Qui a inventé le 8 mars ?
Émission du 08 mars 2022
C’est maintenant à peu près acquis pour tout le monde, le 8 mars n’est pas la journée « de la femme », mais la « journée internationale des droits des femmes ». Un jour de manifestations et de grèves qui semble connaître un nouveau souffle avec le mouvement féministe récent, qui lutte autant contre les violences sexistes et sexuelles que pour réduire les inégalités salariales et améliorer les conditions de travail des métiers majoritairement exercés par des femmes. Mais saviez-vous qu’aux origines de cette journée du 8 mars se trouvait l’Internationale socialiste des femmes ? C’est en effet à Copenhague, en août 1910, lors de la deuxième conférence de l’Internationale des femmes socialistes, que les militantes Clara Zetkin et Alexandra Kollontaï proposèrent de consacrer chaque année une journée à la lutte pour les droits des femmes. Olivier Besancenot vous raconte cette histoire méconnue.
Des femmes plus égales que les autres
Émission du 24 décembre 2020
Ce 8 mars est la « journée internationale des droits des femmes ». Mais de quels droits parle-t-on ? Le droit de siéger au conseil d’administration des entreprises du CAC 40, ou le droit de ne pas se lever à quatre heures du matin pour aller aspirer la moquette de ces mêmes entreprises ? Alors que le candidat Macron estime que « la grande cause du prochain quinquennat, ce sera l’égalité femmes-hommes encore une fois, parce que le travail n’est pas fini », revenons sur les réseaux féministes qui ont eu les faveurs de ce quinquennat.
Choisis ton féminisme, camarade ! C’est à cette injonction que semble avoir répondu le gouvernement. Depuis que Macron est au pouvoir, les associations de luttes féministes se plaignent de ne plus être écoutées et du manque de moyens consacrés à l’égalité femmes-hommes. À l’inverse, l’Élysée et les ministères gardent leurs portes grand ouvertes pour des femmes d’affaires qui promeuvent un « féminisme de marché » : un féminisme censé rendre les entreprises plus performantes, en même temps qu’il constitue un bon paravent à leurs turpitudes.
Un entretien de Jonathan Duong avec Maïlys Khider et Timothée de Rauglaudre, auteurs de l’article « Dans les réseaux "féministes" du CAC 40 » dans Le Monde diplomatique de décembre.
Thérèse Clerc, les derniers jours
Émission du 16 février 20216
Féministe poing levé, à 88 ans, Thérèse Clerc est partie paisiblement au bout d’un beau parcours d’engagement, d’insoumission et de gaieté subversive. Quelques jours avant sa mort survenue le mardi 16 février 2016, Anaëlle Verzaux l’avait revue chez elle à Montreuil avec quelques amis. Voici en hommage cet ultime entretien, une superbe incitation à la lutte, c’est-à-dire à la vie.
Un reportage d’Anaëlle VERZAUX.
Merci à Thérèse CLERC, Iro BARDIS et Aline.
Programmation musicale :
– Georges BRASSENS : Le Testament
réalisation : Jérôme CHELIUS
Réécoutez également le portrait qu’avait fait François RUFFIN de Thérèse Clerc en 2009, dans notre émission Thérèse, la révolution pour toujours :
Thérèse, la révolution pour toujours
Vivre vieux, c’est bien. Vieillir bien, c’est mieux. Thérèse Clerc veut changer la vieillesse. On est en 2009, elle a 82 ans lors de cette rencontre jubilante. Résistance, révolution permanente, avec elle, ces mots reprennent leur couleur. Résister, c’est résister à l’irrésistible. La vieillesse, pour elle aujourd’hui. Elle s’insurge contre cet inéluctable naufrage. Elle veut changer le regard sur la vieillesse, le regard des vieux sur eux-mêmes. Elle en fait un temps de liberté et de subversion. Un temps sensuel et joyeux. Un temps d’utopie. Elle se bat pour sa maison des Babayagas, pour une université populaire sur la vieillesse, elle retrace son parcours d’insoumise.
Un reportage de François RUFFIN (septembre 2009).
Merci à Thérèse CLERC et Jacqueline LORTHIOIS.
Programmation musicale :
– Jean YANNE et Michel MAGNE : Liberté, égalité, sexualité
– Charlotte LESLIE : Les filles c’est fait…
– Suzy SULIDOR : Chaque femme je la veux
présentation : Daniel MERMET
réalisation : Khoï NGUYEN et Raphaël MOUTERDE
Helen fait l’amour en couleur et Gainsbourg lit une lettre scandaleuse
Émission du 21 février 2021
La radio est un merveilleux moyen pour débaucher les oreilles, et depuis la Coulée douce en 1984 (et même avant avec Tendre est la nuit, en janvier 1983) nous n’avons pas cessé, si l’on peut dire, d’explorer ce troublant instrument. Aujourd’hui, dans nos archives, derrière les fagots, nous avons largement de quoi dresser n’importe quelle tige de jade et réjouir bien des abricots.
En ces temps de masques et des gestes barrières, l’image des corps confondus est une image pieuse, une image de communion belle comme l’eau dans le désert. L’érotisme est à la fois le paradis perdu et la terre promise. Mais aussi une résistance. La série de révélations glauques de viols et d’abus sexuels qui nous consternent chaque jour est aussi une aubaine pour les puritains toujours prêts à ressortir leurs grands ciseaux, leur morale et leurs autodafés.
Il faut leur opposer les textes inconvenants de Ronsard à Cocteau, et de La Fontaine à Pierre Louÿs ou, comme aujourd’hui un document très rare. Sur la radio Carbone 14, en 1982, Serge Gainsbourg lit une lettre de James Joyce à sa fiancée Nora Barnacle. Scandale assuré.
L’illustre illustrateur de ce samedi est une illustratrice. Peintre plus précisément : Helen Beard.
Les femmes sont rares parmi les peintres de l’art amoureux. Du graffiti le plus cru jusqu’aux estampes les plus raffinées, partout et toujours, l’homme a célébré la chorégraphie des corps en fusion. Mais la femme, pas trop. Aujourd’hui, Helen Beard fait partie de celles qui agrandissent la surface de la cage.
Juste 40 ans, née à Birmingham, elle vit et travaille à Brighton. Elle détourne les clichés pornos par des hautes couleurs intenses et des formes luxuriantes. Elle nous dit quelque chose d’heureux. C’est le désir, c’est le plaisir, c’est la vie : ces choses dont nous ne savons rien, sauf que c’est très exactement, très précisément, le contraire de la mort.
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Le Mercredito #13 | De #meetoo à Sandrine Rousseau, le féminisme ne lâche rien
Émission du 5 Octobre 2022
De #Meetoo à Sandrine Rousseau, le féminisme est à la une. Déballage, voyeurisme, coups de com’, c’est une aubaine pour les médias et un os à ronger pour les réacs qui se pourlèchent. Rien de surprenant, rien de nouveau. Toute lutte suffisamment radicale entraine des dérives et des instrumentalisations où l’adversaire vient chercher les moyens de pourrir le mouvement. Et il faut admettre que Sandrine Rousseau leur facilite la tâche. Mais sous cette mousse, l’émancipation des femmes sur le temps long, se fraie malgré tout un chemin, à coups de luttes parfois violentes, parfois masquées, souvent ignorées et souvent oubliées, surtout si elles apportent des progrès aussi considérables que le contrôle des naissances et la reconnaissance du viol comme un crime.
La lutte contre ce rapport de domination ne concerne pas seulement les femmes. Dans l’opposition dominant/dominée, il s’agit bien de « déconstruire » ce qui domine le dominant. Et franchement, il y a du boulot !
Aussi dans ce Mercredito, nous revenons sur quelques moments de ce long combat, depuis les Suffragettes et leur lutte « terroriste » au début du XX ème siècle jusqu’à la géniale et cinglante Blanche Gardin, en passant par ces pionnières que furent Simone de Beauvoir ou Gisèle Halimi. Le 26 août 1970, sous l’Arc de triomphe à Paris, un groupe de quelques femmes exhibaient une banderole : « Plus inconnue que le soldat inconnu, il y a sa femme ». C’était le début du MLF, le Mouvement de libération des femmes, qui allait amplement contribuer à agrandir la surface de la cage.
Parfois l’émancipation humaine tient en une phrase. Jusqu’ en 1789, le viol relevait de la luxure ordinaire. À cette date, une idée qui avait mûri au long des siècles allait marquer la plus importante de nos révolutions : La libre disposition de soi. C’est ce que veut le féminisme aujourd’hui.