Les Kurdes seraient-ils les éternels cocus de l’histoire ? Ce peuple de 30 à 40 millions de personnes, qui vit au carrefour de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie et de la Turquie, n’a jamais réusi à obtenir un État souverain, malgré la promesse qui lui avait été faite par les Alliés victorieux de la Grande guerre, une promesse consignée noir sur blanc en 1920 dans le traité de Sèvres signé avec l’Empire ottoman défait. L’hostilité de la jeune Turquie, née sur les cendres de l’Empire ottoman, aura eu raison du projet de Kurdistan autonome.
Près d’un siècle plus tard, c’est en 2019 que les Occidentaux abandonnent de nouveau les Kurdes, menacés par une offensive turque, après s’être servis d’eux dans la lutte contre Daesh. Entre ces deux dates, plusieurs décennies de lutte ont vu la branche turque du mouvement kurde, le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), abandonner progressivement la revendication d’un État-nation, devenue vaine, au profit d’un projet émancipateur transnational, démocratique, écologiste et féministe. De manière inespérée, le PKK et son homologue syrien, le Parti de l’union démocratique (PYD), profiteront à partir de 2012 de la guerre en Syrie pour mettre en place ce projet dans le nord de la Syrie, au Rojava. Olivier Besancenot vous raconte ce que nous devons aux Kurdes.