À la fin de l’été, on a pu entendre sur France Inter : « Macron se donne 9 mois pour fédérer ses alliés face à l’hydre populiste et nationaliste [1] ». Le 07 septembre, Le Monde titrait : « L’Europe face au clivage Macron-Orban [2] ». Le lendemain, l’émission « Les Terriens du samedi ! », animée par Thierry Ardisson, intitulait sa « battle » : « Progressistes contre populistes : la bataille de l’Europe a commencé ! [3] ». Et le 14 septembre encore, France 5 consacrait un numéro de « C dans l’air » à « Macron-Orbán : le duel qui divise l’Europe [4] ».
Cette petite musique qui monte, c’est celle qui doit nous amener à « bien » voter aux élections européennes de mai prochain, en restreignant le choix à deux options : d’un côté les autoproclamés « libéraux », démocrates, progressistes dont Macron se veut le leader, et d’autre part ceux qu’on désigne comme « populistes », une droite extrême, nationaliste, conservatrice, incarnée par exemple par Donald J. Trump et par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán.
Serge Halimi et Pierre Rimbert nous invitent à ne pas tomber dans ce piège : pour comprendre l’émergence de ces droites nationalistes et conservatrices, il faut remonter au 15 septembre 2008. Il y a dix ans, la banque Lehman Brothers faisait faillite, point de départ d’une crise financière de grande ampleur. Les mauvaises réponses apportées à la crise de 2008 par les gouvernements néolibéraux (plans d’austérité, gel des retraites, baisse des salaires…) ont nourri le terrain sur lequel ont prospéré ces droites « illibérales ». Leur discours protectionniste et autoritaire cherche à rassurer les classes populaires victimes du néolibéralisme, mais masque en réalité un même programme économique que celui de Macron ou Merkel : favoriser le capital et les classes dominantes.
Un entretien de Jonathan Duong avec Serge Halimi, journaliste, directeur de la rédaction du Monde diplomatique, co-auteur avec Pierre Rimbert de l’article « Libéraux contre populistes, un clivage trompeur », dans Le Monde diplomatique de septembre.
Programmation musicale :
– Chorale des intermittents : L’Hymne à la noix
Merci à Anne Callait-Chavanel du Monde Diplomatique.