Des livres sur mai 68, il n’en manque pas pour célébrer les cinquante ans. Celui de Ludivine Bantigny s’appuie, non pas sur des récits nostalgiques, des souvenirs individuels à la véracité historique plus ou moins discutable, mais sur des archives puisées dans toute la France et pour beaucoup inédites. Cette historienne, maître de conférence à l’université de Rouen Normandie s’attache à la grande diversité des protagonistes - ouvriers, étudiants, militants mais aussi danseurs, médecins, paysans, artisans, poètes d’un jour, et les femmes à parts égales avec les hommes -. Elle s’intéresse aussi à « l’autre côté » : c’est-à-dire à la police, au pouvoir et aux oppositions à la contestation. Son livre a le mérite de revenir précisément aux faits, aux projets, à l’inventivité, à tout ce qui a été imaginé, de grand et de petit, pour réellement « changer la vie ». C’était tout, sauf triste.