La déroute de l’intelligentsia - commentaires La déroute de l'intelligentsia 2016-12-23T21:19:26Z https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/la-deroute-de-l-intelligentsia#comment60381 2016-12-23T21:19:26Z <p>Jamais, quand c'est la vie elle-même qui s'en va, on n'a autant parlé de civilisation et de culture. Et il y a un étrange parallélisme entre cet effondrement généralisé de la vie qui est à la base de la démoralisation actuelle et le souci d'une culture qui n'a jamais coïncidé avec la vie, et qui est faite pour régenter la vie. Avant d'en revenir à la culture, je considère que le monde a faim, et qu'il ne se soucie pas de la culture ; et que c'est artificiellement que l'on veut ramener vers la culture des pensées qui ne sont tournées que vers la faim.</p> La déroute de l'intelligentsia 2016-12-23T21:18:27Z https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/la-deroute-de-l-intelligentsia#comment60380 2016-12-23T21:18:27Z <p>Si le signe de l'époque est la confusion, je vois à la base de cette confusion une rupture entre les choses, et les paroles, les idées, les signes qui en sont la représentation. On juge un civilisé à la façon dont il se comporte, et il pense comme il se comporte ; mais déjà sur le mot de civilisé il y a confusion ; pour tout le monde un civilisé cultivé est un homme renseigné sur des systèmes, et qui pense en systèmes, en formes, en signes, en représentations. [...] Toutes nos idées sur la vie sont à reprendre à une époque où rien n'adhère plus à la vie. Et cette pénible scission est cause que les choses se vengent, et la poésie qui n'est plus en nous et que nous ne parvenons plus à retrouver dans les choses ressort, tout à coup, par le mauvais côté des choses ; et jamais on n'aura vu tant de crimes, dont la bizarrerie gratuite ne s'explique que par notre impuissance à posséder la vie.</p> <p>Antonin Artaud, Le Théâtre et son double<br class="autobr"> (préface : "Le théâtre et la culture"), Gallimard, Paris 1938</p>