Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Six décennies d’une vie studieuse, amoureuse et engagée

Michel est parti, Monique est là, le combat continue

Le


Le 26 septembre, Michel Pinçon nous quittait. En hommage, nous vous proposons de revenir sur le parcours de nos amis, les Pinçon-Charlot.

Le cœur broyé, nous apprenions la mort de Michel Pinçon.

Dit comme ça, on se demande qui c’est. Il faut dire Pinçon-Charlot. Il faut dire Michel et Monique Pinçon-Charlot. Là, on comprend et on continuera de dire comme ça, en un seul mot, en un seul couple, en une seule histoire d’amour, en une seule et même lutte joyeuse pour l’émancipation humaine.

« Deux boiteux mais pas de la même jambe » comme ils nous ont dit pour se présenter la première fois qu’ils sont venus dans notre émission, il y a pas loin de trente ans. Elle, une fille de bourgeois, lui un môme de prolo et eux deux, devenus les intellos les plus populaires et les plus battants pour proposer à tous une boîte à outils pour démonter ce monde et en bâtir un autre. Pas moins. Le monde qu’ils ont démonté pièce par pièce, c’est celui des riches, celui de la grande bourgeoisie, un monde jusque là très peu étudié par les sociologues. Ils ont montré le système de réseau, d’allégeance et de solidarité qui soude le monde des dominants alors que la classe populaire, bien plus nombreuse pourtant, a perdu les liens qui l’unissaient. Bien peu de chercheurs « engagés » resteront aussi longtemps utiles à leurs semblables. « Il faut mener une lutte solidaire et joyeuse », disait Michel. Et Monique approuvait. Ou bien c’était le contraire, c’est elle qui le disait et lui qui approuvait. Des oiseaux inséparables, dites à la mort qu’elle n’y peut rien. Michel s’en va, Monique est là, le combat continue.

Salut Michel.

Daniel Mermet

En hommage à Michel Pinçon, nous vous proposons de revenir sur le parcours de ce couple qui -selon Télérama- faisait trembler l’Élysée.

Les Pinçon-Charlot : notre vie chez les riches. Six décennies d’une vie studieuse, amoureuse et engagée


Regarder la vidéo :

Les Pinçon-Charlot : notre vie chez les riches
par Là-bas si j'y suis

Ils ont les milliards, nous sommes des millions.
Comment font-ils pour maintenir leurs privilèges ?
Comment font-ils pour nous tenir à distance ?
Comment font-ils pour ne pas se dévorer entre eux ?

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot auront passé leur vie à chercher la réponse.
Normal, ils sont chercheurs. Sociologues chercheurs.

Comment font les riches pour s’empiffrer de la plus grosse part du gâteau alors qu’ils sont si peu nombreux ? Qui sont ces gens-là ? On pourrait croire que beaucoup d’autres chercheurs ont cherché et cherchent encore. Eh bien non. Depuis des années, les Pinçon-Charlot restent les seuls à enquêter sur les riches, les grands bourgeois, les beaux quartiers, ou le ghetto du gotha.

Leur livre Le président des riches a été un best-seller. Tous les médias ont voulu avoir le fameux couple d’intellos si charmants, si engagés et si populaires. Télérama les montrait en « une » et leur accordait un grand entretien.

Mais en novembre 2020, Monique tombe dans un piège. Elle apparaît dans Hold-Up, un documentaire complotiste complètement délirant, une sinistre escroquerie. Réduits à une minute trente sur un entretien de plus d’une heure, ses propos ont été tronqués et sa notoriété instrumentalisée pour la promo du film. Comme d’autres intervenants abusés, elle a fait supprimer la séquence mais le mal était fait, trop tard, bien que le film ait été supprimé par YouTube, il compte plus de 6 millions de vues. Elle en parle dans cet entretien.

Bien sûr, le combat continue et il faut avoir le combat joyeux. Monique s’appuie sur Sénèque : « Vivre, c’est apprendre à ne pas attendre que l’orage passe, vivre ,c’est apprendre à danser sous la pluie ».

Se débarrasser des riches dans la joie, voilà un vrai programme !


Dans le ghetto du gotha, le séparatisme des grands bourgeois (1/3)

Admirés, jalousés, exécrés, les riches des beaux quartiers sont d’abord ignorés par la majorité. Aucune muraille, aucune milice ne leur est nécessaire pour se protéger. N’importe qui peut se balader dans ces beaux quartiers, sauf que n’importe qui n’y va pas. Pourquoi ? Comment la violence des inégalités nous révolte si peu ? Cet été, une loi contre le séparatisme a été adoptée. Séparatisme, communautarisme, voilà ce qui nuit à notre universalisme républicain. Mais les rupins sont-ils visés ? Pourtant, c’est exactement les principes de ce beau monde. En route pour une visite en trois étapes dans le ghetto du gotha, en compagnie de nos guides les plus qualifiés, Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon.

[RADIO] Dans le ghetto du gotha, le séparatisme des grands bourgeois (1/3) [21 octobre 2005]
En route pour une visite en trois étapes dans le ghetto du gotha, en compagnie de nos guides les plus qualifiés, Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon.

Un reportage de Giv Anquetil diffusé la première fois sur France Inter le 21 octobre 2005.

Programmation musicale :
 Tété : Les Rallyes
 Gilbert Laffaille : Neuilly Blues
 Josephine Tumminia : Le Beau Danube bleu


Dans le ghetto du gotha, le séparatisme des grands bourgeois (2/3)

On ne le dit pas assez, le Français riche vit treize ans de plus que le Français pauvre. Selon l’INSEE, les 5 % des Français les plus pauvres vivent 71,7 années, alors que les 5 % des Français les plus riches vivent 84,4 années [1].

Et donc, le Français modeste jouit de 10 ans de retraite, alors que le Français aisé en profite pendant 20 ans. Donc, vu notre régime de retraite, une large part des cotisations du modeste sert à financer la retraite du riche ! Cet été, une loi contre le séparatisme a été adoptée. Séparatisme, communautarisme, voilà ce qui nuit à notre universalisme républicain, nous dit-on. Mais les rupins sont-ils visés ? Pourtant, c’est exactement les principes de ce beau monde.

Admirés, jalousés, exécrés, les riches des beaux quartiers sont d’abord ignorés par la majorité. Aucune muraille, aucune milice ne leur est nécessaire pour se protéger. N’importe qui peut se balader dans ces beaux quartiers, sauf que n’importe qui n’y va pas. Pourquoi ? Comment la violence des inégalités nous révolte si peu ? En route pour une visite en trois étapes dans le ghetto du gotha, en compagnie de nos guides les plus qualifiés, Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon.

[RADIO] Dans le ghetto du gotha, le séparatisme des grands bourgeois (2/3) [24 octobre 2005]
En route pour une visite en trois étapes dans le ghetto du gotha, en compagnie de nos guides les plus qualifiés, Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon.

Un reportage de Giv Anquetil diffusé la première fois sur France Inter le 24 octobre 2005.

Programmation musicale :
 Tété : Les Rallyes
 Les Inconnus : Auteuil, Neuilly, Passy
 Mano Solo : Du vent


Dans le ghetto du gotha, le séparatisme des grands bourgeois (3/3)

Troisième et dernière partie de notre balade chez les riches, avec de nombreuses réactions des auditeurs. Certains ont vraiment cru qu’il s’agissait de sketchs, mais non.

Avec sa chasse à courre en hiver et son golf l’été à l’île de Ré, la dame de Neuilly existe vraiment, comme tout ce beau monde. Leurs privilèges ne proviennent ni de leurs talents particuliers, ni de leurs bienfaits envers l’humanité, bien au contraire. C’est la puissante et très ancienne fabrique de la soumission qui permet de maintenir ces violentes inégalités ostensiblement exhibées.

Cet été, une loi contre le séparatisme a été adoptée [2]. Séparatisme, communautarisme, voilà ce qui nuit à notre universalisme républicain, nous dit-on. Mais les rupins sont-ils visés ? Pourtant, c’est exactement les principes de ce beau monde. Admirés, jalousés, exécrés, les riches des beaux quartiers sont d’abord ignorés par la majorité. Aucune muraille, aucune milice ne leur est nécessaire pour se protéger. N’importe qui peut se balader dans ces beaux quartiers, sauf que n’importe qui n’y va pas. Pourquoi ? Comment la violence des inégalités nous révolte si peu ? En route pour cette troisième étape dans le ghetto du gotha, en compagnie de nos guides les plus qualifiés, Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, et avec les messages de nos AMG.

[RADIO] Dans le ghetto du gotha, le séparatisme des grands bourgeois (3/3) [25 octobre 2005]

Un reportage de Giv Anquetil diffusé la première fois sur France Inter le 25 octobre 2005.

Programmation musicale :
 Tété : Les Rallyes

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Une sélection :

La sociologue publie « Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique ». Entretien Monique Pinçon-Charlot : « Dans tous les domaines de l’activité économique et sociale, les capitalistes ont toujours, toujours, toujours des longueurs d’avance sur nous » AbonnésVoir

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La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui a longtemps analysé avec son mari Michel Pinçon les mécanismes de la domination oligarchique, publie un nouveau livre sur le chaos climatique et elle n’y va pas avec le dos de la cuiller en bambou. Entretien.

Les riches détruisent la planète, comme l’écrivait le journaliste Hervé Kempf. On le sait. Ils le savent. Ils le savent même depuis bien longtemps ! Le nouveau livre de Monique Pinçon-Charlot risque de ne pas plaire à tout le monde. Dans Les riches contre la planète, elle raconte comment une poignée de milliardaires est en train d’accumuler des profits pharaoniques en détruisant la nature, les animaux, les êtres humains et finalement toute la planète, menacée par les émissions de gaz à effet de serre.

Mais surtout, la sociologue analyse comment l’oligarchie, qui a toujours eu une longueur d’avance, organise, encadre et finance sa propre critique et ses contestataires. Histoire que l’écologie ne soit pas un frein au business, mais au contraire l’opportunité de développer de nouveaux marchés selon une « stratégie du choc » décrite par la canadienne Naomi Klein. Le capitalisme fossile est mort ? Vive le capitalisme vert !

Alors que faire ? Arrêter de parler d’« anthropocène », ce n’est pas l’humanité tout entière qui est responsable du dérèglement climatique, mais de « capitalocène », la prédation du vivant étant consciemment exercée par quelques capitalistes des pays les plus riches. Ensuite comprendre ce que masquent les expressions « transition écologique  », « neutralité carbone » ou encore « développement durable » forgées par le capitalisme vert. Et surtout lire d’urgence le livre de Monique Pinçon-Charlot pour prendre conscience que les mécanismes de la domination oligarchique s’immiscent partout, y compris là où on ne les attendait pas…

Alain Ruscio publie « La première guerre d’Algérie. Une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852 » aux éditions La Découverte La première guerre d’Algérie (1830-1852) AbonnésVoir

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« Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent humiliés, spoliés, déplacés, enfumés, massacrés, décapités... » Il faut connaître cette époque pour comprendre la suite de la colonisation et son dénouement tragique. Dénouement que certains n’acceptent pas et qui le ravivent comme une amputation. Pourtant recherches, témoignages et reportages au cours des dernières années semblaient avoir apporté les moyens d’un apaisement des mémoires. Mais une extrême droite revancharde et négationiste, dotée de forts moyens médiatiques, gagne du terrain. Face à la concurrence des rentes mémorielles, il est donc nécessaire de mieux connaître cette sombre sanglante histoire. Aussi ROSA MOUSSAOUI interroge ALAIN RUSCIO, un des meilleurs historiens du fait colonial qui publie une somme passionnante à La Découverte.

Frédéric LORDON publie« Figures du communisme » aux éditions La Fabrique. Un entretien en deux parties Frédéric Lordon, le capitalisme nous détruit, détruisons le capitalisme (2/2) AbonnésVoir

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Depuis longtemps on se répète : « on sait pas ce qu’on veut, mais on sait ce qu’on veut pas ». Si Lordon reprend la formule, c’est tout d’abord pour dire que ce qu’on ne veut pas, c’est le capitalisme. Nous n’avons plus le choix, c’est lui ou nous, il n’y a plus d’arrangement possible. Comme dit un AMG, « repeindre le capitalisme en noir ne suffit plus ». Oui, c’est vrai, déplorer, dénoncer, condamner, s’indigner à longueur d’année nous conduit à l’impuissance et à la résignation, c’est-à-dire là où nous sommes aujourd’hui.