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Les bouquins de LÀ-BAS

La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

Vos avis et conseils sont bienvenus !

La sélection

Biographie

  • Balzac, Paris

    Eric Hazan (La fabrique, 2018)

    Ici, « tout fume, tout brûle, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, s’évapore, s’éteint, se rallume, étincelle, pétille et se consomme » écrivait Balzac dans Le Mendiant. Ici, c’est Paris, sa ville avec laquelle l’auteur de La Comédie humaine entretient une passion amoureuse. Éric Hazan, avec le talent d’arpenteur qu’on lui connait, lui redonne vie. On le suit dans les rues et les quartiers de Paris au gré de ses rêveries et de ses personnages. On l’accompagne dans ses nombreux déménagements afin d’échapper à ses créanciers. Éric Hazan raconte ses démêlés avec ses éditeurs, ses malheurs au théâtre, sa passion des journaux, de la politique et le bonheur de ses multiples amis. Ce livre est, à travers le temps et l’espace, les lieux et les personnages, l’exploration de l’univers balzacien dont Paris est la clef de voute.
  • Martin Luther King. Une biographie intellectuelle et politique

    Sylvie Laurent (Seuil, 2015)

    Qui est Martin Luther King ? La réponse tout le monde la connait : un pasteur afro-américain qui eut un rêve et qui fut assassiné pour avoir lutter pour les droits civiques et l’égalité des Noirs. La suite, vous la trouverez dans la biographie écrite par Sylvie Laurent, américaniste, agrégée d’histoire et docteur en littérature américaine. Un travail nécessaire pour mieux connaitre cet homme aussi universellement célébré que mal connu. Ces pages redonnent la force révolutionnaire de sa pensée et la brutalité de l’oppression contre laquelle il s’insurgeait. Ainsi, par exemple, qui se souvient qu’à peine un an après avoir reçu le prix Nobel de la paix, en 1964, Martin Luther King déclarait que son rêve était devenu un cauchemar en raison de l’enracinement du système… Lire la suite
  • Souvenirs et solitude

    Jean Zay (Belin, 2011)

    Jean Zay (1904-1944), jeune ministre de l’Éducation nationale et des Beaux arts du Front populaire, fut constamment attaqué par l’extrême droite comme républicain, juif, protestant, franc-maçon et désigné comme l’homme à abattre. En octobre 1940 il est condamné à la déportation par le tribunal de Clermont-Ferrand aux ordres de Vichy, emprisonné à Riom, jusqu’au jour où – le 20 juin 1944 – des miliciens le font sortir de prison pour aller le massacrer dans un bois.
  • Les tribulations d’un idéologue

    Victor Leduc (Galaad, 2006)

    " Né communiste ", fils d’un ouvrier bolchevik qui doit quitter la Russie après la Révolution de 1905 et s’engage en 1914 dans l’armée française, Victor Leduc connaît dès les années 1930, au Quartier latin, ses premiers démêlés avec les ligues d’extrême droite… et la police. Résistant aux côtés de Jean-Pierre Vernant, Jeanne Modigliani ou Lucie Aubrac, il devient à la Libération directeur d’Action, hebdomadaire à la fois communiste et indépendant qui meurt au premier gel de la guerre froide. Permanent au Comité central, responsable des cercles d’intellectuels communistes, Victor Leduc nous fait pénétrer au coeur du laboratoire idéologique du PCF. De l’intérieur d’abord, puis en dehors du Parti, il poursuit le même combat pour la démocratie.
  • Victor Serge. Mémoires d’un révolutionnaire et autres écrits politiques -1908-1947

    Victor Serge (Robert Laffont, 2001)

    Anarchiste né à Bruxelles en 1890, il rejoint la Révolution russe en 1919, avocat du bolchévisme et des acquis d’Octobre 17, il ne tarde pas à dénoncer Staline. Il passe du côté de Trotsky. Déporté dans l’Oural, il s’enfuit et devient la cible du Komintern ce qui ne l’empêche pas de dénoncer purges et procès, ainsi que les attaques de l’URSS contre les partisans du POUM qui se battent en Espagne. En 1937, il rompt avec Trotsky et finira au Mexique, indigent, esseulé, poursuivant sa trajectoire, celle d’ « un écrivain majeur qui sut dire non en écoutant sa seule conscience d’homme. »

Médias

  • Berlin, 1933. La presse internationale face à Hitler

    Daniel Schneidermann (Le Seuil, 2018)

    Que faisaient les quelques 200 journalistes occidentaux en poste à Berlin quand Hitler arrive au pouvoir en janvier 1933 ? Pourquoi ces correspondants américains, britanniques, français, représentants de journaux attachés à la liberté de la presse et à la démocratie, n’ont-ils pas prévenu le monde sur la barbarie dont la mise en place était perceptible dès le début ? Comment a pu se produire cet aveuglement collectif de la presse internationale face à Hitler qui ouvrira la voie à partir de 1941, au déni planétaire de la Shoah ? En retraçant la vie quotidienne des journalistes occidentaux dont les interlocuteurs s’appelaient Goering ou Goebbels, Daniel Schneidermann, fondateur et animateur d’Arrêt sur Images, pose des questions essentielles sur l’exercice de la profession. Il… Lire la suite
  • Journaliste, syndicaliste, communiste. Trente-sept ans d’un combat dans l’audiovisuel

    Jean-François Téaldi (Tirésias-Michel Reynaud, 2017)

    C’est une histoire de l’audiovisuel français comme on ne vous l’avait jamais racontée, celle vue à travers le témoignage d’un journaliste qui a participé à toutes les discussions sociales importantes qui contribuèrent à assurer sa pérennité. Le récit de Jean-François Téaldi fourmille d’anecdotes inédites où l’on comprend qu’« il n’a pas été facile d’être communiste dans une télévisions publique longtemps contrôlée par le pouvoir politique » comme l’écrit l’ancien président de France télévisions, Hervé Bourges dans la préface à cet ouvrage de près de 400 pages. On croise également Jacques Médecin, Christian Estrosi, Bernard Tapie, Jean-Marie Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou encore Nicolas Sarkosy. On apprend aussi comment se sont menés en interne les nombreux combats pour la défense des droits au travail.

Politique

  • Quand la gauche essayait. Les leçons du pouvoir 1924, 1936, 1944, 1981

    Serge Halimi (AGONE, 2018)

    Étudier et comparer les réalisations et les échecs de la gauche française, de cartel des gauches (1924-1926), au Front Populaire (1936-1938), à la Libération (1944-1947) et aux cinq premières années de la présidence de Mitterrand (1981-1986). Tel est l’exercice auquel s’est livré notre ami Serge Halimi, directeur du Monde Diplomatique. Il explique comment « la gauche au pouvoir a caboté entre deux récifs : tantôt sa volonté de transformation sociale butant sur les contraintes imposées par l’ordre capitaliste, tantôt sa pratique du pouvoir devançait les exigences de ses adverses ». L’étude de cette tension permanente entre audace et enlisement, espérance et renoncement est d’autant plus intéressante qu’elle éclaire les raisons de la dilution de la gauche qui s’est elle-même « construit les barreaux de sa cage de verre ».

Histoire

  • Ce que peut le cinéma

    Alain Brossat, Jean-Gabriel Périot (La découverte, 2018)

    Comment se fabrique la mémoire ? Comment appréhender les archives ? Comment remonter le temps ? Plus globalement quels liens les images entretiennent avec la politique et l’histoire ? Pour répondre à ces interrogations, deux hommes qui travaillaient sans se connaître sur des sujets communs (l’univers carcéral, les femmes tondues à la Libération, le désastre nucléaire), ont décidé de confronter leurs expériences. Dans un dialogue, Jean-Gabriel Périot, réalisateur, et Alain Bossat, professeur de philosophie, confrontent leur point de vue, décortiquent le rôle de ceux qui fabriquent les films (réalisateurs, acteurs, financeurs, spectateurs), et la manière dont ils sont fabriqués (musique, commentaires , génériques).En posant à nouveau la question, certes pas nouvelle… Lire la suite
  • Les brigades rouges, une histoire italienne

    Mario Moretti, Rossana Rossanda et Carla Mosca (Editions Amsterdam, 2018)

    Mario Moretti est l’un des principaux dirigeants des Brigades rouges, arrêté et incarcéré en 1981, trois ans après avoir exécuté Aldo Moro, président de la Démocratie chrétienne au pouvoir. De sa prison de Milan où il purge une condamnation perpétuité –depuis 1998, il est placé sous le régime de semi-liberté et doit dormir en prison tous les soirs-, il donne un long entretien a deux journalistes italiennes. Paru en 1994, provoquant de nombreuses polémiques, le témoignage de Mario Moretti est un des plus importants des Brigades rouges. Cet ouvrage retrace, année par année, le fonctionnement, l’idéologie, les dissensions internes de cette organisation révolutionnaire les plus. Il éclaire l’émergence de ce mouvement massif… Lire la suite
  • L’écran rouge. Syndicalisme et cinéma de Gabin à Belmondo

    Tangui Perron (Les éditions de l’atelier, 2018)

    Le ciel est à vous, La bataille du rail, Antoine et Antoinette, La Marseillaise, un cinéma qui se voulait « pour le peuple et par le le peuple ». Cet ouvrage veut raviver une histoire oubliée du cinéma français qui fut l’objet de nombreux combats, des années trente à la fin des années cinquante. En quatre chapitres - Un long Front populaire, La guerre et ses galeries, De beaux lendemains, la Défense du cinéma français-, les auteurs revisitent les fondations sociales et politiques du cinéma français à laquelle les syndicats et militants ont largement contribué. Il y a les temps forts : l’occupation des studios en 1936, la renaissance du festival de Cannes, la mobilisation populaire pour les ciné-clubs, les comités de défense, l’action auprès des parlementaires, la création d’aides… Lire la suite
  • La moustache du soldat inconnu

    Jérôme Prieur (Seuil, 2018)

    1918-2018. Pour célébrer le centenaire de la fin de la première guerre mondiale, Jérôme Prieur, écrivain, cinéaste, a pris la plume à sa manière : personnelle, intime. « Depuis l’enfance, j’ai voulu écrire mes souvenirs de la guerre de 14 », écrit-il « avec leur moustache, leur képi, leur casque, n’ont-ils pas tous l’air de se ressembler, ces soldats. Alors j’ai laissé les revenants m’approcher. J’ai fouillé leurs visages, leurs photos et même un petit film tourné au front ». Cette cohorte de disparus, de fantômes relégués dans les secrets de famille reprennent vie. Et nous rappelle que l’Histoire est d’abord celle des hommes.
  • La guerre civile en France, 1958-1962. Du coup d’État gaulliste à la fin de l’OAS

    Grey Anderson (La fabrique, 2018)

    Mai 1958, qui s’en souvient ? Qui veut s’en souvenir ? Qui célèbre ce mai, alors que celui survenu en 68 est toujours commenté ? Les réponses sont dans ce livre écrit par un historien américain : « si mai 68 est un moment joyeux et solaire, les quatre années de guerre civile qui s’écoulent entre la prise du Gouvernement général d’Alger le 1er mai 1958 à la fin de l’OAS au printemps 1962, n’ont rien que l’on aime se rappeler ». Et pour cause : ce fut « le temps de la haine et de la violence extrêmes, de l’usage généralisé de la torture, des exactions policières contre les Algériens révoltés et ceux qui les soutiennent, le mensonge officiel qui présente le retrait d’Algérie et le complot initial comme le triomphe de la démocratie ».… Lire la suite

Économie et Finance

  • Foucault, Bourdieu et la question néo libérale

    Christian Laval (La découverte, 2018)

    Chacun à leur manière, et avec des styles très différents, ces deux intellectuels français se sont intéressés à la question du néolibéralisme - Michel Foucault dans les années 70, Pierre Bourdieu dans années 90. Christian Laval, agrégé de sciences sociales et professeur de sociologie à Nanterre, examine l’originalité et la cohérence de leurs recherches, leurs limites et les points aveugles pas encore explorés. Cet ouvrage permet de faire comprendre en quoi les travaux de Foucault et Bourdieu sont incontournables pour comprendre le mode de pouvoir actuel et réfléchir à cette question centrale : quelle nouvelle politique faut-il inventer pour mener ce combat central du XXIe siècle ?
  • Le système dette

    Éric Toussaint (Les Liens qui Libèrent, 2017)

    Historien, docteur en sciences-politiques et porte-parole du CADTM international (Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes), Éric Toussaint retrace l’histoire des dettes souveraines et de leur répudiation. Il nous emmène en Amérique Latine, en Chine, en Tunisie, en Égypte et en Grèce bien-sûr, replonge dans les racines du mal où à partir du XIXe siècle le recours à l’endettement devient un des bras armés du capitalisme pour mettre sous tutelle des économies entières. Tout au long de ces pages, Éric Toussaint martèle une évidence que le système ne veut pas entendre : la pratique de la dette n’est pas inéluctable. La preuve, des états ont réussi à annuler les leur, Mexique, Cuba, Costa Rica et la Russie des Soviets. Les dictatures ont toujours une fin.
  • Enrichissement. Une critique de la marchandise

    Arnaud Esquerre, Luc Boltanski (Gallimard, 2017)

    Dans cet ouvrage, ces deux sociologues analysent les profondes transformations du capitalisme. Basé sur le développement industriel, puis constatant son déclin, il s’est tourné vers la marchandisation d’autres objets comme les arts, la culture le commerce d’objets anciens, la création de fondations, l’industrie de luxe, le tourisme… L’ampleur de ce changement amorcé depuis le dernier quart du XXe siècle, a profondément modifié la création des richesses dans l’Europe de l’ouest. Ce type d’économie, les auteurs l’appellent économie de l’enrichissement parce qu’elle repose moins sur la production de choses nouvelles qu’elle entreprend d’enrichir les choses déjà là.

Sociologie

  • Contre-discours de mai

    François Cusset (Actes Sud, 2008)

    Pour ceux que les anniversaires énervent -en particulier celui de mai 68-, ce petit livre de François Cusset est le vôtre. Il méprise sa célébration et dénonce ce que les « embaumeurs et les fossoyeurs de 68 ne disent pas à leurs héritiers ». Ses mots sont sans équivoque : « à chaque commémoration, les embaumeurs ressortent leurs oripeaux photographiques. Ils nous remâchent les camaraderies d’anciens combattants, s’arrogent les rôles de premier plan et momifient l’épisode soixante-huitard pour la plus grande joie des fossoyeurs, leurs alliés, qui parlent d’à tout jamais “liquider l’héritage” ». Pour cet historien des idées, ces deux camps apparemment opposés font œuvre commune. « Il est important de comprendre que le mausolée qu’ils honorent ou méprisent a… Lire la suite
  • Interventions 1961-2001

    Pierre Bourdieu (Agone, 2002)

    Le 23 janvier 2002, meurt Pierre Bourdieu, un des plus importants sociologues de la deuxième moitié du XXe siècle, un des plus influents intellectuel français et un des plus critiqués. Ce recueil de textes permet, non seulement de regrouper ses nombreuses contributions « politiques » ou « critiques » mais de retracer la genèse d’un mode d’intervention politique spécifique : science sociale et militantisme, loin de s’opposer, peuvent être conçus comme les deux faces d’un même travail d’analyse, de décryptage et de critique de la réalité sociale pour aider à sa transformation. Preuve qu’un mandarin, comme Pierre Bourdieu - il fut entre autre professeur au Collège de France - peut et doit descendre dans la rue. Sa parole s’en trouvera plus audible et plus forte.
  • L’institution imaginaire de la société

    Cornelius Castoriadis (Le seuil, 1999)

    Publié il y a plus de quarante ans, cet ouvrage a été salué comme une des œuvres majeures de la deuxième moitié du XXe. Au carrefour de la politique, de la philosophie, de la psychanalyse et de la science, l’œuvre de ce philosophe français d’origine grecque est aussi inclassable que puissante. Dans ce livre, il disserte sans concession de « la pensée héritée » sur la politique, la société et l’histoire. On explosant les frontières disciplinaires des sciences humaines, Cornélius Castoriadis aborde des notions comme l’autonomie, l’imaginaire ou l’émancipation qui aujourd’hui continuent d’influencer de nombreux intellectuels de gauche.
  • La misère du monde

    Pierre Bourdieu (Seuil, 1993)

    Cet ouvrage collectif est un monument. À sa sortie, il a fait l’effet d’un feu d’artifice d’intelligence, de découvertes, de contenus et de méthodes. Pendant trois ans, et pour la première fois, vingt-deux sociologues se sont rendus auprès d’ouvriers, d’employés, de paysans, de flics, de chômeurs, de commerçants. Ils sont allés dans les familles, la ville, l’école, l’usine. Ils ont rapporté leur propos dans ce recueil épais de 950 pages. Leurs maux et leurs mots témoignent du mal de vivre de ceux qui ont si peu de moyen de se faire entendre. Ce livre propose une autre façon de faire de la politique. On y explique, notamment, que les solutions ne se trouvent pas dans les banlieues elles-mêmes, tout simplement parce que les causes des problèmes ne sont pas dans les cités, mais ailleurs, souvent au cœur même de l’État. C’était il y a vingt-cinq ans. Depuis, rien n’a changé.

Travail et luttes sociales

  • Working

    Studs Terkel (Ça et là, Amsterdam, 2010)

    Working est un recueil d’entretiens de soixante-dix personnes qui parlent de leur travail, des sentiments qu’il lui inspire, réalisés en 1974, par un des journalistes radio les plus connus aux Etats-Unis, Studs Terkel. Avec intelligence, pertinence, humour et gravité, ils racontent les conditions de leur vie laborieuse. Ces témoignages oraux ont été adaptés en bande dessinés. Dix-huit dessinateurs ont mis en images une sélection de vingt-huit récits : une serveuse, une fermière, un mineur et sa femme, un ouvrier agricole, un syndicaliste, un fossoyeur, une nourrice, un éboueur, un pianiste d’ambiance, un courtier, un coiffeur, un joueur de base-ball, un musicien de jazz, etc…À travers eux, se dessine un portrait de l’évolution du travail. Ils enrichissent l’histoire sociale de l’Amérique.

International

  • Les communistes et l’Algérie. Des origines à la guerre d’indépendance, 1920-1962

    Alain Ruscio (La découverte, 2019)

    "Des origines à la guerre d’indépendance, 1920-1962". Tel est le sous-titre de cette somme exceptionnelle réalisée par l’historien Alain Ruscio, spécialiste des colonies françaises, qui propose une lecture érudite et accessible des politiques communistes de deux cotés de la méditerranée durant quatre décennies. Cette plongée dans les méandres du positionnement du communisme face à la question coloniale est novatrice tant sur le fond que sur la méthode. L’historien a en effet eu accès à tous les fonds d’archives désormais accessibles, des documents totalement nouveaux, des épisodes ignorés ou mal connus, l’évocation d’un grand nombre d’acteurs qui donnent chair à cette saga complexe, où les différentes lignes politiques se succèdent et cohabitent avec des logiques et des pratiques parfois divergentes. Une épopée qu’il fallait écrire.
  • Ayacucho

    Alfredo Pita (Métailié, 2018)

    Ayacucho est une ville des Andes péruviennes dont le nom, en quechua, signifie « ville de sang ». Un mauvais présage. Alfredo Pita est venu y travailler comme journaliste, après le massacre dans un village voisin de huit reporters. C’était le 26 janvier 1983, à Uchuraccay. Ils étaient venus de Lima pour enquêter sur le massacre de 135 des 470 habitants de ce petit village, perpétré quelques semaines plutôt par l’armée péruvienne en représailles aux actions sanglantes du Sentier Lumineux. Alfredo Pita doit fuir la région, s’installe à Paris et raconte cette histoire sous forme de roman qui plonge dans l’horreur d’une sale guerre silencieuse et dans les drames du Pérou des années 1980. Il rend un hommage à ces victimes abattues dans l’air pur d’Ayacucho où plane pour toujours une odeur de mort.
  • Méharées et autres textes

    Théodore Monod (Actes Sud, 2017)

    Il aimait passionnément les poissons, surtout les scaridae. Il aimait la biologie, l’écologie, l’humanisme et le désert qu’il a parcouru pendant 60 ans. Théodore Monod est mort en 2000, laissant une œuvre imposante derrière lui. Dans la collection Thesaurus, Actes Sud a rassemblé ses textes les plus importants. Méharées, Maxence au désert, l’Émeraude de Garamantes, Plongées profondes, Majâbat al-Koubrâ. Plus de 1500 pages, comme une initiation au voyage et une ode à la découverte de l’ailleurs, écrites par un éternel marcheur.
  • Black lives matter

    Keeanga-Yamahtta Taylor (Agone/Contre-feux, 2017)

    « Plus qu’un moment, un mouvement » écrit Keeanga-Yamahtta Taylor, militante antiraciste, anticapitaliste et auteur de ce livre qui raconte les luttes du Black Lives Matter (BLM). Enseignante à l’université de Princeton, elle pose une question centrale : comment cette mobilisation afro-américaine contre le racisme systémique envers les noirs a-t-elle pu naître sous le mandat du premier président… noir ? Pour comprendre la grande désillusion provoquée par Obama et la naissance du BLM en 2012, l’auteur plonge dans l’histoire des mouvements sociaux des années 60, analyse l’économie du racisme ainsi que l’essor d’une élite noir prompte à relayer les préjugés racistes et anti-pauvres. En protestant sans cesse contre le profilage racial, « l’inhumanité de la police » et… Lire la suite
  • Un chant d’amour. Israël-Palestine, une histoire française

    Alain Gresh (La Découverte, 2017)

    Alain GRESH est à la fois l’un des observateurs les plus engagés et les plus respectés sur le Moyen-Orient. Depuis longtemps il s’attache avec succès à expliquer cette histoire à un grand public. Cette fois, avec des dessins superbes d’Hélène ALDEGUER, « UN CHANT D’AMOUR » raconte le conflit israélo-palestinien sous l’angle de cette France qui abrite les communautés juives et musulmanes les plus importantes d’Europe.

Humour et fiction

  • Le Talon de fer

    Jack London (Libertalia, 2016)

    S’il est un livre qui appartient au patrimoine mondial de l’anticipation, c’est bien Le Talon de fer. Jack London imagine une révolution socialiste où les révoltes ouvrières, les grèves générales, sont étouffées par une impitoyable répression rationnelle et standardisée, et ce grâce à l’alliance entre les riches et les aristocrates du syndicalisme. En imaginant la société future des Etats-Unis, il la pousse jusqu’à sa forme extrême, le fascisme. Ce classique de la révolte est aussi une histoire d’amour et une formidable description de la misère sociale de la classe ouvrière nord-américaine, qu’il appelle à la révolution armée comme le remède à la destruction du peuple voulue par l’oligarchie capitaliste.
  • Unlucky young men

    Eiji Otsuka, Kamui Fujiwara (Latitudes-Ki-oon, 2016)

    Deux volumes, deux maîtres du manga qui ont conjugué leur talent pour dessiner et écrire cette saga japonaise, aux frontières du polar et de la chronique sociale. Dessins précis, mise en scène impeccable, lecture encouragée par une belle maquette qui joue avec le noir et blanc, Unluncky young men raconte le Tokyo des années 60 secoué par le terrorisme et les révoltes étudiantes qui tournent à l’émeute. Cette fiction-réalité très documentée mélange de véritable figures historiques (les écrivains Kenzaburo Oe et Yukio Mishima et le tueur en série Norio Nagayama) à un scénario où les deux héros fomentent l’attaque d’un fourgon transportant 300 millions de yens. Leur but : financer la production d’un film construit à partir du scénario de l’un d’eux et qui dresse la… Lire la suite
  • Kamasutra des grenouilles

    Tomi Ungerer (Éditions des Musées de Strasbourg, 2015, 2015)

    Par devant, par derrière, les grenouilles s’envoient en l’air. Sous le trait de crayon génial, lubrique et joyeux de Tomi Ungerer, à une, à deux, à trois, à plusieurs, elles s’adonnent à tous les plaisirs et positions du Kamasutra. Et cela se voit qu’elles aiment ça. Un régal de drôlerie et de plaisir communicatif.
  • Aden Arabie

    Paul Nizan (La Découverte, 2015)

    « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie » écrivait Paul Nizan dans une rage qui nourrit ce petit livre célèbre. Récit de voyage, essai, pamphlet, il met en scène un jeune homme que tout menace de ruine, l’amour, les idées, la perte de sa famille, l’entrée dans le monde. Jean-Paul Sartre qui en fit sa préface écrivait : « Nizan, c’était un trouble-fête. Il appelait aux armes, à la haine : classe contre classe, avec un ennemi patient et mortel, il n’y a pas d’accompagnement, tuer ou se faire tuer : pas de milieu. Et ne jamais dormir. Il avait répété toute sa vie, avec sa gracieuse insolence, le regard baissé sur ses ongles : ne croyez pas au père Noël ». Promis.
  • Mon ami Dahmer

    Derf Backderf (Ça et Là, 2013)

    Dans une petite ville de l’Ohio, non loin de Cleveland, deux ados entrent au collège, se lient d’amitié et termineront leur scolarité ensemble. L’un, Jeffrey Dahmer, deviendra un des plus grand sérial killer américain, surnommé le « cannibale de Milwaukee », le second devenu dessinateur racontera leur histoire dans un roman graphique stupéfiant. Derf Backderf a mis vingt ans à publier ce récit qui raconte la descente aux enfers de Jeff, que l’auteur décrit comme « un gamin farfelu de 13 ans à l’ado luttant contre les pensées obscures qui le submergent jusqu’au moment fatidique », celui où il commet son premier meurtre. Il y en avouera dix-neuf, sera condamné à 957 ans de prison et sera assassiné dans sa cellule. C’est après sa mort que Derf Backderf se lancera dans… Lire la suite

Jeunesse

  • Les enfants fichus

    Edward Gorey (Le tripode, 2014)

    A pour Amy tombée au bas des escaliers ; B pour Basil surpris par des ours affamés ; C pour Clara lassée, décharnée et malade ; F pour Fanny vidée d’un baiser de sangsue ; Z pour Zillah petite ayant bu trop de gin… Cet abécédaire de morts d’enfants, dessiné à la plume en noir et blanc est écrit et illustré avec minutie, par un dessinateur fantastique, extravagant, excentrique, tragique, prolixe, aimant le ballet de Balanchine, Buffy contre les vampires, le Dit du Genji Raymond Queneau et Astérix. Edward Gorey, mort sur son sofa le 13 avril 2000, est peut-être l’un des dessinateurs le plus original du siècle dernier que cette réédition permet de découvrir en France. Les enfants fichus, The Gashlycrumb Tinies, un de ses premiers livres, est l’objet d’un véritable culte et… Lire la suite
  • Lettres des îles Baladar

    André François, Jacques Prévert (Gallimard jeunesse, 2007)

    La mer a ses îles préférées, qu’elle protège à grand renfort de brouillards et de tornades. On vivait heureux aux îles Baladar, jusqu’au jour où le Général Trésorier tenta d’y imposer sa loi. Un jour, en effet, les habitants du Grand Continent s’aperçurent que de l’or brillait sur l’île… Voilà, résumé par les éditions Gallimard ce texte illustré par André François, publié pour la première fois en 1977. La suite est délicieuse, pleine de poésie et d’humour, comme sait écrire Jacques Prévert.
  • Allumette

    Tomi Ungerer (L’École des loisirs, 1997)

    Les trois brigands, Jean de la lune. Qui ne connait pas Toni Ungerer, génial graphiste, créateur multiforme et auteur de livres pour enfants (il a dessiné pour les adultes, mais on ne peut rien en dire dans cette rubrique). Si Allumette, une adaptation – très libre – du conte d’Andersen vous a échappé, courrez l’acheter. Pour vos enfants, pour vous aussi tant les dessins et le texte sont jouissifs. Ne craignez rien, cela se termine bien. Les riches deviennent généreux, les politiques cessent de parler, les militaires se sentent inutiles, les dons affluent du monde entier. C’est une belle histoire, tout est donc inventé. Parce que dans la vraie vie …
  • L’invité douteux

    Edward Gorey (Gallimard / Collection Le Cabinet des lettrés, 1994)

    Dessins somptueux où le gothique se mêle à l’absurde, détail des intérieurs victoriens, surréalisme et fantastique, mystère des romans policiers et poésie de haïkus, maîtrise du trait en noir et blanc créant des clair-obscur : ce petit livre contient tout l’univers et la virtuosité d’Edward Gorey. L’invité douteux raconte l’arrivée dans un manoir d’une créature mystérieuse et taciturne, portant une écharpe bicolore et des baskets de cuir blanc. Les habitants, une famille aristocrate de cinq personnes, voient cet être à l’allure de pingouin bizarre et aux mœurs inattendues, s’installer chez eux et ne plus en partir. Voilà, c’est tout. C’est magnifique.

Beaux livres

  • Photographie, arme de classe. Photographie sociale et documentaire en France, 1928-1936

    Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke (Textuel - Centre Pompidou, 2018)

    Que s’est il passé dans l’entre-deux-guerres en France, précisément entre 1928 et 1936 ? Quelles représentations avons-nous des travailleurs, des paysans, des luttes, de la police, des femmes, des loisirs, des enfants, des clochards, des mobilisations, des députés, de la montée du fascisme, du pacifisme, de la révolution sociale, des colonies… Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke ont constitué un recueil de la photographie sociale et documentaire en France, de ces huit années. Mêlant textes et images en sépia ou en noir et blanc prises par de jeunes photographes qui deviendront célèbres (Henri Cartier-Bresson, Gisèle Freund, Willy Ronis, Eli Lotar, par exemple), ils montrent comment à travers des nouvelles pratiques photographiques… Lire la suite
  • Les Shadoks, une odyssée en couleurs

    Thérèse Willer (Editions des Musées de la ville de Strasbourg, 2018)

    Ce livre est un hommage à ces drôles de bestioles, échassiers improbables qui envahirent le petit écran et divisèrent la France entre shadokophiles et shadokophobes. Apparus en avril 1968, dessinés par Jacques Rouxel et immortalisés par la voix de Piéplu, les Shadoks ont eu droit à une retrospective au musée de Strasbourg. Ce livre est celui de l’exposition qui montre leur dessins, les esquisses, la fabrication des petits films d’animation. Retour vers le futur. Surtout n’oubliez pas ce que disait leur créateur : « certains ont voulu voir je ne sais quoi dans les Shadoks : il n’y a rien ! C’est gratuit ! ». Là réside, peut-être, leur succès légendaire. Celui de l’exposition tient à la découverte de ces planches originales qui étaient en couleur, mais ça, les téléspectateurs ne le savaient pas : les écrans étaient alors en noir et blanc…
  • La banlieue en couleur

    Robert Doisneau (La découverte, 2017)

    En 1984, la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire) commande à douze photographes - ils deviendront vingt-huit devant l’ampleur du projet - de « représenter le paysage français des années 1980 ». Cette mission devenue légendaire sélectionnera 2000 images parmi 200 000 prises de vue réalisées tout au long de milliers de kilomètres parcourus à travers la France. Raymond Depardon et Josef Koudelka sont parmi ces photographes. Pour l’occasion, Robert Doisneau revient sur son territoire d’élection, la banlieue qu’il avait longuement photographiée. Regarder ces clichés rassemblés dans ce livre, provoque un double trouble. L’un parce qu’ils témoignent de l’incroyable importance des changements urbains. L’autre parce que ses sont ses premières photos en couleur.
  • L’Humanité, figures du peuple. Une plongée dans les archives photographiques du journal

    Danielle Tartakowsky (Flammarion, 2017)

    Feuilleter ce bel ouvrage qui met en lumière les photos rarement montrées du quotidien, c’est se faire emporter par une vague de souvenirs (même si on ne les a pas vécus), de combats (même si on vous les a racontés), de poings levés, de grèves, de mobilisations (même si à cette époque vous n’étiez pas nés). Le temps semble suspendu. La puissance des images en noir et banc explose. Cette plongée dans les archives, rythmée par les évènements marquants du XXe, est une traversée du siècle commencée en 1904. Livre de photos, mais aussi livre d’histoire.
  • Charmes de Londres

    Izis, Jacques Prévert (Cherche Midi, 2017)

    Dans cette ville de débrouille et de misère, sous le brouillard et le long de la Tamise, « à l’endroit des épousailles d’un fleuve et d’un peuple », se promènent un poète et un photographe. De ces déambulations, ils ont en fait un livre paru en 1952 qui vient d’être réédité. L’occasion de rêver, comme on rêverait en bilingues, l’une visuelle, l’autre poétique. Page de droite, une photo noir et blanc plein cadre, page de gauche un texte de longueur variable. C’est beau, c’est bouleversant. Parce que c’était eux.

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Une sélection :

17 octobre 1961. Nos reportages de 1991 avec Jean-Luc Einaudi. Radio. PODCAST 17 octobre 1961 (1) : « Si c’était vrai, ça se saurait » Accès libreÉcouter

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Soixantième anniversaire du 17 octobre 1961. Mais c’est aussi le trentième anniversaire de la fin d’un silence de trente ans. De 1961 à 1991, ce pogrom qui eut lieu en plein Paris, au vu et au su de tous, fut passé sous silence malgré quelques courageuses publications. Oui, trente ans d’omerta. Quiconque interrogeait ou voulait témoigner s’entendait répondre : « si c’était vrai, ça se saurait ». En 1991, enfin, La Bataille de Paris, le livre de Jean-Luc Einaudi, a été un évènement important dans la prise de conscience de ce massacre. Films, articles, débats ont marqué alors la fin de ce silence. Sur France Inter, fin 1991, Là-bas si j’y suis diffusait une suite de reportages qui ont contribué à révéler ce crime d’État au grand public.

17 octobre 1961. Nos reportages de 1991. Des témoignages historiques (radio). PODCAST 17 octobre 1961 (2) : combattre la gangrène aujourd’hui Accès libreÉcouter

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J’avais 18 ans le 17 octobre 1961. J’étais avec mon copain Paulo au coin du pont Saint-Michel, à la sortie du métro, près de la pendule. On savait qu’il y aurait une manif des Algériens contre le couvre-feu que Papon leur avait imposé. Paulo devait faire des photos. Nous étions étudiants aux arts appliqués, rue Dupetit-Thouars, et comme toute cette génération, nous avions la trouille de partir pour l’Algérie. C’était un sujet quotidien de discussion et d’engueulade entre ces dégonflés de partisans de « la paix en Algérie » et nous autres qui soutenions le FLN et souhaitions l’indépendance. Des terroristes en somme.

17 octobre 1961. Nos émissions de 1997 (radio). PODCAST 17 octobre 1961 (3) : entendre sans broncher l’écho des fusillades Accès libreÉcouter

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En reprenant son vélo, Paul s’est aperçu qu’il n’avait plus de câbles de frein. Quelqu’un lui aurait piqué ? Mais qui ? Et pour quoi faire ? Paul Rousseau était flic, il a tenu à témoigner sur la nuit du 17 octobre 1961. Il avait fini par comprendre que des collègues avaient utilisé des câbles de frein pour étrangler des Algériens et les balancer dans le bois de Vincennes. Cette histoire le hantait toujours des années après.

17 Octobre 1961 (4) Macron et son clientélisme mémoriel. Des documents, des archives et vos messages sur le répondeur dans les années 90 (Vidéo | Radio | Texte) 17 octobre 1961 (4) : Macron se refuse à reconnaître ce massacre d’Etat Accès libreÉcouter

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Déception pour celles et ceux qui depuis tant d’années se battent pour que la tragédie du 17 Octobre 1961 soit reconnue par la France comme un massacre d’État. Rappelons-le, entre 100 et 200 algériens sans armes furent abattus, torturés et noyés par la police française cette nuit-là. Si Emmanuel Macron est venu ce samedi déposer une gerbe sous le pont de Bezons, c’est par un simple communiqué que l’Élysée s’est limité à dénoncer « ces crimes inexcusables », comme s’il existait des crimes excusables : « Les crimes commis cette nuit-là, sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République ».