Deux mois après son exclusion, Taha Bouhafs publie une « lettre aux insoumis »

Taha Bouhafs, une justice arbitraire peut-elle lutter contre une justice arbitraire ?

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« Je viens vous donner les explications que je vous dois et demander les réponses que l’on me doit. » C’est ainsi que notre ami le journaliste Taha Bouhafs présente cette « lettre aux insoumis » qu’il publie sur son compte Twitter.



Accusé de violences sexuelles début mai, on se souvient comment Taha Bouhafs s’était mis en retrait des élections législatives dont il était candidat pour la France insoumise. Il a retiré sa candidature le 10 mai. Ces accusations provenaient d’une enquête interne de la France insoumise qui refusait de fournir des informations sur les accusations afin de respecter la volonté d’anonymat de la plaignante (peut-être deux plaignantes). La députée France insoumise Clémentine Autain refusait par conséquent d’organiser une confrontation entre Taha Bouhafs et les plaignantes. Et Taha fut invité à faire savoir qu’il se retirait au nom du respect de la parole des femmes victimes sur la base de signalements « susceptibles d’être caractérisés comme des accusations ».

Si la cellule de la France insoumise agit ainsi, c’est, selon Clémentine Autain, parce que la justice ne fait pas son travail et que seulement 2 % des viols aboutissent à une condamnation. Cependant, elle affirme que la France insoumise ne saurait se substituer à la justice. Mais cette carence bien réelle peut-elle justifier de ne produire aucune preuve bien réelle pour pousser quelqu’un à s’auto-éliminer et se retrouver du jour au lendemain jeté au fond d’un trou ?

Magouille ! Tambouille ! On entend les réacs et les virilistes qui se déchainent. Devant le « shitstorm » qui s’abat, la France insoumise doit rapidement répondre clairement à la demande d’explications de Taha. Une justice arbitraire n’a jamais été le moyen de lutter contre une justice arbitraire.

Daniel Mermet

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On ne remerciera jamais assez le cancer et Jésus.

Oui, tout d’abord, merci au cancer. Car s’il n’avait pas eu un cancer en 1985, à 34 ans, Gerhard Haderer aurait eu la vie indigente d’un « créateur » publicitaire. Or, c’est lorsqu’il fut opéré (et guéri) qu’il a tout laissé tomber et s’est tourné à fond vers le genre de dessins que vous allez (re)découvrir, si puissants, si violents qu’ils se passent de tout commentaire, à part quelques gloussements, quelques éclats de rire et pas mal de silences dans le genre grinçant.

Ensuite, merci à Jésus. Et surtout à Monseigneur Christoph Schönborn, cardinal, archevêque de Vienne. En 2002, Gerhard Haderer publiait La Vie de Jésus, un surfeur drogué à l’encens, ce qui faisait un peu scandale dans la très catholique Autriche, si bien que le cardinal archevêque, hors de lui, crut bon de donner l’ordre à l’auteur de présenter ses excuses aux chrétiens pour avoir ridiculisé le fils de Dieu. Au passage, on le voit, l’Islam n’a pas le monopole du refus des caricatures, mais celles-ci eurent beaucoup moins d’écho chez nos défenseurs de la liberté d’expression. Et bien entendu, comme toujours, la censure assura le succès de l’album, qui atteignit 100 000 exemplaires en quelques jours.

Le capitalisme est comparable à une autruche qui avale tout, absolument tout. Mais là, quand même, il y pas mal de dessins de Gerhard Haderer qui lui restent, c’est sûr, en travers de la gorge. On peut rêver et c’est déjà beaucoup.