Entre les pavés noirs, le sang se mêle à la pluie et se perd dans la Seine. Puis un silence de trente ans. Quelques ouvrages courageux, quelques recherches, quelques articles, mais sous un lourd couvercle.
Que s’est-il passé ce soir là à Paris ?
Lors d’une manifestation non violente qui leur était imposée, des dizaines d’algériens étaient assassinés par des fonctionnaires de police aux ordres de leurs supérieurs. Au vu et au su des rues, à Saint-Michel, sur les Grands Boulevards, dans la cours de la Préfecture de police, au Palais des sports. La presse pourtant couvre le drame, Paris Match, l’Express, l’Humanité. On s’indigne quelques jours, mais le silence étend son ombre. Un silence d’Etat pour un crime d’Etat.
Trente ans plus tard, voilà à quoi s’attaque cet homme là, un éducateur, un militant, un citoyen, un homme seul. Des historiens le reconnaitront comme tel, Pierre Vidal- Naquet soutiendra sa lutte pugnace et efficace.
En 1998, au tribunal de Bordeaux, Einaudi accuse Maurice Papon, le préfet instigateur du massacre. Papon le poursuit mais il perd, Einaudi l’emporte. Le 26 mars 1999, à quelques pas du pont Saint-Michel où des Algériens furent massacrés 38 ans plus tôt, le long travail têtu du citoyen Einaudi a porté ses fruits de justice. Une belle journée celle-ci, de celles qu’on n’oublie pas.
DM