Avec Marie Bergström, chercheuse à l’INED

Des petites annonces aux applications, l’essor du marché de la rencontre amoureuse Abonnés

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Depuis 1892, le mensuel Le Chasseur français publie des petites annonces matrimoniales

Faut-il s’inscrire à un site de rencontres en ligne ? C’est la question que se posent désormais beaucoup de célibataires. Laquelle en entraîne une autre : vais-je laisser le capitalisme étendre les domaines du marché jusqu’à s’immiscer dans ma vie privée et mes relations amoureuses ?

Si les applications comme Bumble ou Badoo ont l’air de révolutionner les rencontres et les relations sexuelles, le principe d’un tel service commercial n’est pas nouveau : depuis le XIXème siècle au moins existent des services privés d’entremetteur, des petites annonces du Chasseur français aux agences matrimoniales. Lesquelles essuyaient déjà les mêmes critiques adressées aujourd’hui à Meetic ou Tinder : fin de l’amour, marchandisation des rencontres, consumérisme des relations… « Par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées », a-t-on parfois l’impression d’entendre [1].

Si l’image de ces services change un peu sous la coque des smartphones et boostée par les algorithmes, ils n’ont pourtant toujours pas supplanté les rencontres fortuites et les romances traditionnelles. Une enquête de 2013 montre que c’est d’abord sur son lieu d’études ou de travail (pour 24 % des 26-65 ans), puis dans une soirée entre amis (15 %) ou dans un lieu public (13 %) qu’on rencontre quelqu’un [2]. La rencontre en ligne ne concerne que 9 % des couples qui se forment.

Alors, au-delà de la « révolution » technologique, qu’est-ce que change vraiment ces nouveaux services de rencontre en ligne ? Marie Bergström est sociologue, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques. Elle signe dans Le Monde diplomatique d’avril « Amour et sexe à l’heure du numérique », fruit d’une longue enquête sur le fonctionnement et les usagers des sites et applications de rencontres en ligne qu’elle publie à La Découverte : les Nouvelles lois de l’amour. Sexualité, couple et rencontres au temps du numérique (2019).

Programmation musicale :
 Serge Gainsbourg : Sensuelle et sans suite
 Colette Renard : Petite annonce sentimentale

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Une sélection :

La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.