Vendredi 8 novembre, un étudiant lyonnais de 22 ans, Karim [1] s’est immolé par le feu devant un bâtiment du CROUS [2] à Lyon. Pour expliquer son terrible geste, Karim a laissé une lettre dans laquelle il dénonce sévèrement sa situation de précarité étudiante : « J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’UE de m’avoir tué ! »
Le geste suicidaire de Karim, grièvement brûlé, toujours entre la vie et la mort ce mercredi matin, a soulevé une vague d’émotion dans le monde universitaire : « en grande précarité financière, privé de bourse, désespéré, il s’est immolé par le feu (...). La précarité détruit nos vies ! », pouvait-on lire dans un communiqué de Solidaires-étudiants-Lyon. Mais dans les grands médias, rien. Une brève par ci, une brève par là, un papier factuel, une annonce sur BFM TV, mais pas d’édition spéciale, pas d’interruption de l’antenne pour relater et analyser cette grave histoire, si représentative de l’époque. Pourtant, le contenu de la lettre de Karim est sans ambiguïté : dénonciation de la précarité étudiante, revendication du salaire à vie, attachement à son syndicat, lutte contre le fascisme, contre les inégalités... l’étudiant désespéré terminait sa lettre par « Vive le socialisme, vive l’autogestion, vive la Sécu. Et désolé pour l’épreuve que c’est. » Mais ça n’intéressait pas les grandes rédactions.
Hier, mardi 12 novembre, des étudiants partout en France se rassemblaient devant les CROUS pour témoigner leur solidarité à Karim. À Paris, devant le CROUS à Port-Royal, le rassemblement s’est vite transformé en manifestation non-déclarée. Au passage, les manifestants ont fait tomber les grilles du ministère de l’Enseignement supérieur, que Karim visait précisément dans sa lettre.
Notre reporter Taha Bouhafs était hier soir dans le cortège étudiant.