Pompidou s’est-il vraiment agenouillé devant le mur des Fédérés en mai 1971 ? Décryptage vidéo d’un étrange souvenir…

Commune de Paris : quand le grand historien Pierre Nora réécrit l’histoire à sa façon Abonnés

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Le 4 mars sur France Inter, le grand historien et académicien Pierre Nora a affirmé avoir vu Georges Pompidou s’agenouiller devant le mur des Fédérés en 1971, pour le centenaire de la Commune. Enquête sur un épisode historique méconnu… et pour cause : on n’en a aucune trace !

« Commémorer Napoléon, oui, la Commune, non ! » Voilà comment le doux babil de Pierre Nora vous a peut-être cueillis au réveil le 4 mars dernier, lors de son passage dans la matinale de France Inter. Dans cette interview, l’historien des Lieux de mémoire (son grand œuvre en trois tomes), éditeur chez Gallimard, fondateur de la revue Le Débat et membre de l’Académie française a dévoilé un souvenir marquant : « je vais vous dire à quel moment la Commune a cessé d’être subversive et révolutionnaire ». Forcément, on était tout ouïe.

La suite va vous étonner : « je me souviens, ça m’avait fait un choc. En 1971, Pompidou était allé s’incliner au mur des Fédérés, pour la mémoire ouvrière et celle de la Commune. Le fondé de pouvoir de la banque Rothschild qui venait mettre pied à terre devant les morts de la Commune, ça voulait dire quelque chose : ça voulait dire que la mémoire ouvrière était morte », affirme Pierre Nora, sans susciter trop d’étonnement chez ses interlocuteurs, Léa Salamé et Nicolas Demorand.

Incroyable. L’un des historiens français les plus influents apprend à deux millions d’auditeurs à quel moment la Commune a cessé d’être subversive et révolutionnaire et à quel moment la mémoire ouvrière est morte en France. Seulement voilà : après avoir interrogé plusieurs historiens qui ont travaillé sur la Commune de Paris et sur la vie de Georges Pompidou, rien ne permet de confirmer. Le prestigieux académicien mentirait-il tout simplement ? Voici les témoignages de l’historien Éric Fournier, auteur de plusieurs livres sur la Commune, et d’Olivier Sibre, directeur d’études de l’Institut Georges Pompidou.

Pierre Nora n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien…

Écouter la vidéo au format audio :

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journaliste : Mathieu Dejean
réalisation : Cécile Frey
son : Sylvain Richard

Dossier : [VIDÉO] Célébration de la Commune : enfin au bout de 150 ans, les Communards font reculer les versaillais !

1 minute 35 de bonheur ! Ça dure 1 minute 35, regardez : « CASSEZ-VOUS ! CASSEZ-VOUS, VERSAILLAIS ! » Et en effet, les flics s’en vont ! Place de la République, samedi 29 mai, on célèbre les 150 ans de la Commune de Paris. Alors que tout est prévu, convenu, autorisé, alors que tout est calme, les flics de Darmanin s’apprêtent à cogner et à gazer sans la moindre raison. « LIBERTÉ, À BAS LES VERSAILLAIS ! » Et finalement, ils reculent assez piteux, images bien rares dans Paris. Une petite scène symbolique bien sûr, et qui donne raison à un certain Marx (Karl) qui affirmait : « les grands évènements se répètent deux fois, la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ». Oui mais, par cette magnifique journée de retrouvailles de République au mur des Fédérés, on a vu là le signe annonciateur du grand rebondissement !

Voir le dossier

Voir aussi

  Éric Fournier, La Commune n’est pas morte. Les usages politiques du passé, de 1871 à nos jours, Libertalia, 2013

 Éric Roussel, Georges Pompidou, Tempus, mars 2004

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