« Est-ce que vous condamnez les violences ? » C’est désormais la question rituelle à laquelle toute personne soutenant un mouvement de contestation est sommée de répondre. Et il est vivement conseillé de répondre par l’affirmative, sous peine d’être immédiatement accusé de sortir du champ démocratique.
Pourtant, cette vieille question des moyens qu’il faut donner à nos luttes mérite d’être posée : toute violence politique est-elle a priori condamnable ? Faut-il totalement et définitivement exclure la lutte armée des modes d’action de la gauche ? Avant de s’interroger sur la légitimité de la violence, encore faut-il savoir de quelle violence on parle. Et le mieux, c’est de commencer par se rappeler les propos de l’évêque brésilien Hélder Câmara :
« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »