
Manfred Deix, The Very best of Deix, Diogenes, 1999
Autriche. Victoire historique de l’extrême droite aux législatives
Le 29 septembre, pour la première fois, le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche), parti fondé par des nazis, arrive en tête dans une élection nationale avec 28,8 %, soit un bond de 13 points depuis 2019. Herbert Kickl (55 ans), chef du parti, ex-ministre de l’Intérieur, veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.
Le FPÖ milite pour la « remigration ». L’expulsion des Autrichiens d’origine étrangère. Contre l’Europe, contre la mondialisation, contre l’immigration, contre l’islam. Soutien à Nétanyahou. Le FPÖ a su exploiter le sentiment de précarité des moins scolarisés qui subissent l’impact de l’arrivée des migrants extra-européens. Il a aussi su attirer les antivax avec des propos conspirationnistes contre les mesures anti-Covid.
Félicitations de Marine Le Pen, qui évoque une « lame de fond », une élection qui « confirme partout le triomphe des peuples ».
Nous nous réjouissons de la victoire aux législatives autrichiennes du FPÖ, notre allié au Parlement européen. Après les scrutins italiens, néerlandais et français, cette lame de fond qui porte la défense des intérêts nationaux, la sauvegarde des identités et la résurrection des…
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) September 29, 2024
L’extrême droite est profondément ancrée dans la culture autrichienne. On se souvient de l’« austrofascisme » du Front patriotique (1934-1938) : ultranationaliste, catholique, anti-communiste et même anti-nazi jusqu’à l’Anschluss (« annexion ») du 12 mars 1938 et l’accueil unanime et triomphal aux troupes de l’Allemagne nazie. Hitler était autrichien.
L’Autriche, qui s’est posée en victime après la Seconde guerre mondiale, n’a jamais éliminé son passé nazi. On se souvient du triomphe de Jörg Haider en 1999. Le « retour du refoulé » est permanent, malgré les mouvements et les voix qui dénoncent cette arriération, ce qui a produit une culture particulière souvent radicale et grinçante à la mesure de ce qu’elle dénonce.
On peut citer le génial et regretté Manfred Deix (1949-2016) : une occasion de le retrouver dans cet article de mars 2019, « Autriche : Manfred DEIX, un contrepoison ».