Le souvenir de la Nakba vire au massacre. Comme chaque année depuis 2009, les organisations palestiniennes organisent depuis le 30 mars une « Marche du grand retour », pour obtenir le retour sur leurs terres des réfugiés palestiniens expulsés lors de la création d’Israël en 1948. 805 000 personnes chassées – et leurs descendants – se souviennent de cet exode comme de la « Nakba » (la « catastrophe »), et revendiquent leur « droit au retour », consacré par la résolution 194 adoptée le 11 décembre 1948 par les Nations-Unies.
Cette année, les 70 ans de la Nakba mobilisent massivement les Palestiniens, forts d’une nouvelle stratégie non-violente adoptée par le Hamas. Mais ces manifestations pacifiques le long de la barrière de sécurité sont réprimées dans le sang par l’ « armée de défense d’Israël », qui a tué une centaine de personnes depuis le 30 mars, dont plus de cinquante ce 14 mai, en plus des centaines de blessés visés notamment aux jambes par les snipers israéliens.
Pourquoi un tel massacre ? Parce que pour Israël, le 14 mai 2018 doit commémorer les 70 ans de la naissance de l’État d’Israël, et pas l’anniversaire de l’exode palestinien. Ce 14 mai 2018, c’est aussi la date symbolique qu’a choisi l’administration états-unienne pour transférer son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem, entérinant la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël. Entre déni et occultation, Thomas Vescovi a étudié comment la société israélienne a fait de l’expulsion des Palestiniens en 1948 un véritable tabou.
Un entretien de Jonathan Duong avec Thomas Vescovi, auteur de l’article « Israël hanté par la Nakba » dans Le Monde diplomatique de mai et auteur de La Mémoire de la Nakba en Israël. Le regard de la société israélienne sur la tragédie palestinienne (L’Harmattan, 2015).
Programmation musicale :
– Poli Heat feat. Patriarch : Nakba
Merci à Sophie Durand-Ngô du Monde Diplomatique.