La réforme du Code du travail est la facture de plus de trente ans de guerre idéologique au sein d’une opinion publique française qui fut vraiment travaillée au corps pour accepter l’inacceptable.
Experts de cafés du commerce télévisés type « C dans l’air », professeurs d’économie proches du pouvoir ou travaillant en sous-main pour de grands groupes, éditorialistes vendus aux vertus de l’indispensable « fluidification des énergies », tous ont imposé au pays des pseudo-évidences néolibérales qui confinent à l’imposture, et parfois même aux fake news intégrales. Aujourd’hui, l’économiste Christophe Ramaux est dans la « Guerre des idées » pour démonter méthodiquement les plus répandues et les plus pernicieuses d’entre elles.
Maître de conférences à Paris-I-Panthéon-Sorbonne et membre des « économistes atterrés », il est spécialiste de l’économie du travail et de l’État social. Avec lui, nous passerons en revue aujourd’hui les quelques grands dogmes sur lesquelles les instigateurs de la loi Travail XXL s’appuient pour fragiliser des millions de salariés face à leurs employeurs, et dégrader leurs possibilités de riposte s’ils venaient à être licenciés abusivement. Parmi ceux-ci, l’idée selon laquelle le chômage de masse en France serait dû à la rigidité excessive de notre marché de l’emploi, beaucoup trop protecteur pour les salariés, ou encore la soi-disant détestation des Français pour les réformes, sans parler bien sûr de la fausse opposition entre insiders et outsiders, qui permet de faire passer des smicards pour des nantis à sortir de leur « zone de sécurité » pour le bien-être de tous.
La lutte passe par la rue dès aujourd’hui, mais elle passera aussi, et peut-être même avant tout par une contre-attaque sur le plan des idées. Contre Macron et son monde, il est urgent de se réarmer intellectuellement.