Tout un été Là-bas

VIVE FRANÇOIS ! (le pape, oui ! non, non, vous ne rêvez pas…)

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« Ôtez vos mains de la République démocratique du Congo, ôtez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser ». Ces paroles, c’est le pape François, en visite à Kinshasa pour 4 jours, qui les a prononcées mardi 31 janvier. Bien sûr, c’est son boulot, il vient là pour défendre ses parts de marché par rapport à la concurrence. N’empêche qu’il est un des rares, sinon le seul, à attirer l’attention sur la situation en RDC, avec à l’est, dans la région du Kivu, un conflit qui a fait plus de six millions de victimes en vingt ans.

Visite du Pape François à Kinshasa, mardi 31 janvier 2023 (TV5 MONDE)
par Là-bas si j'y suis

Il y a quelques temps, nous avions consacré un Mercredito au Kivu, cette région à l’est de la République démocratique du Congo, où, depuis vingt-cinq ans, des milices se livrent des guerres sans merci pour l’appropriation des richesses : coltan, cobalt, cassitérite, etc. Des minerais non renouvelables pour la plupart, dont l’exploitation est commanditée par les géants de la tech (Microsoft, Apple, Google – pour ne citer qu’eux) et qu’on retrouve dans nos voitures électriques, dans nos ordinateurs, et nos téléphones intelligents. Résultat : massacres, épidémies et viols de masse, depuis plus de vingt ans et plus de six millions de victimes dans la population civile.

Mais franchement notre Mercredito n’a pas attiré les foules. On s’en doutait, on le sait dans les médias, l’Afrique n’attire guère. Mais, surprise, parmi nos abonnés, un certain François (basé au Vatican, tiens ?) avait réagi, et nous avait dit qu’il irait voir de quoi il retourne sur place. Alors on le remercie chaleureusement : « merci François ! » Et on vous propose, à nouveau, ce Mercredito spécial Kivu.

Mercredito #23 | Kivu : il y a du sang dans nos portables
par Là-bas si j'y suis

Il y a du sang dans nos portables…

…dans nos ordinateurs, dans nos voitures électriques. Le sang des minerais du sang, coltan, cobalt, cassitérite et les autres : l’or, les diamants, et tout ce dont regorge le pays le plus riche de la planète et le plus pauvre du monde, le Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo.

Depuis 25 ans, guerres, massacres, maladies et viols de masse ont fait de quatre à six millions de morts dans la population civile, sans compter des millions de déplacés. Le bilan le plus lourd depuis la Seconde guerre mondiale. Des dizaines de milices armées se livrent des guerres sans merci. Ce serait le résultat de conflits ethniques traversés par les conséquences du génocide du Rwanda de 1994. En vérité, ces atrocités sont liées à l’exploitation et à l’accaparement des minerais stratégiques, commandités par des géants comme Microsoft, Apple, Google, Tesla et bien d’autres. Des marques qui font tout pour masquer les conditions d’exploitation de ces minerais mais qui continuent en toute impunité. La fabrication d’un ordinateur exige cent fois son poids en matières premières. Un smartphone est composé de 60 métaux différents. Il s’agit en grande partie de ressources non renouvelables. Des dizaines de milliers de « creuseurs », hommes, femmes, enfants, travaillent dans des conditions pire que les mineurs de Germinal.

En 1885, Léopold II, roi des Belges, s’emparait de cet immense Congo dont il faisait sa propriété personnelle, ce « merveilleux gâteau africain » disait-il. Lui, c’était l’ivoire et l’hévéa qu’il a pillés par le moyen de l’esclavage et des mutilations massives. Déjà le colonialisme évoquait la barbarie de ces luttes tribales, ce qui justifiait la mission civilisatrice de ces prédateurs. Aujourd’hui, Léopold II s’appelle high-tech.

À juste titre, dans les pays riches, le racisme est condamné et combattu jusqu’à l’emploi d’un symbole ou d’un mot. Mais que dire du mépris et de l’ignorance intéressés où ces peuples sont tenus ? Comment expliquer l’impuissance des Nations unis et l’occultation depuis 2010 du rapport « Mapping » [1] ?

En 1994, durant cent jours, au vu et au su de tous, 800 000 Tutsis et des « Hutus modérés » ont été assassinés dans l’indifférence d’un monde qui, depuis un demi-siècle, répétait « plus jamais ça ». Il était facile d’enrayer ces massacres. Aujourd’hui, malgré le combat de quelques-uns, ce racisme systémique continue d’occulter des crimes qui profitent aux multinationales de la haute technologie, comme au temps de Léopold II, des fabricants de pneus comme Dunlop se développaient sur l’esclavage dans les forêts d’hévéa.

Il ne s’agit pas de culpabiliser chacun ni d’appeler au boycott, mais de soutenir radicalement la lutte contre ces crimes impunis. Des enquêtes et des rapports accablants sont passés sous silence mais ils existent. Devenu gendarme régional, le Rwanda, qui est l’acteur le plus prédateur avec l’Ouganda, a fini par épuiser son capital victimaire. Prix Nobel 2018, Denis Mukwege milite contre l’impunité. Des mouvements agissent, des femmes s’organisent, les pays riches doivent soutenir ces luttes et les médias doivent faire prendre conscience au-delà du public spécialisé. On le sait, il n’y aura pas de paix sans justice.

D.M.

Écouter les reportages de Daniel Mermet et Giv Anquetil en RDC

Goma, un sang d’encre, première partie

Une bande de ciel très clair et au-dessus un ciel de plomb, noir comme de l’encre. Et entre les deux, au-dessus de Goma, une tache rouge. Rouge pourpre. C’est le reflet de la lave, au cœur du volcan, le reflet de la lave du Nyiragongo.

Programmation musicale
 Inconnu : Whispered song
 Miriam Makeba : Congo
 Wendo Kolosoy : Camille

reportage : Daniel Mermet et Giv Anquetil

Goma, un sang d’encre, deuxième partie

Rutshuru, nord de Goma. Des fosses communes ont été retrouvées récemment. Pourtant, elles étaient connues des gens d’ici. Ils savent bien, eux, où sont entassés les corps. Les corps de leurs parents, Congolais, tués après 1996.

Programmation musicale
 Kasai all stars : Tshitua fuila mbuloba
 Lopango ya banka : Nazali kolona awa
 Staff Benda Bilili : Moto Moindo

reportage : Daniel Mermet et Giv Anquetil


En route pour Humure !

Dans nos téléphones portables, il y a toujours quelques grammes de Congo. Quelques grammes de cette République démocratique du Congo, où l’on trouve ce précieux minerai, le coltan. Aujourd’hui, départ sur les traces des creuseurs. Mais à l’heure où nous arrivons, toute l’exploitation est suspendue…

Programmation musicale
 Baloji : Tout ceci ne vous rendra pas le Congo

reportage : Daniel Mermet et Giv Anquetil


« Si les pauvres chiaient de l’or, leur cul ne leur appartiendrait plus »

Dans nos téléphones portables, il y a toujours quelques grammes de Congo. Quelques grammes de cette région du Masisi, où des dizaines de milliers de creuseurs extraient du coltan. Une région en proie aux groupes armés. Le minerai, là-bas, est à la fois but et moyen de la lutte.

Programmation musicale
 Charles Mombaya : Allo telephone
 Bernard Kabanda : Olugendo lwe bulaya

reportage : Daniel Mermet et Giv Anquetil


Les veines ouvertes de l’Afrique noire

RDC, territoire de Walikale. Une région névralgique au cours de ces dernières années. Jadis, on y arrivait lorsqu’on allait rendre visite aux gorilles. Aujourd’hui, les villages de ce territoire ont été le théâtre d’un crime de guerre : le viol de leurs femmes.

Programmation musicale
 Lexxus legal : Qui es-tu
 Wendo Kolosoy : Tejos solo

reportage : Daniel Mermet et Giv Anquetil


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    La Palestine ? « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre » selon le célèbre slogan du mouvement sioniste. Le génocide des Indiens d’Amérique du Nord ? La « conquête de l’Ouest ». Robespierre ? Un « précurseur du lepénisme » selon Franz-Olivier Giesbert du Point. On pourrait multiplier les exemples d’expressions et de récits qui réécrivent l’histoire pour mieux l’instrumentaliser. Comme dit le directeur du Shinbone Star à « l’homme qui tua Liberty Valance » dans le film de John Ford, « quand la légende devient réalité, imprimez la légende ! ». Gérard Mordillat part aujourd’hui en guerre contre la légende.

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    Pendant que les massacres se poursuivent au Liban et à Gaza, la Cisjordanie n’est pas épargnée par la violence des forces israéliennes, pourtant peu relayée par la grande majorité des médias en France. C’est pourquoi nous vous proposons, en français, cet article de Gideon Levy paru le 25 octobre dans Haaretz.

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  • La lettre hebdo de Daniel Mermet Macron antisémite ! Accès libre

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    Jean-Luc Mélenchon va pouvoir souffler, un nouvel antisémite vient d’être démasqué : Emmanuel Macron ! Oui, ce traître vient de lancer un appel à un embargo sur les livraisons d’armes à Israël alors même que Nétanyahou en a un besoin urgent pour sauver l’Occident et poursuivre sa guerre pour la civilisation judéo-chrétienne, car c’est pour nous aussi qu’il fait cette guerre à Gaza, c’est pour notre bien.

  • HOLY REDEMPTION. La violence des colons en Cisjordanie. Documentaire TRT World « S’IL FAUT TOUS LES TUER, NOUS LES TUERONS TOUS ! » Accès libre

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    Dans la nuit, à bord d’un bateau au large de Gaza, des colons israéliens ultra-religieux contemplent les ruines et se réjouissent de pouvoir bientôt revenir sur cette terre tandis que des bombes tombent sur Gaza. Tournées en décembre 2023, ces images qui ont fait le tour des réseaux sont une séquence d’un documentaire sur la violence de la colonisation de la Cisjordanie diffusé par TRT World. La guerre à Gaza a augmenté en Cisjordanie la violence armée des colons soutenus par les forces israéliennes contre les Palestiniens. En violation du droit international, sans égard pour la cour internationale de justice qui a condamné la politique de « discrimination systémique ».

  • Non, tout le monde n’est pas devenu écolo Abonnés

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    Avez-vous lu le dernier rapport de l’ONG WWF ? Année après année, le déclin de la biodiversité se poursuit. En seulement 50 ans, la taille moyenne des populations d’animaux vertébrés sauvages a chuté de 73 %. Selon les spécialistes de l’ONU, nous sommes en pleine sixième extinction de masse. En pleine COP16 sur la biodiversité en Colombie, on ne parle toujours pas de « capitalocène », de responsabilité du monde capitaliste dans la dégradation du climat et de la biodiversité ! Et ça, Dillah, ça l’étonne.

  • Le premier chemin de fer, Victor Hugo devine l’immense révolution. RADIO 1837, Victor Hugo prend le train pour la première fois : un texte visionnaire Abonnés

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    « Il sue, il tremble, il siffle, il hennit, il se ralentit, il s’emporte »

    Mais de qui Victor Hugo parle ainsi ?

    Il parle du train, il parle de la locomotive, il parle de ce cheval de fer, il parle de son premier voyage en train le 22 août 1837 entre Anvers et Bruxelles à la vitesse extraordinaire de plus de douze lieues à l’heure, plus de 50 kilomètres à l’heure avec 500 voyageurs à bord ! C’est une lettre à Adèle sa femme, rapidement écrite comme la rapidité qu’il décrit et qui va bouleverser les perceptions jusque-là connues, notre temps et notre espace ne seront plus jamais les mêmes, ni la vie humaine.

    Une première historique et un immense bouleversement. C’est le tout début du train pour voyageurs. Une révolution aussi considérable que la révolution numérique d’aujourd’hui. En 1800, il vous fallait plus de dix jours pour aller de Paris à Bordeaux en diligence, le moyen le plus rapide. En 1870, il vous faudra moins de onze heures de train. On a gagné neuf jours. Pour les voyageurs comme pour les marchandises, comme pour les armées et les lettres d’amour.

  • Avec Serge Halimi et Pierre Rimbert du Monde diplomatique Comment l’antisémitisme est instrumentalisé pour disqualifier la gauche Accès libre

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    La France insoumise ? « Antisémite ». Jean-Luc Mélenchon ? « Antisémite ». Guillaume Meurice ? « Antisémite ».

    Et même, maintenant, à en croire Bernard-Henri Lévy, le très respectable Dominique de Villepin, diplomate, ancien ministre des affaires étrangères et ancien premier ministre, serait à ranger dans la liste des dangereux antisémites. Tout comme avant lui Edgar Morin, Noam Chomsky, Pierre Bourdieu ou encore Pascal Boniface avaient eu à subir cet opprobre.

    Faut-il alors croire qu’en quelques années l’antisémitisme serait subitement passé de l’extrême droite à la gauche ? Il s’agit en réalité d’une stratégie qui vise à disqualifier toutes les critiques d’Israël en les taxant de la pire épithète au monde : « antisémite ». Et par voie de conséquence à redéfinir un nouvel arc républicain qui exclurait la gauche – devenue antisémite – mais inclurait l’extrême droite – soutien de Benyamin Nétanyahou et donc lavée de tout soupçon d’antisémitisme. Bref en somme une tentative de bannir la gauche du champ des possibles politiques. Histoire et décryptage de cette stratégie fondée sur la diffamation avec Serge Halimi et Pierre Rimbert, auteurs d’un article remarquable dans Le Monde diplomatique du mois d’octobre, « L’art de la diffamation politique ».

Une sélection :

17 octobre 1961. Nos reportages de 1991 avec Jean-Luc Einaudi. Radio. PODCAST 17 octobre 1961 (1) : « Si c’était vrai, ça se saurait » Accès libreÉcouter

Le

Soixantième anniversaire du 17 octobre 1961. Mais c’est aussi le trentième anniversaire de la fin d’un silence de trente ans. De 1961 à 1991, ce pogrom qui eut lieu en plein Paris, au vu et au su de tous, fut passé sous silence malgré quelques courageuses publications. Oui, trente ans d’omerta. Quiconque interrogeait ou voulait témoigner s’entendait répondre : « si c’était vrai, ça se saurait ». En 1991, enfin, La Bataille de Paris, le livre de Jean-Luc Einaudi, a été un évènement important dans la prise de conscience de ce massacre. Films, articles, débats ont marqué alors la fin de ce silence. Sur France Inter, fin 1991, Là-bas si j’y suis diffusait une suite de reportages qui ont contribué à révéler ce crime d’État au grand public.

17 octobre 1961. Nos reportages de 1991. Des témoignages historiques (radio). PODCAST 17 octobre 1961 (2) : combattre la gangrène aujourd’hui Accès libreÉcouter

Le

J’avais 18 ans le 17 octobre 1961. J’étais avec mon copain Paulo au coin du pont Saint-Michel, à la sortie du métro, près de la pendule. On savait qu’il y aurait une manif des Algériens contre le couvre-feu que Papon leur avait imposé. Paulo devait faire des photos. Nous étions étudiants aux arts appliqués, rue Dupetit-Thouars, et comme toute cette génération, nous avions la trouille de partir pour l’Algérie. C’était un sujet quotidien de discussion et d’engueulade entre ces dégonflés de partisans de « la paix en Algérie » et nous autres qui soutenions le FLN et souhaitions l’indépendance. Des terroristes en somme.

17 octobre 1961. Nos émissions de 1997 (radio). PODCAST 17 octobre 1961 (3) : entendre sans broncher l’écho des fusillades Accès libreÉcouter

Le

En reprenant son vélo, Paul s’est aperçu qu’il n’avait plus de câbles de frein. Quelqu’un lui aurait piqué ? Mais qui ? Et pour quoi faire ? Paul Rousseau était flic, il a tenu à témoigner sur la nuit du 17 octobre 1961. Il avait fini par comprendre que des collègues avaient utilisé des câbles de frein pour étrangler des Algériens et les balancer dans le bois de Vincennes. Cette histoire le hantait toujours des années après.

17 Octobre 1961 (4) Macron et son clientélisme mémoriel. Des documents, des archives et vos messages sur le répondeur dans les années 90 (Vidéo | Radio | Texte) 17 octobre 1961 (4) : Macron se refuse à reconnaître ce massacre d’Etat Accès libreÉcouter

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Déception pour celles et ceux qui depuis tant d’années se battent pour que la tragédie du 17 Octobre 1961 soit reconnue par la France comme un massacre d’État. Rappelons-le, entre 100 et 200 algériens sans armes furent abattus, torturés et noyés par la police française cette nuit-là. Si Emmanuel Macron est venu ce samedi déposer une gerbe sous le pont de Bezons, c’est par un simple communiqué que l’Élysée s’est limité à dénoncer « ces crimes inexcusables », comme s’il existait des crimes excusables : « Les crimes commis cette nuit-là, sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République ».