« Qui a tué Charlie, non pas pressé la détente,
qui a pressé le pays dans une impasse inquiétante ?
Qui a tué Charlie, puisque ce n’est pas Omar Raddad
ni quelque barbare débarqué de Ramallah ou de Bagdad ?
Qui a tué Charlie ? Qui sont donc les frères Kouachi,
sinon le produit de ce que la France a fait d’eux, qu’elle a mis
sur les rails du terrorisme qu’elle entend combattre ?
Qu’a fait le France à ces jeunes pour qu’ils veuillent autant se battre ?
Qu’a fait la France à l’Islam ? Qu’a pris la France à l’Afrique,
qui explique en partie le drame -qui n’en est pas moins tragique- ?
Qu’a fait la France d’infâme ? Qu’est-ce-que la Françafrique ?
Qu’est-ce-que la France cache mieux que n’importe quel voile islamique ?
Peut-on penser l’évènement en dehors de ce qui l’a produit,
en dehors des éléments que la France y a introduits :
l’affaire des carricatures, le quinquennat de Sarkozy,
le soutien aux dictatures d’Afrique, et le fric des armes aussi ?
Et la guerre d’Algérie ? L’Afghanistan ? L’irak aussi ?
Chirac aussi sur le bruit et l’odeur ? Les propos de Valls aussi ?
Michèle Alliot-Marie proposant de l’aide à Ben Ali ?
Les lois liberticides sur le voile ? Elle est pas belle la vie ?
Et qui sont ces rejetons rejetés que le pays renie,
qu’on montre du doigt, traite de monstres, lorsqu’ils quittent le nid ?
Quelle ironie qu’on nie toute responsabilité
dans ce que la vie a fait d’eux, qu’on crie à la débilité !
Combien sont les victimes ? Qui y est éligible ?
L’est-on moins lorsqu’on détruit sa vie par un terrible crime ?
Mourir à 30 piges, que faut-il pour que les gens pigent ?
Qu’ils imaginent qu’il s’agit de leurs enfants sans quoi ils s’en fichent ?
N’y-a-t-il pas 20 morts ? N’aura-t-on encore plus sûrement
le tort d’en faire payer le prix fort à tous les musulmans ?
T’as vu que sur ce plan on perd plus de temps, qu’on agit quand
il s’agit de salir lieux de culte et pratiquants ?
En 4 jours, combien de preuves d’amour pour combien d’agressions ?
Combien a-t-on l’impression que nous les déprécions ?
Combien de mosquées sous pression, de pratiquants choqués que nous laissions
dans l’incompréhension d’une répression sans concessions ?
Combien pour que nous cessions ? Combien pour que nous baissions
les armes, pour que nous laissions l’Islam en paix, que nous restions
à notre place ? Peut-on tenir ceux qui leur font face
pour responsables des attaques takfiri, dès qu’on tire, qu’on casse ?
C’est cocasse ! Les takfiri sont-ils liés à l’Islam,
et s’ils clament que oui, celui-ci se réduit-il à ceux qui crient, qui crament ?
Si le calme est parti avec Charb et Charlie,
qui porte une partie de la responsabilité, pardi ?!
Qui fabrique les terroristes, les arme et les légitime ?
Et qui mime de faire grise mine lorsqu’ils font des victimes ?
A qui profitent les crimes ? Quel Etat ? Quel régime ?
Dans quel état sont les gens ? Où l’Etat les entraîne-t-il ?
Est-ce tant débile d’être sceptique, de se poser des questions ?
Est-ce tant pénible d’être critique, de pousser à la réflexion ?
Est-ce donc crédible que ces types défilent pour la libre expression ?
Sarkozy ou Netanyahou, les rois de la répression ?!
Qui organisa l’assassinat de journalistes à Gaza ?
Qui pour censurer fait 8 ans de procédures et ne lâche pas ?
Quand ces gars-là en appellent à la liberté,
permets-moi de douter de leur sincérité, comment veux-tu que je croie ça ?!
Mettons que nous la défendions, mais où cela s’arrête-t-il ?
A Dieudonné ? A Faurisson ? Aux imbéciles ?
Combien, parmi les manifestants présents le 11 janvier
se sont demandé si ce n’est pas eux-mêmes qui y étaient hostiles ?
Combien d’entre eux, lorsque Manuel Valls, l’"Israëlophile",
a interdit Dieudonné de scène, se tenaient dociles ?
Sa liberté d’expression à lui fut-elle aussi le
motif pour que tous copient "Je suis Dieudo" sur leurs profils ?
"Je suis Charlie", c’est dit par qui ? Ca veut dire quoi ?
Qu’est-ce-qui s’y abrite ? Et qui l’a repris ? Qui, et pourquoi ?
Qu’est-ce-qui t’attriste ? Qu’est-ce-qui t’a pris de le prendre pour toi,
de grossir la liste de tous ces capitalistes et gens courtois,
qui comme toi s’imaginent que parce que -pour une fois-
ils défilent dans les rues de la ville, on oublie qui fit et fut quoi ?
Lis-tu Charlie ? L’as-tu lu une fois dans ta vie ?
Ne lies-tu pas l’attentat à tes attentes à toi ? N’est-ce-pas là ton avis ?!
"Je suis Charlie", est-ce-à dire qu’on déplore l’attentat ?
Ou alors qu’on est d’accord avec leurs lignes [1] de haut en bas ?
Cela veut-il dire qu’on défend une liberté sans failles ?
Ou qu’on piaille que les musulmans ce serait sûrement mieux qu’ils s’en aillent ?
Dois-je être Charlie pour pas qu’on me suspecte ? Dois-je faire campagne
pour pouvoir prouver que je désapprouve effectivement le drame ?
Dois-je être Charlie pour qu’on me respecte ? Mais qu’est-ce-qu’on gagne
à être Charlie avec Orban et Erdogan ?
Où est Charlie dans tout ça ?
Où, dans l’unanimisme, est la liberté dont tous parlent ?
Pas de pluralisme ? Moins d’activistes que d’arrivistes en tous cas !
Nos braves ministres, qui là s’activent vite, souvent pourtant ne bougent pas,
quand la victime n’est pas un journaliste mais Zyed ou Bouna,
que l’auteur du crime n’est pas un djihadiste, un "sale bamboula",
un islamiste, un salafiste -oui, car là ça y va !-,
mais un agent de police, qui n’est pas plus novice dans l’art de tuer nos fils qu’Al-Qaïda !
Le français moyen ne voit-il pas sa posture contradictoire ?
N’as-tu pas les moyens de penser par-delà ce qu’on t’a dit de croire,
étant donné que pour cette histoire tu vas tant te donner,
en omettant de sonner l’alarme lorsqu’on s’acharne sur Dieudonné ? [2]
Lorsqu’on censure la page où son message était posté,
combien d’enflures restent sages, et cela bien qu’ils prônaient
la tant renommée liberté d’expression ? Connait-
on les restrictions qu’on met à ce concept ? Si non, il faudrait !
Ok, il radote des choses qui me choquent et ne vont guère me plaire ;
reste à prouver que c’est une raison suffisante pour le faire taire !
Puis-je, d’un même geste, désapprouver ses dires,
avec ça trouver qu’on a tout faux d’avoir tout fait pour ne pas le laisser dire ?
Nathalie Saint-Cricq veut traquer "ceux qui ne sont pas Charlie",
moi je dis : y’a discrimination aux prénoms qu’on n’a pas choisis !
Faut-il, comme elle l’a dit, "les traiter, les intégrer",
et ne faut-il pas, au vu de ce qu’elle est utile, la désintégrer ?
Qu’elle se rassure, cela dit : PriceMinister est Charlie,
la Bourse est Charlie, Google est Charlie, Facebook est Charlie,
Apple et Amazon sont Charlie, Yahoo est Charlie,
même Les 3 Suisses sont Charlie, Plus Belle La Vie est Charlie !
Si tous sont Charlie, si les multinationales s’y rallient,
les sites de vente en ligne, les entreprises capitalistes,
et la Bourse : si tous leurs ennemis sont Charlie,
alors une question m’anime, au fond : "Où est Charlie ?" »