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Les bouquins de LÀ-BAS

La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

Vos avis et conseils sont bienvenus !

La sélection

Biographie

  • Balzac, Paris

    Eric Hazan (La fabrique, 2018)

    Ici, « tout fume, tout brûle, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, s’évapore, s’éteint, se rallume, étincelle, pétille et se consomme » écrivait Balzac dans Le Mendiant. Ici, c’est Paris, sa ville avec laquelle l’auteur de La Comédie humaine entretient une passion amoureuse. Éric Hazan, avec le talent d’arpenteur qu’on lui connait, lui redonne vie. On le suit dans les rues et les quartiers de Paris au gré de ses rêveries et de ses personnages. On l’accompagne dans ses nombreux déménagements afin d’échapper à ses créanciers. Éric Hazan raconte ses démêlés avec ses éditeurs, ses malheurs au théâtre, sa passion des journaux, de la politique et le bonheur de ses multiples amis. Ce livre est, à travers le temps et l’espace, les lieux et les personnages, l’exploration de l’univers balzacien dont Paris est la clef de… Lire la suite
  • Martin Luther King. Une biographie intellectuelle et politique

    Sylvie Laurent (Seuil, 2015)

    Qui est Martin Luther King ? La réponse tout le monde la connait : un pasteur afro-américain qui eut un rêve et qui fut assassiné pour avoir lutter pour les droits civiques et l’égalité des Noirs. La suite, vous la trouverez dans la biographie écrite par Sylvie Laurent, américaniste, agrégée d’histoire et docteur en littérature américaine. Un travail nécessaire pour mieux connaitre cet homme aussi universellement célébré que mal connu. Ces pages redonnent la force révolutionnaire de sa pensée et la brutalité de l’oppression contre laquelle il s’insurgeait. Ainsi, par exemple, qui se souvient qu’à peine un an après avoir reçu le prix Nobel de la paix, en 1964, Martin Luther King déclarait que son rêve était devenu un cauchemar en raison de l’enracinement du système d’exploitation capitaliste ? Chantre de la fraternité et de l’unité nationale, Martin Luther King était un militant avant-gardiste et radical qui… Lire la suite
  • Souvenirs et solitude

    Jean Zay (Belin, 2011)

    Jean Zay (1904-1944), jeune ministre de l’Éducation nationale et des Beaux arts du Front populaire, fut constamment attaqué par l’extrême droite comme républicain, juif, protestant, franc-maçon et désigné comme l’homme à abattre. En octobre 1940 il est condamné à la déportation par le tribunal de Clermont-Ferrand aux ordres de Vichy, emprisonné à Riom, jusqu’au jour où – le 20 juin 1944 – des miliciens le font sortir de prison pour aller le massacrer dans un bois.
  • Les tribulations d’un idéologue

    Victor Leduc (Galaad, 2006)

    " Né communiste ", fils d’un ouvrier bolchevik qui doit quitter la Russie après la Révolution de 1905 et s’engage en 1914 dans l’armée française, Victor Leduc connaît dès les années 1930, au Quartier latin, ses premiers démêlés avec les ligues d’extrême droite… et la police. Résistant aux côtés de Jean-Pierre Vernant, Jeanne Modigliani ou Lucie Aubrac, il devient à la Libération directeur d’Action, hebdomadaire à la fois communiste et indépendant qui meurt au premier gel de la guerre froide. Permanent au Comité central, responsable des cercles d’intellectuels communistes, Victor Leduc nous fait pénétrer au coeur du laboratoire idéologique du PCF. De l’intérieur d’abord, puis en dehors du Parti, il poursuit le même combat pour la… Lire la suite
  • Victor Serge. Mémoires d’un révolutionnaire et autres écrits politiques -1908-1947

    Victor Serge (Robert Laffont, 2001)

    Anarchiste né à Bruxelles en 1890, il rejoint la Révolution russe en 1919, avocat du bolchévisme et des acquis d’Octobre 17, il ne tarde pas à dénoncer Staline. Il passe du côté de Trotsky. Déporté dans l’Oural, il s’enfuit et devient la cible du Komintern ce qui ne l’empêche pas de dénoncer purges et procès, ainsi que les attaques de l’URSS contre les partisans du POUM qui se battent en Espagne. En 1937, il rompt avec Trotsky et finira au Mexique, indigent, esseulé, poursuivant sa trajectoire, celle d’ « un écrivain majeur qui sut dire non en écoutant sa seule conscience d’homme. »

Médias

  • Berlin, 1933. La presse internationale face à Hitler

    Daniel Schneidermann (Le Seuil, 2018)

    Que faisaient les quelques 200 journalistes occidentaux en poste à Berlin quand Hitler arrive au pouvoir en janvier 1933 ? Pourquoi ces correspondants américains, britanniques, français, représentants de journaux attachés à la liberté de la presse et à la démocratie, n’ont-ils pas prévenu le monde sur la barbarie dont la mise en place était perceptible dès le début ? Comment a pu se produire cet aveuglement collectif de la presse internationale face à Hitler qui ouvrira la voie à partir de 1941, au déni planétaire de la Shoah ? En retraçant la vie quotidienne des journalistes occidentaux dont les interlocuteurs s’appelaient Goering ou Goebbels, Daniel Schneidermann, fondateur et animateur d’Arrêt sur Images, pose des questions essentielles sur l’exercice de la profession. Il s’interroge, au regard de cette période, sur notre capacité à être mieux armés aujourd’hui pour rendre compte des catastrophes hors… Lire la suite
  • Journaliste, syndicaliste, communiste. Trente-sept ans d’un combat dans l’audiovisuel

    Jean-François Téaldi (Tirésias-Michel Reynaud, 2017)

    C’est une histoire de l’audiovisuel français comme on ne vous l’avait jamais racontée, celle vue à travers le témoignage d’un journaliste qui a participé à toutes les discussions sociales importantes qui contribuèrent à assurer sa pérennité. Le récit de Jean-François Téaldi fourmille d’anecdotes inédites où l’on comprend qu’« il n’a pas été facile d’être communiste dans une télévisions publique longtemps contrôlée par le pouvoir politique » comme l’écrit l’ancien président de France télévisions, Hervé Bourges dans la préface à cet ouvrage de près de 400 pages. On croise également Jacques Médecin, Christian Estrosi, Bernard Tapie, Jean-Marie Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou encore Nicolas Sarkosy. On apprend aussi comment se sont menés en interne les nombreux combats pour la défense des droits au… Lire la suite

Politique

  • Quand la gauche essayait. Les leçons du pouvoir 1924, 1936, 1944, 1981

    Serge Halimi (AGONE, 2018)

    Étudier et comparer les réalisations et les échecs de la gauche française, de cartel des gauches (1924-1926), au Front Populaire (1936-1938), à la Libération (1944-1947) et aux cinq premières années de la présidence de Mitterrand (1981-1986). Tel est l’exercice auquel s’est livré notre ami Serge Halimi, directeur du Monde Diplomatique. Il explique comment « la gauche au pouvoir a caboté entre deux récifs : tantôt sa volonté de transformation sociale butant sur les contraintes imposées par l’ordre capitaliste, tantôt sa pratique du pouvoir devançait les exigences de ses adverses ». L’étude de cette tension permanente entre audace et enlisement, espérance et renoncement est d’autant plus intéressante qu’elle éclaire les raisons de la dilution de la gauche qui s’est elle-même « construit les barreaux de sa cage de verre… Lire la suite

Histoire

  • Une histoire populaire de la France

    Gérard Noiriel (Agone, 2018)

    En 1980, parait la première édition de la magistrale « Histoire populaire des Etats-Unis » d’Howard Zinn, le grand historien américain. Chez Agone, nait alors l’idée de demander à un autre grand historien, français cette fois, de réaliser une enquête similaire sur l’hexagone. Gérard Noiriel, historien du monde ouvrier de l’immigration et de la question nationale, s’est attelé à la tâche. Dans le sillage de Zinn, il s’est efforcé d’articuler les formes de dominations subies par les exclus de l’historien, tout en préservant le primat de la lutte des classes. Noiriel a mis une décennie à terminer cet ouvrage, synthèse d’une vie de recherches et d’engagements. Cette somme éclaire la place et le rôle du peuple dans toutes les grandes luttes et les évènements qui ont scandé l’histoire de France, de la guerre de Cent ans à nos jours, faisant écho à nos problématiques actuelles. « J’ai privilégié les questions qui sont… Lire la suite
  • Dans la classe de l’homme blanc

    Laurence de Cock (Presses universitaires de Lyon, 2018)

    Comment transmet-on aux nouvelles générations l’histoire de la colonisation ? s’interroge, l’auteure, docteur en sciences de l’éducation et professeur agrégée en lycée qui s’est attelé à étudier L’enseignement du fait colonial en France des années 1980 à nos jours. A partir d’archives de l’éducation nationale, des textes et des manuels scolaires, elle retrace les débats sur la question coloniale, analyse l’élaboration des programmes et la fabrique scolaire de l’histoire. Que faire des enfants de l’immigration coloniale et postcoloniale ? L’école doit-elle adapter ses programmes à leur présence ? Que faire des héritages d’une histoire douloureuse pour les uns, glorieuse pour les autres, méconnue pour beaucoup ? En tentant de répondre à ces questions, Laurence De Cock met en lumière une tension qui travaille l’institution scolaire : l’articulation entre l’universalisme républicain et la pluralité… Lire la suite
  • Jeanne et Lucien dans le tourbillon de Mai 68

    Bruno Lemerle (les Mutins de Pangée, 2018)

    Que s’est-il passé précisément à l’usine Peugeot de Sochaux le 11 juin 68 ? Quels souvenirs les ouvriers en ont-ils gardés ? « Pour nous, 26 200 personnes à l’époque, c’est resté une tragédie, avec une haine chevillée en nous pour ces répressions policières, une cicatrice dans l’histoire de l’usine. Il fallait que la chienlit s’en aille, un prolo c’est fait pour bosser, pas pour faire grève ! Alors ils ont nettoyé : 2 morts, 152 blessés » écrit Christian Courouge, ouvrier et militant syndicaliste à Sochaux de 1978 à 2011, dans sa préface au récit écrit par son pote Bruno Lemerle, également ouvrier de Peugeot Sochaux. Cinquante ans plus tard, leur mémoire est intacte, leur envie de raconter aussi, renforcée par l’ouverture d’une partie des archives. À travers les yeux de Jeanne et Lucien, deux personnages inventés pour l’occasion, c’est donc une histoire mal connue qu’on nous raconte. Marcellin, la famille Peugeot,… Lire la suite
  • 68, une histoire collective (1962-1981)

    Michelle Zancarini-Fournel, Philippe Artières (La Découverte, 2018)

    68, ce n’était pas qu’un mois, mais une longue séquence historique dans laquelle ce mouvement s’inscrit, de la fin de la guerre d’Algérie en 1962, à l’élection de François Mitterrand en 1981, de la révolution cubaine à la révolution iranienne. Ce volumineux ouvrage (860 pages), écrit il y dix ans et qui vient d’être réédité, a l’intérêt de décentrer mai 68 du quartier latin, des barricades et de l’occupation de la Sorbonne, pour recomposer un paysage bien plus vaste, à Paris, en province et à l’étranger. À travers des personnages anonymes ou célèbres, des lieux connus ou inconnus, ces récits polyphoniques donnent à voir l’intensité des débats politiques, la diversité des luttes et des aspirations dont ces années furent le… Lire la suite
  • Marx, une passion française

    Antony Burlaud , Jean-Numa Ducange (La Découverte, 2018)

    Deux siècles après sa naissance, les contributeurs de cet ouvrage collectif - historiens, philosophes, linguistes, spécialistes des sciences-politiques - s’interrogent sur la place et l’influence de Karl Marx dans le débat politique et artistique français, de l’extrême gauche à la droite aronienne, jusque dans le monde colonial francophone. Ces textes et analyses proposent un regard singulier qui permet de comprendre les usages - et les mésusages- d’une œuvre qui reste parmi les plus importantes de l’époque contemporaine. Malgré la disparition de l’URSS, l’effondrement du parti communiste, les séquelles laissées par le stalinisme, le spectre de Marx hante toujours l’imaginaire français.

Économie et Finance

  • Foucault, Bourdieu et la question néo libérale

    Christian Laval (La découverte, 2018)

    Chacun à leur manière, et avec des styles très différents, ces deux intellectuels français se sont intéressés à la question du néolibéralisme - Michel Foucault dans les années 70, Pierre Bourdieu dans années 90. Christian Laval, agrégé de sciences sociales et professeur de sociologie à Nanterre, examine l’originalité et la cohérence de leurs recherches, leurs limites et les points aveugles pas encore explorés. Cet ouvrage permet de faire comprendre en quoi les travaux de Foucault et Bourdieu sont incontournables pour comprendre le mode de pouvoir actuel et réfléchir à cette question centrale : quelle nouvelle politique faut-il inventer pour mener ce combat central du XXIe siècle ?
  • Le système dette

    Éric Toussaint (Les Liens qui Libèrent, 2017)

    Historien, docteur en sciences-politiques et porte-parole du CADTM international (Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes), Éric Toussaint retrace l’histoire des dettes souveraines et de leur répudiation. Il nous emmène en Amérique Latine, en Chine, en Tunisie, en Égypte et en Grèce bien-sûr, replonge dans les racines du mal où à partir du XIXe siècle le recours à l’endettement devient un des bras armés du capitalisme pour mettre sous tutelle des économies entières. Tout au long de ces pages, Éric Toussaint martèle une évidence que le système ne veut pas entendre : la pratique de la dette n’est pas inéluctable. La preuve, des états ont réussi à annuler les leur, Mexique, Cuba, Costa Rica et la Russie des Soviets. Les dictatures ont toujours une… Lire la suite
  • Enrichissement. Une critique de la marchandise

    Arnaud Esquerre, Luc Boltanski (Gallimard, 2017)

    Dans cet ouvrage, ces deux sociologues analysent les profondes transformations du capitalisme. Basé sur le développement industriel, puis constatant son déclin, il s’est tourné vers la marchandisation d’autres objets comme les arts, la culture le commerce d’objets anciens, la création de fondations, l’industrie de luxe, le tourisme… L’ampleur de ce changement amorcé depuis le dernier quart du XXe siècle, a profondément modifié la création des richesses dans l’Europe de l’ouest. Ce type d’économie, les auteurs l’appellent économie de l’enrichissement parce qu’elle repose moins sur la production de choses nouvelles qu’elle entreprend d’enrichir les choses déjà là.

Sociologie

  • La société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire

    Grégoire Chamayou (La fabrique, 2018)

    Dans cet ouvrage dont le sous-titre annonce clairement son objet, une généalogie du libéralisme autoritaire, le philosophe Grégoire Chamayou s’empare de ce qu’il nomme la « crise de gouvernabilité ». Pour cela, il a épluché les discours théoriques des années 70 (principalement nord-américains) portant sur l’entreprise et le management et qui font apparaître de nouvelles stratégies développées par le monde des affaires pour contrer les contestations des gouvernés (plus d’autonomie et plus d’égalités pour les travailleurs, les femmes, les minorités). Grégoire Chamayou met en lumière l’existence d’un contre-mouvement des forces libérales et un nouvel art de gouverner. « Une sorte de contre-activisme des pratiques managériales dont nous ne sommes pas sortis », affirme l’auteur qui montre que ce libéralisme autoritaire suppose une verticalité de l’État. Un État fort pour une économie… Lire la suite
  • Histoire d’un mensonge, enquête sur l’expérience de Stanford

    Thibault Le Texier (Zones, 2018)

    On se souvient, peu ou prou, de cette expérience américaine où vingt-deux étudiants avaient accepté d’endosser les rôles soit de gardiens, soit de prisonniers au sein d’une fausse prison installée dans l’université de Stanford. Le but était d’étudier l’influence des situations sur notre comportement. L’un des résultats de l’étude menée en 1971 a montré qu’un tiers des gardiens fit preuve de comportements sadiques, tandis que les prisonniers devenaient dociles et accommodants. Effrayant mais faux ! L’expérience avait la rigueur d’un scénario hollywoodien. Thibault Le Texier, chercheur en sciences sociales, démontre comment elle a été bidonnée : conclusions écrites à l’avance, déroulement constamment manipulé, résultats biaisés. Enquête haletante sur l’une des plus grandes supercheries scientifiques du… Lire la suite
  • Se défendre. Une philosophie de la violence

    Elsa Dorlin (Zones, 2017)

    Qui a le droit de s’armer ? L’auteur, professeur de philosophie à Paris 8, examine cette ligne de partage qui oppose historiquement les corps « dignes d’être défendus » à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables ont laissés sans défense. Ainsi le Code noir interdisait aux esclaves de porter aucune arme défensive ou de gros bâtons. Au XIXe siècle en Algérie, l’état colonial interdisait également le porter une arme aux indigènes, pas aux colons bien sûr, plutôt encouragés à le faire. À travers l’histoire, du jiu-jitsu aux suffragettes, des pratiques insurrectionnelles du ghetto de Varsovie aux fusils des Black Panters jusqu’aux patrouilles queer, Elsa Dorlin dessine une généalogie philosophique de la violence. Et de l’autodéfense quelques soit le lieu, public ou… Lire la suite
  • La Double Absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré

    Abdelmalek Sayad (Le Seuil, 2014)

    Sociologue algérien, ami de Bourdieu avec qui il a réalisé de nombreux travaux, Abdelmalek Sayad a principalement travaillé sur l’émigration et l’immigration. Pour lui, il s’agit de deux phénomènes indissociables mais si différents d’apparence qu’on croit – à tort – pouvoir comprendre l’un sans connaître l’autre. Ce livre publié quelques mois après la mort de ce directeur de recherche au CNRS, présente une synthèse de vingt ans de recherches. Les entretiens qu’il a menés en France et en Algérie, montrent les contradictions multiples et déchirantes de ces hommes frappés par une double absence : absent de sa famille, de son village et de son pays d’origine, mais aussi absent de leur pays d’arrivée, du fait de l’exclusion dont ils sont victimes. Une double… Lire la suite
  • La décennie. Le grand cauchemar des années 1980

    François Cusset (La Découverte, 2008)

    Pour ceux qui les ont vécu, ces années furent en effet un véritable cauchemar. Où, après la mort de Sartre (1980) et avant la guerre du Golfe (1991), surgit le monstre protéiforme du libéralisme surpuissant et triomphant : narcissisme, égoïsme, concurrence entre les hommes et les territoires, le tout dissimulé sous des masques attrayants portant le nom, mais le nom seulement, de liberté, d’anti-totalitarisme, de libre expression. C’est un livre noir qui dénonce les experts, les intellectuels médiatiques, le bavardage publicitaire et l’idéologie réactionnaire. Mais sous le oripeaux de cette décennie terrible, une pensée critique a germé pour ouvrir dans les années 90 de nouvelles perspectives… Lire la suite

Travail et luttes sociales

  • Working

    Studs Terkel (Ça et là, Amsterdam, 2010)

    Working est un recueil d’entretiens de soixante-dix personnes qui parlent de leur travail, des sentiments qu’il lui inspire, réalisés en 1974, par un des journalistes radio les plus connus aux Etats-Unis, Studs Terkel. Avec intelligence, pertinence, humour et gravité, ils racontent les conditions de leur vie laborieuse. Ces témoignages oraux ont été adaptés en bande dessinés. Dix-huit dessinateurs ont mis en images une sélection de vingt-huit récits : une serveuse, une fermière, un mineur et sa femme, un ouvrier agricole, un syndicaliste, un fossoyeur, une nourrice, un éboueur, un pianiste d’ambiance, un courtier, un coiffeur, un joueur de base-ball, un musicien de jazz, etc…À travers eux, se dessine un portrait de l’évolution du travail. Ils enrichissent l’histoire sociale de… Lire la suite

International

  • Pensée et politique dans le monde arabe : contextes historiques et problématiques, XIX°-XXI° siècle

    Georges Corm (La Découverte, 2015)

    Cet ouvrage expose les multiples facettes de la pensée politique arabe depuis le XIXe siècle, inscrite dans la richesse d’une culture trop méconnue. Avec ce vaste panorama, vivant et érudit, Georges Corm atteste la vitalité de cette pensée et des grandes controverses qui l’ont traversée. Inscrivant l’œuvre de ces penseurs dans le maelström des bouleversements géopolitiques et socioéconomiques ayant marqué le monde arabe depuis deux siècles, il explique comment les puissantes hégémonies externes, militaires, académiques et médiatiques ont contribué à marginaliser la pensée critique arabe. Cela a facilité l’installation hégémonique de la pensée islamiste, instrumentalisée par certains régimes arabes comme par leurs protecteurs… Lire la suite
  • Amérique centrale, les naufragés d’Esquipulas

    Maurice Lemoine (l’Atalante, collection Comme un accordéon, 2002)

    Si vous ne connaissez pas Maurice Lemoine, notre ami reporter au Monde diplo et grand connaisseur de l’Amérique latine, vous êtes impardonnables. En revanche, on ne vous en voudra pas si vous n’avez pas encore lu son livre complet, ambitieux et indispensable pour comprendre cette région du monde. Dépêchez-vous de le faire, c’est une mine d’infos et d’analyse. Là, il n’est question que de l’Amérique centrale et de ses sept pays qui la composent (Belize, Costa-Rica, Guatemala, Nicaragua, Honduras, Panama, Salvador). C’est déjà beaucoup tant leur histoire est abondante, complexe, tragique, chaleureuse et touffue. Maurice Lemoine nous y emmène pour mieux comprendre les enjeux géopolitiques d’une région en effervescence. L’ouvrage publié en 2002 est toujours d’actualité tant il éclaire la situation… Lire la suite
  • Les veines ouvertes de l’Amérique latine

    Edouardo Galeano (Pocket, 2001)

    Voici l’histoire implacable du pillage d’un continent. Nous suivons, siècle après siècle, et dans le moindre détail, la honte du mécanisme qui a conduit à une dépossession ruinant les nations d’un des espaces les plus prometteurs de l’univers.

Humour et fiction

  • Ces femmes-là

    Gérard Mordillat (Albin Michel, 2019)

    Daisy, Nadia, Morgane, Nadia, Faustine, Clotilde, Cassandre, Priscilla, Marlène. Mais aussi Julia, Rachel, Sœur Cécile, Bérangère. Une foule de femmes remarquables dont Mordillat dresse le portrait, une multitude de destins individuels qui arme la puissance d’une action collective. Dans cette fresque épique, politique, humaine, il y aussi des hommes. Maxence, Charlie, Roby, Kevin, Vernon. Autant de petites histoires qui font la grande. Et un roman.
  • La boîte à ragoût

    Gérard Mordillat (Éditions La Pionnière, 2018)

    « La boîte à ragoût », c’est ainsi que le père de Mordillat parlait de son ventre. Son oncle « qui avait la fibre philosophique décrivait l’homme comme un œsophage sur une paire de couilles ». Le ton est donné. Cru, drôle, loufoque, personnel, Gérard Mordillat parle de « ses aventures inhospitalières » à l’occasion d’une opération de la vésicule biliaire. On y croise une amoureuse, un Grand Manitou, Hamlet, un dentiste surnommé Picasso, une infirmière, deux infirmières, trois infirmières… sans oublier Mona Lisa et madame Kiki. Le texte avait écrit en 2014, il est republié dans une version enrichie, entièrement « revue et mijotée » et accompagnée de quatre portraits de l’auteur par Alain Fraggi.
  • Bad news. Derniers journalistes sous une dictature

    Anjan Sundaram (Marchialy, 2018)

    C’est l’histoire d’un grand reporter indien dont la qualité du travail est saluée par ses pairs (Reuters en 2006 et le Club Award en 2015). Dans le cadre d’un programme de l’Union européenne, il part enseigner le journalisme au Rwanda. Entre 2009 et 2013, Anjan Sundaram forme des journalistes locaux et les aide à créer des médias indépendants. Jusque-là, tout va bien. Sauf qu’avec le temps, il plonge dans un univers complexe, celui du contrôle de l’information, de l’impossibilité d’exercer son métier, des informations cachées ou tronquées, de la menace qui pèse sur ses élèves et sur les journalistes en général, pour certains surveillés, menacés, traqués, assassinés. Bad news dresse le portrait d’une dictature. Il est un manifeste pour la liberté… Lire la suite
  • Le gros capitaliste. Et autres textes

    B. Traven (Libertalia, 2017)

    De B.Traven, on sait deux choses de façon certaine : qu’il est un écrivain majeur du XXe siècle, auteur d’une trentaine des livres et de nombreux articles ; que son amour pour les Indiens d’Amérique centrale était si fort, qu’à sa mort en 1969 au Mexique, il a fait disperser ses cendres dans les forêts du Chiapas. Tout le reste demeure un mystère. Sa date de naissance est approximative (1882 ?). On ignore son nom, sa nationalité, son visage et sa vie privée. « Ma patrie est où je suis, où personne ne me dérange, où personne ne me demande qui je suis, d’où je viens et ce que je fais », écrivait-il en 1929. Ou encore « Ma vie m’appartient, seuls mes livres appartiennent au public ». Une profession de foi qui ne découragea cependant pas Rolf Recknagel de se lancer avec autant de passion que d’obstination dans la biographie de cet auteur sans visage qui ne cessa de brouiller les pistes. Les éditions Libertalia… Lire la suite
  • La fin de l’histoire

    Luis Sépúlveda (Métaillé, 2017)

    Ce n’est ni un livre d’histoire, ni un essai sur la fin de notre monde gorgé de capitalisme néo libéral, mais un polar, un vrai. Avec pour personnage principal Juan Belmonte, un ancien agent clandestin et ex-sniper qui, après avoir déposé les armes, vit tranquille en Patagonie avec sa compagne Verónica torturée sous la dictature de Pinochet. Et voilà que son passé le rattrape. Et voilà que les services secrets russes l’obligent à leur prêter main forte pour contrer les agissements d’un groupe de Cosaques nostalgiques. Au-delà de l’intrigue, c’est à une traversée du XXème siècle que nous convie l’écrivain chilien. De la Russie de Trotski au Chili de Pinochet, de l’Allemagne d’Hitler à la Patagonie d’aujourd’hui, l’histoire file à toute vitesse. Une dernière précision : ce polar est aussi une histoire d’amour et de… Lire la suite

Jeunesse

  • Les enfants fichus

    Edward Gorey (Le tripode, 2014)

    A pour Amy tombée au bas des escaliers ; B pour Basil surpris par des ours affamés ; C pour Clara lassée, décharnée et malade ; F pour Fanny vidée d’un baiser de sangsue ; Z pour Zillah petite ayant bu trop de gin… Cet abécédaire de morts d’enfants, dessiné à la plume en noir et blanc est écrit et illustré avec minutie, par un dessinateur fantastique, extravagant, excentrique, tragique, prolixe, aimant le ballet de Balanchine, Buffy contre les vampires, le Dit du Genji Raymond Queneau et Astérix. Edward Gorey, mort sur son sofa le 13 avril 2000, est peut-être l’un des dessinateurs le plus original du siècle dernier que cette réédition permet de découvrir en France. Les enfants fichus, The Gashlycrumb Tinies, un de ses premiers livres, est l’objet d’un véritable culte et bon nombre d’artistes s’en sont inspirés. Ainsi Tim Burton en publiant La triste fin du petit enfant huitre et autres histoires. Si Edward… Lire la suite
  • Lettres des îles Baladar

    André François, Jacques Prévert (Gallimard jeunesse, 2007)

    La mer a ses îles préférées, qu’elle protège à grand renfort de brouillards et de tornades. On vivait heureux aux îles Baladar, jusqu’au jour où le Général Trésorier tenta d’y imposer sa loi. Un jour, en effet, les habitants du Grand Continent s’aperçurent que de l’or brillait sur l’île… Voilà, résumé par les éditions Gallimard ce texte illustré par André François, publié pour la première fois en 1977. La suite est délicieuse, pleine de poésie et d’humour, comme sait écrire Jacques Prévert.
  • Allumette

    Tomi Ungerer (L’École des loisirs, 1997)

    Les trois brigands, Jean de la lune. Qui ne connait pas Toni Ungerer, génial graphiste, créateur multiforme et auteur de livres pour enfants (il a dessiné pour les adultes, mais on ne peut rien en dire dans cette rubrique). Si Allumette, une adaptation – très libre – du conte d’Andersen vous a échappé, courrez l’acheter. Pour vos enfants, pour vous aussi tant les dessins et le texte sont jouissifs. Ne craignez rien, cela se termine bien. Les riches deviennent généreux, les politiques cessent de parler, les militaires se sentent inutiles, les dons affluent du monde entier. C’est une belle histoire, tout est donc inventé. Parce que dans la vraie vie …
  • L’invité douteux

    Edward Gorey (Gallimard / Collection Le Cabinet des lettrés, 1994)

    Dessins somptueux où le gothique se mêle à l’absurde, détail des intérieurs victoriens, surréalisme et fantastique, mystère des romans policiers et poésie de haïkus, maîtrise du trait en noir et blanc créant des clair-obscur : ce petit livre contient tout l’univers et la virtuosité d’Edward Gorey. L’invité douteux raconte l’arrivée dans un manoir d’une créature mystérieuse et taciturne, portant une écharpe bicolore et des baskets de cuir blanc. Les habitants, une famille aristocrate de cinq personnes, voient cet être à l’allure de pingouin bizarre et aux mœurs inattendues, s’installer chez eux et ne plus en partir. Voilà, c’est tout. C’est magnifique.

Beaux livres

  • Photographie, arme de classe. Photographie sociale et documentaire en France, 1928-1936

    Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke (Textuel - Centre Pompidou, 2018)

    Que s’est il passé dans l’entre-deux-guerres en France, précisément entre 1928 et 1936 ? Quelles représentations avons-nous des travailleurs, des paysans, des luttes, de la police, des femmes, des loisirs, des enfants, des clochards, des mobilisations, des députés, de la montée du fascisme, du pacifisme, de la révolution sociale, des colonies… Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke ont constitué un recueil de la photographie sociale et documentaire en France, de ces huit années. Mêlant textes et images en sépia ou en noir et blanc prises par de jeunes photographes qui deviendront célèbres (Henri Cartier-Bresson, Gisèle Freund, Willy Ronis, Eli Lotar, par exemple), ils montrent comment à travers des nouvelles pratiques photographiques est née une grammaire visuelle et graphique portée par un foisonnement de magazines, brochures, tracts et affiches. Grâce à près de cent œuvres, certaines… Lire la suite
  • Les Shadoks, une odyssée en couleurs

    Thérèse Willer (Editions des Musées de la ville de Strasbourg, 2018)

    Ce livre est un hommage à ces drôles de bestioles, échassiers improbables qui envahirent le petit écran et divisèrent la France entre shadokophiles et shadokophobes. Apparus en avril 1968, dessinés par Jacques Rouxel et immortalisés par la voix de Piéplu, les Shadoks ont eu droit à une retrospective au musée de Strasbourg. Ce livre est celui de l’exposition qui montre leur dessins, les esquisses, la fabrication des petits films d’animation. Retour vers le futur. Surtout n’oubliez pas ce que disait leur créateur : « certains ont voulu voir je ne sais quoi dans les Shadoks : il n’y a rien ! C’est gratuit ! ». Là réside, peut-être, leur succès légendaire. Celui de l’exposition tient à la découverte de ces planches originales qui étaient en couleur, mais ça, les téléspectateurs ne le savaient pas : les écrans étaient alors en noir et… Lire la suite
  • La banlieue en couleur

    Robert Doisneau (La découverte, 2017)

    En 1984, la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire) commande à douze photographes - ils deviendront vingt-huit devant l’ampleur du projet - de « représenter le paysage français des années 1980 ». Cette mission devenue légendaire sélectionnera 2000 images parmi 200 000 prises de vue réalisées tout au long de milliers de kilomètres parcourus à travers la France. Raymond Depardon et Josef Koudelka sont parmi ces photographes. Pour l’occasion, Robert Doisneau revient sur son territoire d’élection, la banlieue qu’il avait longuement photographiée. Regarder ces clichés rassemblés dans ce livre, provoque un double trouble. L’un parce qu’ils témoignent de l’incroyable importance des changements urbains. L’autre parce que ses sont ses premières photos en… Lire la suite
  • L’Humanité, figures du peuple. Une plongée dans les archives photographiques du journal

    Danielle Tartakowsky (Flammarion, 2017)

    Feuilleter ce bel ouvrage qui met en lumière les photos rarement montrées du quotidien, c’est se faire emporter par une vague de souvenirs (même si on ne les a pas vécus), de combats (même si on vous les a racontés), de poings levés, de grèves, de mobilisations (même si à cette époque vous n’étiez pas nés). Le temps semble suspendu. La puissance des images en noir et banc explose. Cette plongée dans les archives, rythmée par les évènements marquants du XXe, est une traversée du siècle commencée en 1904. Livre de photos, mais aussi livre d’histoire.
  • Charmes de Londres

    Izis, Jacques Prévert (Cherche Midi, 2017)

    Dans cette ville de débrouille et de misère, sous le brouillard et le long de la Tamise, « à l’endroit des épousailles d’un fleuve et d’un peuple », se promènent un poète et un photographe. De ces déambulations, ils ont en fait un livre paru en 1952 qui vient d’être réédité. L’occasion de rêver, comme on rêverait en bilingues, l’une visuelle, l’autre poétique. Page de droite, une photo noir et blanc plein cadre, page de gauche un texte de longueur variable. C’est beau, c’est bouleversant. Parce que c’était eux.

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Une sélection :

Le 13 mars 2010 Jean Ferrat prenait le dernier train. On n’oublie pas... FERRAT, C’EST NOUS TOUS ! Des chansons, des archives, des inédits… Accès libreVoir

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Il y a 13 ans, le 13 mars, Jean Ferrat prenait le dernier train. On n’oublie pas, car Ferrat, c’est nous tous. La montagne, c’est chez nous, les marins de Potemkine, c’est nos frères, ma môme, c’est la mienne, la nuit et le brouillard, c’est en nous, c’est nous qui ne guérissons pas de notre enfance, c’est nous qui aimons à perdre la raison.

Une série d’histoires dans les luttes pour l’émancipation, racontées par Olivier Besancenot Qui a inventé le 8 mars ? AbonnésVoir

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C’est maintenant à peu près acquis pour tout le monde, le 8 mars n’est pas la journée « de la femme », mais la « journée internationale des droits des femmes ». Un jour de manifestations et de grèves qui semble connaître un nouveau souffle avec le mouvement féministe récent, qui lutte autant contre les violences sexistes et sexuelles que pour réduire les inégalités salariales et améliorer les conditions de travail des métiers majoritairement exercés par des femmes. Mais saviez-vous qu’aux origines de cette journée du 8 mars se trouvait l’Internationale socialiste des femmes ?