-bas si j’y suis du 12 septembre 2013
- On va en Amérique mardi ! un reportage d’Anaëlle Verzaux dans Là-bas si j’y suis du 04 mars 2014

Merci à Hossein et à l’équipe du Lieu-Dit.
Et n’oubliez pas que le répondeur attend toujours vos messages au 01 85 08 37 37.

Présentation : Daniel MERMET
Réalisation : Franck HADERER et Guillaume GIRAULT
Répondeur : Stéphanie FROMENTIN
Préparation : Jonathan DUONG

(vous pouvez podcaster cette émission en vous rendant dans la rubrique "Mon compte", en haut à droite de cette page)

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Dans les livres

  • Le Business des faillites : enquête sur ceux qui prospèrent sur les ruines de l’économie française

    Depuis dix ans, la multiplication des plans sociaux a engendré une véritable industrie de la faillite. Dressant un portrait édifiant des acteurs de ce secteur en croissance et revenant sur les affaires qui ont défrayé la chronique ces dernières années (Danone, Doux, Heuliez, PSA, Samsonite, Florange, etc.), l’enquête de Cyprien Boganda révèle les dessous de cette machine qui prospère sur les ruines de l’économie française.

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  • Manif contre TotalEnergies LES ÉCOTERRORISTES ATTAQUENT LES ACTIONNAIRES DE TOTALENERGIES ! Accès libre

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    Mais à qui Macron a-t-il bien pu dire ça ? Eh bien à 200 patrons de grosses multinationales du monde entier pour les convaincre d’investir 13 milliards d’euros en France. Oui, « choose France », leur a-t-il dit lundi au château de Versailles, choisissez la France car en France, on peut faire des réformes malgré les contestations, le capital n’est pas ou peu imposé, les salaires ne coûtent pas très cher à l’employeur, on ne va pas vous embêter si vous polluez et quasiment personne ne fait grève. D’ailleurs, cette phrase rappelle un peu celle de son cher ami Nicolas Sarkozy, lequel doit pourtant espérer une grève du personnel pénitentiaire pour échapper aux douze mois ferme qu’il vient de se manger en appel : « désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit », disait-il en 2008. Si vous vous demandiez à quoi sert cette réforme des retraites que le président de la République s’est acharné à faire passer, maintenant c’est clair : à transformer la France en un pays en voie de développement où les multinationales vont pouvoir délocaliser leurs usines…

  • Mathieu Dejean publie « Sciences Po, l’école de la domination » (La Fabrique) Faut-il fermer Sciences Po, « l’asile préféré des fils de notables » ? Abonnés

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    « L’asile préféré des fils de notables », c’est par cette expression que l’historien Marc Bloch désignait « l’École libre des sciences politiques », qui a été nationalisée en 1945 sous le nom d’« Institut d’études politiques de Paris », et qui est beaucoup plus connue par son surnom : « Sciences Po ».

    Si avant 1945 l’école se prétendait « libre », c’est parce qu’elle était libre de toute tutelle étatique : elle était à l’origine complètement privée. Premier paradoxe d’une grande école qui prétend, grâce à des capitaux privés issus du monde de l’industrie et de la finance, former les futurs garants de l’intérêt général. Un mélange des genres qui a jeté – dès la création de l’école par Émile Boutmy en 1872 – le soupçon sur la formation idéologique des étudiants. Pourtant, depuis 1945, c’est plutôt l’École nationale d’administration, la fameuse ÉNA, qui concentre les critiques sur la reproduction sociale des élites. Mais saviez-vous que la création de l’ÉNA avait justement été pensée comme une réplique publique à Sciences Po, pour ne pas laisser à une institution privée le monopole de la formation des futures élites ?

  • Chaque mardi, Olivier Besancenot vous dit UN GROS MOT (vidéo et podcast) Les Gros mots #28 : FÉMINISME Abonnés

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    D’après Le Figaro, elles associent terreur et vertu, « les féministes radicales à l’assaut des chefs de la Nupes ». Élisabeth Badinter, elle, se méfiait déjà dans Le Journal du dimanche du « néoféminisme guerrier ». Quant au « site de l’information économique, des entreprises et des dirigeants  », entreprendre.fr, il n’a pas peur de poser la question : « le néo-féminisme est-il un mouvement totalitaire ? ». Alors, les féministes d’aujourd’hui seraient radicales, violentes et totalitaires, quand nos mères et nos grand-mères avaient bien sagement conquis le droit de vote et le droit de disposer de leur corps ? Un petit tour dans l’histoire du ou « des » féminismes montre que ce n’est pas si simple…

  • « Charles a une vie en harmonie avec ses convictions : quand il reste de la nourriture, il la fait emballer et la fait resservir le lendemain » Abonnés

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    « The queen is dead, long live the king ! » Mais qui a bien pu passer son samedi pluvieux à regarder la cérémonie du couronnement de Charles III, 6h30 de procession en carrosse dorée, de chant choral, de messe anglicane et de défilé le petit doigt sur la couture du pantalon ? Personne, pensez-vous ? Eh bien si ! On a trouvé la seule personne qui a eu le courage de tout regarder, et surtout d’écouter le concours de flagornerie des commentateurs du service public, toujours déférents à l’égard des puissants, qu’ils soient des monarques élus ou des monarques héréditaires. Cette personne, c’est Jonathan Duong, qui vous parle en prime d’un autre couronnement, celui du grand-père de Charles, Georges VI.

Une sélection :

Un entretien de Daniel Mermet avec Laurence De Cock et Gérard Noiriel Gérard Noiriel : une histoire populaire de la France AbonnésVoir

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Rares, très rares sont les intellectuels qui mettent le savoir non pas au service du pouvoir, mais au service du contre-pouvoir. L’historien Gérard Noiriel fait partie de ce courant-là, de ceux qui partagent les armes et les clés pour l’émancipation de tous. Depuis des années, avec notre film sur Howard ZINN, Une Histoire populaire américaine, on nous demande si un tel livre d’histoire existe sur la France. Et bien le voilà !

Une nouvelle traduction de « 1984 », de George Orwell, aux éditions Agone. Entretien avec Thierry Discepolo (RE) LIRE ORWELL AbonnésVoir

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George Orwell et les travers de porc ont ceci en commun qu’on peut les accommoder à toutes les sauces. Le Figaro, Marianne, L’Expansion, Causeur, Valeurs actuelles, chacun sa petite recette. Entre un numéro sur « le spectre Islamiste » et un autre nous apprenant « comment la CGT ruine la France », le magazine Le Point nous aguiche avec, en couverture : « Orwell, le penseur qui va vous libérer ». Jusque dans l’indispensable Journal de Béziers, le maire de la ville, le souriant Robert Ménard, qui se réclame de l’auteur de 1984. Sans parler d’un très souverainiste « comité Orwell », requalifié « orwellien » suite à la protestation des ayants droits.

Si chacun tire la couverture à soi et dénonce les impostures des autres, toutes ces nuances de droite partagent une même certitude : Orwell se disait de gauche, en fait il était de droite mais il était obligé de le cacher. Orwell à toutes les sauces, mais surtout contre la gauche.

Pourtant, dès juin 1949, lorsque paraît Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, Orwell s’était donné avant de mourir la peine de préciser : « mon roman n’a pas été conçu comme une attaque contre le socialisme ou contre le parti travailliste britannique (dont je suis un sympathisant) mais comme une dénonciation des perversions auxquelles une économie centralisée peut être sujette (…) ». « Cette tendance s’enracine dans les fondations politiques sociales et économiques de la situation mondiale contemporaine » et réside dans « l’acceptation d’une manière de voir totalitaire par les intellectuels de toutes les couleurs (…). L’action du livre se déroule en Grande-Bretagne pour souligner que les peuples de langue anglaise ne sont pas par nature meilleurs que les autres, et que le totalitarisme, S’IL N’EST PAS COMBATTU, pourrait triompher partout. »

L’édito du mercredi, c’est le Mercredito ! par Daniel Mermet (VIDEO et PODCAST) Le Mercredito #09 : Pouvoir d’achat : les riches jettent des goodies aux pauvres, mais comment euthanasier les rentiers ? AbonnésVoir

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Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, s’est juste augmenté de 52% cette année, ça lui fait un petit 6 millions annuel, soit 500 000 euros chaque mois. Mais il pense à ses actionnaires qui ont reçu 8 milliards cette année, comme ça, sans rien faire, en dormant. Pensez-y en faisant le plein à la pompe en partant au boulot.

Un conte de Daniel Mermet Histoire du petit singe lécheur AbonnésLire

Le

C’était un petit singe qui chaque matin et chaque soir léchait les pieds de l’Empereur. Il le faisait si bien, avec tant de zèle, en poussant même des petits soupirs de plaisirs, que certains esprits s’en étonnaient.

Un jeune bonze un jour lui demanda :

« Est-ce que tu subis des pressions ? »

Le petit singe lécheur éclata de rire :

« Des pressions ? pas le moins du monde, je suis libre, je lèche comme je veux, jamais l’Empereur ne me demande quoi que ce soit, libre je suis ! »