Faut-il s’inscrire à un site de rencontres en ligne ? C’est la question que se posent désormais beaucoup de célibataires. Laquelle en entraîne une autre : vais-je laisser le capitalisme étendre les domaines du marché jusqu’à s’immiscer dans ma vie privée et mes relations amoureuses ?
Si les applications comme Bumble ou Badoo ont l’air de révolutionner les rencontres et les relations sexuelles, le principe d’un tel service commercial n’est pas nouveau : depuis le XIXème siècle au moins existent des services privés d’entremetteur, des petites annonces du Chasseur français aux agences matrimoniales. Lesquelles essuyaient déjà les mêmes critiques adressées aujourd’hui à Meetic ou Tinder : fin de l’amour, marchandisation des rencontres, consumérisme des relations… « Par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela fait venir de coupables pensées », a-t-on parfois l’impression d’entendre [1].
Si l’image de ces services change un peu sous la coque des smartphones et boostée par les algorithmes, ils n’ont pourtant toujours pas supplanté les rencontres fortuites et les romances traditionnelles. Une enquête de 2013 montre que c’est d’abord sur son lieu d’études ou de travail (pour 24 % des 26-65 ans), puis dans une soirée entre amis (15 %) ou dans un lieu public (13 %) qu’on rencontre quelqu’un [2]. La rencontre en ligne ne concerne que 9 % des couples qui se forment.
Alors, au-delà de la « révolution » technologique, qu’est-ce que change vraiment ces nouveaux services de rencontre en ligne ? Marie Bergström est sociologue, chercheuse à l’Institut national d’études démographiques. Elle signe dans Le Monde diplomatique d’avril « Amour et sexe à l’heure du numérique », fruit d’une longue enquête sur le fonctionnement et les usagers des sites et applications de rencontres en ligne qu’elle publie à La Découverte : les Nouvelles lois de l’amour. Sexualité, couple et rencontres au temps du numérique (2019).
Programmation musicale :
– Serge Gainsbourg : Sensuelle et sans suite
– Colette Renard : Petite annonce sentimentale