Sortir du système, vivre une autre vie, en rupture, en marge, autrement, être indépendant, être autonome. Des vieux mots, des vieux rêves. Mais qui se vivent parfois, qui se risquent, qui marchent ou qui se plantent, mais qui ont en commun le même vieux désir de tordre les barreaux de la cage et d’aller voir là-bas si j’y suis.
Après son bouquin cinglant sur la bourgeoisie, François Bégaudeau s’intéresse à l’inverse, il s’intéresse aux excentrés, plus ou moins excentriques, qui échappent aux radars dominants et sont passés à travers les mailles dans la façon de produire, de penser, de soigner, de croire, de vivre tout simplement, en rupture avec le conformisme anticonformiste du bourgeois cool d’aujourd’hui, et du monde imbécile qu’il a engendré. Et ça fait du bien.
Pour Margaret Thatcher ou Emmanuel Macron, il n’y a pas d’alternative, c’est leur monde ou bien c’est les Amish avec leurs lampes à huile. Vous n’avez pas le choix. Le film de Bégaudeau dit autre chose. Etre autonome ce n’est pas se couper du monde, personne ne peut se dire vraiment indépendant. Mais, être autonome c’est choisir sa dépendance. C’est du boulot, mais oui, ça peut faire beaucoup de bien et ça peut faire envie.
Il faut préciser que le film a été écrit, filmé et monté avant le confinement de 2020.
Un entretien de Daniel Mermet avec François Bégaudeau, écrivain, auteur du livre Un enlèvement (Gallimard, 2020) et du documentaire Autonomes (24images et Atmosphères Production, 1h52).