On ne dissout (vraiment) pas un soulèvement

Le conseil d’État vient d’annuler le décret de dissolution des Soulèvements de la terre

Le

Communiqué suite à la décision du Conseil d’État

Le conseil d’État vient d’annuler le décret de dissolution des Soulèvements de la terre. C’est un sérieux revers pour le ministère de l’intérieur. Cette victoire, c’est à vous que nous la devons.

Aux 210 comités locaux qui ont fleuri depuis l’annonce de Darmanin,
Aux 150 000 personnes qui ont affirmé, "nous sommes tous les Soulèvements de la terre,
Aux 5 000 personnes qui ont déposé avec nous un recours juridique contre cette décision,
Au rapport de force sans précédent que nous avons instauré contre cette dissolution depuis 6 mois.


Elle vient appuyer ce que le mouvement démontre depuis 3 ans sur le terrain : nos actions de désobéissance directement impactantes sont à même de peser de tout leur poids sur le cours des évènements ; nous pouvons nous défendre et l’emporter face à la répression d’Etat ; nous pourrons mettre à l’arrêt des projets dévastateurs et faire reculer des multinationales écocidaires.

En utilisant l’argument de l’absence de proportionnalité entre les actions du mouvement et la violence d’une dissolution, le Conseil d’État confirme, à notre sens, l’idée que face au ravage des acteurs privés, de l’agriculture intensive, de l’accaparement de l’eau, nos modes d’actions puissent et doivent être considérés comme légitimes. Cette décision est porteuse d’espoirs pour la suite du nécessaire combat que nous devons mener face aux destructions en cours.

Mais nous ne sommes pas dupes. Cette décision prend aussi acte du rapport de force que nous avons instauré et de l’incroyable soutien dont nous avons bénéficié. Au fond, ils savaient que cette dissolution serait inapplicable en raison du soulèvement de solidarités qu’elle était sur le point de provoquer. Le Conseil d’État a acté qu’on ne pouvait pas dissoudre un soulèvement.

Pour autant, la jurisprudence qu’instaure la décision rendue aujourd’hui par le Conseil d’État n’en reste pas moins profondément liberticide sur d’autres aspects. La dissolution de Groupe Antifasciste de Lyon et Environs (GALE) et de la Coordination Contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI) constitue un dangereux précédent. Elle avalise une définition extrêmement large de la notion de provocation. Ainsi, il suffit qu’un mouvement anti-raciste dénonce l’islamophobie pour se voir dissout. Il suffit qu’un mouvement antifasciste dénonce et critique les récurrentes violences policières et l’hégémonie de l’extrême droite pour qu’il n’ait plus de droit d’être.

Cette concession du Conseil d’État face aux Soulèvements de la terre doit devenir un levier pour toutes celles et ceux qui veulent lutter contre les mesures liberticides de la loi séparatisme. Nous aspirons à ce que cette victoire puisse servir, pour que plus jamais nous ne laissions le gouvernement dissoudre des collectifs issus des luttes sociales, écologiques et anti-racistes.

Dans les semaines et mois qui viennent, nous ferons front ensemble contre les mesures d’exception ignominieuses de ce gouvernement. Nous viserons à développer les solidarités avec les travailleurseuses ds champs ou des JO étranger.es ou en exil, et face à la loi immigration qui arrive. Nous allons également amplifier les actions des Soulèvements de la terre avec des coordinations locales, multiplier les blocages, les occupations et les désarmements pour défendre la terre et l’eau comme communs : à Castres contre l’A69, dans le bocage de Loire-Atlantique pour stopper les extensions de carrières, en Maurienne contre le percement du Lyon-Turin, aux Vaîtes pour défendre les jardins ouvriers bisontins, contre l’aménagement marchand du glacier de la Girose, contre l’implantation d’un entrepôt logistique en Ile de France sur un îlot de biodiversité, la construction d’une méga-bassine en Limousin ou l’accaparement des terres agricoles par des fonds spéculatifs...

Déjà, de larges coalitions appellent à des journées d’action contre Lafarge et le monde du béton du 9 au 12 décembre (https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/appel-international-a-des-journees-d-actions-contre-lafarge-et-le-monde-du-beton).

Et les 20 et 21 juillet prochain, le front anti-bassines annonce d’ores et déjà une nouvelle mobilisation internationale dans les champs du Poitou. Ce sera l’occasion de confluer plus massivement que jamais pour la défense de la terre et de l’eau (https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/20-21-juillet-2024-stop-mega-bassines-prochaine-prochaine-mobilisation-internationale).

À tout de suite, dans les rues et sur les zones industrielles, sur les champs et au coeur des bocages.

On ne dissout (vraiment) pas un soulèvement !

L'équipe de Là-bas attend vos messages dans les commentaires et sur le répondeur au 01 85 08 37 37 !

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Noam CHOMSKY et Jacques BOUVERESSE. Dialogue au Collège de France avec Daniel MERMET (texte, vidéo et PODCAST) CHOMSKY, ORWELL, RUSSELL : LA VERITÉ, POUR QUOI FAIRE ? Que peut la vérité face au complotisme d’extrême droite ? AbonnésVoir

Le

Pour George ORWELL, c’est un point fondamental. « Ce qu’il y a d’effrayant dans le totalitarisme, ce n’est pas qu’il commette des atrocités, mais qu’il s’attaque au concept de vérité objective : il prétend contrôler le passé aussi bien que l’avenir. »

Le 31 mai 2010, à l’occasion du colloque « Rationalité, vérité et démocratie : Bertrand Russell, George Orwell, Noam Chomsky » organisé par Jacques Bouveresse au Collège de France, Daniel Mermet s’entretenait avec Jacques Bouveresse et Noam Chomsky sur le thème du concept de vérité. Y a-t-il « une vérité objective, en dehors de nous, quelque chose qui est à découvrir et non qu’on peut fabriquer selon les besoins du moment » ?

Avec le texte intégral de cette rencontre, nous vous proposons la vidéo réalisée par les Mutins de Pangée.

Hommage à Pierre Seel Accès libreÉcouter

Le

Hommage à Pierre SEEL, récemment disparu, déporté au camp du Struhoff en Alsace parce que homosexuel.
Les homosexuels devaient porter un triangle rose, on estime que 10 000 à 15 000 personnes ont été tuées par les nazis selon lesquels l’homosexualité représentait un danger pour l’homme.

Trop longtemps abusés, invisibles et tondus jusqu’à l’os. Un reportage de Dillah Teibi MAIS QUI SONT CES GUEUX EN JAUNE ? AbonnésÉcouter

Le

À la cour du président des riches, on s’interroge. Qui sont ces gueux sous nos fenêtres ? Pourquoi ces brailleries et ce grabuge alors que nous faisons tout pour leur bien ? Du côté des experts médiatiques et des voyantes ultra-lucides, on se demande quelles sont ces gens-là , des beaufs racistes et violents ou juste des ploucs avec leurs bagnoles qui puent ? Des fachos ou des fachés ? Faut-il les lécher ou les lyncher ?