Il y a deux ans, le 16 octobre 2020, le terrible assassinat de Samuel Paty, avait déclenché un déchaînement de récupérations médiatiques et politiques. Aujourd’hui, deux années après, les questions fondamentales sont toujours présentes. Voici trois de nos articles sur ce sujet, autant pour sortir de la langue de bois commémorative que pour échapper aux instrumentalisations de l’extrême droite et des diverses nuances de racisme cachées derrière le bouclier de la laïcité.
1 - UN HOMMAGE, DES DOMMAGES (PODCAST), 23 octobre 2020
Paris, mercredi 21 octobre 2020, hommage national au professeur assassiné, Samuel Paty. Les images de la cérémonie dans la cour de la Sorbonne ont été vues dans le monde entier. Sur des écrans à l’extérieur, le public pouvait suivre hommages et discours solennels devant le cercueil du prof d’histoire. Émotion, silence, applaudissements. Mais paroles aussi dans le public. Compassion, haine, revanche, et surtout désarroi, profond désarroi à l’image de tout un pays en état de choc, en proie à toutes les manipulations.
2 - JE SUIS PROF, lettre d’un enseignant, par Pierre Tévanian (texte à l’appui)
La récente crise du recrutement des enseignants montre l’hypocrisie du discours officiel sur l’enseignement. Voici le texte de Pierre Tévanian, lui aussi professeur, que nous avons publié dans les jours qui ont suivi le drame en octobre 2020.
Deux semaines après l’assassinat de Samuel Paty, François Héran, professeur au Collège de France, publiait une « lettre aux professeurs », qu’il a développée ensuite comme une série de questions qui fâchent. Les caricatures qui désacralisent le religieux sont-elles sacrées ? La diffusion des caricatures est-elle indépendante de l’État ? Comment la liberté de conscience et la liberté d’expression, ces « tours jumelles », ont-elles évolué depuis 1789 ? Peut-on outrager les croyances sans outrager les croyants ? Qu’en est-il au sein des établissements scolaires ?
Dans son hommage à Samuel Paty, Emmanuel Macron défendait les caricatures, tout en appelant à revoir l’enseignement de l’histoire, à combattre les discriminations, à pratiquer le respect mutuel. François Héran le prend au mot et s’attaque, avec des arguments percutants, à ceux qui nient l’existence de l’islamophobie, du racisme structurel et des discriminations systémiques. C’est dans ce déni que se loge la véritable cancel culture, selon Francois Héran.