Si on vous demande une chanson chilienne, vous répondez sans hésitez, vous chantez tout de suite, vous scandez : « El pue-blo u-ni-do ja-más se-rá ven-cido ! ». Mais la chanson des Quilapayún, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt de la « nueva canción ».
La « nouvelle chanson », c’est la bande son de la contestation, c’est un mouvement musical et plus généralement culturel qui a accompagné les transformations politiques du Chili des années 1960 et 1970. Parmi les artistes de la « nueva canción », on trouve le groupe Karaxú, et parmi les chansons du groupe Karaxú, on trouve la chanson « Trabajadores al poder », les « travailleurs au pouvoir ». Olivier Besancenot vous raconte comment cette chanson est devenue l’hymne du Movimiento de Izquierda Revolucionaria, le MIR, mouvement de la gauche révolutionnaire dirigé par Miguel Enríquez.
Karaxú, Trabajadores al poder, 1974
Son los pobres con la clase obrera
Ce sont les pauvres et la classe ouvrière
Los que cumplen la clara misión
Qui remplissent la mission claire
De decirle al conjunto del pueblo
De dire à l’ensemble du peuple
Que han tomado ya su decisión.
Qu’ils ont pris leur décision
No habrá vallas, ni ríos, ni puertas
Il n’y aura pas de barrières, pas de rivières, pas de portes
Que el obrero no pueda cruzar
Que le travailleur ne puisse franchir
Conducidos por una vanguardia
Sous la conduite d’une avant-garde
Que los lleve al poder popular.
Qui les mènera au pouvoir du peuple
¡Trabajadores al poder !
Travailleurs au pouvoir !
Desde el fondo del pueblo ha surgido
Des profondeurs du peuple a surgi
una voz de justicia social :
Une voix de justice sociale
son los pobres del mundo que avanzan,
Ce sont les pauvres du monde qui avancent
como ejemplo tienen a Vietnam.
Ils ont le Vietnam comme exemple
En los campos, caminos y pueblos,
Dans les champs, sur les routes et dans les villages
ya se ven las banderas surgir :
On voit déjà les drapeaux se lever
son banderas con el rojo y negro,
Ce sont des drapeaux rouges et noirs
¡patria o muerte ! ¡vencer o morir !
La patrie ou la mort ! Vaincre ou mourir !
No es esclavo el hombre que lucha
N’est pas esclave l’homme qui lutte
por unir a la clase social,
Pour unir la classe sociale
que destruya el poder de los ricos
Qui détruit le pouvoir des riches
que nos roba a diario el pan.
Qui nous privent chaque jour de notre pain
En la lucha contamos las horas,
Dans la lutte, nous comptons les heures
a los ricos les llega su fin,
Les riches finiront par s’éteindre
¡porque estamos seguros, se triunfa
Parce que nous sommes sûrs que nous triompherons
con el pueblo, conciencia y fusil !
Avec le peuple, la conscience et le fusil !