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Les bouquins de LÀ-BAS

La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

Vos avis et conseils sont bienvenus !

La sélection

Biographie

  • Je vous rends ma médaille

    Michel Ferchaud (Les Savoirs Inédits, 2016)

    Il a fait la guerre d’Algérie, Michel. Il a sauvé des soldats et des populations. Il a eu une médaille pour cela, valeur militaire avec étoile de bronze. Mais Michel Ferchaud n’en veut plus de cette breloque dont on l’a honoré et qui n’est que le mauvais souvenir d’une guerre qui a sali ses vingt ans. Depuis, il a la rage et le raconte dans un livre où se mêlent musique et chansons, les gens simples, la Loire et les ébénistes parisiens du faubourg du temple. C’était une époque. Celle de beaucoup de nos pères et grands-pères. De petites histoires pour écrire la grande.
  • André Gorz, une vie

    Willy Gianinazzi (La Découverte, 2016)

    Il était urgent de retracer la vie et la pensée d’André Gorz, rédacteur aux Temps modernes, journaliste à l’Express et fondateur du Nouvel Observateur, penseur existentialiste, anticapitaliste, artisan de l’écologie politique et de la décroissance. Willy Gianinazzi s‘est attelé avec bonheur et pertinence au portrait de cet humaniste qui croyait qu’un autre monde était possible. Cette première biographie à la croisée de la littérature, de la philosophie et du journalisme est aussi l’occasion revisiter un demi-siècle de vie intellectuelle et politique. Un hymne à la liberté.
  • Une traversée de Paris

    Eric Hazan (Le Seuil, 2016)

    Au fil de la marche à travers les rues de Paris, surviennent des souvenirs. Fragments du passé très lointains, à la frontière de l’oubli, réactivés par la traversée de la capitale, du sud au nord, d’Ivry à Saint-Denis. Cette ligne entre l’ouest et l’est, comme un méridien capital, Éric Hazan avait cru la dessiner sans réfléchir. En fait, le hasard n’y est pour rien : ce tracé suit les méandres de sa propre existence.
  • Martin Luther King. Une biographie intellectuelle et politique

    Sylvie Laurent (Seuil, 2015)

    Qui est Martin Luther King ? La réponse tout le monde la connait : un pasteur afro-américain qui eut un rêve et qui fut assassiné pour avoir lutter pour les droits civiques et l’égalité des Noirs. La suite, vous la trouverez dans la biographie écrite par Sylvie Laurent, américaniste, agrégée d’histoire et docteur en littérature américaine. Un travail nécessaire pour mieux connaitre cet homme aussi universellement célébré que mal connu. Ces pages redonnent la force révolutionnaire de sa pensée et la brutalité de l’oppression contre laquelle il s’insurgeait. Ainsi, par exemple, qui se souvient qu’à peine un an après avoir reçu le prix Nobel de la paix, en 1964, Martin Luther King déclarait que son rêve était devenu un cauchemar en raison de l’enracinement du système… Lire la suite
  • Les clés retrouvées : une enfance juive à Constantine

    Benjamin Stora (Stock, 2015)

    La guerre est un bruit de fond qui s’amplifie soudain. Quand, en août 1955, des soldats installent une mitrailleuse dans la chambre du petit Stora pour tirer sur des Algériens qui s’enfuient en contrebas, il a quatre ans et demi et ne comprend pas. Quelques années plus tard, quand ses parents parlent à voix basse, il entend les craintes et l’idée du départ. Mais ses souvenirs sont aussi joyeux, visuels, colorés, sensuels.

Médias

  • « Au nom de la démocratie, votez bien ! ». Retour sur le traitement médiatique des élections présidentielles de 2002 et 2017

    Mathias Reymond (Acrimed-Agone, 2019)

    Économiste, prof à l’université de Montpellier, co-animateur du site Acrimed, Mathias Reymond dégaine un arsenal critique pour désosser le traitement médiatique des élections présidentielles de 2002 et 2017. À le lire, ce sont les médias qui se réclamant du débat démocratique qu’elles piétinent cependant allègrement, ont orchestré la dramaturgie politique du second tour. Ce sont encore ces médias, qui en collaboration avec les communicants politiques, influent sur ce à quoi il faut penser, disposent du pouvoir de consécration ou de stigmatisation des candidats, pèsent sur des choix électoraux et écrasent des opinions dissidentes. Ce journalisme de prescriptions fait les élections. Pas à tous les coups, nuance Mathias Reymond qui ajoute : « les médias cherchent toujours à imposer un choix qui semble inéluctable. Le choix des maîtres. »
  • Berlin, 1933. La presse internationale face à Hitler

    Daniel Schneidermann (Le Seuil, 2018)

    Que faisaient les quelques 200 journalistes occidentaux en poste à Berlin quand Hitler arrive au pouvoir en janvier 1933 ? Pourquoi ces correspondants américains, britanniques, français, représentants de journaux attachés à la liberté de la presse et à la démocratie, n’ont-ils pas prévenu le monde sur la barbarie dont la mise en place était perceptible dès le début ? Comment a pu se produire cet aveuglement collectif de la presse internationale face à Hitler qui ouvrira la voie à partir de 1941, au déni planétaire de la Shoah ? En retraçant la vie quotidienne des journalistes occidentaux dont les interlocuteurs s’appelaient Goering ou Goebbels, Daniel Schneidermann, fondateur et animateur d’Arrêt sur Images, pose des questions essentielles sur l’exercice de la profession. Il… Lire la suite
  • La pensée en otage

    Aude Lancelin (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Après Le monde libre, Aude Lancelin poursuit sa réflexion sur notre système d’information et l’apparente démocratie des médias dominants massivement rachetés par le CAC 40. Ils imposent, écrit-elle, « une idéologue de « neutralité » mortifère, propulsant sur le devant de la scène ses valets intellectuels, dévastant l’esprit public ». Dans cet essai, elle démonte sept idées fausses, autant de mensonges, de pseudo évidences et de mythes consolateurs, qui « empêchent les gens de prendre conscience de la gravité de la situation ». Une centaine de pages nécessaires pour s’« armer intellectuellement contre les médias dominants ».
  • Journaliste, syndicaliste, communiste. Trente-sept ans d’un combat dans l’audiovisuel

    Jean-François Téaldi (Tirésias-Michel Reynaud, 2017)

    C’est une histoire de l’audiovisuel français comme on ne vous l’avait jamais racontée, celle vue à travers le témoignage d’un journaliste qui a participé à toutes les discussions sociales importantes qui contribuèrent à assurer sa pérennité. Le récit de Jean-François Téaldi fourmille d’anecdotes inédites où l’on comprend qu’« il n’a pas été facile d’être communiste dans une télévisions publique longtemps contrôlée par le pouvoir politique » comme l’écrit l’ancien président de France télévisions, Hervé Bourges dans la préface à cet ouvrage de près de 400 pages. On croise également Jacques Médecin, Christian Estrosi, Bernard Tapie, Jean-Marie Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou encore Nicolas Sarkosy. On apprend aussi comment se sont menés en interne les nombreux combats pour la défense des droits au travail.
  • Pour aboutir à un livre

    Eric Hazan (La Fabrique, 2016)

    « La fabrique d’une maison d’édition ». Le sous-titre de ce petit livre est on ne peut plus clair. On vous raconte les différentes étapes de l’édition, on vous décrit des acteurs – auteur, maquettiste, correcteur, imprimeur, diffuseur-, on vous présente le metteur en scène, celui qui porte le nom d’éditeur. Ce livre raconte aussi une aventure forcément folle « faite d’hésitations et de cahots, de bonheurs et de rencontres précieuses ». Éric Hazan en est le récitant. Il sait de quoi il parle puisqu’il dirige depuis presque vingt ans La fabrique, sa maison d’édition toujours soutenue par le désir collectif de subvertir à l’ordre établi.

Politique

  • Notre révolution

    Bernie Sanders (Les Liens qui Libèrent, 2017)

    Tout savoir sur Bernie Sanders, le candidat aux primaires du parti démocrate et actuel leader de l’opposition à Donald Trump. Dans ce livre, il raconte sa campagne, rend hommage aux citoyens qui veulent lutter contre l’avidité et l’irresponsabilité du système capitaliste qui génère toujours plus d’inégalités. Dans ces pages, il développe une vision, une méthode concrète pour créer des nouveaux emplois, augmenter les salaires, bref, transformer les États-Unis et le monde. Pour Sanders, le premier homme politique américain à se revendiquer démocrate socialiste, ce n’est qu’un début, la révolution est en marche. A futur to believe in !
  • Le nouveau pouvoir

    Régis Debray (Les éditions du Cerf, 2017)

    Comment comprendre l’évènement Macron ? Tel est l’objectif du nouvel essai de Régis Debray qui assure que « l’apparent changement politique marque en fait une profonde mutation culturelle ». De quoi s’agit-il ? Pour lui, la France, notre bon vieux pays catho à la laïcité toute républicaine est saisi par un mouvement de fond, celui de « l’avènement planétaire de la civilisation issue du néo-protestantisme ». Serions-nous devenus tous protestants ? La thèse est originale, pas forcément insensée, évidemment controversée.
  • En quel temps vivons-nous ?

    Jacques Rancière (La Fabrique, 2017)

    Que se passe-t-il dans une « démocratie » où l’on peut obtenir les pleins pouvoirs avec le soutien d’à peine plus de 10% du corps électoral ? Une abstention écrasante que celle observée aux dernières législatives doit-elle inquiéter, ou est-elle au contraire la prémisse d’un inévitable changement de régime ? Avec le philosophe de la politique Jacques Rancière, difficile de se raconter des histoires. Le regard est sans illusion, la lucidité dérange parfois. En quel temps vivons-nous ?, Conversation avec l’éditeur Éric Hazan, n’hésite pas à s’en prendre aux idées reçues confortables d’une certaine gauche. Contrairement à toute une mouvance anar, Jacques Rancière ne voit pas dans le désinvestissement des électeurs les signes annonciateurs d’un effondrement… Lire la suite
  • L’illusion du bloc bourgeois

    Bruno Amable, Stéfano Palombarini (Raisons d’agir, 2017)

    Un petit livre essentiel pour quiconque veut s’y retrouver aujourd’hui au milieu de cette recomposition du paysage politique français qui déboussole énormément d’électeurs et surexcite beaucoup de commentateurs. On y comprend notamment à quel point Emmanuel Macron réalise tout ce dont les cadres dirigeants du PS rêvaient depuis une quarantaine d’années : une espèce de cinquante nuances de libéralisme déguisée en appel au « camp de tous les sages », selon l’expression consacrée.
  • Civilisation. Comment nous sommes devenus américains

    Régis Debray (Gallimard, 2017)

    C’est un panorama, que dis-je une fresque, une épopée que brosse Régis Debray avec son ton particulier teinté de tristesse aigre douce et sa plume agile et frondeuse. Le constat est que nous sommes devenus américains. Par imprégnation, de la Cia au rap, des séries House of cards à Baron noir, nous sommes en plein chambardements. Notre pré carré hexagonal se rétrécie, la bannière étoilée recouvre notre coq gaulois. Comme la Grèce antique face à l’Empire romain, nous sommes en pleine transformation. Est-ce grave ? est-ce triste ? Pas sûr. En tous les cas cela valait la peine de poser la question. Au fait, c’est quoi une civilisation ? Comment ça nait et comment ça meurt ?

Histoire

  • L’œuvre du temps

    Ludivine Bantigny (Éditions de la Sorbonne, 2018)

    « Parce que l’histoire s’écrit au présent et que le passé est décidément vivant », écrit l’auteur. Ludivine Bantigny, historienne intéressée par la jeunesse, l’engagement politique, la conscience historique, la guerre d’Algérie et mai 68, ne pouvait pas mieux résumer son dernier ouvrage. Il oscille entre les souvenirs personnels et les questions parcourant la ligne du temps. Quel rapport les sociétés entretiennent-elles avec lui ? L’écriture de l’histoire peut-elle être neutre - et doit elle l’être ? Quelle part y occupent les émotions et l’intensité des sensibilités ? Ces pages parfois intimes partent à la recherche d’un temps ravivé où surgissent les fantômes de l’histoire, vagabondent à travers le romanesque pour abolir les frontières entre le passé, le présent et le futur. Cette « œuvre » s’aventure sur des chemins d’espoir, pour que « vienne un temps dont on s’éprenne ».
  • Ce que peut le cinéma

    Alain Brossat, Jean-Gabriel Périot (La découverte, 2018)

    Comment se fabrique la mémoire ? Comment appréhender les archives ? Comment remonter le temps ? Plus globalement quels liens les images entretiennent avec la politique et l’histoire ? Pour répondre à ces interrogations, deux hommes qui travaillaient sans se connaître sur des sujets communs (l’univers carcéral, les femmes tondues à la Libération, le désastre nucléaire), ont décidé de confronter leurs expériences. Dans un dialogue, Jean-Gabriel Périot, réalisateur, et Alain Bossat, professeur de philosophie, confrontent leur point de vue, décortiquent le rôle de ceux qui fabriquent les films (réalisateurs, acteurs, financeurs, spectateurs), et la manière dont ils sont fabriqués (musique, commentaires , génériques).En posant à nouveau la question, certes pas nouvelle… Lire la suite
  • Les brigades rouges, une histoire italienne

    Mario Moretti, Rossana Rossanda et Carla Mosca (Editions Amsterdam, 2018)

    Mario Moretti est l’un des principaux dirigeants des Brigades rouges, arrêté et incarcéré en 1981, trois ans après avoir exécuté Aldo Moro, président de la Démocratie chrétienne au pouvoir. De sa prison de Milan où il purge une condamnation perpétuité –depuis 1998, il est placé sous le régime de semi-liberté et doit dormir en prison tous les soirs-, il donne un long entretien a deux journalistes italiennes. Paru en 1994, provoquant de nombreuses polémiques, le témoignage de Mario Moretti est un des plus importants des Brigades rouges. Cet ouvrage retrace, année par année, le fonctionnement, l’idéologie, les dissensions internes de cette organisation révolutionnaire les plus. Il éclaire l’émergence de ce mouvement massif… Lire la suite
  • L’écran rouge. Syndicalisme et cinéma de Gabin à Belmondo

    Tangui Perron (Les éditions de l’atelier, 2018)

    Le ciel est à vous, La bataille du rail, Antoine et Antoinette, La Marseillaise, un cinéma qui se voulait « pour le peuple et par le le peuple ». Cet ouvrage veut raviver une histoire oubliée du cinéma français qui fut l’objet de nombreux combats, des années trente à la fin des années cinquante. En quatre chapitres - Un long Front populaire, La guerre et ses galeries, De beaux lendemains, la Défense du cinéma français-, les auteurs revisitent les fondations sociales et politiques du cinéma français à laquelle les syndicats et militants ont largement contribué. Il y a les temps forts : l’occupation des studios en 1936, la renaissance du festival de Cannes, la mobilisation populaire pour les ciné-clubs, les comités de défense, l’action auprès des parlementaires, la création d’aides… Lire la suite
  • La moustache du soldat inconnu

    Jérôme Prieur (Seuil, 2018)

    1918-2018. Pour célébrer le centenaire de la fin de la première guerre mondiale, Jérôme Prieur, écrivain, cinéaste, a pris la plume à sa manière : personnelle, intime. « Depuis l’enfance, j’ai voulu écrire mes souvenirs de la guerre de 14 », écrit-il « avec leur moustache, leur képi, leur casque, n’ont-ils pas tous l’air de se ressembler, ces soldats. Alors j’ai laissé les revenants m’approcher. J’ai fouillé leurs visages, leurs photos et même un petit film tourné au front ». Cette cohorte de disparus, de fantômes relégués dans les secrets de famille reprennent vie. Et nous rappelle que l’Histoire est d’abord celle des hommes.

Économie et Finance

  • Le Grand Marché transatlantique

    Raoul-Marc Jennar (Cap Bear, 2014)

    Le 14 juin 2013, les gouvernements de l’Union européenne ont demandé à la Commission européenne de négocier avec les États-Unis la création d’un grand marché transatlantique. Confier aux firmes privées la possibilité de décider des normes sociales, sanitaires, alimentaires, environnementales, culturelles et techniques, c’est désormais l’objectif des firmes transnationales et des gouvernements d’Europe et des USA dont ils sont l’instrument politique. C’est ce que révèle ce livre qui décrypte les 46 articles du mandat de négociation confié par les 28 gouvernements de l’UE à la Commission européenne.
  • Elf la pompe Afrique

    Nicolas Lambert (L’Echappée, 2014)

    Elf, la pompe Afrique est à l’origine une pièce de théâtre extrêmement documentée sur l’affaire Elf, écrite à partir des vraies paroles des principaux protagonistes de ce scandale politico-financier qui a éclaté au milieu des années 1990 et auquel sont mêlés dirigeants du géant pétrolier, politiciens de premier rang et hommes d’affaires véreux.
  • Les Usurpateurs : comment les entreprises transnationales prennent le pouvoir

    Susan George (Le Seuil, 2014)

    Lobbyistes au service d’une entreprise ou d’un secteur industriel, PDG de transnationales dont le chiffre d’affaires est supérieur au PIB de plusieurs des pays dans lesquels elles sont implantées, instances quasi-étatiques dont les réseaux tentaculaires se déploient bien au-delà des frontières nationales : toute une cohorte d’individus ---qui n’ont pas été élus, ne rendent de comptes à personne et ont pour seul objectif d’amasser des bénéfices— est en train de prendre le pouvoir et d’orienter en leur faveur des décisions politiques majeures, qu’il s’agisse de santé publique, d’agroalimentaire, d’impôts, de finance ou de commerce.
  • La malfaçon : monnaie européenne et souveraineté démocratique

    Frédéric Lordon (Les Liens qui libèrent, 2014)

    L’européisme est devenu le pire ennemi de l’Europe. Ne voulant plus que « l’Europe » intransitivement, c’est-à-dire sans le moindre égard pour ses contenus concrets, prêt s’il le faut à martyriser des peuples entiers, en Grèce, au Portugal ou en Espagne, il est devenu une obstination aveugle auquel il est temps de mettre un coup d’arrêt.

Sociologie

  • Le président des ultra-riches. Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron

    Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot (Zone, 2019)

    Cette « chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron » est un délice concocté par les Pinçon&Charlot, infatigables sociologues de la grande bourgeoisie. Non pas qu’ils relèvent des données fracassantes – ils ne sont pas avares de leurs découvertes - mais parce qu’ils en font l’analyse et la synthèse. Ces infos mises bout à bout dressent un portrait glaçant de l’oligarchie du pouvoir en France, du mépris social dont témoigne le président des ultra-riches pour « ceux qui ne sont rien », des faveurs qu’accorde ce même président pour la caste des privilégiés qui coûtent « un pognon de dingue ». Ce livre est une chronique édifiante d’une guerre de classe menée dans le cœur de ce qui s’apparente à une monarchie présidentielle. On le sait, mais cela fait du bien de l’entendre encore et encore. Pour ne pas s’habituer. Pour ne pas supporter l’insupportable.
  • La société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire

    Grégoire Chamayou (La fabrique, 2018)

    Dans cet ouvrage dont le sous-titre annonce clairement son objet, une généalogie du libéralisme autoritaire, le philosophe Grégoire Chamayou s’empare de ce qu’il nomme la « crise de gouvernabilité ». Pour cela, il a épluché les discours théoriques des années 70 (principalement nord-américains) portant sur l’entreprise et le management et qui font apparaître de nouvelles stratégies développées par le monde des affaires pour contrer les contestations des gouvernés (plus d’autonomie et plus d’égalités pour les travailleurs, les femmes, les minorités). Grégoire Chamayou met en lumière l’existence d’un contre-mouvement des forces libérales et un nouvel art de gouverner. « Une sorte de contre-activisme des pratiques managériales dont nous ne sommes pas sortis », affirme l’auteur qui montre que ce libéralisme autoritaire suppose une verticalité de l’État. Un État fort pour une économie libre.
  • La stragégie de l’émotion

    Anne-Cécile Robert (Lux, 2018)

    Frémir plutôt que réfléchir. Tout est dit dans cet axiome développé par Anne-Cécile Robert, journaliste au Monde Diplomatique et professeur associé à l’université Paris 8. Pour elle, les émotions dévorent l’espace social et politique au détriment des autres modes de connaissances du monde, notamment la raison. Et de rajouter : « Des émissions de divertissement à l’actualité médiatique en passant par les discours politiques, le recours à l’émotion est devenu l’une des figures imposées de la vie publique. Si les émotions, positives ou négatives, enrichissent l’existence, cette forme d’expression peut poser de redoutables défis à la démocratie lorsqu’elle se fait envahissante et tend à remplacer l’analyse. » Autrement dit, la manipulation des esprits prend des formes inattendues. C’est l’extension du domaine de la larme.
  • La condition anarchique. Affects et institutions de la valeur

    Frédéric Lordon (Seuil, 2018)

    Poursuivant son intérêt pour les usages de la philosophie de Spinoza en sciences sociales, Frédéric Lordon, économiste et chercheur en philosophie, décortique les systèmes de valeurs aussi différentes que l’économie, la morale et l’esthétique. D’où tirent-elles leur autorité ? Qui établit leur valeur ? En « décollant "anarchie" de ses usages courants, comme catégorie politique bien connue, pour retourner à une lecture étymologique - l’anarchie, c’est l’an-arkhé, c’est-à-dire l’absence d’arkhé, l’absence de fondement »-, il développe l’idée qu’il n’existe aucun fondement de vérité absolue, que ces valeurs sont le simple produit de la société, que ce sont les affects collectifs qui font la valeur dans tous les ordres de valeur, ceux là qui soutiennent la… Lire la suite
  • Nouvelles morales, nouvelles censures

    Emmanuel Pierrat (Gallimard, 2018)

    Avocat au barreau de Paris, spécialisé dans le droit de la culture et les affaires de censure, Emmanuel Pierrat s’alarme des attaques que subissent les œuvres dans tous ses territoires. Arts plastique, littérature, cinéma, musique. À la manœuvre, selon lui, les ligues de vertu du troisième millénaire, quelque soit leur cause légitime et pétries des meilleures intentions : lutte contre le racisme, l’esclavage, la souffrance animale, l’antisémitisme, anti tabagisme à l’écran, dans les pubs. Comment faire alors dans ce nouveau paysage politique qui enserre de plus en plus la liberté d’expression ? Comment concilier le devoir de mémoire, le légitime respect de l’égalité du citoyen et les droits des minorités, avec l’amour de l’art et… Lire la suite

Travail et luttes sociales

  • Working

    Studs Terkel (Ça et là, Amsterdam, 2010)

    Working est un recueil d’entretiens de soixante-dix personnes qui parlent de leur travail, des sentiments qu’il lui inspire, réalisés en 1974, par un des journalistes radio les plus connus aux Etats-Unis, Studs Terkel. Avec intelligence, pertinence, humour et gravité, ils racontent les conditions de leur vie laborieuse. Ces témoignages oraux ont été adaptés en bande dessinés. Dix-huit dessinateurs ont mis en images une sélection de vingt-huit récits : une serveuse, une fermière, un mineur et sa femme, un ouvrier agricole, un syndicaliste, un fossoyeur, une nourrice, un éboueur, un pianiste d’ambiance, un courtier, un coiffeur, un joueur de base-ball, un musicien de jazz, etc…À travers eux, se dessine un portrait de l’évolution du travail. Ils enrichissent l’histoire sociale de l’Amérique.
  • Que les gros salaires baissent la tête !

    Jean-Luc Porquet (Michalon, 2005)

    Les actionnaires veulent 15% de profit par an... c’est comme ça. Le problème, c’est que « c’est impossible à tenir à long terme, dans une société dont le taux de croissance est de 2% à 3% ». La solution, pour les « pédégés » ? « Licencier, pressurer, délocaliser. » Pour eux, par contre, les recettes sont différentes...

Environnement et Santé

  • Nous voulons des coquelicots

    Fabrice Nicolino, François Veillerette (Les Liens qui Libèrent , 2018)

    Ce livre est un manifeste. Un manifeste pour la vie, les coquelicots dans les champs de blé, les oiseaux au bord du chemin, les abeilles qui subissent une véritable apocalypse qui les fait disparaître par milliards. Le coupable, tout le monde le connait : ce sont les pesticides, « ces poisons qui détruisent tout ce qui est vivant, ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises ». Semeurs de mort, ils doivent être définitivement éradiqués. Pas demain, maintenant. « L’heure n’est plus à la discussion de salon, il faut se lever, ensemble, dans un soulèvement pacifique de toute la… Lire la suite
  • Éloge des mauvaises herbes . Ce que nous devons à la ZAD

    Collectif (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Soit dix-sept intellectuels, artistes, écrivains, poètes* qui dissertent sur « ce que nous devons à la ZAD », cette zone à défendre qui est bien plus qu’un bout de bocage. Leurs textes ainsi rassemblés racontent que, dans notre monde normé, catalogué, mesuré, peut s’y inventer de nouvelles formes de vie et de liberté. Sur la ZAD, on existe en commun, on cohabite avec la nature, on rêve, on sort de l’emprise du marché. On lutte, on invente, on redonne du sens au travail et à l’agriculture, on prépare les alternatives en occupant les terres. « C’est notre réalité de demain qui prend forme sous nos yeux. C’est une percée de mauvaises herbes ». Une percée de la vie. * David Graeber, Jade Lindgaard, Virginie Despentes, John Jordan, Vandana… Lire la suite
  • La guerre des métaux rares

    Guillaume Pitron (Les Liens qui Libèrent, 2018)

    Finies les énergies fossiles. Enfin, nous allons nous affranchir du pétrole, des pollutions, des pénuries et des tensions militaires. Un progrès ? Sauf que nous sommes en train de sombrer dans une nouvelle dépendance : celle des métaux rares - graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène -, ces ressources indispensables à nos voitures électriques, à nos éoliennes, à nos smartphones, à nos ordinateurs. L’avenir qu’on croyait radieux risque d’être encore plus sombre que celui d’aujourd’hui. C’est cette contre-histoire de la transition énergétique que raconte Guillaume Pitron, journaliste pour le Monde Diplo, Géo ou National Geographic. Ce récit clandestin d’une quête généreuse, mais qui charrie des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donnée pour mission de résoudre.
  • Être forêts, habiter des territoires en lutte

    Jean-Baptiste Vidalou (Zones, 2017)

    « Nous sommes allés à la rencontre des forêts et de celles et ceux qui les défendent. Nous y avons découvert des continents innombrables, des sentiers inédits, des êtres ingouvernables. Toute une géographie depuis laquelle il était possible, enfin, de respirer », écrit l’auteur qui se présente comme un bâtisseur en pierre sèche et par ailleurs agrégé de philosophie. Ces forêts sont celles des paysans Guerrero du Mexique qui se battent contre les exploitants, des trappeurs du peuple Cri du Canada défendant sa forêt boréale victime de déforestation, des Penan de Bornéo qui s’arment de sarbacanes contre les plantations de palmiers à huile. Sauver la forêt, mais aussi l’habiter pour la protéger, comme du… Lire la suite
  • Dictionnaire impertinent de la vieillesse

    Alain Jean, Christian Gallopin, Didier Martz, José Polard, Michel Billé (Éres, 2017)

    « Ce n’est pas parce qu’on a un pied dans la tombe qu’on va se laisser marcher sur l’autre » disait François Mauriac. Cette phrase placée en exergue de ce dictionnaire donne le ton : il sera volontairement impertinent et résolument iconoclaste. Nourri par une vingtaine d’auteurs et porté par l’association « EHPAD’côté – les pas de côté » pour dire que les vieux, s’ils sont privés de liberté par l’avancée de l’âge, ne sont pas privés ni d’humour, ni de dignité, ni de besoin d’égalité. Rire pour dissoudre le mépris et pour exploser le dieu unique des Ehpad : la rentabilité. Exemples de définition. Vieillissement réussi : avoir une Rolex avant 50 ans, s’en souvenir après 80 ans. Maladie d’Alzheimer : étranger sans papier, à la fois immigré du temps et émigré de la mémoire.

International

  • Un chant d’amour. Israël-Palestine, une histoire française

    Alain Gresh (La Découverte, 2017)

    Alain GRESH est à la fois l’un des observateurs les plus engagés et les plus respectés sur le Moyen-Orient. Depuis longtemps il s’attache avec succès à expliquer cette histoire à un grand public. Cette fois, avec des dessins superbes d’Hélène ALDEGUER, « UN CHANT D’AMOUR » raconte le conflit israélo-palestinien sous l’angle de cette France qui abrite les communautés juives et musulmanes les plus importantes d’Europe.
  • Mariage gay à Tel Aviv

    Jean Stern (Libertalia, 2017)

    Israël, ses gays et ceux d’ailleurs, l’homosexualité comme une stratégie marketing et politique de l’état hébreu, le pinkwashing pour camoufler la guerre, l’occupation, le conservatisme religieux et transformer Tel Aviv en une plaisante cité balnéaire. La formidable enquête menée par Jean Stern, journaliste à Libé et à la Tribune après avoir été un des fondateurs du GaiPied, nous montre l’envers du décor de ce soi-disant « mirage rose » orchestré par l’État Israélien. Édifiant et sinistre.
  • La nouvelle question d’Orient

    Georges Corm (La Découverte, 2017)

    Georges Corm est historien et économiste. Il est également spécialiste du monde arabe auquel il a consacré de nombreux ouvrages. L’idée de son dernier essai est de faire comprendre les violences généralisées que connaissent un nombre grandissant des sociétés arabes depuis les années 2000, mais aussi le chaos et l’extension du terrorisme se réclamant de conceptions millénaristes de la religion musulmane dans de nombreux pays musulmans, en France, en Belgique et aussi aux Etats-Unis. Pour Georges Corm, il y a urgence à contextualiser, donner des clefs historiques, rappeler les débats, la rupture et la continuité de « la nouvelle question d’Orient ». Pour prendre conscience des causes qui ont conduit à ce « dérèglement de la raison ».
  • Un boycott légitime. Pour le BDS universitaire et culturel de l’État d’Israël

    Armelle Laborie, Eyal Sivan (La Fabrique, 2016)

    BDS pour Boycott Désinvestissement Sanctions. Soit une campagne internationale lancée en 2014 par 171 organisations non gouvernementales palestiniennes et relayée dans le monde entier, appelant à exercer des pressions économiques, académiques, culturelles et politiques sur Israël afin d’aboutir à la fin de l’occupation et de la colonisation des terres arabes, l’égalité complète pour les citoyens arabo-palestiniens d’Israël, et le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens. Le DBS se concentre désormais sur une de ses composantes : les institutions universitaires et culturelles israéliennes. C’est pour lever des idées fausses à son sujet, le justifier et prôner le droit à l’exercer qu’Eyal Sivan, cinéaste israélien et Armelle Laborie, productrice de documentaires, ont signé cet essai. Entreprise pédagogique « défendre la liberté d’appeler au boycott ne va pas à l’encontre de
  • L’ordre et le monde. critique de la Cour pénale internationale

    Juan Branco (Fayard, 2016)

    Née à l’orée du XXIe siècle, la Cour pénale internationale a pour mission de juger les plus grands criminels de notre temps, responsables de génocides, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Lourde et belle tâche que celle de lutter contre l’impunité et d’amener les bourreaux à répondre de leurs actes. Sauf que cette organisation n’a jamais été à la hauteur de ses ambitions. Pire, son existence même est mise en cause. Juan Branco, docteur en droit et par ailleurs conseiller juridique de Julian Assange, y a travaillé plus d’un an, d’abord comme stagiaire puis comme assistant spécial et officier de liaison du Premier Procureur de la Cour Pénale Internationale. Ce livre est le résultat de son enquête où le droit côtoie la philosophie, le constat d’un (dis)fonctionnement juridique fait écho à l’état de notre monde.

Humour et fiction

  • De A à X

    John Berger (L’Olivier, 2018)

    Qu’importe le lieu où se déroule cette histoire, Mexico, Ramallah, Kaboul ou ailleurs. John Berger, anglais exilé en France mort en 2017, homme de gauche et artiste engagé, a voulu son roman universel, c’est-à-dire le situer partout où les hommes souffrent, résistent à l’oppression. De A à X est la correspondance entre Xavier, incarcéré dans la cellule n° 73 de la prison de Suse où il purge une peine de réclusion à perpétuité pour terrorisme, et Aida son amante qui, elle, est libre. Roman épistolaire, roman d’amour, roman de combat. Mais aussi roman elliptique où chacun peut laisser libre cours à son imagination.
  • Manif

    Mathieu Colloghan (Adespote, 2017)

    Tous ensemble, tous ensemble ! Les parcours bastille-république-nation, les slogans, les combats, les charges de CRS, les indignations, les rencontres heureuses et malheureuses… A chacun sa manif, la vôtre, la sienne, la nôtre. Dans cette BD qui raconte l’engagement politique à « hauteur d’homme », vous retrouverez l’ambiance, l’émotion, les coups de matraques et les coups d’apéro. Tout cela dessiné avec humour et tendresse, portés par un trait vif et maîtrisé.
  • Le gros capitaliste. Et autres textes

    B. Traven (Libertalia, 2017)

    De B.Traven, on sait deux choses de façon certaine : qu’il est un écrivain majeur du XXe siècle, auteur d’une trentaine des livres et de nombreux articles ; que son amour pour les Indiens d’Amérique centrale était si fort, qu’à sa mort en 1969 au Mexique, il a fait disperser ses cendres dans les forêts du Chiapas. Tout le reste demeure un mystère. Sa date de naissance est approximative (1882 ?). On ignore son nom, sa nationalité, son visage et sa vie privée. « Ma patrie est où je suis, où personne ne me dérange, où personne ne me demande qui je suis, d’où je viens et ce que je fais », écrivait-il en 1929. Ou encore « Ma vie m’appartient, seuls mes livres appartiennent au public ». Une profession de foi qui ne découragea cependant pas Rolf Recknagel de se… Lire la suite
  • Comme une rivière bleue

    Michèle Audin (L’arbalète Gallimard, 2017)

    Qu’est-ce qui pousse une mathématicienne et écrivain à s’emparer d’un évènement historique comme la Commune de Paris ? Un besoin d’utopie ? Ces instants d’immense fraternité ? Ces rêves d’émancipation et d’autogestion au travail ? On sait la fin tragique des communards nageant dans le bain de sang des exécutions massives, on connait leur héros, ainsi Louise Michel déportée en Nouvelle-Calédonie. S’inscrivant dans la lignée des récits historiques portés par les anonymes et les sans grades, Michèle Naudin choisit de raconter ces 72 jours de la Commune de Paris (du 18 mars au 28 mai 1871), à travers une petite foule de personnages. Ils s’appellent Emilie Lebeau, Pierre Vésinier, Florris Piraux, Paul Vapereau, Charles Longuet. Ils s’aiment, se querellent,… Lire la suite
  • Jeu blanc

    Richard Wagamese (Zoé, 2017)

    C’est un roman. Cela pourrait être une autobiographie. L’auteur, Richard Wagamese est d’origine objiwé, soit une des plus grandes nations amérindiennes en Amérique du Nord. Le héros, également issu de cette communauté, raconte son histoire, se remémore son enfance, la récolte du riz et de la pêche, son enfermement dans un pensionnat où les blancs s’échinent à effacer son indianité. « Ils m’emmenèrent dans un pensionnat (…) une fois j’avais lu qu’il y avait dans l’univers des trous qui avalaient toute la lumière, tous les corps. (Il) vola tout la lumière de monde, tout ce que je connaissais s’évanouit avec un bruissement audible comme le fait l’orignal quand il disparaît dans les épicéas », écrit-il. Ce livre parle de racisme, de destruction culturelle, mais aussi de la relation… Lire la suite

Jeunesse

  • Les enfants fichus

    Edward Gorey (Le tripode, 2014)

    A pour Amy tombée au bas des escaliers ; B pour Basil surpris par des ours affamés ; C pour Clara lassée, décharnée et malade ; F pour Fanny vidée d’un baiser de sangsue ; Z pour Zillah petite ayant bu trop de gin… Cet abécédaire de morts d’enfants, dessiné à la plume en noir et blanc est écrit et illustré avec minutie, par un dessinateur fantastique, extravagant, excentrique, tragique, prolixe, aimant le ballet de Balanchine, Buffy contre les vampires, le Dit du Genji Raymond Queneau et Astérix. Edward Gorey, mort sur son sofa le 13 avril 2000, est peut-être l’un des dessinateurs le plus original du siècle dernier que cette réédition permet de découvrir en France. Les enfants fichus, The Gashlycrumb Tinies, un de ses premiers livres, est l’objet d’un véritable culte et… Lire la suite
  • Lettres des îles Baladar

    André François, Jacques Prévert (Gallimard jeunesse, 2007)

    La mer a ses îles préférées, qu’elle protège à grand renfort de brouillards et de tornades. On vivait heureux aux îles Baladar, jusqu’au jour où le Général Trésorier tenta d’y imposer sa loi. Un jour, en effet, les habitants du Grand Continent s’aperçurent que de l’or brillait sur l’île… Voilà, résumé par les éditions Gallimard ce texte illustré par André François, publié pour la première fois en 1977. La suite est délicieuse, pleine de poésie et d’humour, comme sait écrire Jacques Prévert.
  • La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires

    Tim Burton (10/18, 1998)

    Autre grand nom du fantastique, dans la lignée directe d’Allan Poe : Tim Burton. Réalisateur, scénariste, producteur, graphiste, il aime raconter et dessiner des histoires sorties de son imagination si particulière. Celles de ce recueil sont courtes, cruelles, macabres, tendres et poétiques. Un régal pour les grands, une frayeur pour les petits, que cette galerie d’enfants tous plus moches, plus étranges, plus solitaires, plus bizarres et curieux les uns que les autres. Enfant brie, enfant tache, enfant huitre, enfant avec des clous dans les yeux, enfant robot, enfant toxique, fille faite d’ordures, J.C. le jeune carbonisé. Ils coulent, s’enflamment, rêvent, meurent. Ces textes et ses dessins mêlent avec un étrange talent horreur et tendresse.
  • Allumette

    Tomi Ungerer (L’École des loisirs, 1997)

    Les trois brigands, Jean de la lune. Qui ne connait pas Toni Ungerer, génial graphiste, créateur multiforme et auteur de livres pour enfants (il a dessiné pour les adultes, mais on ne peut rien en dire dans cette rubrique). Si Allumette, une adaptation – très libre – du conte d’Andersen vous a échappé, courrez l’acheter. Pour vos enfants, pour vous aussi tant les dessins et le texte sont jouissifs. Ne craignez rien, cela se termine bien. Les riches deviennent généreux, les politiques cessent de parler, les militaires se sentent inutiles, les dons affluent du monde entier. C’est une belle histoire, tout est donc inventé. Parce que dans la vraie vie …
  • L’invité douteux

    Edward Gorey (Gallimard / Collection Le Cabinet des lettrés, 1994)

    Dessins somptueux où le gothique se mêle à l’absurde, détail des intérieurs victoriens, surréalisme et fantastique, mystère des romans policiers et poésie de haïkus, maîtrise du trait en noir et blanc créant des clair-obscur : ce petit livre contient tout l’univers et la virtuosité d’Edward Gorey. L’invité douteux raconte l’arrivée dans un manoir d’une créature mystérieuse et taciturne, portant une écharpe bicolore et des baskets de cuir blanc. Les habitants, une famille aristocrate de cinq personnes, voient cet être à l’allure de pingouin bizarre et aux mœurs inattendues, s’installer chez eux et ne plus en partir. Voilà, c’est tout. C’est magnifique.

Beaux livres

  • Photographie, arme de classe. Photographie sociale et documentaire en France, 1928-1936

    Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke (Textuel - Centre Pompidou, 2018)

    Que s’est il passé dans l’entre-deux-guerres en France, précisément entre 1928 et 1936 ? Quelles représentations avons-nous des travailleurs, des paysans, des luttes, de la police, des femmes, des loisirs, des enfants, des clochards, des mobilisations, des députés, de la montée du fascisme, du pacifisme, de la révolution sociale, des colonies… Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke ont constitué un recueil de la photographie sociale et documentaire en France, de ces huit années. Mêlant textes et images en sépia ou en noir et blanc prises par de jeunes photographes qui deviendront célèbres (Henri Cartier-Bresson, Gisèle Freund, Willy Ronis, Eli Lotar, par exemple), ils montrent comment à travers des nouvelles pratiques photographiques… Lire la suite
  • Les Shadoks, une odyssée en couleurs

    Thérèse Willer (Editions des Musées de la ville de Strasbourg, 2018)

    Ce livre est un hommage à ces drôles de bestioles, échassiers improbables qui envahirent le petit écran et divisèrent la France entre shadokophiles et shadokophobes. Apparus en avril 1968, dessinés par Jacques Rouxel et immortalisés par la voix de Piéplu, les Shadoks ont eu droit à une retrospective au musée de Strasbourg. Ce livre est celui de l’exposition qui montre leur dessins, les esquisses, la fabrication des petits films d’animation. Retour vers le futur. Surtout n’oubliez pas ce que disait leur créateur : « certains ont voulu voir je ne sais quoi dans les Shadoks : il n’y a rien ! C’est gratuit ! ». Là réside, peut-être, leur succès légendaire. Celui de l’exposition tient à la découverte de ces planches originales qui étaient en couleur, mais ça, les téléspectateurs ne le savaient pas : les écrans étaient alors en noir et blanc…
  • La banlieue en couleur

    Robert Doisneau (La découverte, 2017)

    En 1984, la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire) commande à douze photographes - ils deviendront vingt-huit devant l’ampleur du projet - de « représenter le paysage français des années 1980 ». Cette mission devenue légendaire sélectionnera 2000 images parmi 200 000 prises de vue réalisées tout au long de milliers de kilomètres parcourus à travers la France. Raymond Depardon et Josef Koudelka sont parmi ces photographes. Pour l’occasion, Robert Doisneau revient sur son territoire d’élection, la banlieue qu’il avait longuement photographiée. Regarder ces clichés rassemblés dans ce livre, provoque un double trouble. L’un parce qu’ils témoignent de l’incroyable importance des changements urbains. L’autre parce que ses sont ses premières photos en couleur.
  • L’Humanité, figures du peuple. Une plongée dans les archives photographiques du journal

    Danielle Tartakowsky (Flammarion, 2017)

    Feuilleter ce bel ouvrage qui met en lumière les photos rarement montrées du quotidien, c’est se faire emporter par une vague de souvenirs (même si on ne les a pas vécus), de combats (même si on vous les a racontés), de poings levés, de grèves, de mobilisations (même si à cette époque vous n’étiez pas nés). Le temps semble suspendu. La puissance des images en noir et banc explose. Cette plongée dans les archives, rythmée par les évènements marquants du XXe, est une traversée du siècle commencée en 1904. Livre de photos, mais aussi livre d’histoire.
  • Charmes de Londres

    Izis, Jacques Prévert (Cherche Midi, 2017)

    Dans cette ville de débrouille et de misère, sous le brouillard et le long de la Tamise, « à l’endroit des épousailles d’un fleuve et d’un peuple », se promènent un poète et un photographe. De ces déambulations, ils ont en fait un livre paru en 1952 qui vient d’être réédité. L’occasion de rêver, comme on rêverait en bilingues, l’une visuelle, l’autre poétique. Page de droite, une photo noir et blanc plein cadre, page de gauche un texte de longueur variable. C’est beau, c’est bouleversant. Parce que c’était eux.

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Une sélection :

Tout un été Là-bas La vérité, un concept étranger à Raphaël Enthoven AbonnésVoir

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Dimanche 12 mai, le très médiatique Raphaël Enthoven était invité de Benjamin Duhamel dans son émission « C’est pas tous les jours dimanche » sur BFMTV. L’occasion pour le talentueux orateur d’asséner une de ces belles sentences dont lui seul a le secret : « nous périssons de la criminalisation de l’opinion d’en face ». Criminaliser l’opinion d’en face, c’est pourtant exactement ce que le philosophe a fait pendant toute l’émission, en repeignant systématiquement en odieux antisémite toute personne qui critiquerait les bombardements israéliens sur Gaza. Et ce grâce à une série d’approximations, de contre-vérités et de mensonges dont le nombre et l’ampleur – en seulement vingt-sept minutes d’entretien – forcent le respect. Extraits.

L’État d’Israël contre les juifs. Dialogue avec Sylvain Cypel (2e partie) (VIDÉO | 50:02) AbonnésVoir

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La Bible dit que ce qui ne s’obtient « ni par la puissance, ni par la force » s’obtient par l’« esprit ». Or aujourd’hui en Israël, un dicton populaire a transformé ce message, c’est devenu : « ce qui ne s’obtient pas par la force s’obtient avec plus de force ». Comment en est-on arrivé là ? Comment une extrême droite raciste et suprémaciste est-elle arrivée au pouvoir ? Un gouvernement soutenu par toutes les extrêmes droites du monde, y compris les plus antisémites ?

Tout un été Là-bas Alain Gresh : « Palestine, un peuple qui ne veut pas mourir » AbonnésÉcouter

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Ben oui, mais c’est la guerre, que voulez-vous… Rarement un conflit aura été accompagné par tant de mauvaise foi, par tant de mensonges, de désinformation, d’affabulation. Rarement le manichéisme n’aura autant dominé et fait oublier la profondeur historique d’une crise que nous redécouvrons à chaque conflit. Rarement la politique française n’aura été aussi lâche, se contentant d’un suivisme affligeant à l’égard du gouvernement israélien et de son parrain américain.

Tout un été Là-bas : réécoutez ce grand entretien, trois jours après le 7 octobre 2023, avec l’ex-ambassadrice de Palestine LEÏLA SHAHID : APRÈS LA TERREUR, LA TERREUR Accès libreÉcouter

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« Il ne peut y avoir aucune explication », disait le premier ministre socialiste Manuel Valls, « car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » Malgré cette forte pensée, nous vous proposons cet entretien à chaud avec Leïla Shahid, ex-ambassadrice de la Palestine, témoin et actrice engagée en première ligne et toujours militante de la cause palestinienne. Sommée de dénoncer le terrorisme islamiste, elle répond : « toute action contre des civils, qu’elle soit une action palestinienne, israélienne ou française, est un crime contre l’humanité ».