Mardi 18 Juin. Muriel Pénicaud, ministre du Travail, présente sa réforme de l’assurance chômage : « c’est une réforme pour la précarité ». Au moins, c’est clair.
Mais alors, que contient le projet de « réforme » de l’assurance chômage présenté hier par le gouvernement ? Comme on pouvait s’y attendre, un recul généralisé des droits conquis de haute lutte :
– augmentation du seuil d’accès aux droits à 6 mois, au lieu de 4 aujourd’hui, soit près de 300 000 personnes qui perdront toute indemnisation.
– rechargement des droits plus longs, en passant de 1 mois à 6 mois ; les chômeurs en fin de droits mettront six fois plus de temps à toucher une nouvelle indemnisation.
– dégressivité de 30 % pour les cadres après 6 mois au-delà de 4 500 euros bruts mensuel, sauf après 57 ans. C’est malin, personne ne va se mobiliser pour les cadres, et on pourra bientôt appliquer la même soupe à l’ensemble des salaires.
Et le reste est à l’avenant.
En février dernier, Gérard Filoche nous alertait déjà sur ce qui était en train de se jouer : la mise en scène de l’échec des négociations sur l’assurance chômage entre les syndicats de travailleurs et de patrons n’était qu’une façon pour l’État de justifier sa reprise en main. Rappelons qu’en France, il y a trois budgets séparés, et que celui de l’assurance chômage (comme des retraites) est géré par les travailleurs : un pactole qui échappait donc au contrôle de l’État. L’argent de l’assurance chômage est le nôtre, c’est une partie de notre salaire, et l’État n’a pas à décider à notre place qui et comment on indemnise.
Il n’y a pas une ligne à retirer à ce que disait le professeur Filoche il y a trois mois. Nous vous proposons aujourd’hui de revoir sa leçon :
Un entretien de Jérémie Younes avec Gérard Filoche.