Mourir pour des idées, un mythe dépassé ? Deux entretiens de Daniel Mermet avec Arthur et Siyah

« – Tu as tué ? – Oui, sans doute. » Témoignages exclusifs de combattants français contre Daech Abonnés

1

Le

Djihadistes, islamistes, on a beaucoup parlé de ces Français radicalisés partis combattre aux côtés de Daech, mais beaucoup moins des autres, de ces volontaires français qui, au contraire, sont allés se battre contre Daech, contre l’État islamique, aux côtés des Kurdes du Rojava. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Quel est cet anarcho-communo-féminisme dont ils se réclament ? Quel est ce Rojava pour lequel ils se disent prêts à mourir en martyr ?

Écoutez les témoignages de deux d’entre eux, deux parcours, deux engagements, à l’heure où « mourir pour des idées » semble un mythe dépassé :

MOURIR POUR LE ROJAVA

C’est une révolution sans précédent qui est en cours depuis 2012 dans le nord de la Syrie. Là-bas si j’y suis vous en parlait en juin dernier. Profitant de la guerre civile qui a suivi le soulèvement contre le régime de Bachar el-Assad en 2011, les Kurdes de Syrie, aidés par le PKK voisin, le Parti des travailleurs du Kurdistan (turc), expérimentent un système démocratique et autogestionnaire, au sein d’un territoire autonome en Syrie du nord, qu’ils nomment le « Rojava » (« Kurdistan occidental » en kurde).

Étendue en 2016 à une « Fédération démocratique de Syrie du Nord », qui englobe les territoires alentour qui ne sont pas forcément peuplés par les Kurdes, cette révolution politique se fonde sur les idées d’Abdullah Öcalan, le fondateur du PKK turc, emprisonné en Turquie depuis 1999.

Nées sous la forme d’une guérilla marxiste-léniniste visant la création d’un État-nation kurde, les idées d’Öcalan, surnommé « Apo » (l’« oncle » en kurde), ont évolué pendant sa détention, notamment grâce à sa correspondance avec le militant libertaire américain Murray Bookchin. « Confédéralisme démocratique » et « municipalisme libertaire » sont désormais les piliers d’un processus politique qui se veut communiste, écologiste et féministe, et fonde ses institutions sur des « communes » autogérées de la taille d’un pâté de maisons.

Alors que le peuple kurde est réparti dans principalement quatre pays (Turquie, Syrie, Iran, Irak), le PKK turc et son homologue syrien PYD (Parti de l’union démocratique) ont officiellement abandonné la revendication d’un Kurdistan autonome, au profit de l’établissement de communes autogérées au sein des frontières internationales actuelles.

La population kurde est à cheval sur quatre États (Le dessous des cartes, ARTE)

Face aux multiples ennemis qu’affronte cette révolution – hier Daech, aujourd’hui la Turquie d’Erdoğan et demain peut-être le régime syrien lui-même –, les forces kurdes des YPG (Unités de protection du peuple) ont fait appel à des volontaires internationaux pour les aider dans cette révolution. Turcs, Américains, Australiens, Allemands, ils seraient des milliers à avoir rejoint le nord de la Syrie pour combattre et défendre la révolution en cours au Rojava. Français, ils seraient quelques dizaines à avoir pris ce chemin.

Arthur et Siyah font partie de ces Français qui ont rejoint ces bataillons internationaux. Ils viennent de revenir de Syrie, où ils ont passé plusieurs mois. Pour des raisons de sécurité, parce qu’ils ont pris les armes contre les ennemis du Rojava, ils préfèrent garder l’anonymat.

Un entretien de Daniel Mermet et Mathieu Colloghan.

Merci à Arthur et Siyah.

Programmation musicale :
 Şoreşa Waşukani : Şoreşa Rojava
 Ciwan Haco : Çaw Bella
 YPG PRESS OFFICE : Ji bo bîranîna Şehîd Canda Ararat
 Kardes Türküler : Rojava

Abonnez-vous pour accéder à tous nos contenus, c’est très simple !

Depuis 1989 à la radio, Là-bas si j’y suis se développe avec succès aujourd’hui sur le net. En vous abonnant vous soutenez une manière de voir, critique et indépendante. L’information a un prix, celui de se donner les moyens de réaliser des émissions et des reportages de qualité. C’est le prix de notre travail. C’est aussi le prix de notre indépendance, pour ne pas être soumis financièrement aux annonceurs, aux subventions publiques ou aux pouvoirs financiers.

Je m'abonne J'offre un abonnement

Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous

C'est vous qui le dites…Vos messages choisis par l'équipe

Les bouquins de LÀ-BASLire délivre

  • Voir

    La bibliothèque de LÀ-BAS. Des perles, des classiques, des découvertes, des outils, des bombes, des raretés, des bouquins soigneusement choisis par l’équipe. Lire délivre...

    Vos avis et conseils sont bienvenus !

Dernières publis

Une sélection :

Tchernobyl, c’est notre paradis ! Avec les derniers habitants de la zone interdite Les joyeux fantômes de Tchernobyl Accès libreÉcouter

Le

Elles préféraient rester dans la zone contaminée plutôt que de quitter leur maison. Des centaines de milliers d’habitants furent évacués de gré ou de force dans une zone de 30 km après la catastrophe du 25 avril 1986. Mais ces quelques femmes avaient voulu rester, malgré dénuement et abandon.

Environ 700 irréductibles, les SAMOSELY, survivaient ainsi dans la zone la plus contaminée par la radioactivité dans le monde, 2 600 km2, devenue aujourd’hui un « parc involontaire » où se développent une faune et une flore étranges, avec toujours ces habitants tenaces depuis trente ans. (...)

Avant le grand procès de Macron, le 07 mai, un tour dans les archives de Là-bas (juin 2006) BHL : LE PROCÈS DU POMPEUX CORNICHON Accès libreÉcouter

Le

Attendu par le monde entier, le Grand Procès de Macron aura donc lieu le 7 mai à la Bourse du travail de Paris à 18 heures. C’est le sixième procès du tribunal de Là-bas, créé en ...2003 à l’initiative du dessinateur CABU et de l’équipe de LA-BAS. Enregistrés au théâtre Dejazet à Paris devant des salles combles, d’importantes personnalités ont comparu : CHIRAC Jacques (2003) SARKOZY Nicolas (2005), KOUCHNER Bernard (2008), DSK Dominique (2011). C’est le procès du français le plus entarté au monde, LEVY Bernard-Henri dit BHL diffusé en juin 2006 que nous vous proposons de (re)découvrir aujourd’hui.