Signe culturel ostentatoire

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Lundi 1er juillet, alors que le pays se réveille avec la terrible inquiétude d’une extrême droite raciste accédant au pouvoir, l’édito politique de la matinale de France Inter s’alarme quant à lui d’un détail très particulier : Rima Hassan, euro-députée La France insoumise, s’est affichée lors de la soirée électorale du premier tour des législatives avec un keffieh autour du cou. Que le détail vestimentaire ait pu retenir à ce point l’attention d’un édito matinal aussi sérieux et respectable, voilà qui m’a étonné, comme dirait Dillah. Alors j’ai fait un courrier à Yaël Goosz, l’éditorialiste en question. À cette heure il ne m’a toujours pas répondu.
Olive Laporte

Laurence Geai/MYOP POUR LE MONDE

Cher Yaël Goosz,

Auditeur régulier – je ne sais plus si je vous l’ai déjà dit mais je suis chauffeur de car et votre édito ponctue tous les jours ma tournée matinale –, je réagis à votre papier de ce matin car j’y ai relevé un détail des plus étonnants pour un éditorial politique. En substance, vous vous y déclarez contrarié de ce que Rima Hassan portait en public, lors de la soirée électorale du premier tour, un keffieh autour du cou. Surpris par cette largesse de vue vestimentaire de la part d’un commentateur politique aussi rigoureux que vous, j’ai cru d’abord que j’avais mal entendu, car j’avoue que je vous écoutais d’une oreille plutôt distraite – comme souvent d’ailleurs, vu que votre éditorial tombe en général sur la traversée de Canals, village tarn-et-garonnais charmant mais à ce point exigu que mon attention doit se porter tout entière à glisser habilement mon car imposant entre des trottoirs serrés et des aménagements semi-urbains fort mal adaptés à ce type de gabarit. C’est donc de retour chez moi que j’ai réécouté votre séquence en replay et constaté bel et bien que je n’avais pas rêvé. C’est à 1 minute 36 : « [Jean-Luc Mélenchon] sur une estrade de la France insoumise, flanqué de l’euro-députée Rima Hassan, arborant le keffieh (…) , ce n’est pas le geste le plus apaisant. »

Permettez-moi avant tout de revenir sur deux faits majeurs qui caractérisent la séquence politique inédite que nous traversons ces jours-ci et qui ne vous auront certainement pas échappé. D’abord, notons que le RN est un parti d’extrême droite éminemment raciste dont l’essentiel du programme politique consiste à discriminer des tranches entières de population et notamment les immigrés, les binationaux et Français issus de l’immigration, musulmans, Maghrébins ou subsahariens en particulier – on va dire les Noirs et les Arabes pour faire court. Et puis notons, en petit deux, qu’au moment où l’on parle, ce parti menace très sérieusement de s’emparer pleinement du pouvoir.

On peut donc s’inquiéter que cette catégorie de nos concitoyens risque de se voir très prochainement maltraitée et discriminée de façon redoutable, par un pouvoir violent et sans états d’âme. Je parle de discriminations bien plus féroces que ce qui se pratique déjà – vous n’ignorez sans doute rien des terribles difficultés qu’il faut affronter déjà aujourd’hui ne serait-ce que pour trouver un emploi ou un logement, pour ne citer que ces exemples, lorsqu’on porte un nom qui témoigne de ces origines.

Devant cette effrayante réalité, plusieurs postures sont possibles. On peut s’insurger de toutes ses forces contre ce racisme ordinaire en passe de devenir institutionnel, et c’est bien entendu la première idée qui vient à l’esprit de tout militant humaniste. Une autre consiste à s’agacer, dans ce même contexte, de ce qu’une Franco-Palestinienne n’ait pas eu le bon goût de laisser son keffieh à la maison lorsqu’elle s’affiche en public. C’est cette deuxième idée que vous avez choisi, et décidément elle m’étonne.

Revenons un instant sur le keffieh, je veux dire le tissu lui-même, l’accessoire vestimentaire. Se serait-il agi d’un accessoire religieux, on aurait pu interpréter votre agacement comme la défense spontanée d’une laïcité mise à mal ou peu respectée. Mais nous n’aurons pas à entrer dans ce débat vaseux dont se repaissent régulièrement les droites réactionnaires contemporaines, car le keffieh n’est pas un signe religieux ostentatoire, comme dirait l’autre. Cet accessoire d’ornement vestimentaire est parfaitement laïc. Alors quoi ?

Creusons un peu. Cette « coiffe traditionnelle moyen-orientale (…) s’est généralisée au point de devenir un élément de costume commun à beaucoup d’habitants des pays orientaux du monde arabe, et, au-delà de cette région, elle s’est popularisée dans le monde entier », nous dit Wikipédia. Exit la religion, nous parlerons ici de culture. Ce foulard à damier ornementé, plutôt élégant au demeurant, est tout simplement un marqueur culturel, au même titre que le béret au pays basque, le mocassin à glands dans le 16e ou la salopette agricole en Tarn-et-Garonne. Il est porté par un nombre considérable de nos concitoyens et j’emploie le mot à dessein : nous parlons bien ici de citoyens français, en l’occurrence précise une élue de la république – qu’est-ce qu’il nous faut de plus ? C’est-à-dire que ma tirade du présent paragraphe n’est au fond rien d’autre que le rappel de cette évidence : la France est un pays multiculturel. Point.

Voici définis le contexte d’une part, l’objet lui-même de l’autre. Reste à se pencher, pour cerner pleinement ce propos qui m’étonne toujours, sur le canal par lequel il est exprimé. D’où je parle ? aurait questionné Bourdieu. Il s’agit de France Inter, radio de service public, à une heure de grande écoute. C’est important une radio de service public (et vous savez comme moi le péril qui menace ce fragile statut). Éditorialiste de longue date dans cette maison, vous avez suffisamment de recul et de clairvoyance pour savoir qu’ici vous incarnez, de fait, une sorte de norme idéale, honnête et non partisane, faite d’un pluralisme attentif à tous les pans de la société – laquelle vous paie en retour pour votre travail. Depuis l’endroit où vous les dites, vos propos dessinent forcément les contours de ce qui peut être admis comme chose normale, raisonnable à penser. Et c’est bien à ce titre que l’expression de votre agacement devant une Arabe portant nonchalamment son keffieh en public me paraît particulièrement alarmante. Car ce faisant vous intégrez, à l’intérieur même de cette norme acceptée, l’idée qu’un Arabe comme il faut serait bien avisé d’éviter d’afficher sa culture en public, merci. Au regard du dangereux contexte décrit plus haut, il faut mesurer la violence de cette injonction.

J’ai bien compris votre argumentaire, ne prenez pas la peine de me le retourner : le keffieh symbolise aussi le combat de libération du peuple palestinien, et à l’heure des alliances contre le RN il ne faut choquer personne. Cette excuse ne tient pas une seconde. Rima Hassan est née dans un camp de réfugiés palestinien, on ne va peut-être pas lui demander d’apporter son « soutien inconditionnel » au régime de Netanyahou pour rassurer tout le monde. Quant au symbole vestimentaire… aurait-on attendu de Yasser Arafat qu’il porte une casquette de baseball à la signature des accords d’Oslo, histoire de détendre un peu l’atmosphère ?

Le 13 septembre 1993, à la Maison-Blanche, le président Bill Clinton encourage Yasser Arafat et Yitzhak Rabin à se serrer la main après avoir signé les accords d’Oslo. Le Premier ministre israélien, après avoir hésité, accepte finalement la main tendue par le chef de l’Organisation de libération de la Palestine.

En tout état de cause, je vois difficilement comment quelqu’un qui s’insurgerait de ce qu’une Franco-Palestinienne porte un keffieh en public puisse constituer un quelconque soutien à la gauche, fût-il strictement électoral. Surtout en ce moment.

J’ai moi aussi un vieux keffieh à la maison. Je m’en servais jadis à moto pour protéger mon cou des courants d’air, avant de m’équiper d’un tour de cou molletonné d’une pièce, plus pratique et largement aussi efficace. Mais je vais le ressortir. Et je vais le porter, fièrement. Pour affirmer que mon pays à moi, ma France, est un pays cosmopolite et une terre d’égalité. Ce sera une expression de mon patriotisme multiculturel. Ce sera un geste de résistance face au racisme d’État qui nous pend au nez.

Et ce sera un baroud d’honneur au racisme médiatique ordinaire – normalisé par un service public qui n’aura même pas eu la décence d’attendre sa privatisation pour l’exprimer sans complexe.

Olive, juillet 2024

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    Le 29 septembre en Autriche, le parti d’extrême droite FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche) a remporté les législatives avec 28,8 %, un score historique chaudement salué par le RN de Marine Le Pen. Le génial caricaturiste Manfred Deix a eu la chance de mourir avant de voir ça, lui qui toute sa vie a montré tous les signes annonciateurs du retour d’un refoulé qui ne le fut jamais. Voilà un choix de ses dessins en guise de contrepoison posthume et aussi un film d’animation inspiré de ses dessins.

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    « Je suis une ponctuation, dont le rêve est de faire respirer une phrase. » C’était en 1992, il y a 25 ans, une rencontre avec Armand Gatti et sa bande de La Parole Errante, chez Magne, un bistrot qui lui était entièrement dévolu près de la place d’Alésia. Foisonnant, débordant, anar, mystique, lyrique, visionnaire du réel, griot des sans-mots, généreux surtout, solidaire, révolutionnaire avant tout. Prenez le temps de découvrir ou de redécouvrir Armand Gatti, histoire de remettre un peu d’huile sur le feu.

  • Discriminer, c’est mal et en plus ça coûte cher Abonnés

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    C’était le grand oral de Michel Barnier ce mardi à l’Assemblée nationale. Dans un contexte de déficit public historique, notre premier ministre a cité le général de Gaulle : faire beaucoup avec peu et en partant de presque rien. Il aurait tout aussi bien pu citer Churchill et son fameux « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » car le gouvernement Barnier a déclaré la guerre au déficit. Sauf que, avant de partir en guerre, le nouveau chef de Matignon serait bien avisé d’ouvrir ses tiroirs. Dans l’un d’eux, il trouverait un rapport pondu en 2016 par de pertinents fonctionnaires (qui coûtent moins cher que les consultants de McKinsey !). Et ces fonctionnaires ont eu une idée lumineuse : la lutte contre le racisme et les discriminations est une mine d’or ! Vu l’état des finances publiques, ça étonne Dillah que le gouvernement ne saute pas sur l’occasion…

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    Le colonisateur peut gagner des batailles mais il perd toujours la guerre. De l’Algérie à l’Irlande, du Vietnam au Mozambique, partout le colonisateur a fini par perdre. Même les autochtones anéantis dans les Amériques reprennent peu à peu leur place dans l’histoire. Le sionisme est né au temps du colonialisme triomphant au XIXe siècle avec l’idée de créer un État comme refuge pour le peuple juif persécuté. Mais où ? Le lieu, comme le projet, étaient très loin de faire l’unanimité dans le monde juif où le sionisme a connu beaucoup d’adversaires. Le débat a persisté et se ranime aujourd’hui dans le monde au moment où Israël s’enfonce dans l’impasse sans issue d’une violence sans borne. Dans un livre court, les deux universitaires spécialistes de l’histoire du judaïsme, Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias, familiers d’Israël et soutiens de la cause palestinienne depuis toujours font part de leur questionnement.

  • Le géographe Pascal Clerc publie « Émanciper ou contrôler ? Les élèves et l’école au XXIe siècle » aux éditions Autrement « Pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas à réparer les vélos à l’école ? » Abonnés

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    Qu’est-ce qu’un géographe ? Un chercheur qui étudie les paysages, l’organisation des espaces et la façon dont les humains arpentent ces espaces. Appliquer sa méthodologie à l’école, c’est ce qu’a fait le géographe Pascal Clerc qui publie Émanciper ou contrôler ? Les élèves et l’école au XXIe siècle aux éditions Autrement. La sociologie nous enseigne que les « formes informent », mais également que les « formes forment ». Alors nos écoles de la République ressemblent-elles à des monastères ou à des prisons ? Comment les a-t-on dessinées et construites ? Ces lieux où nos enfants passent toutes leurs journées sont-ils des lieux d’émancipation ou des lieux de contrôle et de discipline des corps et des esprits ? Puisque les espaces définissent le type d’apprentissage qu’on y fait, on devrait concevoir les écoles en fonction des objectifs pédagogiques. « Pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas à réparer les vélos à l’école ? » Éléments de réponse avec le géographe Pascal Clerc, qui est l’invité de Laurence De Cock dans ce nouveau numéro de « Si j’aurais su ».

Une sélection :

Tout un été Là-bas La vérité, un concept étranger à Raphaël Enthoven AbonnésVoir

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Dimanche 12 mai, le très médiatique Raphaël Enthoven était invité de Benjamin Duhamel dans son émission « C’est pas tous les jours dimanche » sur BFMTV. L’occasion pour le talentueux orateur d’asséner une de ces belles sentences dont lui seul a le secret : « nous périssons de la criminalisation de l’opinion d’en face ». Criminaliser l’opinion d’en face, c’est pourtant exactement ce que le philosophe a fait pendant toute l’émission, en repeignant systématiquement en odieux antisémite toute personne qui critiquerait les bombardements israéliens sur Gaza. Et ce grâce à une série d’approximations, de contre-vérités et de mensonges dont le nombre et l’ampleur – en seulement vingt-sept minutes d’entretien – forcent le respect. Extraits.

L’État d’Israël contre les juifs. Dialogue avec Sylvain Cypel (2e partie) (VIDÉO | 50:02) AbonnésVoir

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La Bible dit que ce qui ne s’obtient « ni par la puissance, ni par la force » s’obtient par l’« esprit ». Or aujourd’hui en Israël, un dicton populaire a transformé ce message, c’est devenu : « ce qui ne s’obtient pas par la force s’obtient avec plus de force ». Comment en est-on arrivé là ? Comment une extrême droite raciste et suprémaciste est-elle arrivée au pouvoir ? Un gouvernement soutenu par toutes les extrêmes droites du monde, y compris les plus antisémites ?

Tout un été Là-bas Alain Gresh : « Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir » AbonnésÉcouter

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Ben oui, mais c’est la guerre, que voulez-vous… Rarement un conflit aura été accompagné par tant de mauvaise foi, par tant de mensonges, de désinformation, d’affabulation. Rarement le manichéisme n’aura autant dominé et fait oublier la profondeur historique d’une crise que nous redécouvrons à chaque conflit. Rarement la politique française n’aura été aussi lâche, se contentant d’un suivisme affligeant à l’égard du gouvernement israélien et de son parrain américain.

Tout un été Là-bas : réécoutez ce grand entretien, trois jours après le 7 octobre 2023, avec l’ex-ambassadrice de Palestine LEÏLA SHAHID : APRÈS LA TERREUR, LA TERREUR Accès libreÉcouter

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« Il ne peut y avoir aucune explication », disait le premier ministre socialiste Manuel Valls, « car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » Malgré cette forte pensée, nous vous proposons cet entretien à chaud avec Leïla Shahid, ex-ambassadrice de la Palestine, témoin et actrice engagée en première ligne et toujours militante de la cause palestinienne. Sommée de dénoncer le terrorisme islamiste, elle répond : « toute action contre des civils, qu’elle soit une action palestinienne, israélienne ou française, est un crime contre l’humanité ».