Danièle Obono croit au temps des cerises.
Elle doit dire « vive la France », elle doit pleurer Charlie, elle doit défendre la laïcité, elle est soupçonnée d’avoir dit son amour pour Mohammed Merah et d’avoir interdit des réunions aux Blancs. Face à elle, celui qu’elle appelle « Monsieur Bourdin » l’interroge comme dans un commissariat : « Danièle Obono, vous n’avez pas pleuré Charlie. Pourquoi ? (…) Qu’est-ce qui vous a empêchée de pleurer Charlie ? Qu’est-ce qui vous a empêchée de pleurer Charlie ? Qu’est-ce que vous ne pleuriez pas ? Qu’est-ce que vous ne pleuriez pas ? [2] »
Elle encaisse. Elle réplique. Elle marque des points. Comment fait-elle pour tenir ?
Un magazine d’extrême droite apprécié par Macron la représente en « négresse », avec un collier et des chaînes d’esclave [3]. Une insanité raciste qui montre l’avancée d’une extrême droite déboutonnée en France. Elle sert les dents. Elle ne plie pas. Elle reçoit beaucoup de soutiens. Dans la rue, un peu partout, dans les quartiers, populaires ou non, beaucoup se reconnaissent en elle, la femme noire avec le rouge de ses boucles d’oreille en forme de cerises, en hommage à la Commune. Sa façon de dire « vive la France », Monsieur Bourdin.
Quel est son combat, quel est son parcours ? Alors qu’une vieille polémique entre « race » et classe vient à nouveau de casser la gauche et de réveiller les crispations intestines, nous avons voulu la rencontrer.
Un entretien de Daniel Mermet avec Danièle Obono, députée (La France insoumise) de Paris.