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Les bouquins de LÀ-BAS

La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

Vos avis et conseils sont bienvenus !

La sélection

Biographie

  • Le lambeau

    Philippe Lançon (Gallimard, 2018)

    Le 7 janvier 2015, deux hommes en noir, armés et cagoulés, font irruption dans les locaux de Charlie-Hebdo à l’heure de la conférence de rédaction et abattent huit personnes dont Cabu, Wolinski, Maris, Charb, Tignous, Honoré. Philippe Lançon, journaliste, est blessé par trois balles de Kalashnikov dont une qui lui explose la mâchoire. Ce livre est le récit de l’attentat, de la vie d’après et de sa reconstruction, des mois d’hôpital et de sa routine, des opérations, de ces lambeaux de peau qu’on lui colle. Ce livre est bien autre chose. Il est le récit minutieux de ce quotidien qui n’en est plus un, de ces deux mondes, celui des morts et celui des vivants, où il n’y a plus de place pour le chagrin, à peine pour la douleur et le désespoir. Il raconte et transmet quelque chose d’impossible : l’indicible des rescapés. Tout au long de ses 500 pages, Philippe Lançon convoque la beauté, la littérature, les… Lire la suite
  • Balzac, Paris

    Eric Hazan (La fabrique, 2018)

    Ici, « tout fume, tout brûle, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, s’évapore, s’éteint, se rallume, étincelle, pétille et se consomme » écrivait Balzac dans Le Mendiant. Ici, c’est Paris, sa ville avec laquelle l’auteur de La Comédie humaine entretient une passion amoureuse. Éric Hazan, avec le talent d’arpenteur qu’on lui connait, lui redonne vie. On le suit dans les rues et les quartiers de Paris au gré de ses rêveries et de ses personnages. On l’accompagne dans ses nombreux déménagements afin d’échapper à ses créanciers. Éric Hazan raconte ses démêlés avec ses éditeurs, ses malheurs au théâtre, sa passion des journaux, de la politique et le bonheur de ses multiples amis. Ce livre est, à travers le temps et l’espace, les lieux et les personnages, l’exploration de l’univers balzacien dont Paris est la clef de… Lire la suite
  • Encore vivant

    Pierre Souchon (La brune au rouergue, 2017)

    C’est l’histoire d’un mec, drôle, tendre, doué, inventif, bipolaire. C’est l’histoire de Pierre Souchon, 35 ans, journaliste au Monde Diplo et à l’Humanité, qui raconte dans un premier livre autobiographique sa maladie, les séjours en hôpital psychiatrique, le passage vertigineux de ce qu’il nomme la « barrière de fous ». Cent fois, il aurait dû mourir, cent fois, il a inventé les raisons de vivre. Dans ces pages, il ne s’épargne rien. Peut-être parce qu’au-delà des crises maniaco-dépressives, ce récit trempé dans ses tripes, raconte l’humanité de chacun. Les internés, comme lui, ses frères dans l’ordre de la nuit, paranos, schizophrènes, suicidaires, les paysans de sa terre cévenole, la grande bourgeoisie dont est issue sa femme. Ces pages sont sans précautions, dures et… Lire la suite
  • Misère de l’espace moderne. La production de Le Corbusier et ses conséquences

    Olivier Barancy (Agone, 2017)

    Le Corbusier : un imposteur doublé d’un fasciste bon teint. Bon, ça on le sait. Le plus grave que démontre Olivier Barancy, architecte et auteur de cette enquête fondée sur l’analyse de la production bâtie ou théorique de Le Corbusier, c’est une oeuvre catastrophique, des projets au caractère totalitaire et une misère spatiale engendrée de son vivant jusqu’à aujourd’hui. Modèle des architectes de l’après-guerre qui ont couvert la France de béton, son monde cauchemardesque qu’il voulait édifier, fait les affaires des bureaucrates russes et chinois.
  • Hadjira, la ferme Ameziane et au-delà…

    Claire Mauss-Copeaux (Les Chemins du présent, 2017)

    « Écrire ce qui a fait ma vie ». Il lui en a fallu du temps à Hadjira pour qu’elle se souvienne de sa jeunesse à Constantine, ose écrire son combat pour l’indépendance de l’Algérie, cette ferme Ameziane transformée en Centre de renseignement et d’action par les militaires français. C’est là que la veille de ses vingt et un an, elle a été amené avec d’autres suspects. Et torturée. Une souffrance qu’elle a vécu et gardé secrète pendant plus de cinquante ans. Elle en témoigne désormais. Pour ses proches, pour l’Histoire.

Médias

  • Ma vie au poste. Huit ans d’enquête (immobile) sur la télé du quotidien

    Samuel Gontier (La Découverte, 2016)

    Journaliste à Télérama, chroniqueur, Samuel Gontier a regardé tous les jours la télé. Il a tenu huit ans ! Verdict ? Coupables, forcément coupables ces programmes qui occupent la majorité du temps d’antenne est aux antipodes des valeurs de rigueur dans le traitement de l’information et de respect de la dignité de la personne humaine. A le lire ces chroniques édifiantes, la télé est simpliste, sexiste, raciste, démagogue, servile. Mieux vaut en rire qu’en pleurer.
  • Mohicans

    Denis Robert (Julliard, 2015)

    "C’est l’histoire de deux êtres rares : Cavanna et Choron. C’est l’histoire d’un premier journal, puis d’un deuxième, d’un troisième : tous créés par une bande de kamikazes, ivres de liberté et bourrés de talent. Ces journaux ont amusé, éclairé, ouvert les yeux et les esprits de deux ou trois générations de lecteurs, de citoyens, d’électeurs, de journalistes. Hara-Kiri mensuel, Hara-Kiri hebdo, La Gueule ouverte, Charlie Mensuel et le dernier : Charlie Hebdo... 1960-1985 : vingt-cinq années d’insolence, d’humour, de spontanéité et de subversion. L’époque étant ce qu’elle est, ces journaux fougueux qui sentaient le foutre, la sueur, l’alcool, la liberté sont devenus des marques. C’est l’histoire de la dilapidation d’un héritage. Une histoire tumultueuse, magnifique, triste et honteuse. À mes yeux, elle est… Lire la suite
  • Médias : le peuple n’est pas condamné à TF1

    Vincent Goulet (Textuel, 2014)

    Les optimistes sont fous mais les fous ont souvent raison. Vincent Goulet, sociologue et spécialistes des médias et pratiques culturelles, fait partie de ceux qui assurent que « non, les médias ne sont pas des entreprises aux mains d’intérêts économiques et politiques destinés à abrutir les masses ». Pour nous, à Là-Bas, c’est une évidence, incarnée, démontrée, réalisée chaque jour. Mais cela va mieux en le disant.
  • La censure invisible

    Pascal Durand (Actes Sud, 2006)

    La censure nous semble une histoire classée, chacun peut s’exprimer, nous sommes en démocratie. Pas si sûr. Il y a d’autres formes de censure, d’autres ciseaux, pour tronquer, détourner, vider , alors même que ceux par qui passe cette censure en sont le plus souvent inconscients.
  • Les nouveaux chiens de garde

    Serge Halimi (Raisons d’agir, 2005)

    Orfèvre et sniper à la fois, Halimi vise en pleine tête la connivence entre le petit monde intello-médiatique et le monde politique converti au néolibéralisme. Journalisme de révérence, information-marchandise, le critique américain Eric Alterman les appelle « les pom-pom girls du capitalisme ». Pour Serge Halimi « Ces appariteurs de l’ordre sont les nouveaux chiens de garde de notre système économique ».

Politique

  • Notre révolution

    Bernie Sanders (Les Liens qui Libèrent, 2017)

    Tout savoir sur Bernie Sanders, le candidat aux primaires du parti démocrate et actuel leader de l’opposition à Donald Trump. Dans ce livre, il raconte sa campagne, rend hommage aux citoyens qui veulent lutter contre l’avidité et l’irresponsabilité du système capitaliste qui génère toujours plus d’inégalités. Dans ces pages, il développe une vision, une méthode concrète pour créer des nouveaux emplois, augmenter les salaires, bref, transformer les États-Unis et le monde. Pour Sanders, le premier homme politique américain à se revendiquer démocrate socialiste, ce n’est qu’un début, la révolution est en marche. A futur to believe in !
  • Le nouveau pouvoir

    Régis Debray (Les éditions du Cerf, 2017)

    Comment comprendre l’évènement Macron ? Tel est l’objectif du nouvel essai de Régis Debray qui assure que « l’apparent changement politique marque en fait une profonde mutation culturelle ». De quoi s’agit-il ? Pour lui, la France, notre bon vieux pays catho à la laïcité toute républicaine est saisi par un mouvement de fond, celui de « l’avènement planétaire de la civilisation issue du néo-protestantisme ». Serions-nous devenus tous protestants ? La thèse est originale, pas forcément insensée, évidemment controversée.
  • En quel temps vivons-nous ?

    Jacques Rancière (La Fabrique, 2017)

    Que se passe-t-il dans une « démocratie » où l’on peut obtenir les pleins pouvoirs avec le soutien d’à peine plus de 10% du corps électoral ? Une abstention écrasante que celle observée aux dernières législatives doit-elle inquiéter, ou est-elle au contraire la prémisse d’un inévitable changement de régime ? Avec le philosophe de la politique Jacques Rancière, difficile de se raconter des histoires. Le regard est sans illusion, la lucidité dérange parfois. En quel temps vivons-nous ?, Conversation avec l’éditeur Éric Hazan, n’hésite pas à s’en prendre aux idées reçues confortables d’une certaine gauche. Contrairement à toute une mouvance anar, Jacques Rancière ne voit pas dans le désinvestissement des électeurs les signes annonciateurs d’un effondrement du système. Il ne voit nulle insurrection venir pour demain. Il ne voit pas non plus les « jours heureux » au bout de la 6ème République. Est-ce à dire que plus rien… Lire la suite
  • L’illusion du bloc bourgeois

    Bruno Amable, Stéfano Palombarini (Raisons d’agir, 2017)

    Un petit livre essentiel pour quiconque veut s’y retrouver aujourd’hui au milieu de cette recomposition du paysage politique français qui déboussole énormément d’électeurs et surexcite beaucoup de commentateurs. On y comprend notamment à quel point Emmanuel Macron réalise tout ce dont les cadres dirigeants du PS rêvaient depuis une quarantaine d’années : une espèce de cinquante nuances de libéralisme déguisée en appel au « camp de tous les sages », selon l’expression consacrée.
  • Civilisation. Comment nous sommes devenus américains

    Régis Debray (Gallimard, 2017)

    C’est un panorama, que dis-je une fresque, une épopée que brosse Régis Debray avec son ton particulier teinté de tristesse aigre douce et sa plume agile et frondeuse. Le constat est que nous sommes devenus américains. Par imprégnation, de la Cia au rap, des séries House of cards à Baron noir, nous sommes en plein chambardements. Notre pré carré hexagonal se rétrécie, la bannière étoilée recouvre notre coq gaulois. Comme la Grèce antique face à l’Empire romain, nous sommes en pleine transformation. Est-ce grave ? est-ce triste ? Pas sûr. En tous les cas cela valait la peine de poser la question. Au fait, c’est quoi une civilisation ? Comment ça nait et comment ça meurt ?

Histoire

  • L’œuvre du temps

    Ludivine Bantigny (Éditions de la Sorbonne, 2018)

    « Parce que l’histoire s’écrit au présent et que le passé est décidément vivant », écrit l’auteur. Ludivine Bantigny, historienne intéressée par la jeunesse, l’engagement politique, la conscience historique, la guerre d’Algérie et mai 68, ne pouvait pas mieux résumer son dernier ouvrage. Il oscille entre les souvenirs personnels et les questions parcourant la ligne du temps. Quel rapport les sociétés entretiennent-elles avec lui ? L’écriture de l’histoire peut-elle être neutre - et doit elle l’être ? Quelle part y occupent les émotions et l’intensité des sensibilités ? Ces pages parfois intimes partent à la recherche d’un temps ravivé où surgissent les fantômes de l’histoire, vagabondent à travers le romanesque pour abolir les frontières entre le passé, le présent et le futur. Cette « œuvre » s’aventure sur des chemins d’espoir, pour que « vienne un temps dont on s’éprenne… Lire la suite
  • Ce que peut le cinéma

    Alain Brossat, Jean-Gabriel Périot (La découverte, 2018)

    Comment se fabrique la mémoire ? Comment appréhender les archives ? Comment remonter le temps ? Plus globalement quels liens les images entretiennent avec la politique et l’histoire ? Pour répondre à ces interrogations, deux hommes qui travaillaient sans se connaître sur des sujets communs (l’univers carcéral, les femmes tondues à la Libération, le désastre nucléaire), ont décidé de confronter leurs expériences. Dans un dialogue, Jean-Gabriel Périot, réalisateur, et Alain Bossat, professeur de philosophie, confrontent leur point de vue, décortiquent le rôle de ceux qui fabriquent les films (réalisateurs, acteurs, financeurs, spectateurs), et la manière dont ils sont fabriqués (musique, commentaires , génériques).En posant à nouveau la question, certes pas nouvelle mais toujours essentielle, de la relation de la puissance ou de l’impuissance de l’écriture et de l’image, ils essaient de comprendre « ce que… Lire la suite
  • Les brigades rouges, une histoire italienne

    Mario Moretti, Rossana Rossanda et Carla Mosca (Editions Amsterdam, 2018)

    Mario Moretti est l’un des principaux dirigeants des Brigades rouges, arrêté et incarcéré en 1981, trois ans après avoir exécuté Aldo Moro, président de la Démocratie chrétienne au pouvoir. De sa prison de Milan où il purge une condamnation perpétuité –depuis 1998, il est placé sous le régime de semi-liberté et doit dormir en prison tous les soirs-, il donne un long entretien a deux journalistes italiennes. Paru en 1994, provoquant de nombreuses polémiques, le témoignage de Mario Moretti est un des plus importants des Brigades rouges. Cet ouvrage retrace, année par année, le fonctionnement, l’idéologie, les dissensions internes de cette organisation révolutionnaire les plus. Il éclaire l’émergence de ce mouvement massif d’insubordination dans la société italienne, les évènements et les ruptures qui constituèrent la formation des premiers brigadistes puis le choix de la lutte armée tout en le replaçant parmi les… Lire la suite
  • L’écran rouge. Syndicalisme et cinéma de Gabin à Belmondo

    Tangui Perron (Les éditions de l’atelier, 2018)

    Le ciel est à vous, La bataille du rail, Antoine et Antoinette, La Marseillaise, un cinéma qui se voulait « pour le peuple et par le le peuple ». Cet ouvrage veut raviver une histoire oubliée du cinéma français qui fut l’objet de nombreux combats, des années trente à la fin des années cinquante. En quatre chapitres - Un long Front populaire, La guerre et ses galeries, De beaux lendemains, la Défense du cinéma français-, les auteurs revisitent les fondations sociales et politiques du cinéma français à laquelle les syndicats et militants ont largement contribué. Il y a les temps forts : l’occupation des studios en 1936, la renaissance du festival de Cannes, la mobilisation populaire pour les ciné-clubs, les comités de défense, l’action auprès des parlementaires, la création d’aides publiques, les conventions collectives. Il y a aussi le portrait et l’action de militants célèbres ou oubliés : le cinéaste… Lire la suite
  • La moustache du soldat inconnu

    Jérôme Prieur (Seuil, 2018)

    1918-2018. Pour célébrer le centenaire de la fin de la première guerre mondiale, Jérôme Prieur, écrivain, cinéaste, a pris la plume à sa manière : personnelle, intime. « Depuis l’enfance, j’ai voulu écrire mes souvenirs de la guerre de 14 », écrit-il « avec leur moustache, leur képi, leur casque, n’ont-ils pas tous l’air de se ressembler, ces soldats. Alors j’ai laissé les revenants m’approcher. J’ai fouillé leurs visages, leurs photos et même un petit film tourné au front ». Cette cohorte de disparus, de fantômes relégués dans les secrets de famille reprennent vie. Et nous rappelle que l’Histoire est d’abord celle des hommes.
  • La guerre civile en France, 1958-1962. Du coup d’État gaulliste à la fin de l’OAS

    Grey Anderson (La fabrique, 2018)

    Mai 1958, qui s’en souvient ? Qui veut s’en souvenir ? Qui célèbre ce mai, alors que celui survenu en 68 est toujours commenté ? Les réponses sont dans ce livre écrit par un historien américain : « si mai 68 est un moment joyeux et solaire, les quatre années de guerre civile qui s’écoulent entre la prise du Gouvernement général d’Alger le 1er mai 1958 à la fin de l’OAS au printemps 1962, n’ont rien que l’on aime se rappeler ». Et pour cause : ce fut « le temps de la haine et de la violence extrêmes, de l’usage généralisé de la torture, des exactions policières contre les Algériens révoltés et ceux qui les soutiennent, le mensonge officiel qui présente le retrait d’Algérie et le complot initial comme le triomphe de la démocratie ». Ces quatre sales années, la France les a cachées sous le tapis de son histoire. Grey Anderson les en a ressorties pour mettre au grand jour le refoulement de cette réalité douloureuse qui… Lire la suite
  • Une histoire populaire de la France

    Gérard Noiriel (Agone, 2018)

    En 1980, parait la première édition de la magistrale « Histoire populaire des Etats-Unis » d’Howard Zinn, le grand historien américain. Chez Agone, nait alors l’idée de demander à un autre grand historien, français cette fois, de réaliser une enquête similaire sur l’hexagone. Gérard Noiriel, historien du monde ouvrier de l’immigration et de la question nationale, s’est attelé à la tâche. Dans le sillage de Zinn, il s’est efforcé d’articuler les formes de dominations subies par les exclus de l’historien, tout en préservant le primat de la lutte des classes. Noiriel a mis une décennie à terminer cet ouvrage, synthèse d’une vie de recherches et d’engagements. Cette somme éclaire la place et le rôle du peuple dans toutes les grandes luttes et les évènements qui ont scandé l’histoire de France, de la guerre de Cent ans à nos jours, faisant écho à nos problématiques actuelles. « J’ai privilégié les questions qui sont… Lire la suite
  • Dans la classe de l’homme blanc

    Laurence de Cock (Presses universitaires de Lyon, 2018)

    Comment transmet-on aux nouvelles générations l’histoire de la colonisation ? s’interroge, l’auteure, docteur en sciences de l’éducation et professeur agrégée en lycée qui s’est attelé à étudier L’enseignement du fait colonial en France des années 1980 à nos jours. A partir d’archives de l’éducation nationale, des textes et des manuels scolaires, elle retrace les débats sur la question coloniale, analyse l’élaboration des programmes et la fabrique scolaire de l’histoire. Que faire des enfants de l’immigration coloniale et postcoloniale ? L’école doit-elle adapter ses programmes à leur présence ? Que faire des héritages d’une histoire douloureuse pour les uns, glorieuse pour les autres, méconnue pour beaucoup ? En tentant de répondre à ces questions, Laurence De Cock met en lumière une tension qui travaille l’institution scolaire : l’articulation entre l’universalisme républicain et la pluralité… Lire la suite
  • Jeanne et Lucien dans le tourbillon de Mai 68

    Bruno Lemerle (les Mutins de Pangée, 2018)

    Que s’est-il passé précisément à l’usine Peugeot de Sochaux le 11 juin 68 ? Quels souvenirs les ouvriers en ont-ils gardés ? « Pour nous, 26 200 personnes à l’époque, c’est resté une tragédie, avec une haine chevillée en nous pour ces répressions policières, une cicatrice dans l’histoire de l’usine. Il fallait que la chienlit s’en aille, un prolo c’est fait pour bosser, pas pour faire grève ! Alors ils ont nettoyé : 2 morts, 152 blessés » écrit Christian Courouge, ouvrier et militant syndicaliste à Sochaux de 1978 à 2011, dans sa préface au récit écrit par son pote Bruno Lemerle, également ouvrier de Peugeot Sochaux. Cinquante ans plus tard, leur mémoire est intacte, leur envie de raconter aussi, renforcée par l’ouverture d’une partie des archives. À travers les yeux de Jeanne et Lucien, deux personnages inventés pour l’occasion, c’est donc une histoire mal connue qu’on nous raconte. Marcellin, la famille Peugeot,… Lire la suite
  • 68, une histoire collective (1962-1981)

    Michelle Zancarini-Fournel, Philippe Artières (La Découverte, 2018)

    68, ce n’était pas qu’un mois, mais une longue séquence historique dans laquelle ce mouvement s’inscrit, de la fin de la guerre d’Algérie en 1962, à l’élection de François Mitterrand en 1981, de la révolution cubaine à la révolution iranienne. Ce volumineux ouvrage (860 pages), écrit il y dix ans et qui vient d’être réédité, a l’intérêt de décentrer mai 68 du quartier latin, des barricades et de l’occupation de la Sorbonne, pour recomposer un paysage bien plus vaste, à Paris, en province et à l’étranger. À travers des personnages anonymes ou célèbres, des lieux connus ou inconnus, ces récits polyphoniques donnent à voir l’intensité des débats politiques, la diversité des luttes et des aspirations dont ces années furent le… Lire la suite
  • Marx, une passion française

    Antony Burlaud , Jean-Numa Ducange (La Découverte, 2018)

    Deux siècles après sa naissance, les contributeurs de cet ouvrage collectif - historiens, philosophes, linguistes, spécialistes des sciences-politiques - s’interrogent sur la place et l’influence de Karl Marx dans le débat politique et artistique français, de l’extrême gauche à la droite aronienne, jusque dans le monde colonial francophone. Ces textes et analyses proposent un regard singulier qui permet de comprendre les usages - et les mésusages- d’une œuvre qui reste parmi les plus importantes de l’époque contemporaine. Malgré la disparition de l’URSS, l’effondrement du parti communiste, les séquelles laissées par le stalinisme, le spectre de Marx hante toujours l’imaginaire français.
  • Sur l’enseignement de l’histoire

    Laurence de Cock (Libertalia, 2018)

    Questionner le récit national, se lamenter sur les programmes et les manuels d’histoire, est devenu un sport national français. Laurence de Cock propose de sortir de ces éternelles polémiques, en proposant un autre angle d’attaque : aborder l’analyse « par le bas et par les praticiens depuis le XIXème siècle ». Pour cette spécialiste des questions pédagogiques et didactiques, l’histoire de l’enseignement de cette discipline bien vivante est inséparable de ses acteurs, de ses lieux, de ses outils et de ses espaces de discussions. On découvre également dans ce travail de recherche - et c’est peut-être son but - que les débats qui agitent l’enseignement de l’histoire, une « des passions françaises » sont récurrents et toujours présentés comme… Lire la suite
  • Une histoire populaire du football

    Mickaël Correia (La Découverte, 2018)

    Le foot ne se résume pas aux supporteurs débiles et fachos, aux masses d’argent échangées lors des transferts déments, aux stars surmédiatisées gangrénées par le business. Le foot, selon ce journaliste indépendant qui participe au mensuel CQFD et à la revue Jef Klak, est aussi un puissant instrument d’émancipation pour les ouvriers, les féministes, les militants anticolonialistes, les jeunes de quartiers populaires et les contestataires du monde entier. En dribblant à travers les clichés, Mickaël Correira, propose une histoire « par le bas » des contre-cultures footballistiques nées après la seconde guerre mondiale, des hooligans anglais jusqu’aux ultras qui ont joué un rôle central dans les printemps arabes de 2011. Le foot peut être aussi généreux que… Lire la suite
  • Ecrits d’une insoumise

    Voltairine de Cleyre (Lux, 2018)

    Pionnière du féminisme américain, poétesse, musicienne et surtout anarchiste, Voltairine de Cleyre (son père était un admirateur de Voltaire) a élaboré une pensée qui embrasse des sujets éclectiques, économie, libre pensée, philosophie, religion, criminologie, action directe, esclavage sexuel, anarchisme. Vous ne la connaissez pas ? Pas de panique, cette femme exceptionnelle, cette insoumise de la première heure, est née en 1866 et est morte en 1912. L’occasion grâce à la réédition de ces dix-sept essais, de la découvrir et l’inscrire au panthéon de héroïnes qui brandissent l’étendard de la révolte et de la liberté.
  • 1968, de grands soirs en petits matins

    Ludivine Bantigny (Seuil, 2018)

    Des livres sur mai 68, il n’en manque pas pour célébrer les cinquante ans. Celui de Ludivine Bantigny s’appuie, non pas sur des récits nostalgiques, des souvenirs individuels à la véracité historique plus ou moins discutable, mais sur des archives puisées dans toute la France et pour beaucoup inédites. Cette historienne, maître de conférence à l’université de Rouen Normandie s’attache à la grande diversité des protagonistes - ouvriers, étudiants, militants mais aussi danseurs, médecins, paysans, artisans, poètes d’un jour, et les femmes à parts égales avec les hommes -. Elle s’intéresse aussi à « l’autre côté » : c’est-à-dire à la police, au pouvoir et aux oppositions à la contestation. Son livre a le mérite de revenir précisément aux faits, aux projets, à l’inventivité, à tout ce qui a été imaginé, de grand et de petit, pour réellement « changer la vie ». C’était tout, sauf… Lire la suite
  • L’an I de la révolution russe

    Victor Serge (Agone, 2017)

    Voici trois textes majeurs de Victor Serge, anarchiste, membre de l’Internationale Communiste, opposant à Staline, déporté en Sibérie puis expulsé d’URSS en 1936. Agone les a republiés dans un même ouvrage. L’an I de la révolution russe puis La ville en danger et Trente ans après. Alors qu’il est contraint de se taire à cause de la victoire du stalinisme qu’il combat, Victor Serge se consacre à l’écriture, témoignage politique et artistique. L’an I est une fresque qui raconte comment l’état-commune né de la révolution d’octobre de 1917 se transforme en dictature du parti à la fin de l’année 1918. Un témoignage de fidélité aux idéaux d’octobre.
  • Les Russes, l’esprit d’un peuple

    Marc Ferro (Tallandier, 2017)

    Historien, spécialiste de la Russie et de l’Union Soviétique, Marc Ferro a été un des premiers à avoir accès, en URSS, aux archives du Parti Communiste. Lors de ses nombreux voyages et recherches, il a vécu le stalinisme, la perestroïka, les bouleversements politiques et la vie quotidienne d’un peuple qu’il connait très bien. 2017 est l’occasion de parler de la Révolution de 1917 et du régime soviétique, apporter sa propre analyse et évoquer quelques souvenirs personnels, conversations avec les témoins de cet évènement considérable.
  • 10 jours qui ébranlèrent le monde

    John Reed (Nada, 2017)

    « Il est temps que toi et les autres connaissiez la véritable situation politique en Russie en ce moment crucial. » écrit, en octobre 1917, John Reed à un de ses amis. Le journaliste américain qui avait parcouru le Mexique révolutionnaire et l’Europe en guerre, se trouve à Petrograd quand éclate la révolution soviétique. Il la vivra aux côtés de ceux qui la font. De retour aux États-Unis, John Reed rédigera ces 10 jours qui ébranlèrent le monde, texte qui deviendra un best-seller. Il y raconte le tourbillon révolutionnaire dans lequel on peut se perdre tant la densité des évènements est forte, les retournements de situations sont nombreux et les acteurs multiples. Le centenaire de la révolution d’Octobre est l’occasion d’une nouvelle publication de ce monument de journalisme. Avec, en prime, des textes inédits de John Reed, correspondance, articles, récits et documents iconographiques… Lire la suite
  • Trimards, « Pègre » et mauvais garçons de Mai 68

    Claire Auzias (Atelier Création Libertaire, 2017)

    Une autre histoire est toujours possible. S’il fallait un livre pour illustrer cette maxime, celui de Claire Auzias est de ceux-là. Grâce à une abondante documentation faite d’archives et de témoignages, cette historienne, elle-même libertaire assumée, présente les « Trimards » à Lyon, les Loulous à Grenoble, les Zonards à Nantes, les Katangais à Paris, ceux du Mouvement révolutionnaire octobre à Bordeaux. Qui sont-ils ces « mauvais garçons » issus du Lumpenprolétariat, se revendiquant de l’anarchie, de l’extrême-gauche ? Qu’ont-ils fait exactement, eux qui ont défrayé la chronique, que les étudiants ont chassés, que la police a arrêtés ? « Ils présentent une autre face, moins abstraite et moins théorique, de ce que fut Mai 68 en France » assure Claire Auzias qui dresse le portrait de ces ex-mercenaires, chômeurs ou déclassés qui avaient leur drapeau, leurs pratiques, loin de la bureaucratie des organisations… Lire la suite
  • Que faire de 1917 ?

    Olivier Besancenot (Autrement, 2017)

    « Une centaine d’années plus tard, la révolution russe mérite d’être dégagée du mausolée ou de la fosse commune où l’ont respectivement enterrée le stalinisme et le capitalisme », écrit Olivier Besancenot. C’est donc à une contre-histoire de 1917, ce moment « qui a incarné un immense espoir politique », que s’est attelé le porte-parole du NPA, deux fois candidats à la présidentielle pour la LCR. Dans son livre, il a voulu redonner toute la place au véritable héros de cette période, « le peuple russe (…) qui s’est dressé contre le tsarisme et la guerre ». Il est question de liberté, d’émancipation et de l’espoir d’un affranchissement toujours aussi vifs hier qu’aujourd’hui.
  • Mauvaise graine

    Mathias Gardet, Véronique Blanchard (Textuel, 2017)

    En 1945, le général de Gaulle promulgue une ordonnance réformant la justice des mineurs : elle crée le juge pour enfant, modifie les tribunaux qui leur sont dédiés et donne la primauté à l’éducatif sur le répressif. C’est une révolution. Pour se rendre compte du progrès qu’elle représente dans le traitement des petits délinquants, il suffit de feuilleter ce livre formidable fait d’archives judiciaires et médicales, de photos et de documents inédits. Grace à ce premier panorama de la justice des mineurs sur deux siècles, on mesure la violence qui leur était faite : prisons, bagnes, maisons de corrections, conditions de détention dégradantes, insupportables, brimades quotidiennes infligées à ces gamins parfois sévèrement condamnés et dont on a oublié leur existence. Ce livre en montrant leur visage, leur redonne une… Lire la suite
  • Où en sommes-nous ?

    Emmanuel Todd (Le Seuil, 2017)

    "Où en sommes-nous ? Une esquisse de l’histoire humaine" est une réflexion ambitieuse sur les dérèglements socio-économiques mondiaux auxquels nous assistons et les poussées de fièvre isolationniste qui y répliquent, du Brexit jusqu’à l’élection de Trump. Une fois encore, Emmanuel Todd mobilise dans ce livre les structures familiales et religieuses pour comprendre ce qui nous arrive, cette fois à l’échelle mondiale. Partout, il observe une même guerre des classes en train de se réactiver. Un sécessionnisme des classes supérieures par rapport aux gens du peuple tenus pour des « ploucs », et toujours davantage éloignés des prises de décision réelles.
  • Ivry banlieue rouge

    Emmanuel Bellanger (Creaphiseditions, 2017)

    Ce livre de photos et de textes est une aventure collective. On le comprend devant l’exhaustivité iconographique et l’énorme travail d’enquête qui constituent ce livre dense de 552 pages. Il raconte l’histoire d’une ville de la banlieue parisienne qui fut capitale du communisme français au XXe siècle. Il raconte aussi, au-delà de ce cas particulier, les transformations industrielles, politiques et sociales qui touchent tous les territoires.
  • Octobre 17, la révolution trahie

    Daniel Bensaïd (Lignes, 2017)

    Le centième anniversaire d’octobre 1917 est l’occasion pour les éditions Lignes de rassembler les textes de Daniel Bensaïd qui n’a cessé d’effectuer « un retour critique sur la révolution russe ». Entreprise nécessaire aux yeux de ce théoricien de trotskysme mort en 2010 qui s’est toujours intéressé à cet évènement considérable dont le vingtième siècle a dépendu. Parce que pour lui, l’avenir dépend de ce que nous faisons du passé. Parce qu’il a cherché à distinguer cette révolution de sa terrible postérité antirévolutionnaire, bureaucratique et stalinienne avec laquelle on s’est employé à la confondre. Ce livre est présenté par Sophie Wahnich.
  • Les balles du 14 juillet 1953

    Daniel Kupferstein (La Découverte, 2017)

    Il est des amnésies coupables. Il était temps que Daniel Kupferstein, réalisateur et documentariste, rappelle à nos mémoires un drame oublié pendant un demi-siècle : le massacre par des policiers français de nationalistes algériens célébrant la fête nationale à Paris. Six morts plus un militant CGT, des dizaines de blessés par balles tirées froidement par les forces de l’ordre. Ce livre de témoignages raconte aussi comment a été mis en place un incroyable mensonge d’état pour faire disparaitre cet évènement sanglant, tant en France qu’en Algérie. Une occultation qui joua un rôle dans le déclenchement par le FLN de la guerre de libération, un an plus tard, en novembre 1954.
  • Les rêves de la jeune Russie des soviets. Une lecture anti productiviste de l’histoire du stalinisme

    Paul Ariès (Le bord de l’eau, 2017)

    Octobre 17, encore. Paul Ariès, un des principaux théoriciens de la décroissance revient sur cette Révolution en l’abordant sous un angle original, soit une « lecture anti productiviste de l’histoire du stalinisme ». Ce point de vue volontairement décalé, renvoyant dos à dos les analyses de droite comme de gauche, s’appuie sur une analyse économique. Pour l’auteur, c’est en effet sur ce terrain, que la « tragédie russe a commencé, avec la volonté de produire toujours plus, à la façon des grandes firmes capitalistes, avec l’invention d’un mode de management fondé directement sur la terreur. »
  • Années de rêves et de plomb. Des grèves à la lutte armée en Italie (1968-1980)

    Alessandro Stella (Agone, 2016)

    Alberto, Angelo, Antonietta, Lorenzo. Quatre militants l’Autonomie Ouvrière, quatre jeunes qui rêvaient de futur, de Révolution et d’un monde meilleur. C’est à eux, enterrés à la va-vite en 1979 dans l’Italie du Nord, que ce livre est dédié. Pour leur redonner un nom et une histoire, cet essai revient sur la longue histoire des combats italiens, de mai 68, de Pinochet, de l’influence des Brigades Rouges, de la lutte armée et de ses limites, des années de plomb et de leur récit officiel. Alessandro Stella qui a été membre de l’Autonomie Ouvrière revendique en écrivant ces pages le droit de se souvenir, la nécessité de perpétuer un combat pour une société plus juste. Et de donner une autre version que celle construite par le pouvoir italien et placée sous le signe de la peur des « terroristes… Lire la suite
  • Les luttes et les rêves, une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours

    Michelle Zancarini-Fournel (Zone, 2016)

    L’histoire de France ne se limite ni à « nos ancêtres les Gaulois » et ni à l’hexagone. Elle n’est pas non plus écrite que par ceux d’en haut, ceux qui gouvernent, qui décident, gagnent et remplissent les livres de leurs exploits de vainqueurs. Michelle Zancarini-Fournel, professeur émérite à l’université Lyon I, spécialiste d’histoire contemporaine le sait, qui a consacré sa vie de chercheuse aux résistances populaires. Cette histoire France qu’elle vient d’écrire est celle des classes populaires et des opprimés de tous ordres, celle « de leurs accommodements, de leurs résistances à l’ordre établi et aux pouvoirs dominants, leurs luttes et leurs rêves ». Elle raconte aussi les colonisés et les migrants accueillis à « bras fermés. Le champ est large pour Michelle Zancarini-Fournel qui commence son livre en 1685, année de l’adoption du Code Noir qui régit l’esclavage et de celle de la révocation de l’édit de Nantes.… Lire la suite
  • Le premier congrès des peuples d’Orient, Bakou 1920. Verbatim des sept jours de débat

    (La Brèche, 2016)

    En septembre 1920, à Bakou, la capitale de la toute nouvelle république socialiste de l’Azerbaïdjan, se tient le premier congrès des peuples de l’Orient. Deux mille délégués venus de toute l’Asie centrale et de Moscou bien-sûr, débattent des problèmes posés par la Révolution d’Octobre et de la dynamique de la révolution permanente. Au programme : le rôle des femmes, du parti, des religions et particulièrement la musulmane, de l’internationalisme en actes, de l’alliance du prolétariat des pays industrialisés et des peuples opprimés… Il n’y aura pas de deuxième congrès, tous ceux qui ont porté le premier ont été assassinés d’un commun accord par Staline et les impérialismes. C’est pourquoi il faut lire ce livre qui avait été édité en 1921 par L’internationale Communiste et la Libération de l’Orient. Urgent et indispensable en ces temps de replis… Lire la suite
  • Mélancolie de gauche

    Enzo Traverso (La Découverte, 2016)

    Professeur d’histoire intellectuelle à l’université Cornell d’Ithaca (New York), Enzo Traverso développe un long et captivant questionnement : quel est le rapport entre histoire et mémoire. L’occasion de redécouvrir la mélancolie de gauche qui, comme un fil rouge, traverse l’histoire révolutionnaire, d’Auguste Blanc à Walter Benjamin, de Louise Michel à Rosa Luxembourg. D’où le sous-titre à cet ouvrage riche en iconographie : la force d’une « tradition cachée » (XIXe-XXIe siècle).
  • Jésus selon Mahomet

    Gérard MORDILLAT, Jérôme Prieur (Le Seuil, 2015)

    Peu de gens le savent : Jésus occupe dans le Coran une place éminente. À partir de deux versets de la sourate IV qui évoquent la crucifixion de Jésus de manière inattendue, Gérard Mordillat et Jérôme Prieur cherchent à reconstituer ce que l’on peut comprendre des origines de la prédication de Mahomet, de son développement dans un milieu païen très marqué pourtant par les références et les influences bibliques.
  • La Commune : Histoire et souvenirs

    Louise Michel (La Découverte/poche, 2015)

    Un grand classique de la littérature politique de la « Vierge rouge » (1830-1905) « Ecrire ce livre c’est revivre les jours terribles où la liberté nous frôlant de son aile s’envola de l’abattoir ; c’est rouvrir la fosse sanglante où, sous le dôme tragique de l’incendie, s’endormit la Commune, belle pour ses noces avec la mort, les noces rouges du martyre (...) Dans cette grandeur terrible, pour son courage à l’heure suprême lui seront pardonnés les scrupules, les hésitations de son honnêteté profonde. »
  • Plus noir dans la nuit

    Dominique Simonnot (Calmann-Lévy, 2014)

    Plus noir dans la nuit relate une page oubliée de l’épopée des mineurs : la grande grève de 1948, la répression brutale qui suivit. Six morts, deux mille arrestations, autant de condamnations à la prison et des centaines de vies brisées. Norbert, Colette, Jeanne et les autres, qui ont vécu ces grandes heures de la mythologie ouvrière, racontent ici un monde à jamais englouti, un monde terrible et fraternel, et leur fureur d’en avoir été exclus.
  • Les écrivains contre la Commune

    Paul Lidsky (La Découverte, 2010)

    Le 18 mars 1871, une révolution populaire éclate à Paris. La Commune sera matée deux mois plus tard, le 28 mai, après une semaine sanglante où 30 000 hommes, femmes et enfants seront massacrés à mitrailleuse. Ce livre n’est pas l’histoire de cet épisode sanglant mais celle de la haine, de l’effroi et de l’hystérie qu’il a provoqué chez les hommes de lettres. À l’exception de Vallès, Rimbaud, Verlaine puis Hugo, tous ont été violemment contre la Commune : Théophile Gautier, Lecomte de L’Isle, Edmond de Goncourt, Ernest Feydeau, Gustave Flaubert, George Sand et Émile Zola. Ces textes quasiment ignorés agissent comme un révélateur, un miroir sans indulgence, des aspects méconnus et glaçants de ces écrivains, patrimoines de la littérature… Lire la suite
  • Les jours heureux

    Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui (La Découverte, 2010)

    Le sous-titre de cet ouvrage résume à lui-même son intention : le programme du Conseil national de la Résistance de mars 1944 : comment il a été écrit et mis en oeuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition. Depuis, exit Sarkozy. Reste l’essentiel que tenait à republier l’association des Citoyens et résistants d’hier et d’aujourd’hui, crée par d’anciens résistants et parrainée par Stéphane Hessel. Revenir au texte initial, s’appuyer sur les fondamentaux. Pour comprendre, et croire aux Jours heureux, titre de la première publication clandestine de ce programme du CNR dont le premier président fut un certain Jean Moulin.
  • Che Guevara. Une braise qui brule encore

    Michael Löwy, Olivier Besancenot (Mille et une nuits, 2007)

    Transmettre la mémoire du Che et ses idéaux, à la jeune génération . Voilà l’ambition de cette biographie à laquelle se sont attachés Olivier Besancenot et Michael Löwy : « nous avons fait le choix de nous intéresser aux idées, aux valeurs, aux analyses, aux propositions, aux rêves de l’homme. Pour quelle cause se battait-il ? Quelle image avait-il de la société enfin émancipée du cauchemar capitaliste ? Voilà les questions qui nous occupent dans ce livre, sans avoir la prétention de livrer la réponse ».
  • Mai 68, l’héritage impossible

    Jean-Pierre Le Goff (La Découverte, 2007)

    « Mai 68 n’appartient à personne » affirme Jean-Pierre Le Goff, dans sa postface spécialement écrite pour la réédition de son ouvrage sorti en 2002. Fermez le ban ! Adorateurs de dogme et autres certitudes, passez votre chemin. Le livre de ce philosophe et sociologue ne sera d’aucun réconfort puisqu’il ne professe aucune certitude. Celui qui a vécu les évènements de l’intérieur, du côté des Mao, prévient simplement, comme s’il donnait sa feuille de route : « Pour comprendre les effets souterrains considérables de Mai 68 dans la France contemporaine, il faut revenir sur son utopie première et sur ses échecs, sur ces années où la passion s’est investie massivement dans un gauchisme aux mille facettes ». Dans sa préface François Gèze enfonce le clou en affirmant : « je souhaite que ce livre soit utile à tous ceux qui ne s’accommodent pas de notre air du temps désenchanté et explorent les voies difficiles de son… Lire la suite
  • Le scandale des arts premiers - La véritable histoire du musée du quai Branly

    Bernard Dupaigne (Fayard, 2006)

    Directeur du laboratoire d’Ethnologie du musée de l’Homme, Bernard Dupaigne est en colère. De l’autre côté de la Seine, le Président Chirac a fait ouvrir un Musée qui a vidé le sien de ses collections, afin de mettre en valeur la « beauté » de ces pièces et d’aider la France à tourner la page de son passé colonial. Ecrit à l’acide, ce livre présente un autre point de vue sur ce musée...
  • « La bonne guerre », Race, Hard times

    Studs Terkel (Amsterdam, 2006)

    Louis « Studs » Terkel, (1912-2008) est un des plus grands journalistes de radio. Il doit sa notoriété à l’émission de radio The Studs Terkel Program, (WFMT Chicago) au cours de laquelle il interviewait des personnalités et aux recueils d’entretiens qui forment une histoire orale des Etats-Unis au XXe siècle. Ses livres les plus célèbres sont "La Bonne Guerre" - Histoires orales d la Seconde Guerre mondiale. Race : What Blacks and Whites Think and Feel About the American Obsession, une histoire orales d’une obsession américaine. Et Hard Times - Histoires orales de la Grande Dépression. Ces centaines d’entretiens, récits de souvenirs et de confessions, retranscris dans ses livres, nous font éprouver l’entrelacement des histoires individuelles, des transformations socio-historiques et des évènements politiques. Ils dessinent à maints égards le monde dans lequel nous vivons. C’est en cela, et pour bien… Lire la suite
  • Mai 68 et ses vies ultérieures

    Kristin Ross (Agone, 2005)

    Mai 68 vu par une américaine. Dans cet ouvrage, cette historienne et spécialiste de littérature comparée à l’université de New York, adopte un contre-pied pulvérisant les récits reconstitués par l’histoire officielle. Pour elle, les révoltes de Mai 68 ne se limitent pas à une quête individualiste et spirituelle annonçant le mot d’ordre des années 1980 - liberté -, mais elles constituent un évènement politique majeur, à savoir : le plus grand mouvement de masse de l’histoire de France, la grève la plus importante de l’histoire du mouvement ouvrier français et l’unique insurrection générale qu’aient connue les pays occidentaux depuis la Seconde guerre mondiale. « L’immensité de l’évènement a été réduite, notamment à partir 1975 », explique-t-elle. « Je me suis intéressée aux traces laissées par ces efforts de réduction, à la façon dont l’histoire est reconstruite par le présent, à ce jeu de mémoire et d’oubli, à la façon… Lire la suite
  • Une histoire populaire des États-Unis, de 1492 à nos jours

    Howard Zinn (Agone, 2002)

    Cette histoire des États-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d’histoire parlent habituellement peu. L’auteur confronte avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980-1990, tous, jusqu’aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l’histoire officielle.
  • Révolutions

    Michael Löwy (Hazan, 2002)

    De ces photographies se dégagent un parfum d’autrefois et une énergie féroce. On est happé par ces tirages en noir et blanc qui saisissent des scènes de rues, de barricades, de défilés, de guerres et d’enterrements. Cet ouvrage rassemble, pour la première fois, une abondante documentation photographique sur les mouvements révolutionnaires : la Commune, les révolution russe, hongroise, allemande, mexicaine, chinoise, espagnole. Il s’arrête en 1967, quand se termine celle de Cuba. L’histoire n’est pas finie. On espère la suite car ces images font apparaitre ces moments historiques, non pas comme une abstraction racontée par les historiens, mais par l’engagement d’hommes et de femmes à l’histoire personnelle pétrie par les luttes, le sang et… Lire la suite
  • Manuel secret des confesseurs

    Monseigneur Bouvier (Arléa, 1999)

    Ce manuel est un des plus célèbres du genre, le plus complet et le plus édifiant. Sous la plume de l’évêque du Mans, au milieu du XIXe siècle, « tout ce que les prêtres ne peuvent ignorer, sans danger » a été recensé avec force, détails et précisions anatomiques. L’église ne badine par avec le cul. Nous si. Alors, regardez par la serrure et découvrez ce qui se passe derrière la porte du confessionnal. Ce ne sont qu’aveux de fornication et de luxure, listes de pêchés toujours plus longue - pollution, sodomie, bestialité, adultère, stupre, inceste, sacrilège, prostitution -. Pour s’en guérir, deux solutions, pratiquer la prière ou céder à la tentation. Oups, pardon, cette option n’est pas recommandée par le… Lire la suite

Économie et Finance

  • L’art de la fausse générosité, la fondation Bill et Melinda Gates

    Lionel Astruc (Actes sud, 2019)

    Qu’ils étaient exemplaires Bill et Melinda Gates, devenus en 2000 les icônes de la générosité mondiale ! Qu’ils étaient irréprochables Bill et Melinda Gates qui en créant leur fondation ont décidé de distribuer leur richesse, se transformant ainsi en donateurs planétaires ! Hélas, c’était oublier que ces chez gens là, rien ne se perd, tout se transforme. Et que la philanthropie est aussi un business. Cette enquête le démontre avec éclat. Lionel Astuc démonte le système de dons qui cache en fait des mécanismes d’évitement fiscal, la fausse charité et la transformation de la fondation en trust qui finance les OGM, l’armement, les labos pharmaceutiques… Dans le monde de la finance, il n’y a vraiment rien à sauver. Même pas les… Lire la suite
  • Macron, un mauvais tournant

    Les économistes atterrés (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Détruire progressivement le modèle social français pour aligner la France sur les standards du capitalisme financier libéralisé : tel est le programme d’Emmanuel Macron qui pour y parvenir utilise les institutions bonapartistes de la Ve République. Les Économistes atterrés décryptent les méthodes et les implications de cette entreprise présidentielle. Cet ouvrage analyse les réformes mises en œuvre depuis le début du quinquennat et les suivantes, montre qu’elle aggrave les problèmes : crise économique, crise productive, crise sociale, crise écologique. Des solutions pour changer de cap existent. Comme existent des réponses qui donneraient les moyens de satisfaire aux exigences de la transition sociale et écologique et permettraient d’établir une société sobre, égalitaire, solidaire. « La France n’est pas condamnée à s’engager dans la voie sans issue du libéralisme. Elle doit retrouver la fierté de son… Lire la suite
  • Le capitalisme expliqué à ma petite-fille (en espérant qu’elle en verra la fin)

    Jean Ziegler (Seuil, 2018)

    Qui est cet ogre animé par un ordre cannibale qui broie la vie de milliards d’êtres humains, accroit comme jamais les inégalités et la misère, épuise la planète, plonge dans la déprime les populations, aggrave les replis identitaires sous l’effet de la dictature du marché ? Cet ogre c’est le capitalisme qu’il faut tuer comme l’hydre à plusieurs têtes. Par le truchement d’un dialogue avec sa petite-fille Zohra, Jean Ziegler, ancien rapporteur pour l’ONU pour le droit à l’alimentation et actuel vice-président du comité consultatif du Conseil des Droits de l’homme, en appelle à une insurrection qui renversera ce système économique dictatorial. « Quand viendra-t-elle ? », demande la petite-fille. « Personne ne le sait », répond le grand-père, « mais elle est proche ». Parce qu’elle est… Lire la suite
  • Foucault, Bourdieu et la question néo libérale

    Christian Laval (La découverte, 2018)

    Chacun à leur manière, et avec des styles très différents, ces deux intellectuels français se sont intéressés à la question du néolibéralisme - Michel Foucault dans les années 70, Pierre Bourdieu dans années 90. Christian Laval, agrégé de sciences sociales et professeur de sociologie à Nanterre, examine l’originalité et la cohérence de leurs recherches, leurs limites et les points aveugles pas encore explorés. Cet ouvrage permet de faire comprendre en quoi les travaux de Foucault et Bourdieu sont incontournables pour comprendre le mode de pouvoir actuel et réfléchir à cette question centrale : quelle nouvelle politique faut-il inventer pour mener ce combat central du XXIe siècle ?
  • Le système dette

    Éric Toussaint (Les Liens qui Libèrent, 2017)

    Historien, docteur en sciences-politiques et porte-parole du CADTM international (Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes), Éric Toussaint retrace l’histoire des dettes souveraines et de leur répudiation. Il nous emmène en Amérique Latine, en Chine, en Tunisie, en Égypte et en Grèce bien-sûr, replonge dans les racines du mal où à partir du XIXe siècle le recours à l’endettement devient un des bras armés du capitalisme pour mettre sous tutelle des économies entières. Tout au long de ces pages, Éric Toussaint martèle une évidence que le système ne veut pas entendre : la pratique de la dette n’est pas inéluctable. La preuve, des états ont réussi à annuler les leur, Mexique, Cuba, Costa Rica et la Russie des Soviets. Les dictatures ont toujours une… Lire la suite

Sociologie

  • La société autophage : capitalisme, démesure et autodestruction

    Anselm Jappe (La Découverte, 2017)

    Un livre impressionnant par sa capacité à éclairer ce que nous vivons. Sur sa couverture, on voit un homme dévorer son propre corps, métaphore d’une civilisation néolibérale devenue folle, en train de se suicider sur le dos de la nature – avec notre complicité active hélas. La transformation du travail en valeur, source même du capitalisme, est en train de s’épuiser, affirme l’auteur. Ainsi le capitalisme est-il en train de vivre une crise non pas cyclique, mais bel et bien finale à ses yeux. Seulement voilà, au-delà du capitalisme, il n’y a pas nécessairement l’émancipation. Anselm Jappe évoque la création d’une humanité superflue, d’une humanité-déchet, comme nouveau fonctionnement ordinaire du système de production qui est d’ores et déjà le nôtre. Face à cela, plutôt que de viser à une auto-modération du capitalisme, il faut viser la sortie totale. L’une n’étant nullement plus irréaliste que… Lire la suite
  • Panique dans le 16e !

    Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot (La ville brûle, 2017)

    Dans le 16e arrondissement de Paris, un projet de centre d’hébergement pour sans-abri doit voir le jour. La réunion de présentation est fixée le 14 mars 2016. Elle tourne à l’émeute. Cette installation est un grand scandale absolu pour les grands bourgeois. Quoi ? Comment ? Qui ose s’approprier « leur » parc depuis le Second Empire ? Les sociologues des riches et le dessinateur Étienne Lécroart étaient là. Ils racontent. C’est drôle, effrayant, édifiant.
  • Le concert des puissants

    François Denord, Paul Lagneau-Ymonet (Raisons d’agir, 2017)

    Une enquête riche et édifiante autour du rapport entre le pouvoir et l’économie. Ils montrent que le pouvoir est avant tout le produit d’un arrangement institutionnel dans lequel l’ordre économique prime sur tous les autres.
  • Confiscation. Des mots, des images et du temps

    Marie José Mondzain (Les liens qui libèrent, 2017)

    Comment redonner aux mots tous leur sens ? Comment lutter contre leur confiscation par la sphère politico-médiatique ? Marie José Mondzain, philosophe, directrice émérite au CNRS, poursuit dans cet ouvrage son analyse du rapport aux mots et à l’image, à leur signifiant et à leur détournement politique. Elle s’attèle au terme « radicalité » aujourd’hui à la “radicalisation" et à la "déradicalisation", aux gestes les plus meurtriers et plus fanatiques. Pour elle la radicalité fait appel, au contraire, au courage des ruptures constructives et à l’imagination la plus créatrice. Et elle se demande, comment rendre à la radicalité sa beauté virulente et son énergie politique ?
  • Le monde va beaucoup mieux que vous ne le croyez !

    Jacques Lecomte (Les Arènes, 2017)

    Arrêtez de tout voir en noir, de croire que tout est foutu. Lisez ce livre qui vous mettra du baume au coeur. Jacques Lecomte, président d’honneur de l’association française de psychologie positive, prof des sciences de l’éducation et de sciences sociales, publie des statistiques, des rapports internationaux pour dessiner un bilan sans appel : tout va bien mieux ! La démocratie est majoritaire dans le monde, la mortalité maternelle et infantile est divisée par deux, la variole est éradiquée, la couche d’ozone est reconstituée, le nombre d’homicides a baissé de 65 % en vingt ans. Pour un monde meilleur, une seule solution : l’optiréalisme.

Travail et luttes sociales

  • Bullshit jobs

    David Graeber (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    En 2013, David Graeber, un anthropologue anglais, publie sur Strike ! (magazine radical et en ligne), un article sur « les jobs à la con », soit « une forme d’emploi rémunéré qui est si inutile, superflue ou néfaste que même le salarié ne parvient à justifier son existence ». Paru en plein été, il est aussitôt lu, repris, partagé par des milliers puis des millions de personnes, dans le monde entier. Ce livre en est le dérivé. Il cite des exemples de Bullshit jobs, oblige le lecteur à se poser des questions - « Avez-vous l’impression que le monde pourrait se passer de votre travail ? » ; « Avez-vous déjà pensé que vous seriez plus utile dans un hôpital, une salle de classe, un commerce ou une cuisine que dans un open space situé dans un quartier de bureaux ? » ; « Avez-vous déjà participé à un afterwork avec des gens dont les intitulés de jobs étaient absolument mystérieux ? ». David Graeber, aussi et surtout,… Lire la suite
  • DRH, la machine à broyer

    didier Bille (Cherche Midi, 2018)

    « Recruter, casser, jeter ». Tout est dit dans le sous-titre de ce témoignage livré par un ancien des ressources humaines qui a travaillé pour de grands groupes et s’attache désormais à replacer le lien social, le respect et à la bienveillance au cœur des politique de RH. Didier Bille balance les pratiques qu’il a mises en œuvre. Objectifs inatteignables, injonctions paradoxales, harcèlement moral, évaluations truquées, propagande. Autant de techniques froides et cyniques qui démontrent la collusion entre les ressources humaines et les directions visant à dissoudre le lien social et à instaurer une culture de la peur. Bienvenu dans l’enfer où tous les coups bas sont permis.
  • Un monde à gagner

    Marie-Laure Dufresne-Castets (Don Quichote, 2017)

    Moulinex, Les Contis, Les cinq de Renault Le Mans, la relaxe de Ghislaine, l’affaire Alain Herbert… À travers une dizaine de combats emblématiques, Marie-Laure Dufresne-Castets raconte, de l’intérieur, « la lutte des classes du tribunal ». Avocate en droit du travail, elle a choisi de se mettre aux cotés des travailleurs. « Je suis descendue dans l’arène de leurs luttes et je n’ai plus jamais voulu en sortir ». Elle raconte le cynisme, la violence inouïe de la gestion de la « masse salariale » par le patronat et cette opinion qui gagne les juges que le travail ne « coûte » rien. Bienvenu dans un monde qui plait tant à Macron au point qu’il veut en faire la norme.
  • Manifeste des œuvriers

    Bernard Lubat, Charles Sylvestre, Roland Gori (Actes sud, Les Liens qui libèrent, 2017)

    Alors que Macron légifère le travail à coups d’ordonnances, il est temps de lire ce petit livre salutaire écrit par un trio aussi génial que surprenant : un psychanalyste, un artiste, un journaliste. Ensemble, ils signent un manifeste qui rend hommage aux « œuvriers ». Qui sont-ils ceux que désigne ce mot énigmatique, poétique et engageant ? Ils sont ceux qui disent non à l’accablement du « travail en miettes », refusent les « productions standardisées » et se rebellent contre un monde glacial et désenchanté. Dans leurs activités, dans leur vie et « au travail », ils font oeuvre et la mettent en pratique. Faire oeuvre, pour eux, c’est aimer le travail bien fait dans l’amitié et le goût, gagner sa vie et la partager, renouveler la pratique, des métiers manuels et intellectuels, du geste le plus simple à l’exercice le plus savant. Œuvriers, levez-vous… Lire la suite
  • Changer d’avenir, réinventer le travail et le modèle économique

    Les économistes atterrés (Les Liens qui libèrent, 2017)

    Repenser l’idée même de la croissance, de l’ubérisation de la société, du délitement de la protection sociale, de la profondeur de la crise… Ce collectif d’économistes et de citoyens donnent les clefs pour comprendre le caractère systémique de la crise et propose d’entrer dans un nouveau monde. Les Economistes Atterrés qui s’inscrivent résolument dans la transition écologique, proposent d’autres organisations du travail pour renforcer la solidarité et combattre le précariat. Des idées, des idées et encore des idées pour nous sauver de l’orthodoxie néolibérale. Et donner de solides arguments pour batailler contre.

Environnement et Santé

  • Nous voulons des coquelicots

    Fabrice Nicolino, François Veillerette (Les Liens qui Libèrent , 2018)

    Ce livre est un manifeste. Un manifeste pour la vie, les coquelicots dans les champs de blé, les oiseaux au bord du chemin, les abeilles qui subissent une véritable apocalypse qui les fait disparaître par milliards. Le coupable, tout le monde le connait : ce sont les pesticides, « ces poisons qui détruisent tout ce qui est vivant, ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises ». Semeurs de mort, ils doivent être définitivement éradiqués. Pas demain, maintenant. « L’heure n’est plus à la discussion de salon, il faut se lever, ensemble, dans un soulèvement pacifique de toute la société », lancent les auteurs de cet appel pour l’interdiction des pesticides. Le journaliste-essayiste à Charlie Hebdo et l’ancien président de Greenpeace espèrent que chacun… Lire la suite
  • Éloge des mauvaises herbes . Ce que nous devons à la ZAD

    Collectif (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Soit dix-sept intellectuels, artistes, écrivains, poètes* qui dissertent sur « ce que nous devons à la ZAD », cette zone à défendre qui est bien plus qu’un bout de bocage. Leurs textes ainsi rassemblés racontent que, dans notre monde normé, catalogué, mesuré, peut s’y inventer de nouvelles formes de vie et de liberté. Sur la ZAD, on existe en commun, on cohabite avec la nature, on rêve, on sort de l’emprise du marché. On lutte, on invente, on redonne du sens au travail et à l’agriculture, on prépare les alternatives en occupant les terres. « C’est notre réalité de demain qui prend forme sous nos yeux. C’est une percée de mauvaises herbes ». Une percée de la vie. * David Graeber, Jade Lindgaard, Virginie Despentes, John Jordan, Vandana Shiva, Olivier Abel, Geneviève Pruvost, Bruno Latour, Christophe Bonneuil, Nathalie Quintane, Starhawk, Kristin Ross, Pablo Servigne, Wilfried Lupano, Amandine Gay, Patrick… Lire la suite
  • La guerre des métaux rares

    Guillaume Pitron (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Finies les énergies fossiles. Enfin, nous allons nous affranchir du pétrole, des pollutions, des pénuries et des tensions militaires. Un progrès ? Sauf que nous sommes en train de sombrer dans une nouvelle dépendance : celle des métaux rares - graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène -, ces ressources indispensables à nos voitures électriques, à nos éoliennes, à nos smartphones, à nos ordinateurs. L’avenir qu’on croyait radieux risque d’être encore plus sombre que celui d’aujourd’hui. C’est cette contre-histoire de la transition énergétique que raconte Guillaume Pitron, journaliste pour le Monde Diplo, Géo ou National Geographic. Ce récit clandestin d’une quête généreuse, mais qui charrie des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donnée pour mission de… Lire la suite
  • Être forêts, habiter des territoires en lutte

    Jean-Baptiste Vidalou (Zones, 2017)

    « Nous sommes allés à la rencontre des forêts et de celles et ceux qui les défendent. Nous y avons découvert des continents innombrables, des sentiers inédits, des êtres ingouvernables. Toute une géographie depuis laquelle il était possible, enfin, de respirer », écrit l’auteur qui se présente comme un bâtisseur en pierre sèche et par ailleurs agrégé de philosophie. Ces forêts sont celles des paysans Guerrero du Mexique qui se battent contre les exploitants, des trappeurs du peuple Cri du Canada défendant sa forêt boréale victime de déforestation, des Penan de Bornéo qui s’arment de sarbacanes contre les plantations de palmiers à huile. Sauver la forêt, mais aussi l’habiter pour la protéger, comme du bois de Tronçay à celui de Sivens, de Notre-Dame-des-Landes aux Cévennes. Autant d’espaces à se réapproprier, autant de luttes à mener pour clamer haut et fort que la forêt est bien autre chose qu’une réserve de… Lire la suite
  • Dictionnaire impertinent de la vieillesse

    Alain Jean, Christian Gallopin, Didier Martz, José Polard, Michel Billé (Éres, 2017)

    « Ce n’est pas parce qu’on a un pied dans la tombe qu’on va se laisser marcher sur l’autre » disait François Mauriac. Cette phrase placée en exergue de ce dictionnaire donne le ton : il sera volontairement impertinent et résolument iconoclaste. Nourri par une vingtaine d’auteurs et porté par l’association « EHPAD’côté – les pas de côté » pour dire que les vieux, s’ils sont privés de liberté par l’avancée de l’âge, ne sont pas privés ni d’humour, ni de dignité, ni de besoin d’égalité. Rire pour dissoudre le mépris et pour exploser le dieu unique des Ehpad : la rentabilité. Exemples de définition. Vieillissement réussi : avoir une Rolex avant 50 ans, s’en souvenir après 80 ans. Maladie d’Alzheimer : étranger sans papier, à la fois immigré du temps et émigré de la… Lire la suite

International

  • La mort aux frontières de l’Europe : retrouver, identifier, commémorer

    Collectif Babels, Michel Agier (Le passager clandestin, 2017)

    Tués en tentant de monter dans un camion, dans une rixe ou en fuyant la police ; noyés en mer, définitivement engloutis ou rejeté sur les côtes par les courants de la Méditerranée. Si on parle des migrants, ils ne sont souvent que des nombres ou des statistiques. Ce petit livre réalisé par le collectif Babels qui réunit une quarantaine de chercheurs repartis sur une quinzaine de sites en Europe ou à ses portes, entend cesser cette dématérialisation en parlant de leur corps. Leur identification, leur sépulture. On y lit aussi le témoignage des mères qui manifestent pour leur fils disparu, les objets de commémoration, les histoires de ceux qui ne reviendront plus. Un migrant, un homme à part… Lire la suite
  • Dire non ne suffit plus

    Naomi Klein (Actes Sud, 2017)

    Après La Stratégie du choc (2008), la journaliste canadienne s’empare d’un autre choc, celui provoqué par l’élection de Donald Trump, le 8 novembre 2016. Choc immense, planétaire, effrayant. Noami Klein a jeté toutes ses forces dans la bataille pour comprendre ce qui pour elle n’est pas « une aberration de l’histoire », mais la suite logique d’un long processus au cours duquel se sont imposées les valeurs du capitalisme débridé, incarné par un président qui fait courir des risques majeurs à la planète. Ce livre qui analyse la destruction de l’état-providence sur fond d’attaques frontales contre les communautés vulnérables est aussi un livre de combat, au sens que « dire non ne suffit plus ». Il faut dire oui, c’est à dire tracer – et s’y tenir - la feuille de route des solutions alternatives et démocratiques à adopter « pour faire reculer les populismes et fixer un cap audacieux pour prendre soin du monde que… Lire la suite
  • Méharées et autres textes

    Théodore Monod (Actes Sud, 2017)

    Il aimait passionnément les poissons, surtout les scaridae. Il aimait la biologie, l’écologie, l’humanisme et le désert qu’il a parcouru pendant 60 ans. Théodore Monod est mort en 2000, laissant une œuvre imposante derrière lui. Dans la collection Thesaurus, Actes Sud a rassemblé ses textes les plus importants. Méharées, Maxence au désert, l’Émeraude de Garamantes, Plongées profondes, Majâbat al-Koubrâ. Plus de 1500 pages, comme une initiation au voyage et une ode à la découverte de l’ailleurs, écrites par un éternel marcheur.
  • Black lives matter

    Keeanga-Yamahtta Taylor (Agone/Contre-feux, 2017)

    « Plus qu’un moment, un mouvement » écrit Keeanga-Yamahtta Taylor, militante antiraciste, anticapitaliste et auteur de ce livre qui raconte les luttes du Black Lives Matter (BLM). Enseignante à l’université de Princeton, elle pose une question centrale : comment cette mobilisation afro-américaine contre le racisme systémique envers les noirs a-t-elle pu naître sous le mandat du premier président… noir ? Pour comprendre la grande désillusion provoquée par Obama et la naissance du BLM en 2012, l’auteur plonge dans l’histoire des mouvements sociaux des années 60, analyse l’économie du racisme ainsi que l’essor d’une élite noir prompte à relayer les préjugés racistes et anti-pauvres. En protestant sans cesse contre le profilage racial, « l’inhumanité de la police » et son arsenal militaire, une justice prompte à acquitter les flics tueurs de noirs, le Black Lives Matter pourrait devenir le catalyseur et s’étendre… Lire la suite
  • La machine à tuer, la guerre des drones

    Jeremy Scahill (Lux , 2017)

    Parfaits les drones, avec leur frappe chirurgicale, utiles grâce à leur absence d’affect face à leur cible ? Pas vraiment, assurent les auteurs de ce livre préfacé par Edward Snowden. « Ils ne visent juste qu’une fois sur dix et la plupart du temps, assassinent des personnes qui ne représentent aucune menace » assure Jeremy Scahill. Ce journaliste d’enquête, ancien correspondant de guerre pour le magazine américain La Nation, est formel : « ces engins et ceux qui les commandent à distance font non seulement des victimes innocentes ». En 2012, cette arme a tué plus de 200 personnes au Yémen dont seules 35 représentaient une menace. De plus, ces engins volants affaiblissent le renseignement antiterroriste (il tue au lieu de capturer) et attise la colère des populations affectées par la menace de la mort venue du ciel. La guerre des drones, la sale guerre… Lire la suite

Humour et fiction

  • Ces femmes-là

    Gérard Mordillat (Albin Michel, 2019)

    Daisy, Nadia, Morgane, Nadia, Faustine, Clotilde, Cassandre, Priscilla, Marlène. Mais aussi Julia, Rachel, Sœur Cécile, Bérangère. Une foule de femmes remarquables dont Mordillat dresse le portrait, une multitude de destins individuels qui arme la puissance d’une action collective. Dans cette fresque épique, politique, humaine, il y aussi des hommes. Maxence, Charlie, Roby, Kevin, Vernon. Autant de petites histoires qui font la grande. Et un roman.
  • La boîte à ragoût

    Gérard Mordillat (Éditions La Pionnière, 2018)

    « La boîte à ragoût », c’est ainsi que le père de Mordillat parlait de son ventre. Son oncle « qui avait la fibre philosophique décrivait l’homme comme un œsophage sur une paire de couilles ». Le ton est donné. Cru, drôle, loufoque, personnel, Gérard Mordillat parle de « ses aventures inhospitalières » à l’occasion d’une opération de la vésicule biliaire. On y croise une amoureuse, un Grand Manitou, Hamlet, un dentiste surnommé Picasso, une infirmière, deux infirmières, trois infirmières… sans oublier Mona Lisa et madame Kiki. Le texte avait écrit en 2014, il est republié dans une version enrichie, entièrement « revue et mijotée » et accompagnée de quatre portraits de l’auteur par Alain Fraggi.
  • Le Suaire. Récit en 3 tomes

    Éric Liberge, Gérard Mordillat, Jérôme Prieur (Futuropolis, 2018)

    Après Corpus Christi, soit un documentaire en douze épisodes faisant état des connaissances historiques sur Jésus de Nazareth, Jérôme Prieur et Gérard Mordillat se posent désormais une question essentielle : le Suaire, un linge de 4,42 mètres de long sur 1,13 de large et qui aurait enveloppé le corps du Christ à sa descente de la croix, est-il une relique sacrée ou une arnaque ? Avouez, vous n’y auriez pas pensé … Mais rassurez-vous, dans cette trilogie qui traverse le temps et l’espace, il y a de la passion, de l’amour, de l’excès, de la rivalité, du mensonge et une intrigue captivante. Plus sérieusement, cette bande dessinée portée par le magnifique dessin noir et blanc d’Éric Liberge, repose sur un minutieux travail d’historien comme savent le faire les deux… Lire la suite
  • Bad news. Derniers journalistes sous une dictature

    Anjan Sundaram (Marchialy, 2018)

    C’est l’histoire d’un grand reporter indien dont la qualité du travail est saluée par ses pairs (Reuters en 2006 et le Club Award en 2015). Dans le cadre d’un programme de l’Union européenne, il part enseigner le journalisme au Rwanda. Entre 2009 et 2013, Anjan Sundaram forme des journalistes locaux et les aide à créer des médias indépendants. Jusque-là, tout va bien. Sauf qu’avec le temps, il plonge dans un univers complexe, celui du contrôle de l’information, de l’impossibilité d’exercer son métier, des informations cachées ou tronquées, de la menace qui pèse sur ses élèves et sur les journalistes en général, pour certains surveillés, menacés, traqués, assassinés. Bad news dresse le portrait d’une dictature. Il est un manifeste pour la liberté… Lire la suite
  • L’héritage des espions

    John le Carré (Le Seuil, 2018)

    Est-ce une œuvre de transmission, une sorte de testament qui livre des secrets sur cinquante ans d’histoire ? Le dernier livre de John Le Carré qu’il vient d’écrire à l’âge 86 ans, fait le lien entre l’ancienne et la nouvelle génération d’espions, entremêle le passé et le présent, la mélancolie du souvenir et la morsure quotidienne de la culpabilité. Les temps ont changé. Le bloc communiste n’existe plus. Les jeunes élevés dans un monde dominé par les avocats et les comptes à rendre, n’ont pas de pitié pour les vieux agents qui ont connu la guerre froide. Pourtant le Cirque les tire de leur retraite, rattrapés qu’ils sont par les fantômes de cette époque. Reviennent hanter Alec Leamas et Liz Gold, espions trouvés mort en 1961 au pied du mur de Berlin. Surgissent les enfants de ces deux disparus qui demandent des explications. Qui va payer le sang des innocents sacrifiés sur l’intérêt général… Lire la suite

Jeunesse

  • Les enfants fichus

    Edward Gorey (Le tripode, 2014)

    A pour Amy tombée au bas des escaliers ; B pour Basil surpris par des ours affamés ; C pour Clara lassée, décharnée et malade ; F pour Fanny vidée d’un baiser de sangsue ; Z pour Zillah petite ayant bu trop de gin… Cet abécédaire de morts d’enfants, dessiné à la plume en noir et blanc est écrit et illustré avec minutie, par un dessinateur fantastique, extravagant, excentrique, tragique, prolixe, aimant le ballet de Balanchine, Buffy contre les vampires, le Dit du Genji Raymond Queneau et Astérix. Edward Gorey, mort sur son sofa le 13 avril 2000, est peut-être l’un des dessinateurs le plus original du siècle dernier que cette réédition permet de découvrir en France. Les enfants fichus, The Gashlycrumb Tinies, un de ses premiers livres, est l’objet d’un véritable culte et bon nombre d’artistes s’en sont inspirés. Ainsi Tim Burton en publiant La triste fin du petit enfant huitre et autres histoires. Si Edward… Lire la suite
  • Lettres des îles Baladar

    André François, Jacques Prévert (Gallimard jeunesse, 2007)

    La mer a ses îles préférées, qu’elle protège à grand renfort de brouillards et de tornades. On vivait heureux aux îles Baladar, jusqu’au jour où le Général Trésorier tenta d’y imposer sa loi. Un jour, en effet, les habitants du Grand Continent s’aperçurent que de l’or brillait sur l’île… Voilà, résumé par les éditions Gallimard ce texte illustré par André François, publié pour la première fois en 1977. La suite est délicieuse, pleine de poésie et d’humour, comme sait écrire Jacques Prévert.
  • La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires

    Tim Burton (10/18, 1998)

    Autre grand nom du fantastique, dans la lignée directe d’Allan Poe : Tim Burton. Réalisateur, scénariste, producteur, graphiste, il aime raconter et dessiner des histoires sorties de son imagination si particulière. Celles de ce recueil sont courtes, cruelles, macabres, tendres et poétiques. Un régal pour les grands, une frayeur pour les petits, que cette galerie d’enfants tous plus moches, plus étranges, plus solitaires, plus bizarres et curieux les uns que les autres. Enfant brie, enfant tache, enfant huitre, enfant avec des clous dans les yeux, enfant robot, enfant toxique, fille faite d’ordures, J.C. le jeune carbonisé. Ils coulent, s’enflamment, rêvent, meurent. Ces textes et ses dessins mêlent avec un étrange talent horreur et… Lire la suite
  • Allumette

    Tomi Ungerer (L’École des loisirs, 1997)

    Les trois brigands, Jean de la lune. Qui ne connait pas Toni Ungerer, génial graphiste, créateur multiforme et auteur de livres pour enfants (il a dessiné pour les adultes, mais on ne peut rien en dire dans cette rubrique). Si Allumette, une adaptation – très libre – du conte d’Andersen vous a échappé, courrez l’acheter. Pour vos enfants, pour vous aussi tant les dessins et le texte sont jouissifs. Ne craignez rien, cela se termine bien. Les riches deviennent généreux, les politiques cessent de parler, les militaires se sentent inutiles, les dons affluent du monde entier. C’est une belle histoire, tout est donc inventé. Parce que dans la vraie vie …
  • L’invité douteux

    Edward Gorey (Gallimard / Collection Le Cabinet des lettrés, 1994)

    Dessins somptueux où le gothique se mêle à l’absurde, détail des intérieurs victoriens, surréalisme et fantastique, mystère des romans policiers et poésie de haïkus, maîtrise du trait en noir et blanc créant des clair-obscur : ce petit livre contient tout l’univers et la virtuosité d’Edward Gorey. L’invité douteux raconte l’arrivée dans un manoir d’une créature mystérieuse et taciturne, portant une écharpe bicolore et des baskets de cuir blanc. Les habitants, une famille aristocrate de cinq personnes, voient cet être à l’allure de pingouin bizarre et aux mœurs inattendues, s’installer chez eux et ne plus en partir. Voilà, c’est tout. C’est magnifique.
  • Crasse-Tignasse

    Dr. Heinrich Hoffmann (Les lutins de l’école des loisirs, 1979)

    Dans la préface à ce petit livre paru en 1846, Cavanna qui, en a fait la traduction, « avec quelques libertés », écrit : « la cruauté parfois brutale des histoires, leur moralisme simplet surprendront les parents d’aujourd’hui. J’ajouterai ceci : les enfants en raffolent, et plus c’est cruel, plus ils en redemandent. Tirez-en la conclusion qui vous plaira ». Il s’agit de petits textes en vers racontant dix historiettes, dont celle de Crasse-Tignasse, du méchant Frédéric, du garçon tout noir, du suceur de pouce, de Philippe-qui-gigote, de Jean-regarde-en-l’air, de Robert qui vole. Ces « histoires cocasses et drôles d’images » connurent un immense succès en Allemagne (une centaine d’éditons et de multiples traductions dans le monde). C’est manifestement avec gourmandise que Cavanna s’en était… Lire la suite

Beaux livres

  • Photographie, arme de classe. Photographie sociale et documentaire en France, 1928-1936

    Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke (Textuel - Centre Pompidou, 2018)

    Que s’est il passé dans l’entre-deux-guerres en France, précisément entre 1928 et 1936 ? Quelles représentations avons-nous des travailleurs, des paysans, des luttes, de la police, des femmes, des loisirs, des enfants, des clochards, des mobilisations, des députés, de la montée du fascisme, du pacifisme, de la révolution sociale, des colonies… Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke ont constitué un recueil de la photographie sociale et documentaire en France, de ces huit années. Mêlant textes et images en sépia ou en noir et blanc prises par de jeunes photographes qui deviendront célèbres (Henri Cartier-Bresson, Gisèle Freund, Willy Ronis, Eli Lotar, par exemple), ils montrent comment à travers des nouvelles pratiques photographiques est née une grammaire visuelle et graphique portée par un foisonnement de magazines, brochures, tracts et affiches. Grâce à près de cent œuvres, certaines… Lire la suite
  • Les Shadoks, une odyssée en couleurs

    Thérèse Willer (Editions des Musées de la ville de Strasbourg, 2018)

    Ce livre est un hommage à ces drôles de bestioles, échassiers improbables qui envahirent le petit écran et divisèrent la France entre shadokophiles et shadokophobes. Apparus en avril 1968, dessinés par Jacques Rouxel et immortalisés par la voix de Piéplu, les Shadoks ont eu droit à une retrospective au musée de Strasbourg. Ce livre est celui de l’exposition qui montre leur dessins, les esquisses, la fabrication des petits films d’animation. Retour vers le futur. Surtout n’oubliez pas ce que disait leur créateur : « certains ont voulu voir je ne sais quoi dans les Shadoks : il n’y a rien ! C’est gratuit ! ». Là réside, peut-être, leur succès légendaire. Celui de l’exposition tient à la découverte de ces planches originales qui étaient en couleur, mais ça, les téléspectateurs ne le savaient pas : les écrans étaient alors en noir et… Lire la suite
  • La banlieue en couleur

    Robert Doisneau (La découverte, 2017)

    En 1984, la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire) commande à douze photographes - ils deviendront vingt-huit devant l’ampleur du projet - de « représenter le paysage français des années 1980 ». Cette mission devenue légendaire sélectionnera 2000 images parmi 200 000 prises de vue réalisées tout au long de milliers de kilomètres parcourus à travers la France. Raymond Depardon et Josef Koudelka sont parmi ces photographes. Pour l’occasion, Robert Doisneau revient sur son territoire d’élection, la banlieue qu’il avait longuement photographiée. Regarder ces clichés rassemblés dans ce livre, provoque un double trouble. L’un parce qu’ils témoignent de l’incroyable importance des changements urbains. L’autre parce que ses sont ses premières photos en… Lire la suite
  • L’Humanité, figures du peuple. Une plongée dans les archives photographiques du journal

    Danielle Tartakowsky (Flammarion, 2017)

    Feuilleter ce bel ouvrage qui met en lumière les photos rarement montrées du quotidien, c’est se faire emporter par une vague de souvenirs (même si on ne les a pas vécus), de combats (même si on vous les a racontés), de poings levés, de grèves, de mobilisations (même si à cette époque vous n’étiez pas nés). Le temps semble suspendu. La puissance des images en noir et banc explose. Cette plongée dans les archives, rythmée par les évènements marquants du XXe, est une traversée du siècle commencée en 1904. Livre de photos, mais aussi livre d’histoire.
  • Charmes de Londres

    Izis, Jacques Prévert (Cherche Midi, 2017)

    Dans cette ville de débrouille et de misère, sous le brouillard et le long de la Tamise, « à l’endroit des épousailles d’un fleuve et d’un peuple », se promènent un poète et un photographe. De ces déambulations, ils ont en fait un livre paru en 1952 qui vient d’être réédité. L’occasion de rêver, comme on rêverait en bilingues, l’une visuelle, l’autre poétique. Page de droite, une photo noir et blanc plein cadre, page de gauche un texte de longueur variable. C’est beau, c’est bouleversant. Parce que c’était eux.

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Le 13 mars 2010 Jean Ferrat prenait le dernier train. On n’oublie pas... FERRAT, C’EST NOUS TOUS ! Des chansons, des archives, des inédits… Accès libreVoir

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Il y a 13 ans, le 13 mars, Jean Ferrat prenait le dernier train. On n’oublie pas, car Ferrat, c’est nous tous. La montagne, c’est chez nous, les marins de Potemkine, c’est nos frères, ma môme, c’est la mienne, la nuit et le brouillard, c’est en nous, c’est nous qui ne guérissons pas de notre enfance, c’est nous qui aimons à perdre la raison.

Une série d’histoires dans les luttes pour l’émancipation, racontées par Olivier Besancenot Qui a inventé le 8 mars ? AbonnésVoir

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C’est maintenant à peu près acquis pour tout le monde, le 8 mars n’est pas la journée « de la femme », mais la « journée internationale des droits des femmes ». Un jour de manifestations et de grèves qui semble connaître un nouveau souffle avec le mouvement féministe récent, qui lutte autant contre les violences sexistes et sexuelles que pour réduire les inégalités salariales et améliorer les conditions de travail des métiers majoritairement exercés par des femmes. Mais saviez-vous qu’aux origines de cette journée du 8 mars se trouvait l’Internationale socialiste des femmes ?