Un article de Raja Abdulrahim paru le 18 novembre dans le New York Times

La guerre fait de Gaza un cimetière pour enfants

Le

Des milliers d’enfants ont été tués dans l’enclave depuis le début de l’assaut israélien. Selon les Nations unies, Gaza est devenue « un cimetière pour des milliers d’enfants ». L’armée israélienne affirme prendre pourtant « toutes les précautions possibles » pour éviter la mort de civils.

Nous avons choisi de reprendre cet article publié dans le New York Times du 18 novembre. On estime à 5 500 le nombre d’enfants tués sous les bombardement israéliens. À ce jour le bilan total s’élève à 13 000 morts depuis le 7 octobre et 35 000 blessés. Depuis le début de l’offensive israélienne, 53 journalistes ont été tués dont 46 palestiniens [1]..

Raja Abdulrahim est correspondante du NYT . Les photographes Samar Abu Elouf et Yousef Masoud vivent à Gaza.

Nous les remercions très chaleureusement.
(Traduction : Équipe La-bas)



En larmes et pieds nus, Khaled Joudeh, 9 ans, s’est précipité vers les dizaines de corps enveloppés dans des linceuls blancs, dans des couvertures et dans des tapis jusqu’à l’extérieur de la morgue surpeuplée.

« Où est ma mère ? » À côté d’un photographe du New York Times, Khaled hurle : « Je veux voir ma mère ! ». La voix blanche, entre deux sanglots, il demande où est son frère qui a douze ans : « Où est Khalil ? » . Un employé de la morgue entrouvre un linceul blanc pour permettre à Khaled d’embrasser son frère une dernière fois.

Ensuite il fait ses adieux à sa petite sœur de 8 mois. Un autre linceul a été soulevé laissant voir le visage ensanglanté d’un bébé, avec ses cheveux roux tout frisés. Khaled éclate en sanglots quand il la reconnaît. Elle s’appelait Misk, ce qui signifie musc en arabe.

Tout bas, il dit : « Maman était si heureuse quand la petite est née ». Il touche doucement son front et ses larmes coulent.

Elle était la joie de sa famille. Après trois garçons, ses parents voulaient désespérément une fille. À sa naissance, la mère de Khaled s’est fait un plaisir d’habiller Misk avec des robes froufroutantes et colorées, et d’attacher ses petites boucles avec des barrettes multicolores.

À travers ses larmes, Khaled a fait ses adieux à sa mère, son père, son frère aîné et sa sœur, avec tous ces corps alignés autour de lui. Il n’y a plus que lui, Khaled, et son jeune frère, Tamer, 7 ans, qui ont survécu aux frappes aériennes le 22 octobre. Les deux bâtiments où vivait toute cette grande famille ont été détruits.

D’après trois témoignages pris séparément, c’est au total 68 membres de la famille Joudeh qui ont été tués ce jour-là, alors qu’ils dormaient dans leur lit, à Deir Al-Balah, dans le centre de Gaza.

Plusieurs branches et plusieurs générations de la famille s’étaient réunies avant l’attaque. Certains avaient fui le nord de la bande de Gaza, comme Israël l’avait ordonné à tous les habitants. L’armée israélienne a déclaré qu’elle ne pouvait pas se prononcer sur les questions relatives à l’attaque contre cette famille.

Finalement, les membres de la famille ont été enterrés ensemble, côte à côte dans une grande sépulture, selon le témoignage des proches en montrant des images de l’enterrement et en partageant une photo de la petite Misk avant qu’elle ne soit tuée.

Déterminer le nombre exact d’enfants tués à Gaza – au milieu d’une campagne de bombardements féroces, avec des hôpitaux qui s’effondrent, des enfants disparus, des corps ensevelis sous les décombres et des quartiers en ruine – est une tâche de Sisyphe. Les responsables de la santé à Gaza affirment que 5 000 enfants palestiniens ont été tués depuis le début de l’assaut israélien, et peut-être même des centaines d’autres. De nombreux fonctionnaires internationaux et experts connaissant la méthode d’établissement des bilans des décès dans le territoire affirment que les chiffres sont généralement fiables.

Si les chiffres sont exacts, il y a eu beaucoup plus d’enfants tués à Gaza au cours des six dernières semaines que les 2 985 enfants tués au total dans les principales zones de conflit du monde – dans deux douzaines de pays – au cours de toute l’année dernière, même avec la guerre en Ukraine, selon les chiffres de l’ONU sur les décès vérifiés dans les conflits armés.

L’armée israélienne affirme que, contrairement à « l’assaut meurtrier contre les femmes, les enfants, les personnes âgées et les handicapés » perpétré par le Hamas le 7 octobre, les forces israéliennes prennent « toutes les précautions possibles » pour « atténuer les dommages » causés aux civils.

Selon l’armée israélienne, le Hamas a délibérément causé « le maximum de dommages et de brutalité possible aux civils ». Lors de l’attaque contre Israël, des parents et leurs enfants ont été abattus à l’intérieur de leurs maisons, selon des témoins et des responsables, et des enfants ont été pris en otage.

En réponse, l’armée israélienne déclare qu’elle mène une guerre « énergique pour démanteler les capacités militaires et administratives du Hamas ». Elle indique que les forces israéliennes ont demandé aux habitants de fuir vers le sud de la bande de Gaza et qu’elles émettent des avertissements avant les frappes aériennes « lorsque cela est possible ».

Mais le rythme effréné des frappes – plus de 15 000 à ce jour, selon l’armée israélienne, y compris dans le sud de Gaza – fait de la campagne de bombardement israélienne sur le territoire palestinien l’une des plus intenses du XXIe siècle. Et cela se passe dans une enclave urbaine dense, assiégée, avec de fortes concentrations de civils, en particulier d’enfants, ce qui déclenche une alarme mondiale croissante, même de la part des plus proches alliés d’Israël.

Après avoir initialement mis en doute le nombre de morts rapporté par les responsables de la santé à Gaza, l’administration Biden déclare maintenant que « beaucoup trop » de Palestiniens ont été tués, concédant que les véritables chiffres des victimes civiles pourraient être « encore plus élevés que ceux qui sont cités ».

À la morgue de l’hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah, les enfants sont si nombreux que son directeur, Yassir Abu Amar, explique devoir découper les linceuls funéraires en plusieurs morceaux à la taille des enfants pour faire face à l’afflux de cadavres.

« Les corps des enfants nous parviennent brisés et en morceaux », a-t-il déclaré. « Cela fait froid dans le dos ».

« Nous n’avons jamais vu autant d’enfants tués », a-t-il ajouté. « Nous pleurons tous les jours. Chaque jour, nous pleurons alors que nous travaillons à la préparation des enfants en vue de leur funérailles ».

Au cours des guerres précédentes à Gaza, une enclave surpeuplée de plus de deux millions d’habitants, les parents mettaient souvent leurs enfants au lit dans différentes pièces de leur maison. Si une frappe aérienne endommageait une partie de la maison, les autres enfants pouvaient survivre.

Devant l’ampleur des bombardements cette fois-ci – aveugles et sans avertissement, selon les habitants – certains parents ont séparé les enfants en les envoyant chez des proches dans différentes parties de la bande de Gaza, pour tenter d’augmenter leurs chances de survie. D’autres ont pris l’habitude de gribouiller leur nom directement sur leur peau, au cas où ils seraient perdus, orphelins ou tués, et qu’il faille les identifier.

Dans la salle d’urgence de l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza, de nombreux enfants ont été amenés seuls et en état de choc, avec des brûlures et des blessures suite à des éclats d’obus ou sous l’écrasement des gravats, a expliqué le docteur Ghassan Abu-Sittah. Dans de nombreux cas, dit-il, personne ne savait qui ils étaient.

« On leur attribue une désignation – enfant traumatisé inconnu - jusqu’à ce que quelqu’un les identifie », a-t-il déclaré. « Le plus terrible, c’est que certains d’entre eux sont les seuls survivants de leur famille, si bien que personne ne vient jamais les chercher ».

« Il y en a de plus en plus, on a le sentiment qu’il s’agit d’une guerre contre les enfants », a déclaré le docteur Abu-Sittah. Il poursuit : « Il y a deux semaines, le service des urgences d’Al-Shifa a enregistré "enfant traumatisé inconnu numéro 1 500" ».

Puis, ces derniers jours, les forces israéliennes ont pris d’assaut l’hôpital, où des milliers de Gazaouis s’étaient réfugiés, affirmant que l’établissement se trouvait au-dessus d’un centre de commandement souterrain du Hamas. Les fonctionnaires des Nations unies ont prévenu que ce raid mettait encore plus en danger les personnes déjà les plus vulnérables de la bande de Gaza.

Les experts internationaux qui ont travaillé avec les responsables de la santé à Gaza (pendant cette guerre et les précédentes) affirment que les hôpitaux et les morgues de l’enclave recueillent et communiquent les noms, les numéros d’identification et d’autres détails concernant les victimes. Tout en appelant à la prudence quant aux déclarations publiques sur le nombre précis de personnes tuées lors d’une frappe particulière, surtout au lendemain d’une explosion, les experts affirment que les chiffres globaux des décès rapportés par les professionnels de la santé à Gaza se sont, en général, révélés exacts.

L’armée israélienne dit « regretter les dommages causés aux civils (en particulier aux enfants) », ajoutant qu’elle examine « toutes ses opérations pour s’assurer qu’elle respecte ses propres règles et qu’elle se conforme au droit international ».

Mais un nombre croissant de groupes de défense des droits de l’homme et de responsables affirment qu’Israël a déjà enfreint cette loi.

Après avoir condamné les attaques « odieuses, brutales et choquantes » du Hamas, les qualifiant de crimes de guerre, Volker Türk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré ce mois-ci : « La punition collective infligée par Israël aux civils palestiniens constitue également un crime de guerre, de même que l’évacuation illégale et forcée de civils ».

« Les bombardements massifs d’Israël ont tué, mutilé et blessé en particulier des femmes et des enfants », a-t-il ajouté. « Ce bilan est insoutenable ».

Certains officiels internationaux alertent sur le fait que les enfants sont en danger, quel que soit l’endroit où ils se trouvent. « Le million d’enfants de Gaza ne peut se tourner vers aucun lieu sûr », a déclaré Catherine Russell, directrice de l’UNICEF.

Le 15 octobre, le docteur Mohammad Abu Moussa effectuait une garde de 24 heures à l’hôpital Al-Nasr de Khan Younis – au sud de la ligne d’évacuation tracée par Israël – lorsqu’il a entendu une forte explosion à proximité. Il a appelé sa femme à la maison, mais lorsqu’elle a décroché, il n’a entendu que des cris.

Sa femme, sa fille de 12 ans et son fils de 9 ans ont été amenés aux urgences, ensanglantés, paniqués et couverts de poussière des décombres. Il a tenté de les réconforter, mais a été pris de panique à son tour lorsqu’il a remarqué que son plus jeune fils, Yousef, âgé de 7 ans, n’était pas avec eux.

Il se souvient avoir demandé : « Où est Yousef ? ».
Personne n’a voulu répondre.

Lorsqu’il a demandé à nouveau, un voisin lui a simplement répondu : « Que Dieu ait pitié de son âme ».

Le docteur Abu Moussa ne voulait pas y croire. Des vidéos de journalistes présents à l’hôpital le montrent en train de chercher frénétiquement Yousef. Le docteur Abu Moussa a raconté comment il avait demandé à d’autres services, notamment à l’unité de soins intensifs, si son fils n’y avait pas été transporté d’urgence.

Puis, a-t-il dit, un journaliste lui a montré des photos de sa maison démolie. Le docteur Abu Moussa a déclaré avoir reconnu les vêtements gris que portait Yousef lorsqu’il l’a embrassé le matin même.

C’est avec effroi que le docteur Abu Moussa a quitté la salle des urgences pour se rendre à la morgue de l’hôpital. C’est là qu’il dit avoir enfin retrouvé Yousef, un farceur au sourire malicieux qui tirait la langue sur les photos. Aujourd’hui, son corps sans vie est allongé sur un brancard.

Le choc était trop violent. Le docteur Abu Moussa se souvient avoir détourné le regard avant qu’un collègue ne le prenne dans ses bras.

Plusieurs membres de la famille ont déclaré que des frappes aériennes avaient touché leur maison sans avertissement et que la famille du docteur Abu Moussa avait été extraite des décombres. L’armée israélienne a déclaré qu’elle ne pouvait pas répondre aux questions concernant une frappe sur la famille.

Yousef n’a pas été le seul à être tué. Le frère du docteur Abu Moussa, Jasir Abu Moussa, a perdu ses deux fils et sa femme.

Le neveu du docteur Abu Moussa, Hmaid, 18 ans, venait d’obtenir son diplôme de fin d’études secondaires avec de bonnes notes. Son jeune frère, Abdulrahman, 8 ans, était encore plus intelligent, selon la famille. Il a également été tué.

De nombreux enfants montrent des signes de traumatisme, notamment des terreurs nocturnes, selon Nida Zaeem, responsable de la santé mentale pour le Comité international de la Croix-Rouge à Gaza.

« Ils se réveillent en criant, en hurlant », ajoute-t-elle depuis un abri de la Croix-Rouge à Rafah, dans le sud du pays, où elle vit avec sa famille, qui compte quatre enfants. Chaque nuit, a-t-elle ajouté, les enfants de l’abri crient : « Nous allons mourir, nous allons mourir ».

Ils crient, ils supplient : « S’il vous plaît, protégez-moi, s’il vous plaît, cachez-moi. Je ne veux pas mourir ».

Dans un campement abritant des milliers de personnes autour d’un centre des Nations unies, Hammoud Qadada, 4 ans, était concentré sur un jeu vidéo à l’intérieur d’une tente alors que le bruit des frappes était suffisamment proche pour faire trembler le sol sous ses pieds.

Lorsque les joueurs de football à l’écran marquaient un but, tout le monde dans la tente - ses frères et sœurs, ses cousins et d’autres enfants du campement de fortune - criait « buuuuut » si fort que les gens dans les tentes voisines pensaient qu’un cessez-le-feu avait été annoncé.

Leurs parents avaient branché une télévision sur un panneau solaire et quand la situation a semblé suffisamment sûre, les gens ont joué au football à l’extérieur, entre les tentes, en essayant de distraire les enfants.

Ce n’était pas suffisant.

Le lendemain matin, la grand-mère de Hammoud a déclaré qu’il s’était réveillé et avait dit : « je vais mourir ».

« Je lui ai dit que non », a dit sa grand-mère, Hanaan Jaber, âgée de 53 ans. « Si Dieu le veut, tu grandiras, tu te marieras et tu raconteras à tes enfants ce qui nous est arrivé ici, comme une histoire ».

Le vocabulaire de Hammoud a déjà été façonné par la guerre. Peu après le début de celle-ci, il a demandé à ses parents ce que signifiait le mot « martyre ». Lorsqu’on lui demande ce qui se passe autour de lui, il répond sans hésiter : « Les frappes aériennes. Les frappes aériennes et la guerre ».

Gaza, bande côtière où des cabanes et des baraques de restauration bordent la Méditerranée, avait autrefois une culture balnéaire animée. Yasser Abou Ishaq, 34 ans, se souvient qu’il apprenait à ses trois filles à nager.

« Elles me demandaient toujours d’aller à la plage, au parc d’attractions, dans les parcs », a-t-il déclaré. « J’aimais les regarder jouer. »

Amal, son aînée de 7 ans, a été prénommée ainsi en l’honneur de sa mère. À l’école, elle était une bonne élève avec une excellente calligraphie, se souvient-il. À la maison, elle est devenue l’enseignante qui faisait jouer sa jeune sœur Israa, 4 ans, qui adorait le chocolat et les jouets Kinder.

Lorsque sa maison a été détruite par une frappe aérienne, il les a perdues toutes les deux. Sa femme a également été tuée.

Au total, 25 membres de sa famille, dont 15 enfants, ont été tués. Des journalistes locaux ont fait état d’une frappe et ont diffusé des images de corps dans des linceuls funéraires alignés sur le sol, tandis que des parents pleuraient. L’armée israélienne a déclaré qu’elle ne pouvait pas répondre aux questions concernant l’attaque contre la famille.

M. Abou Ishaq a déclaré que lui et sa fille d’un an, Habiba, avaient été blessés et emmenés à l’hôpital. La plupart des membres de sa famille, y compris sa femme et Amal, ont été retirés des décombres le même jour et enterrés par des proches, a-t-il dit, alors qu’il était encore soigné à l’hôpital. Il n’a jamais eu l’occasion de leur dire au revoir.

Le lendemain, le corps d’Israa a été retiré des décombres. Il a pu la voir à la morgue de l’hôpital et la prendre dans ses bras une dernière fois.

« Je l’ai serrée dans mes bras et je l’ai embrassée. Je lui ai dit au revoir et j’ai pleuré », a-t-il déclaré. « Dieu seul sait combien j’ai pleuré ».


journaliste : Raja Abdulrahim pour le New York Times
photos : Samar Abu Elouf et Yousef Masoud


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    C’est maintenant à peu près acquis pour tout le monde, le 8 mars n’est pas la journée « de la femme », mais la « journée internationale des droits des femmes ».}} Un jour de manifestations et de grèves qui semble connaître un nouveau souffle avec le mouvement féministe récent, qui lutte autant contre les violences sexistes et sexuelles que pour réduire les inégalités salariales et améliorer les conditions de travail des métiers majoritairement exercés par des femmes. Mais saviez-vous qu’aux origines de cette journée du 8 mars se trouvait l’Internationale socialiste des femmes ? C’est en effet à Copenhague, en août 1910, lors de la deuxième conférence de l’Internationale des femmes socialistes, que les militantes Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï proposèrent de consacrer chaque année une journée à la lutte pour les droits des femmes.

    Pour le 8 mars, redécouvrez quelques-unes de nos émissions consacrées aux luttes féministes.

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Cinq sketches de l’émission allemande « Browser Ballett » Les Allemands sont drôles : ça vous étonne ? Accès libreVoir

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Si ça vous étonne, c’est que vous ne connaissez pas « Browser Ballett » ! « Browser Ballett », c’est l’émission satirique de la ZDF, la deuxième chaîne de télévision publique allemande. Inconnue de ce côté-ci du Rhin, l’émission connaît depuis 2016 une grande popularité en Allemagne. Pour affronter ces temps difficiles, Là-bas si j’y suis vous a traduit quelques-uns de leurs sketches parmi les meilleurs. Comme aurait dit Coluche : « et vous trouvez ça drôle ? »

La lettre hebdo de Daniel Mermet La résistance d’un prof israélien accusé de trahison Accès libreLire

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Hommage à Catherine Ribeiro (1941-2024) Catherine Ribeiro en concert aux Bouffes du Nord Accès libreVoir

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En 1995, la chanteuse Catherine Ribeiro créait au théâtre des Bouffes du Nord le spectacle « Vivre libre ». Elle y chantait ses propres chansons mais aussi celles d’Aragon, de Barbara, Brel, Ferrat, Ferré, Lluís Llach, Colette Magny, Gérard Manset, Danielle Messia, Anne Sylvestre et même, si vous allez jusqu’à la fin, une surprise à réécouter alors que nous célébrons le 80e anniversaire de la libération de Paris. En hommage, nous vous proposons de découvrir ce concert :