Une agence rémunérée pour mener des campagnes de désinformation au cœur des médias en ligne ? Un ancien rédacteur témoigne

« Comment j’ai pondu des centaines d’articles de presse bidon financés par des intérêts privés » Abonnés

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Atelier des Beaux arts, mai 1968

[EXTRAIT] « Comment j’ai pondu des centaines d’articles de presse bidon financés par des intérêts privés » [RADIO]

C’est un témoignage étonnant, qui éclaire de manière inédite la fabrique de l’information, ou plutôt de la désinformation en ligne : pendant des années, celui que nous appellerons Julien a travaillé pour l’agence iStrat, devenue Maelstrom Media.

La mission de Julien ? Rédiger, caché sous de multiples signatures différentes, des faux articles de presse destinés à alimenter des blogs ou des sites de presse en ligne, reconnus comme tels par la CPPAP, la Commission paritaire des publications et agences de presse dont le rôle est justement de contrôler qui a le droit de se revendiquer comme un média. Le but de ce travail ? Tromper le lecteur qui pense tomber sur un billet d’opinion ou un article de presse de type journalistique, sans savoir qu’il a été sciemment et pécuniairement commandé dans le but de défendre tel ou tel intérêt. Nucléaire, compteur Linky, junte militaire, géopolitique du continent africain, énergies renouvelables, comme un bon petit soldat de la désinformation, Julien est devenu en quelques années un expert pour pondre en quelques heures n’importe quel article, sur n’importe quel sujet qu’il ne connaît pas, en défendant le point de vue que ses commanditaires lui imposent.

Justement, qui sont les commanditaires des articles ? Qui se cache derrière l’agence iStrat ? Difficile de percer l’opacité installée par l’entreprise, mais devinez qui a dirigé l’agence iStrat pendant quelques mois en 2013 et 2014 : Olivia Grégoire, la porte-parole du gouvernement d’Élisabeth Borne ! Il faut croire qu’Olivia Grégoire a décidé de bâtir sa carrière sur la désinformation…

Jonathan Duong a recueilli le témoignage de Julien, qui a raconté son histoire dans le dernier numéro de Fakir après avoir tout claqué quand on lui avait demandé d’écrire sur… François Ruffin ! Tiens alors, mais qui aurait bien pu vouloir salir le député de la Somme et fondateur du journal Fakir ?

Programmation musicale :
- Les acrobates : Le journaliste

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Chacun a en soi un bourgeois qui sommeille François Bégaudeau : « Je rêverais qu’une assemblée populaire administre France Inter » AbonnésVoir

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Je suis un bourgeois et j’en suis fier. Personne ne dit une chose pareille. Le bourgeois, c’est l’autre, le bobo, le faux-cul, le gras du bide. Et encore, ça se dit plus, bourgeois, c’est désuet. Depuis longtemps, le bourgeois a appris à se déguiser. Une casquette de pêcheur, une veste de paysan, un blue jean comme les ouvriers. Il a entonné des discours indignés et révoltés contre le mal, contre le fascisme et contre les cons. C’est un libertaire, le bourgeois. Contre l’impôt, contre le voile, contre les flux migratoires incontrôlés. Il proclame la révolution. C’est le titre du livre d’Emmanuel Macron, RÉVOLUTION. Il est progressiste aussi. Le mouvement qui soutient Macron se proclame « progressiste ».

C’est le printemps !!!! Accès libreÉcouter

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Musicale pour fêter l’arrivée des beaux jours...
avec Edith Piaf "Enfin le printemps", Jacques Prévert "Le temps perdu", Aznavour "C’est le printemps", Bourvil, Lester Young "Two to tango" et les Fabulous troubadours "Y des Garçons"

Connaissez-vous Gerhard Haderer ? AbonnésLire

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On ne remerciera jamais assez le cancer et Jésus.

Oui, tout d’abord, merci au cancer. Car s’il n’avait pas eu un cancer en 1985, à 34 ans, Gerhard Haderer aurait eu la vie indigente d’un « créateur » publicitaire. Or, c’est lorsqu’il fut opéré (et guéri) qu’il a tout laissé tomber et s’est tourné à fond vers le genre de dessins que vous allez (re)découvrir, si puissants, si violents qu’ils se passent de tout commentaire, à part quelques gloussements, quelques éclats de rire et pas mal de silences dans le genre grinçant.

Ensuite, merci à Jésus. Et surtout à Monseigneur Christoph Schönborn, cardinal, archevêque de Vienne. En 2002, Gerhard Haderer publiait La Vie de Jésus, un surfeur drogué à l’encens, ce qui faisait un peu scandale dans la très catholique Autriche, si bien que le cardinal archevêque, hors de lui, crut bon de donner l’ordre à l’auteur de présenter ses excuses aux chrétiens pour avoir ridiculisé le fils de Dieu. Au passage, on le voit, l’Islam n’a pas le monopole du refus des caricatures, mais celles-ci eurent beaucoup moins d’écho chez nos défenseurs de la liberté d’expression. Et bien entendu, comme toujours, la censure assura le succès de l’album, qui atteignit 100 000 exemplaires en quelques jours.

Le capitalisme est comparable à une autruche qui avale tout, absolument tout. Mais là, quand même, il y pas mal de dessins de Gerhard Haderer qui lui restent, c’est sûr, en travers de la gorge. On peut rêver et c’est déjà beaucoup.