Lire délivre

Les bouquins de LÀ-BAS

La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

Vos avis et conseils sont bienvenus !

La sélection

Biographie

  • Le lambeau

    Philippe Lançon (Gallimard, 2018)

    Le 7 janvier 2015, deux hommes en noir, armés et cagoulés, font irruption dans les locaux de Charlie-Hebdo à l’heure de la conférence de rédaction et abattent huit personnes dont Cabu, Wolinski, Maris, Charb, Tignous, Honoré. Philippe Lançon, journaliste, est blessé par trois balles de Kalashnikov dont une qui lui explose la mâchoire. Ce livre est le récit de l’attentat, de la vie d’après et de sa reconstruction, des mois d’hôpital et de sa routine, des opérations, de ces lambeaux de peau qu’on lui colle. Ce livre est bien autre chose. Il est le récit minutieux de ce quotidien qui n’en est plus un, de ces deux mondes, celui des morts et celui des vivants, où il n’y a plus de place pour le chagrin, à peine pour la douleur et le désespoir. Il raconte et transmet quelque chose… Lire la suite
  • Balzac, Paris

    Eric Hazan (La fabrique, 2018)

    Ici, « tout fume, tout brûle, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, s’évapore, s’éteint, se rallume, étincelle, pétille et se consomme » écrivait Balzac dans Le Mendiant. Ici, c’est Paris, sa ville avec laquelle l’auteur de La Comédie humaine entretient une passion amoureuse. Éric Hazan, avec le talent d’arpenteur qu’on lui connait, lui redonne vie. On le suit dans les rues et les quartiers de Paris au gré de ses rêveries et de ses personnages. On l’accompagne dans ses nombreux déménagements afin d’échapper à ses créanciers. Éric Hazan raconte ses démêlés avec ses éditeurs, ses malheurs au théâtre, sa passion des journaux, de la politique et le bonheur de ses multiples amis. Ce livre est, à travers le temps et l’espace, les lieux et les personnages, l’exploration de l’univers balzacien dont Paris est la clef de voute.
  • Encore vivant

    Pierre Souchon (La brune au rouergue, 2017)

    C’est l’histoire d’un mec, drôle, tendre, doué, inventif, bipolaire. C’est l’histoire de Pierre Souchon, 35 ans, journaliste au Monde Diplo et à l’Humanité, qui raconte dans un premier livre autobiographique sa maladie, les séjours en hôpital psychiatrique, le passage vertigineux de ce qu’il nomme la « barrière de fous ». Cent fois, il aurait dû mourir, cent fois, il a inventé les raisons de vivre. Dans ces pages, il ne s’épargne rien. Peut-être parce qu’au-delà des crises maniaco-dépressives, ce récit trempé dans ses tripes, raconte l’humanité de chacun. Les internés, comme lui, ses frères dans l’ordre de la nuit, paranos, schizophrènes, suicidaires, les paysans de sa terre cévenole, la grande bourgeoisie dont est issue sa femme. Ces pages sont sans précautions, dures et belles.
  • Misère de l’espace moderne. La production de Le Corbusier et ses conséquences

    Olivier Barancy (Agone, 2017)

    Le Corbusier : un imposteur doublé d’un fasciste bon teint. Bon, ça on le sait. Le plus grave que démontre Olivier Barancy, architecte et auteur de cette enquête fondée sur l’analyse de la production bâtie ou théorique de Le Corbusier, c’est une oeuvre catastrophique, des projets au caractère totalitaire et une misère spatiale engendrée de son vivant jusqu’à aujourd’hui. Modèle des architectes de l’après-guerre qui ont couvert la France de béton, son monde cauchemardesque qu’il voulait édifier, fait les affaires des bureaucrates russes et chinois.
  • Hadjira, la ferme Ameziane et au-delà…

    Claire Mauss-Copeaux (Les Chemins du présent, 2017)

    « Écrire ce qui a fait ma vie ». Il lui en a fallu du temps à Hadjira pour qu’elle se souvienne de sa jeunesse à Constantine, ose écrire son combat pour l’indépendance de l’Algérie, cette ferme Ameziane transformée en Centre de renseignement et d’action par les militaires français. C’est là que la veille de ses vingt et un an, elle a été amené avec d’autres suspects. Et torturée. Une souffrance qu’elle a vécu et gardé secrète pendant plus de cinquante ans. Elle en témoigne désormais. Pour ses proches, pour l’Histoire.

Médias

  • « Au nom de la démocratie, votez bien ! ». Retour sur le traitement médiatique des élections présidentielles de 2002 et 2017

    Mathias Reymond (Acrimed-Agone, 2019)

    Économiste, prof à l’université de Montpellier, co-animateur du site Acrimed, Mathias Reymond dégaine un arsenal critique pour désosser le traitement médiatique des élections présidentielles de 2002 et 2017. À le lire, ce sont les médias qui se réclamant du débat démocratique qu’elles piétinent cependant allègrement, ont orchestré la dramaturgie politique du second tour. Ce sont encore ces médias, qui en collaboration avec les communicants politiques, influent sur ce à quoi il faut penser, disposent du pouvoir de consécration ou de stigmatisation des candidats, pèsent sur des choix électoraux et écrasent des opinions dissidentes. Ce journalisme de prescriptions fait les élections. Pas à tous les coups, nuance Mathias Reymond qui ajoute : « les médias cherchent toujours à imposer un choix qui semble inéluctable. Le choix des maîtres. »
  • Berlin, 1933. La presse internationale face à Hitler

    Daniel Schneidermann (Le Seuil, 2018)

    Que faisaient les quelques 200 journalistes occidentaux en poste à Berlin quand Hitler arrive au pouvoir en janvier 1933 ? Pourquoi ces correspondants américains, britanniques, français, représentants de journaux attachés à la liberté de la presse et à la démocratie, n’ont-ils pas prévenu le monde sur la barbarie dont la mise en place était perceptible dès le début ? Comment a pu se produire cet aveuglement collectif de la presse internationale face à Hitler qui ouvrira la voie à partir de 1941, au déni planétaire de la Shoah ? En retraçant la vie quotidienne des journalistes occidentaux dont les interlocuteurs s’appelaient Goering ou Goebbels, Daniel Schneidermann, fondateur et animateur d’Arrêt sur Images, pose des questions essentielles sur l’exercice de la profession. Il… Lire la suite
  • La pensée en otage

    Aude Lancelin (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Après Le monde libre, Aude Lancelin poursuit sa réflexion sur notre système d’information et l’apparente démocratie des médias dominants massivement rachetés par le CAC 40. Ils imposent, écrit-elle, « une idéologue de « neutralité » mortifère, propulsant sur le devant de la scène ses valets intellectuels, dévastant l’esprit public ». Dans cet essai, elle démonte sept idées fausses, autant de mensonges, de pseudo évidences et de mythes consolateurs, qui « empêchent les gens de prendre conscience de la gravité de la situation ». Une centaine de pages nécessaires pour s’« armer intellectuellement contre les médias dominants ».
  • Journaliste, syndicaliste, communiste. Trente-sept ans d’un combat dans l’audiovisuel

    Jean-François Téaldi (Tirésias-Michel Reynaud, 2017)

    C’est une histoire de l’audiovisuel français comme on ne vous l’avait jamais racontée, celle vue à travers le témoignage d’un journaliste qui a participé à toutes les discussions sociales importantes qui contribuèrent à assurer sa pérennité. Le récit de Jean-François Téaldi fourmille d’anecdotes inédites où l’on comprend qu’« il n’a pas été facile d’être communiste dans une télévisions publique longtemps contrôlée par le pouvoir politique » comme l’écrit l’ancien président de France télévisions, Hervé Bourges dans la préface à cet ouvrage de près de 400 pages. On croise également Jacques Médecin, Christian Estrosi, Bernard Tapie, Jean-Marie Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou encore Nicolas Sarkosy. On apprend aussi comment se sont menés en interne les nombreux combats pour la défense des droits au travail.
  • Pour aboutir à un livre

    Eric Hazan (La Fabrique, 2016)

    « La fabrique d’une maison d’édition ». Le sous-titre de ce petit livre est on ne peut plus clair. On vous raconte les différentes étapes de l’édition, on vous décrit des acteurs – auteur, maquettiste, correcteur, imprimeur, diffuseur-, on vous présente le metteur en scène, celui qui porte le nom d’éditeur. Ce livre raconte aussi une aventure forcément folle « faite d’hésitations et de cahots, de bonheurs et de rencontres précieuses ». Éric Hazan en est le récitant. Il sait de quoi il parle puisqu’il dirige depuis presque vingt ans La fabrique, sa maison d’édition toujours soutenue par le désir collectif de subvertir à l’ordre établi.

Politique

  • Opération Macron

    Éric Stemmelen (Editions du Cerisier, 2019)

    Le pouvoir financier et économique voulait un homme à sa dévotion, les médias à ses ordres l’ont fabriqué. Sans rien révéler d’autre que des faits déjà publics, Éric Stemmelen a tenu le journal, entre 2012 et 2017, de l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron : les faits, les déclarations, les nominations, les articles de presse, les actes précis qui, une fois mis bout à bout, dévoilent comment le candidat Macron a été pensé, fabriqué, lancé, mis en scène par une classe sociale, celle des super-riches. Une classe qui soutient désormais Macron comme la corde soutient le pendu. Une fois Macron définitivement essoré et rincé, ils le jetteront pour le remplacer par une autre serpillière. Ils cherchent déjà son remplaçant...
  • Ce pays que tu ne connais pas

    François Ruffin (Les arènes, 2019)

    « Quand un boxeur envoie un crochet du gauche, il ne prévient pas à l’avance. C’est donc par surprise que je publie Ce pays que tu ne connais pas, un uppercut moral qui atteindra, je l’espère, le Président de la République », disait François Ruffin à la sortie de son livre. Cet uppercut, c’est le portrait d’une France qui souffre pendant qu’un homme commence son ascension, c’est la vie de gens qui comptent chaque euro pendant qu’un homme se sert des finances de l’État pour atteindre le pouvoir, ce sont des témoignages de caissières, de routiers, d’auxiliaires de vie, d’ouvriers, pendant qu’un homme ne fréquente que des normaliens, des millionnaires, des PDG, des banquiers, des journalistes. C’est enfin la description d’une réalité qu’Emmanuel Macron ignore et veut ignorer. Le roi est mis à nu et son sourire s’est figé pour devenir « le sourire de la mort ».
  • Contre Macron

    Juan Branco (Éditions Divergences, 2018)

    « Le macronisme et une nouvelle variante du fascisme, et il nous faudra avoir la plus grande attention à la façon de débrancher ces êtres de nos institutions au moment du changement démocratique nécessaire et qu’ils chercheront compulsivement à éviter », écrit Juan Branco dans son livre au titre simple comme un direct du droit. Normalien, avocat, philosophe, chercheur, diplômé des hautes écoles qui fabriquent les élites de la haute fonction publique, il désosse au scalpel et sans trembler le locataire de l’Élysée. Pugnace, pour le moins, Juan Branco démonte ainsi les ressorts intimes du pouvoir macroniste et ses liens de corruption, de népotisme et d’endogamie, « la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en redistribuer l’usufruit auprès des… Lire la suite
  • Le retour des populismes

    Bertrand BADIE, Dominique VIDAL (La Découverte, 2018)

    Montée des populismes, recettes du populisme, dangers du populisme, fièvre populiste… Le terme populisme est désormais omniprésent dans les débats politiques et médiatiques. Mais que signifie-t-il exactement ? Bertrand Badie, prof à science-po Paris, et Dominique Vidal, journaliste et historien, ont considéré « décisif et urgent de saisir ce phénomène avec rigueur pour éviter tout rapprochement douteux ». Avec une trentaine de spécialistes, ils ont dirigé cet État du monde 2019 pour dresser une synthèse de cette tendance majeure de l’évolution politique internationale : l’Amérique de Trump, la Russie de Poutine, la Turquie d’Erdogan, les extrêmes droites européennes, le brexit, sans oublier l’Inde de Modi et les Philippines de Duterte. Les exemples ne… Lire la suite
  • Pourquoi les riches votent à gauche

    Thomas Franck (Agone, 2018)

    Attention, le titre de ce livre contient un oxymore ! Riche/gauche, cet assemblage en effet curieux, Thomas Frank, journaliste originaire du Kansas, le revendique et en fait sa thèse. Dans cet ouvrage qui fait écho à celui qu’il avait intitulé Pourquoi les pauvres votent à droite, il analyse l’abandon par les « nouveaux démocrates » des classes populaires au profit des populations les plus aisées et cultivées. Thomas Frank explique comment le « parti du peuple » a rompu les liens avec les pauvres, les exclus, les minorités et les travailleurs pour devenir, au nom de la réussite, des diplômes universitaires et de l’argent, le parti « pro business » plébiscité par les blancs de la classe moyenne supérieure. Autrement dit : on peut être riche, néo-libéral et pourtant progressiste ou « de gauche ».

Histoire

  • La guerre civile en France, 1958-1962. Du coup d’État gaulliste à la fin de l’OAS

    Grey Anderson (La fabrique, 2018)

    Mai 1958, qui s’en souvient ? Qui veut s’en souvenir ? Qui célèbre ce mai, alors que celui survenu en 68 est toujours commenté ? Les réponses sont dans ce livre écrit par un historien américain : « si mai 68 est un moment joyeux et solaire, les quatre années de guerre civile qui s’écoulent entre la prise du Gouvernement général d’Alger le 1er mai 1958 à la fin de l’OAS au printemps 1962, n’ont rien que l’on aime se rappeler ». Et pour cause : ce fut « le temps de la haine et de la violence extrêmes, de l’usage généralisé de la torture, des exactions policières contre les Algériens révoltés et ceux qui les soutiennent, le mensonge officiel qui présente le retrait d’Algérie et le complot initial comme le triomphe de la démocratie ».… Lire la suite
  • Une histoire populaire de la France

    Gérard Noiriel (Agone, 2018)

    En 1980, parait la première édition de la magistrale « Histoire populaire des Etats-Unis » d’Howard Zinn, le grand historien américain. Chez Agone, nait alors l’idée de demander à un autre grand historien, français cette fois, de réaliser une enquête similaire sur l’hexagone. Gérard Noiriel, historien du monde ouvrier de l’immigration et de la question nationale, s’est attelé à la tâche. Dans le sillage de Zinn, il s’est efforcé d’articuler les formes de dominations subies par les exclus de l’historien, tout en préservant le primat de la lutte des classes. Noiriel a mis une décennie à terminer cet ouvrage, synthèse d’une vie de recherches et d’engagements. Cette somme éclaire la place et le rôle du peuple dans toutes les grandes… Lire la suite
  • Dans la classe de l’homme blanc

    Laurence de Cock (Presses universitaires de Lyon, 2018)

    Comment transmet-on aux nouvelles générations l’histoire de la colonisation ? s’interroge, l’auteure, docteur en sciences de l’éducation et professeur agrégée en lycée qui s’est attelé à étudier L’enseignement du fait colonial en France des années 1980 à nos jours. A partir d’archives de l’éducation nationale, des textes et des manuels scolaires, elle retrace les débats sur la question coloniale, analyse l’élaboration des programmes et la fabrique scolaire de l’histoire. Que faire des enfants de l’immigration coloniale et postcoloniale ? L’école doit-elle adapter ses programmes à leur présence ? Que faire des héritages d’une histoire douloureuse pour les uns, glorieuse pour les autres, méconnue pour beaucoup ? En tentant de répondre à ces… Lire la suite
  • Jeanne et Lucien dans le tourbillon de Mai 68

    Bruno Lemerle (les Mutins de Pangée, 2018)

    Que s’est-il passé précisément à l’usine Peugeot de Sochaux le 11 juin 68 ? Quels souvenirs les ouvriers en ont-ils gardés ? « Pour nous, 26 200 personnes à l’époque, c’est resté une tragédie, avec une haine chevillée en nous pour ces répressions policières, une cicatrice dans l’histoire de l’usine. Il fallait que la chienlit s’en aille, un prolo c’est fait pour bosser, pas pour faire grève ! Alors ils ont nettoyé : 2 morts, 152 blessés » écrit Christian Courouge, ouvrier et militant syndicaliste à Sochaux de 1978 à 2011, dans sa préface au récit écrit par son pote Bruno Lemerle, également ouvrier de Peugeot Sochaux. Cinquante ans plus tard, leur mémoire est intacte, leur envie de raconter aussi, renforcée par… Lire la suite
  • 68, une histoire collective (1962-1981)

    Michelle Zancarini-Fournel, Philippe Artières (La Découverte, 2018)

    68, ce n’était pas qu’un mois, mais une longue séquence historique dans laquelle ce mouvement s’inscrit, de la fin de la guerre d’Algérie en 1962, à l’élection de François Mitterrand en 1981, de la révolution cubaine à la révolution iranienne. Ce volumineux ouvrage (860 pages), écrit il y dix ans et qui vient d’être réédité, a l’intérêt de décentrer mai 68 du quartier latin, des barricades et de l’occupation de la Sorbonne, pour recomposer un paysage bien plus vaste, à Paris, en province et à l’étranger. À travers des personnages anonymes ou célèbres, des lieux connus ou inconnus, ces récits polyphoniques donnent à voir l’intensité des débats politiques, la diversité des luttes et des aspirations dont ces années furent le théâtre.

Économie et Finance

  • L’art de la fausse générosité, la fondation Bill et Melinda Gates

    Lionel Astruc (Actes sud, 2019)

    Qu’ils étaient exemplaires Bill et Melinda Gates, devenus en 2000 les icônes de la générosité mondiale ! Qu’ils étaient irréprochables Bill et Melinda Gates qui en créant leur fondation ont décidé de distribuer leur richesse, se transformant ainsi en donateurs planétaires ! Hélas, c’était oublier que ces chez gens là, rien ne se perd, tout se transforme. Et que la philanthropie est aussi un business. Cette enquête le démontre avec éclat. Lionel Astuc démonte le système de dons qui cache en fait des mécanismes d’évitement fiscal, la fausse charité et la transformation de la fondation en trust qui finance les OGM, l’armement, les labos pharmaceutiques… Dans le monde de la finance, il n’y a vraiment rien à sauver. Même pas les apparences.
  • Macron, un mauvais tournant

    Les économistes atterrés (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Détruire progressivement le modèle social français pour aligner la France sur les standards du capitalisme financier libéralisé : tel est le programme d’Emmanuel Macron qui pour y parvenir utilise les institutions bonapartistes de la Ve République. Les Économistes atterrés décryptent les méthodes et les implications de cette entreprise présidentielle. Cet ouvrage analyse les réformes mises en œuvre depuis le début du quinquennat et les suivantes, montre qu’elle aggrave les problèmes : crise économique, crise productive, crise sociale, crise écologique. Des solutions pour changer de cap existent. Comme existent des réponses qui donneraient les moyens de satisfaire aux exigences de la transition sociale et écologique et permettraient d’établir… Lire la suite
  • Le capitalisme expliqué à ma petite-fille (en espérant qu’elle en verra la fin)

    Jean Ziegler (Seuil, 2018)

    Qui est cet ogre animé par un ordre cannibale qui broie la vie de milliards d’êtres humains, accroit comme jamais les inégalités et la misère, épuise la planète, plonge dans la déprime les populations, aggrave les replis identitaires sous l’effet de la dictature du marché ? Cet ogre c’est le capitalisme qu’il faut tuer comme l’hydre à plusieurs têtes. Par le truchement d’un dialogue avec sa petite-fille Zohra, Jean Ziegler, ancien rapporteur pour l’ONU pour le droit à l’alimentation et actuel vice-président du comité consultatif du Conseil des Droits de l’homme, en appelle à une insurrection qui renversera ce système économique dictatorial. « Quand viendra-t-elle ? », demande la petite-fille. « Personne ne le sait », répond le grand-père, « mais elle est proche ». Parce qu’elle est inéluctable.
  • Foucault, Bourdieu et la question néo libérale

    Christian Laval (La découverte, 2018)

    Chacun à leur manière, et avec des styles très différents, ces deux intellectuels français se sont intéressés à la question du néolibéralisme - Michel Foucault dans les années 70, Pierre Bourdieu dans années 90. Christian Laval, agrégé de sciences sociales et professeur de sociologie à Nanterre, examine l’originalité et la cohérence de leurs recherches, leurs limites et les points aveugles pas encore explorés. Cet ouvrage permet de faire comprendre en quoi les travaux de Foucault et Bourdieu sont incontournables pour comprendre le mode de pouvoir actuel et réfléchir à cette question centrale : quelle nouvelle politique faut-il inventer pour mener ce combat central du XXIe siècle ?
  • Le système dette

    Éric Toussaint (Les Liens qui Libèrent, 2017)

    Historien, docteur en sciences-politiques et porte-parole du CADTM international (Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes), Éric Toussaint retrace l’histoire des dettes souveraines et de leur répudiation. Il nous emmène en Amérique Latine, en Chine, en Tunisie, en Égypte et en Grèce bien-sûr, replonge dans les racines du mal où à partir du XIXe siècle le recours à l’endettement devient un des bras armés du capitalisme pour mettre sous tutelle des économies entières. Tout au long de ces pages, Éric Toussaint martèle une évidence que le système ne veut pas entendre : la pratique de la dette n’est pas inéluctable. La preuve, des états ont réussi à annuler les leur, Mexique, Cuba, Costa Rica et la Russie des Soviets. Les dictatures ont toujours une fin.

Sociologie

  • Droit des femmes, tout peut disparaître

    Pauline Delage (Textuel, 2018)

    Tout est toujours à refaire en matière de droits des femmes. On les croit irréversibles, mais en réalité, ils sont en périls, aussi fragiles que des colosses aux pieds d’argile. Ce livre passe en revue les dangers qui les guettent. Ivg, politiques publiques de la petite enfance, discrimination au travail, sexisme, exclusion, distorsion entre les principes et la mise en pratique. Dans la liste des menaces pérennes ou nouvelles, il faut ajouter, les attaques des groupes et autres lobbys qui résistent à l’égalité, les résistances à l’anti-sexisme, les limites que le contexte néolibéral impose à la défense des droits des femmes. Ne perdons pas espoir. We can do it !
  • Antisionisme = antisémitisme ? . Réponse à Emmanuel Macron

    Dominique Vidal (Libertalia, 2018)

    Petit manuel limpide et fort pratique pour répondre à ceux qui mélangent antisionisme et antisémitisme, comme votre voisin de table ou Emmanuel Macron qui le 16 juillet 2017 lançait lors du 75ème anniversaire de la rafle du Vel’d’hiv’, devant le président d’Israël : « nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme ». Jamais un chef d’état n’avait commis une telle erreur historique doublée d’une faute d’arguments pour le prouver. Sur un mode non polémique, Dominique Vidal traite de l’histoire du sionisme né le 31 août 1897 à Bâle avec Theodor Herzl, de la diversité de l’antisionime, de l’antisémitisme d’hier et aujourd’hui.
  • Amadora

    Dominique Simonnot (Seuil, 2018)

    C’est un livre à deux voix. Celle d’Amadora, une jeune Tzigane de Roumanie qui raconte avec ses mots d’enfant son quotidien en Seine Saint-Denis où elle est arrivée à l’âge de 4 ans. Celle de l’auteure, journaliste au Canard Enchainé qui décrit avec tendresse et émotion, la vie de cette famille Rom en France. C’est drôle, triste, malicieux, effroyable. Comme un double journal de bord qui explose les a priori et les poncifs stigmatisant cette communauté, on découvre un monde où la survie et l’amour sont les moteurs de ce couple et leurs deux enfants pour qui les lendemains ne sont jamais acquis. Amadora, vous l’aimerez sûrement, celle qui adore l’école, ses parents et son petit frère, qui est la seule de la famille Linguar à savoir lire, écrire et parler français, qui discute avec les… Lire la suite
  • Se défendre. Une philosophie de la violence

    Elsa Dorlin (Zones, 2017)

    Qui a le droit de s’armer ? L’auteur, professeur de philosophie à Paris 8, examine cette ligne de partage qui oppose historiquement les corps « dignes d’être défendus » à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables ont laissés sans défense. Ainsi le Code noir interdisait aux esclaves de porter aucune arme défensive ou de gros bâtons. Au XIXe siècle en Algérie, l’état colonial interdisait également le porter une arme aux indigènes, pas aux colons bien sûr, plutôt encouragés à le faire. À travers l’histoire, du jiu-jitsu aux suffragettes, des pratiques insurrectionnelles du ghetto de Varsovie aux fusils des Black Panters jusqu’aux patrouilles queer, Elsa Dorlin dessine une généalogie philosophique de la violence. Et de l’autodéfense quelques soit le lieu, public ou privé.
  • Ce que les riches pensent des pauvres

    Bruno Cousin, Camila Giorgetti, Jules Naudet, Serge Paugam (Le Seuil, 2017)

    Comment les nantis, ceux dont la fortune est censée ruisseler, voient-ils les pauvres, les pouilleux, les démunis, ? Ont-ils du dégoût, du mépris de classe, de la compassion ? Considèrent-ils le peuple comme une classe dangereuse, immorale et répugnante. Quatre sociologues (Cnrs, Ehess, Sciences-Po, Centre Maurice Halbwachs) ont eu la bonne idée de poser ces questions. À partir d’entretiens, d’une enquête comparative dans les beaux quartiers de trois métropoles - Paris, Sao Paulo et Delhi - ils montrent que les riches justifient leurs stratégies d’évitement et de relégation des catégories défavorisées, de peur d’être contaminés par des modes de vie jugées moralement indésirables et moralement nuisibles. Salauds de pauvres !

Travail et luttes sociales

  • Désobéir - La collection

    Les désobéissants, Xavier Renou (Le Passager clandestin, 2017)

    Vous avez aimé les Que sais-je ? , vous adorerez cette collection de petits bouquins pleins de conseils pratiques pour Désobéir dans l’entreprise, Désobéir aux grands projets qui coutent très cher et ne servent à rien, Sivens, Lyon-Turin, Notre-Dame-des-Landes. Voilà pour les derniers. Il y a aussi désobéir au sexisme, à l’argent, au nucléaire, au colonialisme, à la précarité… Autant de modes d’emploi clairs et efficaces, concoctés par un « collectif activiste qui forme à la désobéissance civile ». En plus, ils sont faciles à glisser dans une poche !
  • Carnet de bord d’un gréviste

    Christophe Metroz (Les mutins de Pangée, 2016)

    Il n’est pas journaliste, pas sociologue, pas écrivain. Christophe Metroz est ouvrier. Il est entré à PSA à Aulnay à l’âge de 20 ans et y a travaillé quatorze ans jusqu’à 2011, année où les rumeurs de fermeture de l’usine commencent à circuler et qui se concrétisera trois ans plus tard. Alors il a décidé de raconter ce combat au jour le jour. « La force du texte de Christophe Metroz est celle de l’histoire brute, inexorable, de la parole sans retour d’un témoin du premier rang » écrit Gérard Mordillat dans sa préface qui ajoute « chaque jour qui passe charge son texte d’histoire, de mémoire, de devoir, de pouvoir, comme si chacun de ses mots portait en lui une charge explosive ». En bonus de ce texte, le DVD Comme des lions qui raconte en images deux ans de lutte des salariés pour sauver leur usine.
  • On n’entre pas dans un monde nouveau sans effraction. Murs populaires. Tags du mouvement contre la loi travail

    Auteurs et autrices anonymes (CNT-RP, 2016)

    La rue est folle, nous aussi ! Agir en primitif, prévoir en stratège ; Les pouffiasses niquent la BAC ; Même les Pokémon trouvent que l’époque est morne ; Le lacrymo…gène, le fumi…gène… On ne vous dérange pas trop ? ; Film un flic, sauve des vies !!! ; À vos ordres mon capitalisme ; Error 49.3 Democratie not found… Slogans, tags, graphes. Au printemps 2016, « nos murs se sont couverts de cris, de rage, d’autodérision et d’espoir d’un autre futur » écrivent les éditeurs de cet ouvrage qui salue également ce « mouvement littéraire né sous les bombes et marqueurs d’anonymes. ». C’est beau, c’est drôle, c’est inventif. Surtout, cela fait du bien.
  • Vive l’entreprise ? Le code du travail en danger

    Gérard Filoche (Hugo et cie, 2015)

    Dans ce livre Gérard Filoche démonte tout d’abord les préjugés que l’on entend à tout-va sur le Code du travail (il est trop gros, il empêche d’embaucher, freine la compétitivité, etc.) pour ensuite explorer la vie au travail en France au début du xxIe siècle et, à travers 200 anecdotes illustrées, exemple après exemple, thème après thème, l’effectivité du droit du travail et sa déconstruction en cours. Il s’appuie pour cela sur son expérience syndicale et celle de son métier d’inspecteur du travail….
  • Comment résister aux lois Macron, El Khomri et Cie ?

    Gérard Filoche, Richard Abauzit (Le Vent se lève, 2013)

    Ce livre analyse les suites de l’ANI du 11 janvier 2013, des lois Sapin, Macron et Rebsamen, le projet de loi El Khomri, les rapports Combrexelle, Mettling, Badinter. Il est un antidote contre la propagande de ceux qui veulent réduire le « coût du travail » et œuvrent non pas pour réduire le chômage mais pour accroître les dividendes.

Environnement et Santé

  • Nous voulons des coquelicots

    Fabrice Nicolino, François Veillerette (Les Liens qui Libèrent , 2018)

    Ce livre est un manifeste. Un manifeste pour la vie, les coquelicots dans les champs de blé, les oiseaux au bord du chemin, les abeilles qui subissent une véritable apocalypse qui les fait disparaître par milliards. Le coupable, tout le monde le connait : ce sont les pesticides, « ces poisons qui détruisent tout ce qui est vivant, ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises ». Semeurs de mort, ils doivent être définitivement éradiqués. Pas demain, maintenant. « L’heure n’est plus à la discussion de salon, il faut se lever, ensemble, dans un soulèvement pacifique de toute la… Lire la suite
  • Éloge des mauvaises herbes . Ce que nous devons à la ZAD

    Collectif (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Soit dix-sept intellectuels, artistes, écrivains, poètes* qui dissertent sur « ce que nous devons à la ZAD », cette zone à défendre qui est bien plus qu’un bout de bocage. Leurs textes ainsi rassemblés racontent que, dans notre monde normé, catalogué, mesuré, peut s’y inventer de nouvelles formes de vie et de liberté. Sur la ZAD, on existe en commun, on cohabite avec la nature, on rêve, on sort de l’emprise du marché. On lutte, on invente, on redonne du sens au travail et à l’agriculture, on prépare les alternatives en occupant les terres. « C’est notre réalité de demain qui prend forme sous nos yeux. C’est une percée de mauvaises herbes ». Une percée de la vie. * David Graeber, Jade Lindgaard, Virginie Despentes, John Jordan, Vandana… Lire la suite
  • La guerre des métaux rares

    Guillaume Pitron (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Finies les énergies fossiles. Enfin, nous allons nous affranchir du pétrole, des pollutions, des pénuries et des tensions militaires. Un progrès ? Sauf que nous sommes en train de sombrer dans une nouvelle dépendance : celle des métaux rares - graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène -, ces ressources indispensables à nos voitures électriques, à nos éoliennes, à nos smartphones, à nos ordinateurs. L’avenir qu’on croyait radieux risque d’être encore plus sombre que celui d’aujourd’hui. C’est cette contre-histoire de la transition énergétique que raconte Guillaume Pitron, journaliste pour le Monde Diplo, Géo ou National Geographic. Ce récit clandestin d’une quête généreuse, mais qui charrie des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donnée pour mission de résoudre.
  • Être forêts, habiter des territoires en lutte

    Jean-Baptiste Vidalou (Zones, 2017)

    « Nous sommes allés à la rencontre des forêts et de celles et ceux qui les défendent. Nous y avons découvert des continents innombrables, des sentiers inédits, des êtres ingouvernables. Toute une géographie depuis laquelle il était possible, enfin, de respirer », écrit l’auteur qui se présente comme un bâtisseur en pierre sèche et par ailleurs agrégé de philosophie. Ces forêts sont celles des paysans Guerrero du Mexique qui se battent contre les exploitants, des trappeurs du peuple Cri du Canada défendant sa forêt boréale victime de déforestation, des Penan de Bornéo qui s’arment de sarbacanes contre les plantations de palmiers à huile. Sauver la forêt, mais aussi l’habiter pour la protéger, comme du… Lire la suite
  • Dictionnaire impertinent de la vieillesse

    Alain Jean, Christian Gallopin, Didier Martz, José Polard, Michel Billé (Éres, 2017)

    « Ce n’est pas parce qu’on a un pied dans la tombe qu’on va se laisser marcher sur l’autre » disait François Mauriac. Cette phrase placée en exergue de ce dictionnaire donne le ton : il sera volontairement impertinent et résolument iconoclaste. Nourri par une vingtaine d’auteurs et porté par l’association « EHPAD’côté – les pas de côté » pour dire que les vieux, s’ils sont privés de liberté par l’avancée de l’âge, ne sont pas privés ni d’humour, ni de dignité, ni de besoin d’égalité. Rire pour dissoudre le mépris et pour exploser le dieu unique des Ehpad : la rentabilité. Exemples de définition. Vieillissement réussi : avoir une Rolex avant 50 ans, s’en souvenir après 80 ans. Maladie d’Alzheimer : étranger sans papier, à la fois immigré du temps et émigré de la mémoire.
  • Homme augmenté, humanité diminuée

    Philippe Baqué (Agone Contre-feux, 2017)

    « D’Alzheimer au transhumanisme, la science au service d’une idéologie hégémonique et mercantile ». Ce sous-titre résume à lui-seul l’objet de l’enquête de Philippe Baqué que la maladie d’Alzheimer de sa mère a propulsé dans un monde inconnu, celui du business de la santé. Ce livre en forme de carnet de bord écrit à la première personne montre comment les laboratoires spéculent, les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) se lancent dans des projets mégalomaniaques, comment s’élabore une société basée sur une conception eugéniste des corps et des consciences. Rassurez-vous, ce ne sera pas donné à tout le monde ! Dehors les pauvres, l’immortalité, c’est pour les riches.
  • Le Roundup, face à ses juges

    Marie-Monique ROBIN (La Découverte, 2017)

    A mort le glyphosate ! Enquêtant depuis 2008 sur les dangers des produits toxiques de Monsanto, Marie-Monique Robin en rajoute une couche. Dans cette enquête, elle montre qu’après le pire, il y a pire encore. Et que les dangers du Roundup sont plus grands encore que ce que l’on craignait. Il rend malade, il tue sols, plantes, animaux, humains. Il est cancérigène, omniprésent dans l’air, l’eau, les aliments. Un scandale sanitaire et environnementaux de l’histoire moderne. Que faut-il faire pour que les politiques, l’Europe, cessent cet écocide ? l’entendent ?
  • Ce qui compte vraiment

    Fabrice Nicolino (Les Liens qui libèrent, 2017)

    Peut-on inverser le courant si puissant de la destruction du monde ? s’interroge dans son nouvel essai, Fabrice Nicolino. Prenant cinq exemples fondamentaux, le journaliste blessé dans l’attaque de Charlie Hebdo, assure que l’espoir est la seule solution. Des idées neuves, le journaliste en a plein ses filets, à propos des campagnes françaises, de la « restauration des écosystèmes dans le monde », de la « situation des mers et de la pêche », du « si grand malheur des eaux vives », des « animaux, nos frères lointains », et de « la beauté du monde ». « (…) Vous avez le droit de préférer le poulet à la dioxine, le pain aux pesticides (…) Moi je choisis la vie et la beauté de coquelicots dans les champs de blé ».
  • Le cerveau endommagé

    Barbara Demeneix (Odile Jacob, 2016)

    Comment la pollution altère notre intelligence et notre santé mentale. Tel est le sous-titre de cet ouvrage scientifique qui s’attaque aux perturbateurs endocriniens. Biologiste, internationalement reconnue, médaille du CNRS pour l’innovation, Barbara Demeneix dresse la liste des effets dramatiques des produits chimiques sur le cerveau, le métabolisme, la reproduction. Effrayant. Le nombre d’enfants atteints de dérèglements hormonaux ne cesse d’augmenter ainsi que les désordres autistiques, les troubles de l’attention, l’hyperactivité. Pour elle, les capacités intellectuelles des générations futures seront sérieusement compromises. Il est urgent d’agir si on ne veut pas d’une humanité à qui il ne manquera que …l’intelligence. Ce livre est dense, documenté, rigoureux, parfois un peu trop technique. Il est indispensable.
  • La vérité sur vos médicaments

    André Grimaldi, Claire Hédon, Claire Le Jeunne, François Chast, Jean-François Bergmann (Odile Jacob, 2015)

    Les malades et leur entourage ne savent plus à quel saint se vouer. Qui croire ? Faut-il se méfier des médicaments ? Peut-on faire confiance à son médecin ? à son pharmacien ? Les responsables publics contrôlent-ils réellement l’industrie pharmaceutique ? Les experts sont-ils tous « achetés » ou « vendus » ? Consommons-nous trop de médicaments ? Comment s’y retrouver ? Résultat de l’expérience croisée de 32 spécialistes et de l’analyse d’essais cliniques d’envergure mondiale, ce livre apporte des réponses scientifiquement validées.
  • La nature est un champ de bataille. Essai d’écologie politique

    Razmig Keucheyan (La Découverte, 2014)

    Face à la catastrophe écologique annoncée, les bonnes âmes appellent l’humanité à « dépasser ses divisions » pour s’unir dans un « pacte écologique ». Cet essai s’attaque à cette idée reçue. Il n’y aura pas de consensus environnemental. Loin d’effacer les antagonismes existants, la crise écologique se greffe au contraire à eux pour les porter à incandescence. Si vous voulez savoir où un stock de déchets donné a le plus de chances d’être enfoui aux États-Unis, demandez-vous où vivent les Noirs, les Hispaniques, les Amérindiens et autres minorités raciales. Interrogez-vous par la même occasion sur le lieu où se trouvent les quartiers pauvres… Ce « racisme environnemental » qui joue à l’échelle d’un pays vaut aussi à celle du monde…

International

  • Un chant d’amour. Israël-Palestine, une histoire française

    Alain Gresh (La Découverte, 2017)

    Alain GRESH est à la fois l’un des observateurs les plus engagés et les plus respectés sur le Moyen-Orient. Depuis longtemps il s’attache avec succès à expliquer cette histoire à un grand public. Cette fois, avec des dessins superbes d’Hélène ALDEGUER, « UN CHANT D’AMOUR » raconte le conflit israélo-palestinien sous l’angle de cette France qui abrite les communautés juives et musulmanes les plus importantes d’Europe.
  • Mariage gay à Tel Aviv

    Jean Stern (Libertalia, 2017)

    Israël, ses gays et ceux d’ailleurs, l’homosexualité comme une stratégie marketing et politique de l’état hébreu, le pinkwashing pour camoufler la guerre, l’occupation, le conservatisme religieux et transformer Tel Aviv en une plaisante cité balnéaire. La formidable enquête menée par Jean Stern, journaliste à Libé et à la Tribune après avoir été un des fondateurs du GaiPied, nous montre l’envers du décor de ce soi-disant « mirage rose » orchestré par l’État Israélien. Édifiant et sinistre.
  • La nouvelle question d’Orient

    Georges Corm (La Découverte, 2017)

    Georges Corm est historien et économiste. Il est également spécialiste du monde arabe auquel il a consacré de nombreux ouvrages. L’idée de son dernier essai est de faire comprendre les violences généralisées que connaissent un nombre grandissant des sociétés arabes depuis les années 2000, mais aussi le chaos et l’extension du terrorisme se réclamant de conceptions millénaristes de la religion musulmane dans de nombreux pays musulmans, en France, en Belgique et aussi aux Etats-Unis. Pour Georges Corm, il y a urgence à contextualiser, donner des clefs historiques, rappeler les débats, la rupture et la continuité de « la nouvelle question d’Orient ». Pour prendre conscience des causes qui ont conduit à ce « dérèglement de la raison ».
  • Un boycott légitime. Pour le BDS universitaire et culturel de l’État d’Israël

    Armelle Laborie, Eyal Sivan (La Fabrique, 2016)

    BDS pour Boycott Désinvestissement Sanctions. Soit une campagne internationale lancée en 2014 par 171 organisations non gouvernementales palestiniennes et relayée dans le monde entier, appelant à exercer des pressions économiques, académiques, culturelles et politiques sur Israël afin d’aboutir à la fin de l’occupation et de la colonisation des terres arabes, l’égalité complète pour les citoyens arabo-palestiniens d’Israël, et le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens. Le DBS se concentre désormais sur une de ses composantes : les institutions universitaires et culturelles israéliennes. C’est pour lever des idées fausses à son sujet, le justifier et prôner le droit à l’exercer qu’Eyal Sivan, cinéaste israélien et Armelle Laborie, productrice de documentaires, ont signé cet essai. Entreprise pédagogique « défendre la liberté d’appeler au boycott ne va pas à l’encontre de
  • L’ordre et le monde. critique de la Cour pénale internationale

    Juan Branco (Fayard, 2016)

    Née à l’orée du XXIe siècle, la Cour pénale internationale a pour mission de juger les plus grands criminels de notre temps, responsables de génocides, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Lourde et belle tâche que celle de lutter contre l’impunité et d’amener les bourreaux à répondre de leurs actes. Sauf que cette organisation n’a jamais été à la hauteur de ses ambitions. Pire, son existence même est mise en cause. Juan Branco, docteur en droit et par ailleurs conseiller juridique de Julian Assange, y a travaillé plus d’un an, d’abord comme stagiaire puis comme assistant spécial et officier de liaison du Premier Procureur de la Cour Pénale Internationale. Ce livre est le résultat de son enquête où le droit côtoie la philosophie, le constat d’un (dis)fonctionnement juridique fait écho à l’état de notre monde.

Humour et fiction

  • Ces femmes-là

    Gérard Mordillat (Albin Michel, 2019)

    Daisy, Nadia, Morgane, Nadia, Faustine, Clotilde, Cassandre, Priscilla, Marlène. Mais aussi Julia, Rachel, Sœur Cécile, Bérangère. Une foule de femmes remarquables dont Mordillat dresse le portrait, une multitude de destins individuels qui arme la puissance d’une action collective. Dans cette fresque épique, politique, humaine, il y aussi des hommes. Maxence, Charlie, Roby, Kevin, Vernon. Autant de petites histoires qui font la grande. Et un roman.
  • La boîte à ragoût

    Gérard Mordillat (Éditions La Pionnière, 2018)

    « La boîte à ragoût », c’est ainsi que le père de Mordillat parlait de son ventre. Son oncle « qui avait la fibre philosophique décrivait l’homme comme un œsophage sur une paire de couilles ». Le ton est donné. Cru, drôle, loufoque, personnel, Gérard Mordillat parle de « ses aventures inhospitalières » à l’occasion d’une opération de la vésicule biliaire. On y croise une amoureuse, un Grand Manitou, Hamlet, un dentiste surnommé Picasso, une infirmière, deux infirmières, trois infirmières… sans oublier Mona Lisa et madame Kiki. Le texte avait écrit en 2014, il est republié dans une version enrichie, entièrement « revue et mijotée » et accompagnée de quatre portraits de l’auteur par Alain Fraggi.
  • Le Suaire. Récit en 3 tomes

    Éric Liberge, Gérard Mordillat, Jérôme Prieur (Futuropolis, 2018)

    Après Corpus Christi, soit un documentaire en douze épisodes faisant état des connaissances historiques sur Jésus de Nazareth, Jérôme Prieur et Gérard Mordillat se posent désormais une question essentielle : le Suaire, un linge de 4,42 mètres de long sur 1,13 de large et qui aurait enveloppé le corps du Christ à sa descente de la croix, est-il une relique sacrée ou une arnaque ? Avouez, vous n’y auriez pas pensé … Mais rassurez-vous, dans cette trilogie qui traverse le temps et l’espace, il y a de la passion, de l’amour, de l’excès, de la rivalité, du mensonge et une intrigue captivante. Plus sérieusement, cette bande dessinée portée par le magnifique dessin noir et blanc d’Éric Liberge, repose sur un minutieux travail d’historien comme savent le faire les deux auteurs.
  • Bad news. Derniers journalistes sous une dictature

    Anjan Sundaram (Marchialy, 2018)

    C’est l’histoire d’un grand reporter indien dont la qualité du travail est saluée par ses pairs (Reuters en 2006 et le Club Award en 2015). Dans le cadre d’un programme de l’Union européenne, il part enseigner le journalisme au Rwanda. Entre 2009 et 2013, Anjan Sundaram forme des journalistes locaux et les aide à créer des médias indépendants. Jusque-là, tout va bien. Sauf qu’avec le temps, il plonge dans un univers complexe, celui du contrôle de l’information, de l’impossibilité d’exercer son métier, des informations cachées ou tronquées, de la menace qui pèse sur ses élèves et sur les journalistes en général, pour certains surveillés, menacés, traqués, assassinés. Bad news dresse le portrait d’une dictature. Il est un manifeste pour la liberté d’expression.
  • L’héritage des espions

    John le Carré (Le Seuil, 2018)

    Est-ce une œuvre de transmission, une sorte de testament qui livre des secrets sur cinquante ans d’histoire ? Le dernier livre de John Le Carré qu’il vient d’écrire à l’âge 86 ans, fait le lien entre l’ancienne et la nouvelle génération d’espions, entremêle le passé et le présent, la mélancolie du souvenir et la morsure quotidienne de la culpabilité. Les temps ont changé. Le bloc communiste n’existe plus. Les jeunes élevés dans un monde dominé par les avocats et les comptes à rendre, n’ont pas de pitié pour les vieux agents qui ont connu la guerre froide. Pourtant le Cirque les tire de leur retraite, rattrapés qu’ils sont par les fantômes de cette époque. Reviennent hanter Alec Leamas et Liz Gold, espions trouvés mort en 1961 au pied du mur de Berlin.… Lire la suite
  • De A à X

    John Berger (L’Olivier, 2018)

    Qu’importe le lieu où se déroule cette histoire, Mexico, Ramallah, Kaboul ou ailleurs. John Berger, anglais exilé en France mort en 2017, homme de gauche et artiste engagé, a voulu son roman universel, c’est-à-dire le situer partout où les hommes souffrent, résistent à l’oppression. De A à X est la correspondance entre Xavier, incarcéré dans la cellule n° 73 de la prison de Suse où il purge une peine de réclusion à perpétuité pour terrorisme, et Aida son amante qui, elle, est libre. Roman épistolaire, roman d’amour, roman de combat. Mais aussi roman elliptique où chacun peut laisser libre cours à son imagination.
  • Manif

    Mathieu Colloghan (Adespote, 2017)

    Tous ensemble, tous ensemble ! Les parcours bastille-république-nation, les slogans, les combats, les charges de CRS, les indignations, les rencontres heureuses et malheureuses… A chacun sa manif, la vôtre, la sienne, la nôtre. Dans cette BD qui raconte l’engagement politique à « hauteur d’homme », vous retrouverez l’ambiance, l’émotion, les coups de matraques et les coups d’apéro. Tout cela dessiné avec humour et tendresse, portés par un trait vif et maîtrisé.
  • Le gros capitaliste. Et autres textes

    B. Traven (Libertalia, 2017)

    De B.Traven, on sait deux choses de façon certaine : qu’il est un écrivain majeur du XXe siècle, auteur d’une trentaine des livres et de nombreux articles ; que son amour pour les Indiens d’Amérique centrale était si fort, qu’à sa mort en 1969 au Mexique, il a fait disperser ses cendres dans les forêts du Chiapas. Tout le reste demeure un mystère. Sa date de naissance est approximative (1882 ?). On ignore son nom, sa nationalité, son visage et sa vie privée. « Ma patrie est où je suis, où personne ne me dérange, où personne ne me demande qui je suis, d’où je viens et ce que je fais », écrivait-il en 1929. Ou encore « Ma vie m’appartient, seuls mes livres appartiennent au public ». Une profession de foi qui ne découragea cependant pas Rolf Recknagel de se… Lire la suite
  • Comme une rivière bleue

    Michèle Audin (L’arbalète Gallimard, 2017)

    Qu’est-ce qui pousse une mathématicienne et écrivain à s’emparer d’un évènement historique comme la Commune de Paris ? Un besoin d’utopie ? Ces instants d’immense fraternité ? Ces rêves d’émancipation et d’autogestion au travail ? On sait la fin tragique des communards nageant dans le bain de sang des exécutions massives, on connait leur héros, ainsi Louise Michel déportée en Nouvelle-Calédonie. S’inscrivant dans la lignée des récits historiques portés par les anonymes et les sans grades, Michèle Naudin choisit de raconter ces 72 jours de la Commune de Paris (du 18 mars au 28 mai 1871), à travers une petite foule de personnages. Ils s’appellent Emilie Lebeau, Pierre Vésinier, Florris Piraux, Paul Vapereau, Charles Longuet. Ils s’aiment, se querellent,… Lire la suite
  • Jeu blanc

    Richard Wagamese (Zoé, 2017)

    C’est un roman. Cela pourrait être une autobiographie. L’auteur, Richard Wagamese est d’origine objiwé, soit une des plus grandes nations amérindiennes en Amérique du Nord. Le héros, également issu de cette communauté, raconte son histoire, se remémore son enfance, la récolte du riz et de la pêche, son enfermement dans un pensionnat où les blancs s’échinent à effacer son indianité. « Ils m’emmenèrent dans un pensionnat (…) une fois j’avais lu qu’il y avait dans l’univers des trous qui avalaient toute la lumière, tous les corps. (Il) vola tout la lumière de monde, tout ce que je connaissais s’évanouit avec un bruissement audible comme le fait l’orignal quand il disparaît dans les épicéas », écrit-il. Ce livre parle de racisme, de destruction culturelle, mais aussi de la relation… Lire la suite
  • La tour abolie

    Gérard Mordillat (Albin Michel, 2017)

    S’il fallait présenter l’histoire de ce livre en quelques mots, il suffirait de reprendre la phrase mise en exergue : « Quand les pauvres n’auront plus rien à manger, ils mangeront les riches ». Tout est dit, ou plutôt tout est annoncé. Les nantis vont avoir chaud aux fesses ! Au sommet des trente-huit étages de la tour Magister située au cœur de la Défense, travaille l’état-major de la multinationale de cette compagnie d’assurance, gouverné par la logique du profit. En bas, dans les sous-sols et les parkings, survivent des misérables, des crève-la-faim, des exclus que la misère a rendu dingues. Deux mondes apparemment étanches. Sauf qu’un jour ceux des très-fonds décident de monter dans les étages. Un roman de la révolte et un portrait de notre société écrit avec l’énergie de l’auteur de Vive la sociale.
  • Mercy, Mary, Patty

    Lola Lafon (Actes Sud, 2017)

    Mercy, Mary, Patty : trois femmes, trois destins. Il y a Mercy Short qui fut enlevée en 1960 par des tribus indiennes, Mary Jamison qui subit un sort identique en 1753 et Patricia Hearst qui fut kidnappée en 1974 par un groupuscule révolutionnaire. Patty alors âgée de dix-neuf ans, est la petite-fille d’un magnat de la presse américaine. Quelques semaines plus tard, une photo devenue célèbre la montre, béret sur la tête, tenant une arme à la main. Lavage de cerveau ? Pas du tout. Patty qui a épousé les thèses de ses ravisseurs n’a pas voulu être « libérée ». Comme Mercy et Mary qui, elles aussi, ont décidé de ne pas revenir dans leur famille d’origine. C’est de cette liberté dont parle Lola Lafon. De ce courage de refuser de suivre la ligne droite toute tracée de… Lire la suite
  • La fin de l’histoire

    Luis Sépúlveda (Métaillé, 2017)

    Ce n’est ni un livre d’histoire, ni un essai sur la fin de notre monde gorgé de capitalisme néo libéral, mais un polar, un vrai. Avec pour personnage principal Juan Belmonte, un ancien agent clandestin et ex-sniper qui, après avoir déposé les armes, vit tranquille en Patagonie avec sa compagne Verónica torturée sous la dictature de Pinochet. Et voilà que son passé le rattrape. Et voilà que les services secrets russes l’obligent à leur prêter main forte pour contrer les agissements d’un groupe de Cosaques nostalgiques. Au-delà de l’intrigue, c’est à une traversée du XXème siècle que nous convie l’écrivain chilien. De la Russie de Trotski au Chili de Pinochet, de l’Allemagne d’Hitler à la Patagonie d’aujourd’hui, l’histoire file à toute vitesse. Une dernière précision : ce polar est aussi une histoire d’amour et de fidélité.
  • Le Dernier Jour d’un Condamné

    Victor Hugo (folio classique, 2017)

    Implacable réquisitoire contre la peine de mort, époustouflante démonstration littéraire à l’efficacité redoutable. Presque deux siècles plus tard, ce texte publié en 1829, n’a pas perdu une once de pertinence. Victor Hugo nous fait entrer dans la tête d’un condamné à mort qui attend son exécution. Il lui reste vingt-quatre heures à vivre. Avec lui, on frisonne d’effroi, on est glacé par la peur, on se prend à croire à un miracle. Comme ce condamné, on espère, on espère tellement. C’est vertigineux.
  • Le Talon de fer

    Jack London (Libertalia, 2016)

    S’il est un livre qui appartient au patrimoine mondial de l’anticipation, c’est bien Le Talon de fer. Jack London imagine une révolution socialiste où les révoltes ouvrières, les grèves générales, sont étouffées par une impitoyable répression rationnelle et standardisée, et ce grâce à l’alliance entre les riches et les aristocrates du syndicalisme. En imaginant la société future des Etats-Unis, il la pousse jusqu’à sa forme extrême, le fascisme. Ce classique de la révolte est aussi une histoire d’amour et une formidable description de la misère sociale de la classe ouvrière nord-américaine, qu’il appelle à la révolution armée comme le remède à la destruction du peuple voulue par l’oligarchie capitaliste.
  • L’almanach des réfractaires

    Évelyne Pieiller (Finitude, 2016)

    Prendre le temps et des chemins de traverse. Surprendre le lecteur par des anecdotes curieuses et inutiles, le réveiller de sa rêverie au moment où il ne s’y attend pas. Journaliste au Monde Diplo, critique rock, Évelyne Pieiller s’amuse à raviver un genre tombé en désuétude : l’almanach. De janvier à décembre, elle raconte des histoires, des anecdotes, donne des chiffres et des définitions grâce onze rubriques pérennes : les soleils du mois, chronologie des moments remarquables, la minute méditative, bibliothèque des voyageurs, leçon de désobéissance, répertoires des affections,... A picorer avec malice.
  • England away. Aux couleurs de l’Angleterre

    John King (Au Diable Vauvert, 2016)

    « Les Anglais ne tuent pas, à moins d’y être carrément obligé » assure Steve Thomas, anglais et joueur de hockey professionnel. En inscrivant cette phrase en exergue, John King donne le ton de ce roman qui raconte l’aventure d’un jeune hooligan. Celui-ci décide de se rendre à Berlin pour assister à un match Angleterre-Allemagne. Il est avec sa bande, une meute de gros lourds aussi violents que bas de plafond qui justifient leurs conneries – incendie, bagarres, saccages de bar – par un concept philosophique de haut vol : « 100% Chelsea, 100% Anglais ». Cette trame n’est en fait qu’un prétexte pour l’auteur passé maître dans l’art de décrire la culture de son pays, à savoir le foot, les classes populaires, leur langue, les racines du nationalisme et de la violence sociale.
  • Démokratía. Manga en 5 tomes

    Motorô Mase (Edition Kazé, 2016)

    Taku Maezawa, élève ingénieur, et Hisashi Iguma, spécialiste en robotique, mettent en commun leur connaissance pour créer Maï, un robot d’apparence féminine. L’idée est de demander à 3 000 personnes, recrutées au hasard sur le web, de décider à la majorité via un réseau social des faits et gestes de cette machine à forme humaine qui deviendrait ainsi le creuset d’un savoir collectif, la convergence de 3 000 intelligences… Le concept de Démokratía est révolutionnaire. Mais, évidemment, rien ne se passe comme prévu. les cinq tomes de ce manga démontrent que démocratie n’est pas toujours synonyme de raison.
  • Moi, présidente

    Gérard MORDILLAT (Autrement, 2016)

    Sous le titre de ce livre il est écrit : sotie. Une sotie est une farce à caractère satirique jouée par des acteurs en costumes de bouffons, allégorie de la société du temps. On ne peut être plus clair. C’est exactement le jeu auquel se prête Gérard Mordillat en imaginant une nouvelle locataire de l’Elysée qui rétablit l’esclavage pour supprimer le chômage, impose la polygamie pour résoudre la crise du logement et impose aux mesures des ministres du Racisme Efficace et de la Précarité Raisonnable des mesures pour purger la France de toute la racaille ». Une farce, un cauchemar.
  • Unlucky young men

    Eiji Otsuka, Kamui Fujiwara (Latitudes-Ki-oon, 2016)

    Deux volumes, deux maîtres du manga qui ont conjugué leur talent pour dessiner et écrire cette saga japonaise, aux frontières du polar et de la chronique sociale. Dessins précis, mise en scène impeccable, lecture encouragée par une belle maquette qui joue avec le noir et blanc, Unluncky young men raconte le Tokyo des années 60 secoué par le terrorisme et les révoltes étudiantes qui tournent à l’émeute. Cette fiction-réalité très documentée mélange de véritable figures historiques (les écrivains Kenzaburo Oe et Yukio Mishima et le tueur en série Norio Nagayama) à un scénario où les deux héros fomentent l’attaque d’un fourgon transportant 300 millions de yens. Leur but : financer la production d’un film construit à partir du scénario de l’un d’eux et qui dresse la… Lire la suite
  • Atlas de la France qui gagne

    Didier Porte (Autrement, 2015)

    Cet opuscule ridiculise définitivement la basse propagande anti-française distillée sournoisement par des officines au service du cosmopolitisme apatride, selon laquelle nous ne serions qu’une nation de feignasses hautement bordéliques et de jobards va-de-la-gueule, affligés de boîtes crâniennes dont la circonférence devrait leur permettre de figurer en bonne place au palmarès du concours annuel du marché de Cavaillon.
  • Kamasutra des grenouilles

    Tomi Ungerer (Éditions des Musées de Strasbourg, 2015, 2015)

    Par devant, par derrière, les grenouilles s’envoient en l’air. Sous le trait de crayon génial, lubrique et joyeux de Tomi Ungerer, à une, à deux, à trois, à plusieurs, elles s’adonnent à tous les plaisirs et positions du Kamasutra. Et cela se voit qu’elles aiment ça. Un régal de drôlerie et de plaisir communicatif.
  • Aden Arabie

    Paul Nizan (La Découverte, 2015)

    « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie » écrivait Paul Nizan dans une rage qui nourrit ce petit livre célèbre. Récit de voyage, essai, pamphlet, il met en scène un jeune homme que tout menace de ruine, l’amour, les idées, la perte de sa famille, l’entrée dans le monde. Jean-Paul Sartre qui en fit sa préface écrivait : « Nizan, c’était un trouble-fête. Il appelait aux armes, à la haine : classe contre classe, avec un ennemi patient et mortel, il n’y a pas d’accompagnement, tuer ou se faire tuer : pas de milieu. Et ne jamais dormir. Il avait répété toute sa vie, avec sa gracieuse insolence, le regard baissé sur ses ongles : ne croyez pas au père Noël ». Promis.
  • Numberland, le monde en chiffres

    Mitchell Symons (Marabout, 2014)

    Détendons-nous, jouons un peu, beaucoup, passionnément grâce à ce journaliste-écrivain anglais pour voit la vie en…chiffres. Avec un humour bien de chez lui, il nous raconte, au hasard des 28 chapitres, l’être humain, la musique, l’argent, l’amour, des anecdotes en tous genres. Ainsi 9,12 est la plus grande distance en mètres à laquelle quelqu’un ait craché un criquet mort avec la bouche ; ou encore 3 085 209 600 000 est le nombre de rouleaux de papiers peint qu’il faudrait pour recouvrir le désert du Sahara. Des données chiffrées, loufoques et drôles, il en existe des milliers dans ces pages. Parfaitement inutiles, donc nécessaires.
  • Clandestino. Un reportage d’Hubert Paris, envoyé spécial - Tome 1

    Aurel (Glénat, 2014)

    Hubert Paris, journaliste au magazine américain Struggle, se rend en Algérie dans le cadre d’un reportage sur les migrants clandestins à travers le monde. Faussement flegmatique, se laissant porter par ses rencontres et ses découvertes, il découvre les accords internationaux, les fonctionnaires peu respectueux de leur rôle social, le recrutement de main d’œuvre clandestine et bon marché. Il rencontre également les « harragas », candidats à la traversée et suit leur périple afin de témoigner de leur histoire...
  • Mon ami Dahmer

    Derf Backderf (Ça et Là, 2013)

    Dans une petite ville de l’Ohio, non loin de Cleveland, deux ados entrent au collège, se lient d’amitié et termineront leur scolarité ensemble. L’un, Jeffrey Dahmer, deviendra un des plus grand sérial killer américain, surnommé le « cannibale de Milwaukee », le second devenu dessinateur racontera leur histoire dans un roman graphique stupéfiant. Derf Backderf a mis vingt ans à publier ce récit qui raconte la descente aux enfers de Jeff, que l’auteur décrit comme « un gamin farfelu de 13 ans à l’ado luttant contre les pensées obscures qui le submergent jusqu’au moment fatidique », celui où il commet son premier meurtre. Il y en avouera dix-neuf, sera condamné à 957 ans de prison et sera assassiné dans sa cellule. C’est après sa mort que Derf Backderf se lancera dans… Lire la suite
  • Maus, un survivant raconte (deux tomes 1986-1991, coffret de l’intégrale)

    Art Spiegelman (Flammarion, 2012)

    Deux solutions : soit vous avez lu cette BD génialissime, alors relisez-la ! Soit vous ne l’avez pas encore lue, alors précipitez-vous dans la première librairie et achetez-la ! Maus raconte la vie de Vladek Spiegelman, rescapé des camps nazis, et de son fils, Art, auteur de bande dessinée qui dessine la vie de ce survivant de la Shoah. Maus est l’histoire d’une souris, le juif, qui tente d’échapper à l’obsession du chat, le nazi, qui espère l’attraper pour l’anéantir dans les chambres à gaz. A cette première traque se mêle une seconde, celle d’un père par son fils pour lui arracher les souvenirs de sa vie de juifs entre 1940 et 1945. Souvenirs et transmission. Ainsi va Maus dont les dessins en noir et blanc vous conduisent des années 30 aux années 70, des portes d’Auschwitz aux trottoirs de New York. « Grâce à l’art de Spiegelman, Le destin de Maus, ne cessera de vous hanter » écrit
  • Le cri du Peuple

    Jacques Tardi, Jean Vautrin (Casterman, 2011)

    Les livres sur la Commune ne manquent pas. Celui-ci est unique. En quatre volumes, les dessins en noir et blanc de Jacques Tardi et le texte de Jean Vautrin adapté de son roman éponyme, vous emmèneront dans les rues de Paris secoué par les évènements de 1871, porteurs d’utopie et d’espoir qu’une « Semaine sanglante » finit par anéantir. On suit des personnages fictifs comme le Capitaine Tarpagnan, Grondin, un ancien bagnard, Hippolyte Barthélémy, un policier carriériste. On croise le peuple de Paris, sa gouaille et ses chansons, des personnages réels, Courbet, Clémenceau, Louise Michel et Jules Vallès. On assiste à la destruction de la colonne Vendôme et à celle de L’Hôtel de ville. On y rêve de justice sociale, de fraternité et de liberté à en mourir. Avec ces livres illustrés, revient le Temps des cerises.
  • Siné, 60 de dessins

    Siné (Hoëbeke, 2009)

    Pour reprendre la devise du dessinateur mort en mai 2016, voici 190 pages de dessins qui « chient dans la colle et les bégonias ». Provocations, sacrilèges, obscénités envers les religieux, les politiciens et les militaires. Apologies et amours sans réserve, des chats, du jazz, de l’ivresse, des filles de mauvaises vie et du cul joyeux. Siné n’a jamais aimé les embrigadements. Il suffit pour s’en assurer, de feuilleter ce recueil qui réunit une oeuvre énorme. Par son trait dépouillé qui envoie des messages comme un direct du droit, il s’adonne à son plaisir favori : le jeu de massacre.
  • Testament à l’anglaise

    Jonathan Coe (traduit de l’anglais par Jean Pavans, 2008)

    Ce roman qui a rendu célèbre son auteur est un mélange d’enquête policière et de satire de l’aristocratie britannique dans les années 80. Folie, intrigue, jeux de massacre, description à l’humour very british, tout y est pour garder le lecteur en haleine. Et si Tabitha, la vieille tante qui perd la tête, disait vrai ? Et si les tragédies familiales jamais élucidées étaient des crimes maquillés ? Et si cette dynastie de Winshaw, membre éminent de l’établissement anglais dans les années 80, était pourrie jusqu’à l’os ? La vérité éclatera… un soir d’orage, bien entendu.
  • Moi et la reine d’Angleterre (et autres correspondances)

    Patrice Minet (Berg international éditeurs, 2006)

    Le livre n’est pas tout neuf (avant 2000) mais l’idée n’a pas pris une ride. Le principe est simple : l’auteur, un ancien du Café de la gare, acteur et dessinateur à ses heures, écrit à des personnalités. Pour montrer son respect et sa générosité, il glisse toujours 50 francs dans l’enveloppe. Ces lettres au ton gentil et naïf sont porteuses d’une proposition déconcertante. À la Reine d’Angleterre qu’il invite à prendre le goûter chez lui, au Père Lachaise à qui il demande l’autorisation de venir un ou deux jours par semaine pour s‘habituer au crématorium, à son boucher-charcutier qu’il propose de lui livrer un rumsteck à manger en cachette de sa mère. Certaines missives sont hilarantes, d’autres font sourire. Dans tous les cas, on ne s’ennuie jamais.
  • L’enfant, le bachelier, l’insurgé

    Jules Vallès (Omnibus, 2006)

    Pour avoir soutenu la Commune - « cette révolte qui fut la grande révolution des douleurs » -, Jules Vallès sera condamné à mort par contumace par les Versaillais, en juillet 1872. L’exil à Londres auquel il est contraint transformera le journaliste du Cri du peuple en un véritable écrivain reconnu et prolixe. Dans cette trilogie romanesque quasi autobiographique, Jules Vallès se fait le porte-parole des humbles face aux conventions de son siècle : l’enfant écrasé par une éducation obtuse, l’étudiant miséreux à la vie de bohème, puis l’insurgé des barricades de la Commune de Paris. Telle est la vie de Jacques Vingtras, dont le destin est placé sous le même signe que celui de Jules Vallès : celui de la révolte.
  • Romans noirs

    Jean-Patrick Manchette (Quarto Gallimard, 2005)

    Envie de vous faire un Manchette ? Deux ? Trois ? Pour le prix de cet ouvrage qui réunit tous ses romans noirs, vous en aurez douze ! Laissez bronzer les cadavres, l’affaire N’Gustro, La position du tireur couché, Fatale, Ô dingos, Ô châteaux !, La princesse du sang, etc. Avec , en bonus, des fragments inédits de Iris, des notes et plan de travail également inédits pour Le coin ses affaires, Le dico de Manchette. 1344 pages, 119 documents pour ceux qui aime le suspens, la critique sociale et politique, l’humour qui fait mal, la dérision et des explosions en tous genres.
  • Priscillien de Compostelle

    Ramón Chao (Terre des brumes, 2004)

    Ce n’est ni un guide de voyage, ni une enquête policière mais le témoignage d’une rencontre inattendue de Ramón Chao, journaliste au Monde Diplo avec Priscillien, évêque espagnol du IVe siècle, le premier chrétien condamné à mort pour hérésie et exécuté par l’église catholique romaine. En enfourchant son scooter pour aller de Paris à Saint Jacques de Compostelle, notre ami (décédé en mai dernier), n’aurait pas imaginé croiser une telle destinée. L’occasion pour lui d’entamer une traversée initiatique et onirique se déroulant sur deux plans, la vie du martyr d’une part et sa vie personnelle d’autre part où il évoque sa relation à son père et à ses deux enfants, Antoine et Manu Chao.
  • La passion de Caroline Otero

    Ramón Chao (Plon, 2002)

    Elle était galicienne, comme lui. Elle avait le goût des chemins de traverse, comme lui. Est-ce cette double proximité qui a conduit Ramón Chao à écrire la vie rêvée d’Agustina Del Carmen Otero Iglesias, alias Caroline Otero, connue sous le surnom de La belle Otero. Née dans une famille misérable de Galice, celle qui fut violée à 11 ans, prostituée à 13 ans, danseuse de rue, deviendra une des femmes les plus courtisées de la Belle Époque. Et la plus scandaleuse. Elle était haïe des bourgeois par son amour pour les femmes et de l’usage du sexe comme mode d’appartenance au monde. Ce livre, épopée au pays du vice, est une invitation à la découverte d’une femme libre et intransigeante qui se situait toujours au-delà du bien et du mal.
  • Fahrenheit 451

    Ray Bradbury (Gallimard, 2000)

    Un des romans les plus célèbre du maître de la dystrophie (soit une société future où les hommes n’ont pas droit au bonheur ). Ray Bradbury imagine un monde où la lecture est interdite. Un pompier de la brigade 451 est chargé de brûler tous les ouvrage qu’il trouve. Sauf qu’un jour, il en sauve un des flammes et le lit avec passion, découvrant le pouvoir de la littérature et de l’imaginaire et faisant de lui un criminel dangereux. Il va au risque de sa vie lutter contre le système totalitaire pour répandre la culture, le sens critique et la capacité de réflexion. Dans ce livre Ray Bradbury critique l’utilisation des nouvelles technologies et de la télévision en particulier, qui créent une société ignorante et des consommateurs décérébrés. C’était en 1953. Prophétique.
  • Génération X

    Douglas Coupland (10/18, 1994)

    Ce livre-culte, best seller aux USA, brosse le portrait d’une classe d’âge à travers trois personnages : Dag, Claire et Andy, trois trentenaires nés après 1960, soit après la la révolution post-soixante huitarde, qui refusent de suivre leur destinée toute tracée de yuppies, de pubeurs ou banquiers. Vivant de petits boulots, aimant rêver et perdre leur temps, ils cherchent à donner un sens à leur vie plutôt que de s’en mettre plein les poches. Le doute, la tendresse, la révolte enveloppent ces personnages bien décidés à ne pas se plier à la doxa politico-sociale imposée à cette génération X et à sacrifier leur confort matériel pour leur liberté. C’était en 1994. En 2018, cette problématique est plus que jamais d’actualité.
  • La ferme des animaux

    George Orwell (Gallimard Folio, 1984)

    Pendant le sommeil des fermiers, les animaux prennent le pouvoir et constituent une société égalitaire. Les cochons dirigent le nouveau régime. Au début, tout va bien. Le temps passe et l’utopie devient cauchemar. À « Tous les animaux sont égaux » iscrit dans le réglement initial, il a été rajouté « mais il y en a qui le sont plus que d’autres ». Une formule célèbre empruntée par Coluche. Publié en 1945, ce petit livre était en fait une satire féroce du régime soviétique. Même si le totalitarisme a changé de masque, Il faut lire et relire Orwell. L’auteur préféré de Là-bas.

Jeunesse

  • Les enfants fichus

    Edward Gorey (Le tripode, 2014)

    A pour Amy tombée au bas des escaliers ; B pour Basil surpris par des ours affamés ; C pour Clara lassée, décharnée et malade ; F pour Fanny vidée d’un baiser de sangsue ; Z pour Zillah petite ayant bu trop de gin… Cet abécédaire de morts d’enfants, dessiné à la plume en noir et blanc est écrit et illustré avec minutie, par un dessinateur fantastique, extravagant, excentrique, tragique, prolixe, aimant le ballet de Balanchine, Buffy contre les vampires, le Dit du Genji Raymond Queneau et Astérix. Edward Gorey, mort sur son sofa le 13 avril 2000, est peut-être l’un des dessinateurs le plus original du siècle dernier que cette réédition permet de découvrir en France. Les enfants fichus, The Gashlycrumb Tinies, un de ses premiers livres, est l’objet d’un véritable culte et… Lire la suite
  • Lettres des îles Baladar

    André François, Jacques Prévert (Gallimard jeunesse, 2007)

    La mer a ses îles préférées, qu’elle protège à grand renfort de brouillards et de tornades. On vivait heureux aux îles Baladar, jusqu’au jour où le Général Trésorier tenta d’y imposer sa loi. Un jour, en effet, les habitants du Grand Continent s’aperçurent que de l’or brillait sur l’île… Voilà, résumé par les éditions Gallimard ce texte illustré par André François, publié pour la première fois en 1977. La suite est délicieuse, pleine de poésie et d’humour, comme sait écrire Jacques Prévert.
  • La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires

    Tim Burton (10/18, 1998)

    Autre grand nom du fantastique, dans la lignée directe d’Allan Poe : Tim Burton. Réalisateur, scénariste, producteur, graphiste, il aime raconter et dessiner des histoires sorties de son imagination si particulière. Celles de ce recueil sont courtes, cruelles, macabres, tendres et poétiques. Un régal pour les grands, une frayeur pour les petits, que cette galerie d’enfants tous plus moches, plus étranges, plus solitaires, plus bizarres et curieux les uns que les autres. Enfant brie, enfant tache, enfant huitre, enfant avec des clous dans les yeux, enfant robot, enfant toxique, fille faite d’ordures, J.C. le jeune carbonisé. Ils coulent, s’enflamment, rêvent, meurent. Ces textes et ses dessins mêlent avec un étrange talent horreur et tendresse.
  • Allumette

    Tomi Ungerer (L’École des loisirs, 1997)

    Les trois brigands, Jean de la lune. Qui ne connait pas Toni Ungerer, génial graphiste, créateur multiforme et auteur de livres pour enfants (il a dessiné pour les adultes, mais on ne peut rien en dire dans cette rubrique). Si Allumette, une adaptation – très libre – du conte d’Andersen vous a échappé, courrez l’acheter. Pour vos enfants, pour vous aussi tant les dessins et le texte sont jouissifs. Ne craignez rien, cela se termine bien. Les riches deviennent généreux, les politiques cessent de parler, les militaires se sentent inutiles, les dons affluent du monde entier. C’est une belle histoire, tout est donc inventé. Parce que dans la vraie vie …
  • L’invité douteux

    Edward Gorey (Gallimard / Collection Le Cabinet des lettrés, 1994)

    Dessins somptueux où le gothique se mêle à l’absurde, détail des intérieurs victoriens, surréalisme et fantastique, mystère des romans policiers et poésie de haïkus, maîtrise du trait en noir et blanc créant des clair-obscur : ce petit livre contient tout l’univers et la virtuosité d’Edward Gorey. L’invité douteux raconte l’arrivée dans un manoir d’une créature mystérieuse et taciturne, portant une écharpe bicolore et des baskets de cuir blanc. Les habitants, une famille aristocrate de cinq personnes, voient cet être à l’allure de pingouin bizarre et aux mœurs inattendues, s’installer chez eux et ne plus en partir. Voilà, c’est tout. C’est magnifique.

Beaux livres

  • Photographie, arme de classe. Photographie sociale et documentaire en France, 1928-1936

    Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke (Textuel - Centre Pompidou, 2018)

    Que s’est il passé dans l’entre-deux-guerres en France, précisément entre 1928 et 1936 ? Quelles représentations avons-nous des travailleurs, des paysans, des luttes, de la police, des femmes, des loisirs, des enfants, des clochards, des mobilisations, des députés, de la montée du fascisme, du pacifisme, de la révolution sociale, des colonies… Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke ont constitué un recueil de la photographie sociale et documentaire en France, de ces huit années. Mêlant textes et images en sépia ou en noir et blanc prises par de jeunes photographes qui deviendront célèbres (Henri Cartier-Bresson, Gisèle Freund, Willy Ronis, Eli Lotar, par exemple), ils montrent comment à travers des nouvelles pratiques photographiques… Lire la suite
  • Les Shadoks, une odyssée en couleurs

    Thérèse Willer (Editions des Musées de la ville de Strasbourg, 2018)

    Ce livre est un hommage à ces drôles de bestioles, échassiers improbables qui envahirent le petit écran et divisèrent la France entre shadokophiles et shadokophobes. Apparus en avril 1968, dessinés par Jacques Rouxel et immortalisés par la voix de Piéplu, les Shadoks ont eu droit à une retrospective au musée de Strasbourg. Ce livre est celui de l’exposition qui montre leur dessins, les esquisses, la fabrication des petits films d’animation. Retour vers le futur. Surtout n’oubliez pas ce que disait leur créateur : « certains ont voulu voir je ne sais quoi dans les Shadoks : il n’y a rien ! C’est gratuit ! ». Là réside, peut-être, leur succès légendaire. Celui de l’exposition tient à la découverte de ces planches originales qui étaient en couleur, mais ça, les téléspectateurs ne le savaient pas : les écrans étaient alors en noir et blanc…
  • La banlieue en couleur

    Robert Doisneau (La découverte, 2017)

    En 1984, la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire) commande à douze photographes - ils deviendront vingt-huit devant l’ampleur du projet - de « représenter le paysage français des années 1980 ». Cette mission devenue légendaire sélectionnera 2000 images parmi 200 000 prises de vue réalisées tout au long de milliers de kilomètres parcourus à travers la France. Raymond Depardon et Josef Koudelka sont parmi ces photographes. Pour l’occasion, Robert Doisneau revient sur son territoire d’élection, la banlieue qu’il avait longuement photographiée. Regarder ces clichés rassemblés dans ce livre, provoque un double trouble. L’un parce qu’ils témoignent de l’incroyable importance des changements urbains. L’autre parce que ses sont ses premières photos en couleur.
  • L’Humanité, figures du peuple. Une plongée dans les archives photographiques du journal

    Danielle Tartakowsky (Flammarion, 2017)

    Feuilleter ce bel ouvrage qui met en lumière les photos rarement montrées du quotidien, c’est se faire emporter par une vague de souvenirs (même si on ne les a pas vécus), de combats (même si on vous les a racontés), de poings levés, de grèves, de mobilisations (même si à cette époque vous n’étiez pas nés). Le temps semble suspendu. La puissance des images en noir et banc explose. Cette plongée dans les archives, rythmée par les évènements marquants du XXe, est une traversée du siècle commencée en 1904. Livre de photos, mais aussi livre d’histoire.
  • Charmes de Londres

    Izis, Jacques Prévert (Cherche Midi, 2017)

    Dans cette ville de débrouille et de misère, sous le brouillard et le long de la Tamise, « à l’endroit des épousailles d’un fleuve et d’un peuple », se promènent un poète et un photographe. De ces déambulations, ils ont en fait un livre paru en 1952 qui vient d’être réédité. L’occasion de rêver, comme on rêverait en bilingues, l’une visuelle, l’autre poétique. Page de droite, une photo noir et blanc plein cadre, page de gauche un texte de longueur variable. C’est beau, c’est bouleversant. Parce que c’était eux.

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Une sélection :

La lettre hebdo de Daniel Mermet La résistance d’un prof israélien accusé de trahison Accès libreLire

Le

On tue Nasrallah, on oublie Gaza, on danse à Tel Aviv, Nétanyahou exulte, BHL est de retour. Joe Biden pleure les enfants morts et fait l’indigné tout en livrant ses bombes à Bibi. Bonne nouvelle aussi pour le RN et Marine Le Pen, ses amis d’extrême droite remportent les législatives en Autriche. Le FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche ) – qui soutient Israël – est un parti franchement nazi. Son leader Herbert Kickl veut devenir le VOLKSKANZLER, le « chancelier du peuple », titre emprunté à un autre autrichien, Adolf Hitler.

Hommage à Catherine Ribeiro (1941-2024) Catherine Ribeiro en concert aux Bouffes du Nord Accès libreVoir

Le

En 1995, la chanteuse Catherine Ribeiro créait au théâtre des Bouffes du Nord le spectacle « Vivre libre ». Elle y chantait ses propres chansons mais aussi celles d’Aragon, de Barbara, Brel, Ferrat, Ferré, Lluís Llach, Colette Magny, Gérard Manset, Danielle Messia, Anne Sylvestre et même, si vous allez jusqu’à la fin, une surprise à réécouter alors que nous célébrons le 80e anniversaire de la libération de Paris. En hommage, nous vous proposons de découvrir ce concert :

L’historien Gérard Noiriel publie PRÉFÉRENCE NATIONALE (Gallimard,3.90Euros) (Vidéo et podcast | durée : 51’23) Préférence nationale : cette vieille recette facho, un sujet urgent AbonnésVoir

Le

« Il y a toujours un groupe qui symbolise le rejet en fonction de la conjoncture du moment », dit l’historien Gérard Noiriel. Il est urgent de démonter le système de cet apartheid dont les électeurs du RN sont souvent eux-mêmes les premières victimes.