Lire délivre

Les bouquins de LÀ-BAS

La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

Vos avis et conseils sont bienvenus !

La sélection

Biographie

  • Souvenirs et solitude

    Jean Zay (Belin, 2011)

    Jean Zay (1904-1944), jeune ministre de l’Éducation nationale et des Beaux arts du Front populaire, fut constamment attaqué par l’extrême droite comme républicain, juif, protestant, franc-maçon et désigné comme l’homme à abattre. En octobre 1940 il est condamné à la déportation par le tribunal de Clermont-Ferrand aux ordres de Vichy, emprisonné à Riom, jusqu’au jour où – le 20 juin 1944 – des miliciens le font sortir de prison pour aller le massacrer dans un bois.
  • Mémoires d’un vieux con

    Roland Topor (Wombat, 2011)

    "On connaît aujourd’hui le processus de récupération d’ingestion, de déglutition, d’élimination, de réduction de toute œuvre subversive à la dimension d’un bibelot décoratif qui ne représente plus rien d’autre qu’un « objet de valeur » au sens strictement spéculatif. Mais Topor fait de la résistance, la benne à ordure de la Grande Récup n’est pas encore passée, il est encore temps de relire « La Cuisine cannibale » ou « Four roses for Lucienne » et aussi « Les mémoires d’un vieux con » et tout le reste de celui qui s’étonnait qu’un gramme de merde qui tombe dans un kilo de caviar, gâche tout, alors qu’en revanche, un gramme de caviar tombant dans un kilo de merde n’arrange rien".
  • Les tribulations d’un idéologue

    Victor Leduc (Galaad, 2006)

    " Né communiste ", fils d’un ouvrier bolchevik qui doit quitter la Russie après la Révolution de 1905 et s’engage en 1914 dans l’armée française, Victor Leduc connaît dès les années 1930, au Quartier latin, ses premiers démêlés avec les ligues d’extrême droite… et la police. Résistant aux côtés de Jean-Pierre Vernant, Jeanne Modigliani ou Lucie Aubrac, il devient à la Libération directeur d’Action, hebdomadaire à la fois communiste et indépendant qui meurt au premier gel de la guerre froide. Permanent au Comité central, responsable des cercles d’intellectuels communistes, Victor Leduc nous fait pénétrer au coeur du laboratoire idéologique du PCF. De l’intérieur d’abord, puis en dehors du Parti, il poursuit le même combat pour la… Lire la suite
  • Les abeilles et la guêpe

    François Maspero (Le Seuil, 2002)

    Editeur et libraire (La joie de lire), Maspero a engendré et nourri l’espoir et les plus beaux combats de toute une génération, de la décolonisation à l’Amérique latine, du Vietnam aux bidonvilles de Nanterre. Avec ce livre, on découvre sa propre histoire et donc les raisons de ses révoltes et de ses luttes, même s’il nous fait croire que sa démarche n’est rien de plus que celle de don Pedro d’Alfaroubeira avec ses quatre dromadaires qui courut le monde et l’admira, comme l’affirmait Guillaume Apollinaire.
  • Victor Serge. Mémoires d’un révolutionnaire et autres écrits politiques -1908-1947

    Victor Serge (Robert Laffont, 2001)

    Anarchiste né à Bruxelles en 1890, il rejoint la Révolution russe en 1919, avocat du bolchévisme et des acquis d’Octobre 17, il ne tarde pas à dénoncer Staline. Il passe du côté de Trotsky. Déporté dans l’Oural, il s’enfuit et devient la cible du Komintern ce qui ne l’empêche pas de dénoncer purges et procès, ainsi que les attaques de l’URSS contre les partisans du POUM qui se battent en Espagne. En 1937, il rompt avec Trotsky et finira au Mexique, indigent, esseulé, poursuivant sa trajectoire, celle d’ « un écrivain majeur qui sut dire non en écoutant sa seule conscience d’homme. »

Médias

  • « Au nom de la démocratie, votez bien ! ». Retour sur le traitement médiatique des élections présidentielles de 2002 et 2017

    Mathias Reymond (Acrimed-Agone, 2019)

    Économiste, prof à l’université de Montpellier, co-animateur du site Acrimed, Mathias Reymond dégaine un arsenal critique pour désosser le traitement médiatique des élections présidentielles de 2002 et 2017. À le lire, ce sont les médias qui se réclamant du débat démocratique qu’elles piétinent cependant allègrement, ont orchestré la dramaturgie politique du second tour. Ce sont encore ces médias, qui en collaboration avec les communicants politiques, influent sur ce à quoi il faut penser, disposent du pouvoir de consécration ou de stigmatisation des candidats, pèsent sur des choix électoraux et écrasent des opinions dissidentes. Ce journalisme de prescriptions fait les élections. Pas à tous les coups, nuance Mathias Reymond qui ajoute : « les médias cherchent toujours à imposer un choix qui semble inéluctable. Le choix des maîtres.… Lire la suite
  • Berlin, 1933. La presse internationale face à Hitler

    Daniel Schneidermann (Le Seuil, 2018)

    Que faisaient les quelques 200 journalistes occidentaux en poste à Berlin quand Hitler arrive au pouvoir en janvier 1933 ? Pourquoi ces correspondants américains, britanniques, français, représentants de journaux attachés à la liberté de la presse et à la démocratie, n’ont-ils pas prévenu le monde sur la barbarie dont la mise en place était perceptible dès le début ? Comment a pu se produire cet aveuglement collectif de la presse internationale face à Hitler qui ouvrira la voie à partir de 1941, au déni planétaire de la Shoah ? En retraçant la vie quotidienne des journalistes occidentaux dont les interlocuteurs s’appelaient Goering ou Goebbels, Daniel Schneidermann, fondateur et animateur d’Arrêt sur Images, pose des questions essentielles sur l’exercice de la profession. Il s’interroge, au regard de cette période, sur notre capacité à être mieux armés aujourd’hui pour rendre compte des catastrophes hors… Lire la suite
  • La pensée en otage

    Aude Lancelin (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Après Le monde libre, Aude Lancelin poursuit sa réflexion sur notre système d’information et l’apparente démocratie des médias dominants massivement rachetés par le CAC 40. Ils imposent, écrit-elle, « une idéologue de « neutralité » mortifère, propulsant sur le devant de la scène ses valets intellectuels, dévastant l’esprit public ». Dans cet essai, elle démonte sept idées fausses, autant de mensonges, de pseudo évidences et de mythes consolateurs, qui « empêchent les gens de prendre conscience de la gravité de la situation ». Une centaine de pages nécessaires pour s’« armer intellectuellement contre les médias dominants ».
  • Journaliste, syndicaliste, communiste. Trente-sept ans d’un combat dans l’audiovisuel

    Jean-François Téaldi (Tirésias-Michel Reynaud, 2017)

    C’est une histoire de l’audiovisuel français comme on ne vous l’avait jamais racontée, celle vue à travers le témoignage d’un journaliste qui a participé à toutes les discussions sociales importantes qui contribuèrent à assurer sa pérennité. Le récit de Jean-François Téaldi fourmille d’anecdotes inédites où l’on comprend qu’« il n’a pas été facile d’être communiste dans une télévisions publique longtemps contrôlée par le pouvoir politique » comme l’écrit l’ancien président de France télévisions, Hervé Bourges dans la préface à cet ouvrage de près de 400 pages. On croise également Jacques Médecin, Christian Estrosi, Bernard Tapie, Jean-Marie Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou encore Nicolas Sarkosy. On apprend aussi comment se sont menés en interne les nombreux combats pour la défense des droits au… Lire la suite
  • Pour aboutir à un livre

    Eric Hazan (La Fabrique, 2016)

    « La fabrique d’une maison d’édition ». Le sous-titre de ce petit livre est on ne peut plus clair. On vous raconte les différentes étapes de l’édition, on vous décrit des acteurs – auteur, maquettiste, correcteur, imprimeur, diffuseur-, on vous présente le metteur en scène, celui qui porte le nom d’éditeur. Ce livre raconte aussi une aventure forcément folle « faite d’hésitations et de cahots, de bonheurs et de rencontres précieuses ». Éric Hazan en est le récitant. Il sait de quoi il parle puisqu’il dirige depuis presque vingt ans La fabrique, sa maison d’édition toujours soutenue par le désir collectif de subvertir à l’ordre établi.

Politique

  • Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations

    Raoul Vaneigem (Gallimard-Folio, 1992)

    Relisez, rachetez ce livre, offrez-le sans compter à qui vous voulez, les jeunes surtout : écrit par ce philosophe situationniste belge, il arme la pensée et l’action. Paru en 1967, il a gardé toute sa pertinence et sa force de frappe. « Le négatif est l’alibi d’une résignation à n’être jamais soi, à ne saisir jamais sa propre richesse de vie » assène Raoul Vaneigem qui poursuit sur le même ton énergique et sans concession : « j’ai préféré donner sur les désirs une lucidité qui, éclairant à chaque instant le combat du vivant contre la mort, révoque le plus sûrement la logique du dépérissement de la marchandise ». Allez, debout !

Histoire

  • La guerre civile en France, 1958-1962. Du coup d’État gaulliste à la fin de l’OAS

    Grey Anderson (La fabrique, 2018)

    Mai 1958, qui s’en souvient ? Qui veut s’en souvenir ? Qui célèbre ce mai, alors que celui survenu en 68 est toujours commenté ? Les réponses sont dans ce livre écrit par un historien américain : « si mai 68 est un moment joyeux et solaire, les quatre années de guerre civile qui s’écoulent entre la prise du Gouvernement général d’Alger le 1er mai 1958 à la fin de l’OAS au printemps 1962, n’ont rien que l’on aime se rappeler ». Et pour cause : ce fut « le temps de la haine et de la violence extrêmes, de l’usage généralisé de la torture, des exactions policières contre les Algériens révoltés et ceux qui les soutiennent, le mensonge officiel qui présente le retrait d’Algérie et le complot initial comme le triomphe de la démocratie ». Ces quatre sales années, la France les a cachées sous le tapis de son histoire. Grey Anderson les en a ressorties pour mettre au grand jour le refoulement de cette réalité douloureuse qui… Lire la suite
  • Une histoire populaire de la France

    Gérard Noiriel (Agone, 2018)

    En 1980, parait la première édition de la magistrale « Histoire populaire des Etats-Unis » d’Howard Zinn, le grand historien américain. Chez Agone, nait alors l’idée de demander à un autre grand historien, français cette fois, de réaliser une enquête similaire sur l’hexagone. Gérard Noiriel, historien du monde ouvrier de l’immigration et de la question nationale, s’est attelé à la tâche. Dans le sillage de Zinn, il s’est efforcé d’articuler les formes de dominations subies par les exclus de l’historien, tout en préservant le primat de la lutte des classes. Noiriel a mis une décennie à terminer cet ouvrage, synthèse d’une vie de recherches et d’engagements. Cette somme éclaire la place et le rôle du peuple dans toutes les grandes luttes et les évènements qui ont scandé l’histoire de France, de la guerre de Cent ans à nos jours, faisant écho à nos problématiques actuelles. « J’ai privilégié les questions qui sont… Lire la suite
  • Dans la classe de l’homme blanc

    Laurence de Cock (Presses universitaires de Lyon, 2018)

    Comment transmet-on aux nouvelles générations l’histoire de la colonisation ? s’interroge, l’auteure, docteur en sciences de l’éducation et professeur agrégée en lycée qui s’est attelé à étudier L’enseignement du fait colonial en France des années 1980 à nos jours. A partir d’archives de l’éducation nationale, des textes et des manuels scolaires, elle retrace les débats sur la question coloniale, analyse l’élaboration des programmes et la fabrique scolaire de l’histoire. Que faire des enfants de l’immigration coloniale et postcoloniale ? L’école doit-elle adapter ses programmes à leur présence ? Que faire des héritages d’une histoire douloureuse pour les uns, glorieuse pour les autres, méconnue pour beaucoup ? En tentant de répondre à ces questions, Laurence De Cock met en lumière une tension qui travaille l’institution scolaire : l’articulation entre l’universalisme républicain et la pluralité… Lire la suite
  • Jeanne et Lucien dans le tourbillon de Mai 68

    Bruno Lemerle (les Mutins de Pangée, 2018)

    Que s’est-il passé précisément à l’usine Peugeot de Sochaux le 11 juin 68 ? Quels souvenirs les ouvriers en ont-ils gardés ? « Pour nous, 26 200 personnes à l’époque, c’est resté une tragédie, avec une haine chevillée en nous pour ces répressions policières, une cicatrice dans l’histoire de l’usine. Il fallait que la chienlit s’en aille, un prolo c’est fait pour bosser, pas pour faire grève ! Alors ils ont nettoyé : 2 morts, 152 blessés » écrit Christian Courouge, ouvrier et militant syndicaliste à Sochaux de 1978 à 2011, dans sa préface au récit écrit par son pote Bruno Lemerle, également ouvrier de Peugeot Sochaux. Cinquante ans plus tard, leur mémoire est intacte, leur envie de raconter aussi, renforcée par l’ouverture d’une partie des archives. À travers les yeux de Jeanne et Lucien, deux personnages inventés pour l’occasion, c’est donc une histoire mal connue qu’on nous raconte. Marcellin, la famille Peugeot,… Lire la suite
  • 68, une histoire collective (1962-1981)

    Michelle Zancarini-Fournel, Philippe Artières (La Découverte, 2018)

    68, ce n’était pas qu’un mois, mais une longue séquence historique dans laquelle ce mouvement s’inscrit, de la fin de la guerre d’Algérie en 1962, à l’élection de François Mitterrand en 1981, de la révolution cubaine à la révolution iranienne. Ce volumineux ouvrage (860 pages), écrit il y dix ans et qui vient d’être réédité, a l’intérêt de décentrer mai 68 du quartier latin, des barricades et de l’occupation de la Sorbonne, pour recomposer un paysage bien plus vaste, à Paris, en province et à l’étranger. À travers des personnages anonymes ou célèbres, des lieux connus ou inconnus, ces récits polyphoniques donnent à voir l’intensité des débats politiques, la diversité des luttes et des aspirations dont ces années furent le… Lire la suite

Économie et Finance

  • L’art de la fausse générosité, la fondation Bill et Melinda Gates

    Lionel Astruc (Actes sud, 2019)

    Qu’ils étaient exemplaires Bill et Melinda Gates, devenus en 2000 les icônes de la générosité mondiale ! Qu’ils étaient irréprochables Bill et Melinda Gates qui en créant leur fondation ont décidé de distribuer leur richesse, se transformant ainsi en donateurs planétaires ! Hélas, c’était oublier que ces chez gens là, rien ne se perd, tout se transforme. Et que la philanthropie est aussi un business. Cette enquête le démontre avec éclat. Lionel Astuc démonte le système de dons qui cache en fait des mécanismes d’évitement fiscal, la fausse charité et la transformation de la fondation en trust qui finance les OGM, l’armement, les labos pharmaceutiques… Dans le monde de la finance, il n’y a vraiment rien à sauver. Même pas les… Lire la suite
  • Macron, un mauvais tournant

    Les économistes atterrés (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Détruire progressivement le modèle social français pour aligner la France sur les standards du capitalisme financier libéralisé : tel est le programme d’Emmanuel Macron qui pour y parvenir utilise les institutions bonapartistes de la Ve République. Les Économistes atterrés décryptent les méthodes et les implications de cette entreprise présidentielle. Cet ouvrage analyse les réformes mises en œuvre depuis le début du quinquennat et les suivantes, montre qu’elle aggrave les problèmes : crise économique, crise productive, crise sociale, crise écologique. Des solutions pour changer de cap existent. Comme existent des réponses qui donneraient les moyens de satisfaire aux exigences de la transition sociale et écologique et permettraient d’établir une société sobre, égalitaire, solidaire. « La France n’est pas condamnée à s’engager dans la voie sans issue du libéralisme. Elle doit retrouver la fierté de son… Lire la suite
  • Le capitalisme expliqué à ma petite-fille (en espérant qu’elle en verra la fin)

    Jean Ziegler (Seuil, 2018)

    Qui est cet ogre animé par un ordre cannibale qui broie la vie de milliards d’êtres humains, accroit comme jamais les inégalités et la misère, épuise la planète, plonge dans la déprime les populations, aggrave les replis identitaires sous l’effet de la dictature du marché ? Cet ogre c’est le capitalisme qu’il faut tuer comme l’hydre à plusieurs têtes. Par le truchement d’un dialogue avec sa petite-fille Zohra, Jean Ziegler, ancien rapporteur pour l’ONU pour le droit à l’alimentation et actuel vice-président du comité consultatif du Conseil des Droits de l’homme, en appelle à une insurrection qui renversera ce système économique dictatorial. « Quand viendra-t-elle ? », demande la petite-fille. « Personne ne le sait », répond le grand-père, « mais elle est proche ». Parce qu’elle est… Lire la suite
  • Foucault, Bourdieu et la question néo libérale

    Christian Laval (La découverte, 2018)

    Chacun à leur manière, et avec des styles très différents, ces deux intellectuels français se sont intéressés à la question du néolibéralisme - Michel Foucault dans les années 70, Pierre Bourdieu dans années 90. Christian Laval, agrégé de sciences sociales et professeur de sociologie à Nanterre, examine l’originalité et la cohérence de leurs recherches, leurs limites et les points aveugles pas encore explorés. Cet ouvrage permet de faire comprendre en quoi les travaux de Foucault et Bourdieu sont incontournables pour comprendre le mode de pouvoir actuel et réfléchir à cette question centrale : quelle nouvelle politique faut-il inventer pour mener ce combat central du XXIe siècle ?
  • Le système dette

    Éric Toussaint (Les Liens qui Libèrent, 2017)

    Historien, docteur en sciences-politiques et porte-parole du CADTM international (Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes), Éric Toussaint retrace l’histoire des dettes souveraines et de leur répudiation. Il nous emmène en Amérique Latine, en Chine, en Tunisie, en Égypte et en Grèce bien-sûr, replonge dans les racines du mal où à partir du XIXe siècle le recours à l’endettement devient un des bras armés du capitalisme pour mettre sous tutelle des économies entières. Tout au long de ces pages, Éric Toussaint martèle une évidence que le système ne veut pas entendre : la pratique de la dette n’est pas inéluctable. La preuve, des états ont réussi à annuler les leur, Mexique, Cuba, Costa Rica et la Russie des Soviets. Les dictatures ont toujours une… Lire la suite

Sociologie

  • Le président des ultra-riches. Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron

    Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot (Zone, 2019)

    Cette « chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron » est un délice concocté par les Pinçon&Charlot, infatigables sociologues de la grande bourgeoisie. Non pas qu’ils relèvent des données fracassantes – ils ne sont pas avares de leurs découvertes - mais parce qu’ils en font l’analyse et la synthèse. Ces infos mises bout à bout dressent un portrait glaçant de l’oligarchie du pouvoir en France, du mépris social dont témoigne le président des ultra-riches pour « ceux qui ne sont rien », des faveurs qu’accorde ce même président pour la caste des privilégiés qui coûtent « un pognon de dingue ». Ce livre est une chronique édifiante d’une guerre de classe menée dans le cœur de ce qui s’apparente à une monarchie présidentielle. On le sait, mais cela fait du bien de l’entendre encore et encore. Pour ne pas s’habituer. Pour ne pas supporter… Lire la suite
  • La société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire

    Grégoire Chamayou (La fabrique, 2018)

    Dans cet ouvrage dont le sous-titre annonce clairement son objet, une généalogie du libéralisme autoritaire, le philosophe Grégoire Chamayou s’empare de ce qu’il nomme la « crise de gouvernabilité ». Pour cela, il a épluché les discours théoriques des années 70 (principalement nord-américains) portant sur l’entreprise et le management et qui font apparaître de nouvelles stratégies développées par le monde des affaires pour contrer les contestations des gouvernés (plus d’autonomie et plus d’égalités pour les travailleurs, les femmes, les minorités). Grégoire Chamayou met en lumière l’existence d’un contre-mouvement des forces libérales et un nouvel art de gouverner. « Une sorte de contre-activisme des pratiques managériales dont nous ne sommes pas sortis », affirme l’auteur qui montre que ce libéralisme autoritaire suppose une verticalité de l’État. Un État fort pour une économie… Lire la suite
  • La stragégie de l’émotion

    Anne-Cécile Robert (Lux, 2018)

    Frémir plutôt que réfléchir. Tout est dit dans cet axiome développé par Anne-Cécile Robert, journaliste au Monde Diplomatique et professeur associé à l’université Paris 8. Pour elle, les émotions dévorent l’espace social et politique au détriment des autres modes de connaissances du monde, notamment la raison. Et de rajouter : « Des émissions de divertissement à l’actualité médiatique en passant par les discours politiques, le recours à l’émotion est devenu l’une des figures imposées de la vie publique. Si les émotions, positives ou négatives, enrichissent l’existence, cette forme d’expression peut poser de redoutables défis à la démocratie lorsqu’elle se fait envahissante et tend à remplacer l’analyse. » Autrement dit, la manipulation des esprits prend des formes inattendues. C’est l’extension du domaine de la… Lire la suite
  • La condition anarchique. Affects et institutions de la valeur

    Frédéric Lordon (Seuil, 2018)

    Poursuivant son intérêt pour les usages de la philosophie de Spinoza en sciences sociales, Frédéric Lordon, économiste et chercheur en philosophie, décortique les systèmes de valeurs aussi différentes que l’économie, la morale et l’esthétique. D’où tirent-elles leur autorité ? Qui établit leur valeur ? En « décollant "anarchie" de ses usages courants, comme catégorie politique bien connue, pour retourner à une lecture étymologique - l’anarchie, c’est l’an-arkhé, c’est-à-dire l’absence d’arkhé, l’absence de fondement »-, il développe l’idée qu’il n’existe aucun fondement de vérité absolue, que ces valeurs sont le simple produit de la société, que ce sont les affects collectifs qui font la valeur dans tous les ordres de valeur, ceux là qui soutiennent la valeur là où il n’y a aucun ancrage. D’où le concept de la « condition anarchique » et la grande question : comment tient une société qui ne tient à rien… Lire la suite
  • Nouvelles morales, nouvelles censures

    Emmanuel Pierrat (Gallimard, 2018)

    Avocat au barreau de Paris, spécialisé dans le droit de la culture et les affaires de censure, Emmanuel Pierrat s’alarme des attaques que subissent les œuvres dans tous ses territoires. Arts plastique, littérature, cinéma, musique. À la manœuvre, selon lui, les ligues de vertu du troisième millénaire, quelque soit leur cause légitime et pétries des meilleures intentions : lutte contre le racisme, l’esclavage, la souffrance animale, l’antisémitisme, anti tabagisme à l’écran, dans les pubs. Comment faire alors dans ce nouveau paysage politique qui enserre de plus en plus la liberté d’expression ? Comment concilier le devoir de mémoire, le légitime respect de l’égalité du citoyen et les droits des minorités, avec l’amour de l’art et de la liberté ? La clé réside sans doute dans la pédagogie, propose en substance Emmanuel Pierrat dans cette réflexion concrète et illustrée d’exemples. Il s’adresse à « tous ceux… Lire la suite

Travail et luttes sociales

  • Désobéir - La collection

    Les désobéissants, Xavier Renou (Le Passager clandestin, 2017)

    Vous avez aimé les Que sais-je ? , vous adorerez cette collection de petits bouquins pleins de conseils pratiques pour Désobéir dans l’entreprise, Désobéir aux grands projets qui coutent très cher et ne servent à rien, Sivens, Lyon-Turin, Notre-Dame-des-Landes. Voilà pour les derniers. Il y a aussi désobéir au sexisme, à l’argent, au nucléaire, au colonialisme, à la précarité… Autant de modes d’emploi clairs et efficaces, concoctés par un « collectif activiste qui forme à la désobéissance civile ». En plus, ils sont faciles à glisser dans une poche !
  • Carnet de bord d’un gréviste

    Christophe Metroz (Les mutins de Pangée, 2016)

    Il n’est pas journaliste, pas sociologue, pas écrivain. Christophe Metroz est ouvrier. Il est entré à PSA à Aulnay à l’âge de 20 ans et y a travaillé quatorze ans jusqu’à 2011, année où les rumeurs de fermeture de l’usine commencent à circuler et qui se concrétisera trois ans plus tard. Alors il a décidé de raconter ce combat au jour le jour. « La force du texte de Christophe Metroz est celle de l’histoire brute, inexorable, de la parole sans retour d’un témoin du premier rang » écrit Gérard Mordillat dans sa préface qui ajoute « chaque jour qui passe charge son texte d’histoire, de mémoire, de devoir, de pouvoir, comme si chacun de ses mots portait en lui une charge explosive ». En bonus de ce texte, le DVD Comme des lions qui raconte en images deux ans de lutte des salariés pour sauver leur… Lire la suite
  • On n’entre pas dans un monde nouveau sans effraction. Murs populaires. Tags du mouvement contre la loi travail

    Auteurs et autrices anonymes (CNT-RP, 2016)

    La rue est folle, nous aussi ! Agir en primitif, prévoir en stratège ; Les pouffiasses niquent la BAC ; Même les Pokémon trouvent que l’époque est morne ; Le lacrymo…gène, le fumi…gène… On ne vous dérange pas trop ? ; Film un flic, sauve des vies !!! ; À vos ordres mon capitalisme ; Error 49.3 Democratie not found… Slogans, tags, graphes. Au printemps 2016, « nos murs se sont couverts de cris, de rage, d’autodérision et d’espoir d’un autre futur » écrivent les éditeurs de cet ouvrage qui salue également ce « mouvement littéraire né sous les bombes et marqueurs d’anonymes. ». C’est beau, c’est drôle, c’est inventif. Surtout, cela fait du bien.
  • Vive l’entreprise ? Le code du travail en danger

    Gérard Filoche (Hugo et cie, 2015)

    Dans ce livre Gérard Filoche démonte tout d’abord les préjugés que l’on entend à tout-va sur le Code du travail (il est trop gros, il empêche d’embaucher, freine la compétitivité, etc.) pour ensuite explorer la vie au travail en France au début du xxIe siècle et, à travers 200 anecdotes illustrées, exemple après exemple, thème après thème, l’effectivité du droit du travail et sa déconstruction en cours. Il s’appuie pour cela sur son expérience syndicale et celle de son métier d’inspecteur du travail….
  • Comment résister aux lois Macron, El Khomri et Cie ?

    Gérard Filoche, Richard Abauzit (Le Vent se lève, 2013)

    Ce livre analyse les suites de l’ANI du 11 janvier 2013, des lois Sapin, Macron et Rebsamen, le projet de loi El Khomri, les rapports Combrexelle, Mettling, Badinter. Il est un antidote contre la propagande de ceux qui veulent réduire le « coût du travail » et œuvrent non pas pour réduire le chômage mais pour accroître les dividendes.

Environnement et Santé

  • Nous voulons des coquelicots

    Fabrice Nicolino, François Veillerette (Les Liens qui Libèrent , 2018)

    Ce livre est un manifeste. Un manifeste pour la vie, les coquelicots dans les champs de blé, les oiseaux au bord du chemin, les abeilles qui subissent une véritable apocalypse qui les fait disparaître par milliards. Le coupable, tout le monde le connait : ce sont les pesticides, « ces poisons qui détruisent tout ce qui est vivant, ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises ». Semeurs de mort, ils doivent être définitivement éradiqués. Pas demain, maintenant. « L’heure n’est plus à la discussion de salon, il faut se lever, ensemble, dans un soulèvement pacifique de toute la société », lancent les auteurs de cet appel pour l’interdiction des pesticides. Le journaliste-essayiste à Charlie Hebdo et l’ancien président de Greenpeace espèrent que chacun… Lire la suite
  • Éloge des mauvaises herbes . Ce que nous devons à la ZAD

    Collectif (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Soit dix-sept intellectuels, artistes, écrivains, poètes* qui dissertent sur « ce que nous devons à la ZAD », cette zone à défendre qui est bien plus qu’un bout de bocage. Leurs textes ainsi rassemblés racontent que, dans notre monde normé, catalogué, mesuré, peut s’y inventer de nouvelles formes de vie et de liberté. Sur la ZAD, on existe en commun, on cohabite avec la nature, on rêve, on sort de l’emprise du marché. On lutte, on invente, on redonne du sens au travail et à l’agriculture, on prépare les alternatives en occupant les terres. « C’est notre réalité de demain qui prend forme sous nos yeux. C’est une percée de mauvaises herbes ». Une percée de la vie. * David Graeber, Jade Lindgaard, Virginie Despentes, John Jordan, Vandana Shiva, Olivier Abel, Geneviève Pruvost, Bruno Latour, Christophe Bonneuil, Nathalie Quintane, Starhawk, Kristin Ross, Pablo Servigne, Wilfried Lupano, Amandine Gay, Patrick… Lire la suite
  • La guerre des métaux rares

    Guillaume Pitron (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Finies les énergies fossiles. Enfin, nous allons nous affranchir du pétrole, des pollutions, des pénuries et des tensions militaires. Un progrès ? Sauf que nous sommes en train de sombrer dans une nouvelle dépendance : celle des métaux rares - graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène -, ces ressources indispensables à nos voitures électriques, à nos éoliennes, à nos smartphones, à nos ordinateurs. L’avenir qu’on croyait radieux risque d’être encore plus sombre que celui d’aujourd’hui. C’est cette contre-histoire de la transition énergétique que raconte Guillaume Pitron, journaliste pour le Monde Diplo, Géo ou National Geographic. Ce récit clandestin d’une quête généreuse, mais qui charrie des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donnée pour mission de… Lire la suite
  • Être forêts, habiter des territoires en lutte

    Jean-Baptiste Vidalou (Zones, 2017)

    « Nous sommes allés à la rencontre des forêts et de celles et ceux qui les défendent. Nous y avons découvert des continents innombrables, des sentiers inédits, des êtres ingouvernables. Toute une géographie depuis laquelle il était possible, enfin, de respirer », écrit l’auteur qui se présente comme un bâtisseur en pierre sèche et par ailleurs agrégé de philosophie. Ces forêts sont celles des paysans Guerrero du Mexique qui se battent contre les exploitants, des trappeurs du peuple Cri du Canada défendant sa forêt boréale victime de déforestation, des Penan de Bornéo qui s’arment de sarbacanes contre les plantations de palmiers à huile. Sauver la forêt, mais aussi l’habiter pour la protéger, comme du bois de Tronçay à celui de Sivens, de Notre-Dame-des-Landes aux Cévennes. Autant d’espaces à se réapproprier, autant de luttes à mener pour clamer haut et fort que la forêt est bien autre chose qu’une réserve de… Lire la suite
  • Dictionnaire impertinent de la vieillesse

    Alain Jean, Christian Gallopin, Didier Martz, José Polard, Michel Billé (Éres, 2017)

    « Ce n’est pas parce qu’on a un pied dans la tombe qu’on va se laisser marcher sur l’autre » disait François Mauriac. Cette phrase placée en exergue de ce dictionnaire donne le ton : il sera volontairement impertinent et résolument iconoclaste. Nourri par une vingtaine d’auteurs et porté par l’association « EHPAD’côté – les pas de côté » pour dire que les vieux, s’ils sont privés de liberté par l’avancée de l’âge, ne sont pas privés ni d’humour, ni de dignité, ni de besoin d’égalité. Rire pour dissoudre le mépris et pour exploser le dieu unique des Ehpad : la rentabilité. Exemples de définition. Vieillissement réussi : avoir une Rolex avant 50 ans, s’en souvenir après 80 ans. Maladie d’Alzheimer : étranger sans papier, à la fois immigré du temps et émigré de la… Lire la suite

International

  • Un chant d’amour. Israël-Palestine, une histoire française

    Alain Gresh (La Découverte, 2017)

    Alain GRESH est à la fois l’un des observateurs les plus engagés et les plus respectés sur le Moyen-Orient. Depuis longtemps il s’attache avec succès à expliquer cette histoire à un grand public. Cette fois, avec des dessins superbes d’Hélène ALDEGUER, « UN CHANT D’AMOUR » raconte le conflit israélo-palestinien sous l’angle de cette France qui abrite les communautés juives et musulmanes les plus importantes d’Europe.
  • Mariage gay à Tel Aviv

    Jean Stern (Libertalia, 2017)

    Israël, ses gays et ceux d’ailleurs, l’homosexualité comme une stratégie marketing et politique de l’état hébreu, le pinkwashing pour camoufler la guerre, l’occupation, le conservatisme religieux et transformer Tel Aviv en une plaisante cité balnéaire. La formidable enquête menée par Jean Stern, journaliste à Libé et à la Tribune après avoir été un des fondateurs du GaiPied, nous montre l’envers du décor de ce soi-disant « mirage rose » orchestré par l’État Israélien. Édifiant et sinistre.
  • La nouvelle question d’Orient

    Georges Corm (La Découverte, 2017)

    Georges Corm est historien et économiste. Il est également spécialiste du monde arabe auquel il a consacré de nombreux ouvrages. L’idée de son dernier essai est de faire comprendre les violences généralisées que connaissent un nombre grandissant des sociétés arabes depuis les années 2000, mais aussi le chaos et l’extension du terrorisme se réclamant de conceptions millénaristes de la religion musulmane dans de nombreux pays musulmans, en France, en Belgique et aussi aux Etats-Unis. Pour Georges Corm, il y a urgence à contextualiser, donner des clefs historiques, rappeler les débats, la rupture et la continuité de « la nouvelle question d’Orient ». Pour prendre conscience des causes qui ont conduit à ce « dérèglement de la raison… Lire la suite
  • Un boycott légitime. Pour le BDS universitaire et culturel de l’État d’Israël

    Armelle Laborie, Eyal Sivan (La Fabrique, 2016)

    BDS pour Boycott Désinvestissement Sanctions. Soit une campagne internationale lancée en 2014 par 171 organisations non gouvernementales palestiniennes et relayée dans le monde entier, appelant à exercer des pressions économiques, académiques, culturelles et politiques sur Israël afin d’aboutir à la fin de l’occupation et de la colonisation des terres arabes, l’égalité complète pour les citoyens arabo-palestiniens d’Israël, et le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens. Le DBS se concentre désormais sur une de ses composantes : les institutions universitaires et culturelles israéliennes. C’est pour lever des idées fausses à son sujet, le justifier et prôner le droit à l’exercer qu’Eyal Sivan, cinéaste israélien et Armelle Laborie, productrice de documentaires, ont signé cet essai. Entreprise pédagogique « défendre la liberté d’appeler au boycott ne va pas à l’encontre de la liberté critique ou de… Lire la suite
  • L’ordre et le monde. critique de la Cour pénale internationale

    Juan Branco (Fayard, 2016)

    Née à l’orée du XXIe siècle, la Cour pénale internationale a pour mission de juger les plus grands criminels de notre temps, responsables de génocides, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Lourde et belle tâche que celle de lutter contre l’impunité et d’amener les bourreaux à répondre de leurs actes. Sauf que cette organisation n’a jamais été à la hauteur de ses ambitions. Pire, son existence même est mise en cause. Juan Branco, docteur en droit et par ailleurs conseiller juridique de Julian Assange, y a travaillé plus d’un an, d’abord comme stagiaire puis comme assistant spécial et officier de liaison du Premier Procureur de la Cour Pénale Internationale. Ce livre est le résultat de son enquête où le droit côtoie la philosophie, le constat d’un (dis)fonctionnement juridique fait écho à l’état de notre… Lire la suite

Humour et fiction

  • Ces femmes-là

    Gérard Mordillat (Albin Michel, 2019)

    Daisy, Nadia, Morgane, Nadia, Faustine, Clotilde, Cassandre, Priscilla, Marlène. Mais aussi Julia, Rachel, Sœur Cécile, Bérangère. Une foule de femmes remarquables dont Mordillat dresse le portrait, une multitude de destins individuels qui arme la puissance d’une action collective. Dans cette fresque épique, politique, humaine, il y aussi des hommes. Maxence, Charlie, Roby, Kevin, Vernon. Autant de petites histoires qui font la grande. Et un roman.
  • La boîte à ragoût

    Gérard Mordillat (Éditions La Pionnière, 2018)

    « La boîte à ragoût », c’est ainsi que le père de Mordillat parlait de son ventre. Son oncle « qui avait la fibre philosophique décrivait l’homme comme un œsophage sur une paire de couilles ». Le ton est donné. Cru, drôle, loufoque, personnel, Gérard Mordillat parle de « ses aventures inhospitalières » à l’occasion d’une opération de la vésicule biliaire. On y croise une amoureuse, un Grand Manitou, Hamlet, un dentiste surnommé Picasso, une infirmière, deux infirmières, trois infirmières… sans oublier Mona Lisa et madame Kiki. Le texte avait écrit en 2014, il est republié dans une version enrichie, entièrement « revue et mijotée » et accompagnée de quatre portraits de l’auteur par Alain Fraggi.
  • Le Suaire. Récit en 3 tomes

    Éric Liberge, Gérard Mordillat, Jérôme Prieur (Futuropolis, 2018)

    Après Corpus Christi, soit un documentaire en douze épisodes faisant état des connaissances historiques sur Jésus de Nazareth, Jérôme Prieur et Gérard Mordillat se posent désormais une question essentielle : le Suaire, un linge de 4,42 mètres de long sur 1,13 de large et qui aurait enveloppé le corps du Christ à sa descente de la croix, est-il une relique sacrée ou une arnaque ? Avouez, vous n’y auriez pas pensé … Mais rassurez-vous, dans cette trilogie qui traverse le temps et l’espace, il y a de la passion, de l’amour, de l’excès, de la rivalité, du mensonge et une intrigue captivante. Plus sérieusement, cette bande dessinée portée par le magnifique dessin noir et blanc d’Éric Liberge, repose sur un minutieux travail d’historien comme savent le faire les deux… Lire la suite
  • Bad news. Derniers journalistes sous une dictature

    Anjan Sundaram (Marchialy, 2018)

    C’est l’histoire d’un grand reporter indien dont la qualité du travail est saluée par ses pairs (Reuters en 2006 et le Club Award en 2015). Dans le cadre d’un programme de l’Union européenne, il part enseigner le journalisme au Rwanda. Entre 2009 et 2013, Anjan Sundaram forme des journalistes locaux et les aide à créer des médias indépendants. Jusque-là, tout va bien. Sauf qu’avec le temps, il plonge dans un univers complexe, celui du contrôle de l’information, de l’impossibilité d’exercer son métier, des informations cachées ou tronquées, de la menace qui pèse sur ses élèves et sur les journalistes en général, pour certains surveillés, menacés, traqués, assassinés. Bad news dresse le portrait d’une dictature. Il est un manifeste pour la liberté… Lire la suite
  • L’héritage des espions

    John le Carré (Le Seuil, 2018)

    Est-ce une œuvre de transmission, une sorte de testament qui livre des secrets sur cinquante ans d’histoire ? Le dernier livre de John Le Carré qu’il vient d’écrire à l’âge 86 ans, fait le lien entre l’ancienne et la nouvelle génération d’espions, entremêle le passé et le présent, la mélancolie du souvenir et la morsure quotidienne de la culpabilité. Les temps ont changé. Le bloc communiste n’existe plus. Les jeunes élevés dans un monde dominé par les avocats et les comptes à rendre, n’ont pas de pitié pour les vieux agents qui ont connu la guerre froide. Pourtant le Cirque les tire de leur retraite, rattrapés qu’ils sont par les fantômes de cette époque. Reviennent hanter Alec Leamas et Liz Gold, espions trouvés mort en 1961 au pied du mur de Berlin. Surgissent les enfants de ces deux disparus qui demandent des explications. Qui va payer le sang des innocents sacrifiés sur l’intérêt général… Lire la suite

Jeunesse

  • Les enfants fichus

    Edward Gorey (Le tripode, 2014)

    A pour Amy tombée au bas des escaliers ; B pour Basil surpris par des ours affamés ; C pour Clara lassée, décharnée et malade ; F pour Fanny vidée d’un baiser de sangsue ; Z pour Zillah petite ayant bu trop de gin… Cet abécédaire de morts d’enfants, dessiné à la plume en noir et blanc est écrit et illustré avec minutie, par un dessinateur fantastique, extravagant, excentrique, tragique, prolixe, aimant le ballet de Balanchine, Buffy contre les vampires, le Dit du Genji Raymond Queneau et Astérix. Edward Gorey, mort sur son sofa le 13 avril 2000, est peut-être l’un des dessinateurs le plus original du siècle dernier que cette réédition permet de découvrir en France. Les enfants fichus, The Gashlycrumb Tinies, un de ses premiers livres, est l’objet d’un véritable culte et bon nombre d’artistes s’en sont inspirés. Ainsi Tim Burton en publiant La triste fin du petit enfant huitre et autres histoires. Si Edward… Lire la suite
  • Lettres des îles Baladar

    André François, Jacques Prévert (Gallimard jeunesse, 2007)

    La mer a ses îles préférées, qu’elle protège à grand renfort de brouillards et de tornades. On vivait heureux aux îles Baladar, jusqu’au jour où le Général Trésorier tenta d’y imposer sa loi. Un jour, en effet, les habitants du Grand Continent s’aperçurent que de l’or brillait sur l’île… Voilà, résumé par les éditions Gallimard ce texte illustré par André François, publié pour la première fois en 1977. La suite est délicieuse, pleine de poésie et d’humour, comme sait écrire Jacques Prévert.
  • La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires

    Tim Burton (10/18, 1998)

    Autre grand nom du fantastique, dans la lignée directe d’Allan Poe : Tim Burton. Réalisateur, scénariste, producteur, graphiste, il aime raconter et dessiner des histoires sorties de son imagination si particulière. Celles de ce recueil sont courtes, cruelles, macabres, tendres et poétiques. Un régal pour les grands, une frayeur pour les petits, que cette galerie d’enfants tous plus moches, plus étranges, plus solitaires, plus bizarres et curieux les uns que les autres. Enfant brie, enfant tache, enfant huitre, enfant avec des clous dans les yeux, enfant robot, enfant toxique, fille faite d’ordures, J.C. le jeune carbonisé. Ils coulent, s’enflamment, rêvent, meurent. Ces textes et ses dessins mêlent avec un étrange talent horreur et… Lire la suite
  • Allumette

    Tomi Ungerer (L’École des loisirs, 1997)

    Les trois brigands, Jean de la lune. Qui ne connait pas Toni Ungerer, génial graphiste, créateur multiforme et auteur de livres pour enfants (il a dessiné pour les adultes, mais on ne peut rien en dire dans cette rubrique). Si Allumette, une adaptation – très libre – du conte d’Andersen vous a échappé, courrez l’acheter. Pour vos enfants, pour vous aussi tant les dessins et le texte sont jouissifs. Ne craignez rien, cela se termine bien. Les riches deviennent généreux, les politiques cessent de parler, les militaires se sentent inutiles, les dons affluent du monde entier. C’est une belle histoire, tout est donc inventé. Parce que dans la vraie vie …
  • L’invité douteux

    Edward Gorey (Gallimard / Collection Le Cabinet des lettrés, 1994)

    Dessins somptueux où le gothique se mêle à l’absurde, détail des intérieurs victoriens, surréalisme et fantastique, mystère des romans policiers et poésie de haïkus, maîtrise du trait en noir et blanc créant des clair-obscur : ce petit livre contient tout l’univers et la virtuosité d’Edward Gorey. L’invité douteux raconte l’arrivée dans un manoir d’une créature mystérieuse et taciturne, portant une écharpe bicolore et des baskets de cuir blanc. Les habitants, une famille aristocrate de cinq personnes, voient cet être à l’allure de pingouin bizarre et aux mœurs inattendues, s’installer chez eux et ne plus en partir. Voilà, c’est tout. C’est magnifique.

Beaux livres

  • Photographie, arme de classe. Photographie sociale et documentaire en France, 1928-1936

    Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke (Textuel - Centre Pompidou, 2018)

    Que s’est il passé dans l’entre-deux-guerres en France, précisément entre 1928 et 1936 ? Quelles représentations avons-nous des travailleurs, des paysans, des luttes, de la police, des femmes, des loisirs, des enfants, des clochards, des mobilisations, des députés, de la montée du fascisme, du pacifisme, de la révolution sociale, des colonies… Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke ont constitué un recueil de la photographie sociale et documentaire en France, de ces huit années. Mêlant textes et images en sépia ou en noir et blanc prises par de jeunes photographes qui deviendront célèbres (Henri Cartier-Bresson, Gisèle Freund, Willy Ronis, Eli Lotar, par exemple), ils montrent comment à travers des nouvelles pratiques photographiques est née une grammaire visuelle et graphique portée par un foisonnement de magazines, brochures, tracts et affiches. Grâce à près de cent œuvres, certaines… Lire la suite
  • Les Shadoks, une odyssée en couleurs

    Thérèse Willer (Editions des Musées de la ville de Strasbourg, 2018)

    Ce livre est un hommage à ces drôles de bestioles, échassiers improbables qui envahirent le petit écran et divisèrent la France entre shadokophiles et shadokophobes. Apparus en avril 1968, dessinés par Jacques Rouxel et immortalisés par la voix de Piéplu, les Shadoks ont eu droit à une retrospective au musée de Strasbourg. Ce livre est celui de l’exposition qui montre leur dessins, les esquisses, la fabrication des petits films d’animation. Retour vers le futur. Surtout n’oubliez pas ce que disait leur créateur : « certains ont voulu voir je ne sais quoi dans les Shadoks : il n’y a rien ! C’est gratuit ! ». Là réside, peut-être, leur succès légendaire. Celui de l’exposition tient à la découverte de ces planches originales qui étaient en couleur, mais ça, les téléspectateurs ne le savaient pas : les écrans étaient alors en noir et… Lire la suite
  • La banlieue en couleur

    Robert Doisneau (La découverte, 2017)

    En 1984, la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire) commande à douze photographes - ils deviendront vingt-huit devant l’ampleur du projet - de « représenter le paysage français des années 1980 ». Cette mission devenue légendaire sélectionnera 2000 images parmi 200 000 prises de vue réalisées tout au long de milliers de kilomètres parcourus à travers la France. Raymond Depardon et Josef Koudelka sont parmi ces photographes. Pour l’occasion, Robert Doisneau revient sur son territoire d’élection, la banlieue qu’il avait longuement photographiée. Regarder ces clichés rassemblés dans ce livre, provoque un double trouble. L’un parce qu’ils témoignent de l’incroyable importance des changements urbains. L’autre parce que ses sont ses premières photos en… Lire la suite
  • L’Humanité, figures du peuple. Une plongée dans les archives photographiques du journal

    Danielle Tartakowsky (Flammarion, 2017)

    Feuilleter ce bel ouvrage qui met en lumière les photos rarement montrées du quotidien, c’est se faire emporter par une vague de souvenirs (même si on ne les a pas vécus), de combats (même si on vous les a racontés), de poings levés, de grèves, de mobilisations (même si à cette époque vous n’étiez pas nés). Le temps semble suspendu. La puissance des images en noir et banc explose. Cette plongée dans les archives, rythmée par les évènements marquants du XXe, est une traversée du siècle commencée en 1904. Livre de photos, mais aussi livre d’histoire.
  • Charmes de Londres

    Izis, Jacques Prévert (Cherche Midi, 2017)

    Dans cette ville de débrouille et de misère, sous le brouillard et le long de la Tamise, « à l’endroit des épousailles d’un fleuve et d’un peuple », se promènent un poète et un photographe. De ces déambulations, ils ont en fait un livre paru en 1952 qui vient d’être réédité. L’occasion de rêver, comme on rêverait en bilingues, l’une visuelle, l’autre poétique. Page de droite, une photo noir et blanc plein cadre, page de gauche un texte de longueur variable. C’est beau, c’est bouleversant. Parce que c’était eux.

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Une sélection :

Avant le grand procès de Macron, le 07 mai, un tour dans les archives de Là-bas (juin 2006) BHL : LE PROCÈS DU POMPEUX CORNICHON Accès libreÉcouter

Le

Attendu par le monde entier, le Grand Procès de Macron aura donc lieu le 7 mai à la Bourse du travail de Paris à 18 heures. C’est le sixième procès du tribunal de Là-bas, créé en ...2003 à l’initiative du dessinateur CABU et de l’équipe de LA-BAS. Enregistrés au théâtre Dejazet à Paris devant des salles combles, d’importantes personnalités ont comparu : CHIRAC Jacques (2003) SARKOZY Nicolas (2005), KOUCHNER Bernard (2008), DSK Dominique (2011). C’est le procès du français le plus entarté au monde, LEVY Bernard-Henri dit BHL diffusé en juin 2006 que nous vous proposons de (re)découvrir aujourd’hui.

Le 13 mars 2010 Jean Ferrat prenait le dernier train. On n’oublie pas... FERRAT, C’EST NOUS TOUS ! Des chansons, des archives, des inédits… Accès libreVoir

Le

Il y a 13 ans, le 13 mars, Jean Ferrat prenait le dernier train. On n’oublie pas, car Ferrat, c’est nous tous. La montagne, c’est chez nous, les marins de Potemkine, c’est nos frères, ma môme, c’est la mienne, la nuit et le brouillard, c’est en nous, c’est nous qui ne guérissons pas de notre enfance, c’est nous qui aimons à perdre la raison.

Une série d’histoires dans les luttes pour l’émancipation, racontées par Olivier Besancenot Qui a inventé le 8 mars ? AbonnésVoir

Le

C’est maintenant à peu près acquis pour tout le monde, le 8 mars n’est pas la journée « de la femme », mais la « journée internationale des droits des femmes ». Un jour de manifestations et de grèves qui semble connaître un nouveau souffle avec le mouvement féministe récent, qui lutte autant contre les violences sexistes et sexuelles que pour réduire les inégalités salariales et améliorer les conditions de travail des métiers majoritairement exercés par des femmes. Mais saviez-vous qu’aux origines de cette journée du 8 mars se trouvait l’Internationale socialiste des femmes ?